La National Gallery est un endroit merveilleux, particulièrement dans le département Renaissance où les œuvres exposées sont absolument éblouissantes. C’est bien simple, il n’y a que des grands noms : Raphaël, Giotto, Cimabue, Mantegna, Fra Angelico, Botticelli, Della Francesca, Lorenzo Lotto, il y a même la Bataille de San Romano de Ucello et les Époux Arnolfini de Van Eyck. Tout, TOUT, y est splendide. C’est, comme disent les jeunes, un truc de maboule. Pas le moindre artiste de seconde zone, pas le moindre chef-d’œuvre mineur, non, rien que du super-classe de très haute volée, c’est la crème de la crème qui est réunie là. C’est un transport, un ravissement, un enchantement.
Ce serait presque le plus bel endroit sur terre [je fais abstraction du bâtiment qui l’abrite] s’il n’y avait pas cette infecte populace aussi laide que bavarde, et qui à la désagréable habitude de se rendre dans les musées et les châteaux sans se poser une seule fois la question de sa légitimité dans les lieux qu’elle fréquente. Je vous le demande : que font une paire de tongs, un sac à dos Décathlon et un T-shirt « Rock cool girl hello star original » devant une descente de croix ou le Couronnement de la Vierge ? Devant un Jeff Koons ou un Richard Serra, je ne dis pas ; mais pas devant un Tiepolo ou un Van Der Weyden ! Merde, quoi ! Est-ce qu’on reçoit la communion en jogging ? Est-ce qu’on vient se faire agrafer une Légion d’Honneur en salopette de jardinage ? Non ! Certes les tongs, le jogging ou la salopette de jardinage ne dénaturent pas les substances respectives d’un Pérugin, de la Sainte Hostie ou de la Légion de Mes Fesses, mais on est prié d’admettre que toutes ces choses ne méritent pas la souillure de la vulgarité. Et la première des vulgarité, c’est la foule. Le peuple amassé. Le troupeau humain. Les gens. Quelqu’un peut-il me dire en quoi les gens sont dignes de venir mettre leurs gros doigts sur un Saint Georges terrassant le Dragon ? Qu’ils s’estiment dignes, je n’en doute pas une seconde, d’autant plus qu’il est écrit « GRATUIT ! » sur la porte, mais que ne fait-on pas croire aux gens en raison des impôts qu’ils payent ?
J’ignore s’il existe un traité « De la Foule » [« De sudoriparis horribilis vulgaris »] ou un Que Sais-Je ? consacré à « La populace à travers les âges« , mais mon petit doigt me répète sans cesse qu’un lien très étroit unit presque systématiquement le phénomène de foule au phénomène de profanation depuis l’avènement de l’Âge Moderne.
Les « masses populaires« , ça n’a jamais été qu’un discours de progressistes athées. Les assassinats par peuples entiers, c’est une trouvaille des progressistes athées [les démocrates et les républicains détiennent le glorieux brevet du populicide dès les premières heures de leur prise de pouvoir]. Les rassemblements dans les stades, encore un coup des progressistes athées. Les parades de huit-cents mille personnes pour la gloire du Régime, ça n’existe que dans les pays socialistes. La négation de l’individu au profit de l’État, toujours les progressistes athées. La massification, la nationalisation, la centralisation, la planification, la numérotation du troupeau humain, c’est encore une fois l’œuvre des progressistes athées. Et même davantage que l’athéisme, les progressistes veulent renverser la Souveraineté Suprême qui gouverne le genre humain en consacrant la foule comme idole, ce qui devient ipso facto de la profanation. Pour les progressistes, tout doit être fait par le peuple, pour le peuple, par peuples entiers. Fascination pour ce qui est bas, mépris consommé pour tout ce qui est élevé. Et plus on monte, plus on est seul.
Tenez, regardez la Cité Interdite à Pékin : depuis la révolution, le cœur de la Chine ne contient plus le dessein mystérieux, silencieux et sacré des Empereurs et de leur cour, mais au contraire la foule, la foule, la foule, la foule en continu, errante et baveuse comme une limace tentaculaire dans une Cité réduite à l’état de momie. L’Empire était vivant, animé, aimé, incarné, précisément parce que son cœur était Interdit ! Mais c’est bien simple, les progressistes ont horreur de tout ce qui est « interdit au public ». Pour eux, c’est une hérésie, car TOUT doit être public ; il faut faire tomber le secret, faire tomber l’intimité, faire tomber la pudeur, faire tomber les hiérarchies. Les sociétés progressistes commencent toujours par imposer le tutoiement, imposer les logements collectifs, interdire l’intimité de l’âme et du corps, et détruire le Beau car il est élitiste et inégalitaire. De fait, la Chine – comme toutes les nations touchées par la modernité – est devenue une terre aride et laide, où l’habitat n’existe plus qu’à l’état de cubes de béton [ce qui n’a pas encore été rasé y est destiné], et où plus aucun art ne s’exprime sans porter le sceau du kitsch, du débile ou du malhonnête [mais la France tient lieu d’exception, n’est-ce pas ?]. On reconnaît l’arbre à ses fruits.
Alors la National Gallery, parce que la-culture-doit-être-accessible-à-tous©, est un gigantesque moulin où entrent en permanence des flots de couillons en shorts fluos et de connasses à cellulite intégrée. Avait-on de la cellulite autrefois ? Non : on avait de la décence. Luchini, dans « L’Arbre, le Maire et la Médiathèque », raconte d’une certaine façon cette indécence : l’accès à la culture-pour-tous, non seulement dupe les braves gens en leur assurant que ce sera un projet respectueux, mais en sus passe sous silence la somme invraisemblable des nuisances qu’engendrera la démocratisation de la connaissance [parkings, ronds-points, bretelles d’autoroute, bruit, trafic, pollution sonore et visuelle, assassinat du silence,…]. Renaud Camus, dans « Comment massacrer efficacement une maison de campagne en dix-huit leçons » expose également ce constat implacable : dans le monde moderne, la laideur [qui est un crime, je le rappelle] ne connaît pas d’obstacle à son expansion généralisée puisque tout se justifie toujours par l’implacable besoin d’utilité démocratique, intouchable idole de notre temps.
Alors je vous le dis tout net : NON, je n’aime pas les gens. J’aime les hommes, mais sûrement pas les gens.
mardi 25 août 2009 at 12:55
Moi non plus, je n’aime pas les gens.
J’aime pas les bêtes non plus.
Je n’aime rien.
Ou à la limite, le gratin dauphinois de Chéri. En plus c’est pratique, le gratin est périssable, on n’est pas obligé de le supporter longtemps – alors que les ploucs de la National Gallery, on ne peut pas les bouffer tout crus.
mardi 25 août 2009 at 3:04
La laideur, un crime ? Plutôt la vulgarité, vous voulez dire.
Une difformité physique ou un bidonville miteux, cela reste quand même très respectable et estimable à côté d’un touriste en tongs.
mardi 25 août 2009 at 3:24
C’est pourquoi il faut envisager à terme la libéralisation et la privatisation de tous les musées (dans le strict respect du patrimoine, évidemment). Quand les gens devront payer le billet d’entrée au prix fort, il n’y aura plus que de vrais esthètes pour admirer leurs chefs d’œuvre. Aucun mépris de classe là-dedans : ceux qui veulent vraiment visiter les musées y mettront le prix. Les autres iront à Disney, et tout le monde s’en portera mieux.
mardi 25 août 2009 at 5:13
texte admirable. On ne parle pas assez de l’enlaidissement de la Chine (pour le japon et la corée : c’est déjà fait). Triste nouvelle pour des nations dont l’art du mobilier fut porté si haut.
Quant aux musées, il faudrait porter leur tarif à 25 euros par adulte (et 30 par enfant!). Je dis ça en précisant bien que mon pouvoir d’achat est très faible, mais tout le monde peut sortir 25 euros, et flaner dans des musées ou le brouhaha de la foule aurait disparu pour laisser place uniquement aux vrais amateurs (ou aux faux amateurs mais qui aiment voir de belles oeuvres, comme je).
mardi 25 août 2009 at 5:14
Je suis étudiant et bien content que certains musées soient gratuits.
Ceux qui m’agacent le plus ce ne sont pas ceux qui ne s’habillent pas selon les circonstances*, mais plutôt les vieux quinqua, souvent mâles, qui dans le but de se faire remarquer (sans doutes), se sentent obligés dans les musées ou églises de parler fort en racontant histoires et anecdotes … Pire, en visitant le trésor de la cathédrale de Tournai, l’un de ces énergumènes ne se gênait pas pour laisser derrière lui de petits nuages à l’odeur pestilentielle… (et pas qu’un ! vu les bruits).
* : Cependant au niveau de l’habillage vous avez raison. Je suis exaspéré lorsque dans les cathédrales et autres églises on voit le gros touriste beauf par nature, visiter l’édifice short et tongs aux pieds avec … sa casquette ! Ignorants !
mardi 25 août 2009 at 5:14
Réponse au commentaire 3 : pourquoi privatiser? Un musée public peut très bien augmenter lui aussi le prix du billet.
mardi 25 août 2009 at 5:20
Dans ce cas, pourquoi serait-il public ?
mardi 25 août 2009 at 6:14
D’ailleurs ceux qui veulent vraiment aller à Disney y mettent le prix aussi !
mardi 25 août 2009 at 6:15
Ou ils vont au Disney du pauvre : les galeries commerciales… 😉
mardi 25 août 2009 at 6:44
Je partage votre point de vue, ô combien. Le tourisme de masse est vraiment une des plaies de l’époque.
mardi 25 août 2009 at 8:15
Le tourisme représente l’ultime fléau de cette politique.
Consommation de masse, tourisme de masse, éducation de masse.
Ou comment enfermer l’individu dans sa bulle puis le noyer dans la masse (informe bien entendu) pour en faire l’esclave parfait.
Tiens, çà me rappellerait presque les camps d’extermination…de masse.
Nous vivons dans le IV Reich depuis 1945.
(P.S. je ne suis pas obsédé par « çà ». Le monde tourne autour de « çà » depuis cette époque, d’où l’obssession de briser les ghettos, frontières, barbelés, et autres « différences » pour les remodeler selon les critères des entreprises mondialistes).
mardi 25 août 2009 at 8:47
Je suis en train de lire « L’isolation », le journal de Renaud Camus de l’année 2006.
Il y expose des vues très semblables aux vôtres.
Mais je suppose que vous connaissez.
mardi 25 août 2009 at 11:04
N’est-ce pas un peu comique d’aller grossir la foule et bêtement snob de se déclarer excédé par cette même foule?
mardi 25 août 2009 at 11:42
Suzanne, on peut toujours atténuer le paradoxe en allant au musée en costume-cravate plutôt qu’en short et tongs…
mercredi 26 août 2009 at 9:36
« Quand les gens devront payer le billet d’entrée au prix fort, il n’y aura plus que de vrais esthètes pour admirer leurs chefs d’œuvre »
Et que ferez-vous contre les beaufs friqués qui iront au musée en tenue « Paris Hilton » ou « Touriste Californien » cher Criticus ?
mercredi 26 août 2009 at 9:46
Tout de même, mettre Richard Serra dans le même sac que cet escroc de Jeff Koons, vous y allez fort !
Sinon, le touriste est évidemment l’avenir de l’homme, son avenir déjà-là, et je crains que nos divers rétropédalages ne soient bien vains…
mercredi 26 août 2009 at 9:58
Ils ont le mérite d’être moins nombreux… Il est également possible d’imposer une tenue à l’entrée, comme c’est le cas dans la plupart des églises en Italie.
mercredi 26 août 2009 at 1:36
Au prado il y a quelques jours c’était la même.
mercredi 26 août 2009 at 3:29
Eh bien, je suis une touriste de masse. Même pas honte. Je vais en masse dans les musées, en province comme à Paris. Je n’ai ni sac à dos (pas folle, on les confisque au vestiaire) ni tongs mais des chaussures confortables, des vêtements confortables pour marcher longtemps. Les tableaux ne sont pas des gens qui pourraient se vexer d’une tenue familière, les gardiens de salle sont indifférents, pauvres vigiles noirs tassés sur une chaise qui jouent avec leur portable la plupart du temps, et je me fiche complètement de la façon dont sont vêtus les visiteurs du moment qu’ils ne puent pas, ne braillent pas et ne disent pas trop de conneries à voix haute.
On dirait que vous poussez des hurlements parce que la « masse » peut voir ce que l’Homme a fait de beau. Faudrait savoir ! Elle est conne, détestable, plouc, délétère, la masse, elle préfère les supermarchés et Eurodisney aux musées, mais quand elle se dandine sur ses jambons dodus et regarde avec ses gros yeux massifs des chefs-d’oeuvre qui ne devraient réjouir que les proustophiles ou les clônes de Camus, elle vous dérange et vous déprime…
mercredi 26 août 2009 at 3:57
Suzanne,
Ah, vous faites partie de ces gens qui s’habillent en alpinistes sponsorisés par Go Sport pour « faire le musée des Beaux-Arts » jusqu’à la ligne d’arrivée, en ayant pris soin de ne rater aucune étape-relais sur le parcours fléché ? [oui, on « fait » un musée, on « fait » une ville, on « fait » un pays. Vous devriez « faire Londres », c’est vachement sympââ]. Pour ma part j’ai acquis il y a quelques années une bonne paire de chaussures italiennes très chic et très élégantes, avec lesquelles je me rends partout sans maltraiter mes orteils. Les parquets, carrelages et asphaltes qui recouvrent les lieux publics urbains ne requièrent l’usage ni de crampons élastomères ni de semelles gonflables antitranspirantes. Le jour où je ferai de la randonnée en montagne ou de la course à pied, je songerai à m’acheter l’équipement ad-hoc.
[Vous m’ôtez les mots de la bouche : en effet, « la masse me dérange et me déprime » ! Vous voyez qu’on se comprend, vous et moi.]
mercredi 26 août 2009 at 4:47
Fromage plus : on peut se comprendre sans s’accorder, et je vous fais un pied de nez: non, je n’écoute pas vos leçons d’élégance. Qui vous parle de tenue d’alpiniste ? Je voudrais dire que je n’ai jamais vu de tenue d’alpiniste dans un musée, mais à la vérité je ne sais pas, je ne fais pas attention à la façon dont les gens sont vêtus et je ne préjuge pas de leur appétence ou compréhension de l’Art en fonction de l’aspect ou de la marque de leurs chaussures.
Si vous disiez que vous n’aimez pas la foule, l’effet de foule, le bruit, la promiscuité, l’impossibilité de réfléchir, d’admirer les oeuvres quand les gens vous bousculent, donnent des coups de coude, rotent, giflent leurs enfants, mâchent du chewing gum en clappant en rythme, là, je serais à peu près d’accord avec vous, mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit, n’est-ce pas ? Vous parlez bien de la masse, de ce qui n’est pas l’élite. D’un art qui n’est pas pour elle. Les vitraux des cathédrales étaient destinés à tous, pourtant, ainsi que les statues, les pieta, les triptyques. La grande bourgeoisie cultivée, si chère à Renaud Camus, s’amenuise, s’éteint un peu plus chaque jour, et je crois qu’on se fait des illusions sur l’étendue de ses connaissances artistiques passées.
Vous semble-t-il judicieux d’emmener gratuitement écoliers, collégiens, lycéens au musée ?
(je suppose que vous allez me répondre : « oui, mais quand je n’y suis pas »?)
mercredi 26 août 2009 at 4:54
Suzanne, les visites scolaires dans les musées n’ont de sens que dans le cadre d’un enseignement d’histoire de l’art. Autrement dit, cela n’a pas de sens avant la Terminale, où l’on suit des cours de philosophie sur l’art.
Sans cela, les élèves sont dans la même situation que les personnages de L’Assommoir, que Zola présente comme totalement hermétiques aux chefs-d’œuvre exposés au Louvre…
mercredi 26 août 2009 at 5:36
Criticus : justement! Les cours d’art plastique au collège sont crétins, inutiles, chahutés par des élèves qu’ils déçoivent presque tout le temps ! C’est du foutage de gueule baratté au pédagol emballé ! On pourrait s’inspirer en la matière de ce que fait l’Italie, et introduire de véritables notions à l’histoire de l’art dès la classe de sixième. Et c’est un peu réducteur de mettre d’un côté la populace ignare et étanche à l’art et de l’autre l’élite initiée (mais comment, et par qui, et comment ne pas rester dans l’ignorance ?)
Un tableau n’exclut personne à priori. Il ne s’use pas sous les regards. Faut-il pleurer en se tordant les mains, parce que les enfants, voyant un Gauguin, s’exclament « je le connais, lui, il a peint la boite de gâteaux où tonton range les cartes pour la belote ». Oh, bien sûr, on peut rire des troupeaux qui suivent les itinéraires fléchés qui les mènent devant la Joconde ou tel autre machin connu, juste pour voir de leurs yeux la matrice d’où proviennent les reproductions qui ornent leur calendrier, leurs tee-shirt, les enseignes de leurs magasins. Mais on peut espérer qu’ils verront autre chose aussi, ou que le regard de leurs enfants se posera ailleurs. Il y a des trésors qui périssent d’être trop fréquentés, mais ce n’est pas le cas de la peinture et de la sculpture. Au nom de quoi planquer les primitifs flamands ?
Je pensais que la gratuité ne changeait rien à la fréquentation des musées, que n’y allaient que ceux qui n’auraient rien trouvé à redire au fait de verser un écot correspondant au minimum au prix deux ou trois places de cinéma, d’un best of chez Mac Do ou d’un petit livre de poche. Je me trompe peut-être. Et pour avoir amené de nombreuses fois des enfants (parfois très jeunes) dans des musées des Beaux-Arts), je peux témoigner de l’intérêt qu’ils y trouvent, et du plaisir que j’ai eu à le faire.
mercredi 26 août 2009 at 5:45
Effectivement, à défaut de faire des enfants, l’Italie tient à transmettre sa culture. C’est au mois un avantage par rapport à la France, qui ne fait pas non plus d’enfants (elle les importe…), mais ne transmet pas sa culture classique, trop «bourgeoise».
Sans une véritable initiation à l’histoire de l’art, le visiteur de musée est dans la situation de cette touriste française que j’ai vue au Rijksmuseum d’Amsterdam, en juin 2005.
Elle s’est exclamée « La Laitière ! », en apercevant le tableau de Vermeer qu’elle a dû prendre pour un plagiat de l’étiquette des produits de Nestlé auxquels elle devait son obésité…
mercredi 26 août 2009 at 5:56
Suzanne,
Emmener des gamins de dix ans dans un musée, cela avait du sens il y a quarante ans. Cela n’en a plus aucun aujourd’hui.
Il y a quarante ans, un gamin de dix ans identifiait parfaitement les personnages des scènes bibliques ou mythologiques, il connaissait très bien son catéchisme et les grandes lignes du panthéon antique. La question de l’identification étant résolue, on pouvait s’attacher à la narration, à la composition, à la scénographie d’un tableau, bref, on pouvait sérieusement initier les enfants à la consistance de l’art.
Aujourd’hui, triple phénomène :
1. Les enfants sont absolument incapables d’identifier une Annonciation ou un Hercule tuant le Lion de Némée [et même des instit’, je vous l’assure]. On ne peut donc pas aller bien loin dans le discours artistique parce que l’on perd déjà deux heures à expliquer une scène d’évangile ou de mythologie.
2. Les instit’ préfèrent emmener les enfants voir des « installations » contemporaines pour faire raconter n’importe quoi aux enfants sans se mouiller. En plus, c’est « participatif ».
3. L’enseignement du dessin à l’école est une catastrophe pédagogique.
mercredi 26 août 2009 at 6:05
Criticus, mais comment en serait-il autrement ? On l’a vu, revu des milliards de fois cette laitière. Et la Valse Triste « des assurances Machin, tu sais bien », alors… Et tous ces indicatifs de pub piochés dans la musique classique… Critiquez, critiquez, Criticus, mais imaginez que vous exerciez un pouvoir de ministre là, maintenant, que feriez-vous ? A part passer le billet à trente euros (prix d’entrée du Parc Astérix)? Imaginez la famille pas très riche, style qui a du mal à joindre les deux bouts et a envie d’offrir à ses enfants des sorties éducatives (je sens que le mot « sortie éducative » pour « visite de musée » va faire saigner le coeur des amateurs de Descente de Croix de Jacob Von X) en famille. (tiens, on pourrait se faire un petit musée, staprèm), il faudrait la considérer comme ces manants d’avant la Révolution qui n’avaient pas droit de chasser, d’avoir de four a pain et de porter des habits de velours ?
mercredi 26 août 2009 at 6:10
Fromage plus: Vous avez raison, hélas, mille fois hélas, mais c’est justement pourquoi il faut réagir, et ne mettez pas tous les enseignants et tous les enfants dans le même panier. Rien que pour ceux qui y croient encore, ça vaut le coup de se battre un petit peu.
mercredi 26 août 2009 at 6:14
Suzanne, les quatre seuls ministères auxquels je reconnais une légitimité sont ceux de l’Intérieur, de la Défense, de la Justice et des Affaires étrangères. Il va sans dire que le ministère de la Kultur, créé par l’ancien communiste André Malraux (grand écrivain, mais piètre politique), ministère dont l’existence a étrangement coïncidé avec la mort de la culture française, doit être supprimé. La culture doit relever du seul mécénat privé, le rôle de la puissance publique se bornant à garantir par la loi que le patrimoine national ne va pas être profané (comme dans le cas de cet hôtel particulier livré aux fantaisies d’un Bédouin pétrolier). Donc, si j’étais ministre de la Culture, je démissionnerais !
mercredi 26 août 2009 at 7:18
Si l’on impose une tenue d’office, idée qui elle se défend, la sélection par le pognon n’a plus lieu d’être.
mercredi 26 août 2009 at 7:26
Il s’agit moins d’une « sélection par le pognon » qu’un paiement du juste prix du billet de musée.
mercredi 26 août 2009 at 10:39
« J’ignore s’il existe un traité “De la Foule” [« De sudoriparis horribilis vulgaris »] ou un Que Sais-Je ? consacré à “La populace à travers les âges“ »
Vous étes sérieux ?
Vous ne connaissez pas « La Psychologie des foules » de Le Bon ? C’est déjà une bonne entrée en matière.
http://www.amazon.fr/Psychologie-foules-Gustave-Bon/dp/2130542972/ref=sr_1_1?ie=UTF8&s=books&qid=1251318744&sr=8-1
Du reste, la critique du concept même de musée – de musée public j’entends, pas du « vrai » musée, la collection privée que l’on fait visiter à ses invités de marque – ne date pas d’hier. Bon nombre de nos grands esprits l’ont critiqué; de mémoire, je pense surtout à Paul Valéry.
jeudi 27 août 2009 at 8:45
Sébastien, savez-vous quelle était l’espérance de vie dans les camps d’extermination nazis ?
Comparez avec la vôtre aujourd’hui.
Et cessez d’écrire des obscénités.
jeudi 27 août 2009 at 8:49
Dites-moi, les agoraphobes, est-ce qu’aucun de vous n’a jamais été vu et ne le sera jamais au milieu d’un défilé, d’une queue de cinéma ou du public d’un spectacle donné dans une salle de trois mille personnes ? Car que vaut votre critique de la foule, si vous en faites occasionnellement partie comme tous les autres ?
jeudi 27 août 2009 at 9:33
Marcoroz,
Je vais monter un lobby pour l’annulation de la Nuit du 4 août.
vendredi 28 août 2009 at 1:06
Quel élitisme snobinard…
Critiquer les excès de la populace, ok, mais critiquer l’accès gratuit à la culture, c’est d’un niveau…
La faute n’incombe pas à ceux qui donnent à la masse© la possibilité de s’instruire, mais elle incombe au contraire à ceux qui n’en tirent aucun profit, et préfèrent rester dans leur médiocrité alors que l’occasion de s’élever un peu leur est donnée.
vendredi 28 août 2009 at 2:32
Jobert,
« Ceux qui n’en tirent aucun profit, et préfèrent rester dans leur médiocrité alors que l’occasion de s’élever un peu leur est donnée », voilà précisément le nom de la foule, et voilà que nos analyses concordent avec une perfection confondante. Merci d’apporter malgré vous de l’eau au moulin du « snobisme ».
vendredi 28 août 2009 at 11:02
@Fromage
Certes, mais loin de moi l’idée de réserver la culture (en général) à une élite ou aux friqués, la masse doit y avoir accès.
Après si les gens ne veulent pas y aller et évitent comme la peste l’accès au savoir, tant pis pour eux, ça relève de la responsabilité individuelle.
dimanche 30 août 2009 at 10:29
Enfin un autre agoraphobe.
Je croyais être le seul….
mardi 1 septembre 2009 at 1:59
Fromage il me semble que vous commettez une erreur en proclamant « La négation de l’individu au profit de l’État ». Où avez vus vu que l’on nie l’individu dans notre société actuelle? Croyez-vous que si on niait l’individu on aurait tant besoin de s’attaquer au catholicisme, à la famille soit des institutions où l’être n’est pas encore devenu qu’un individu, consommateur… ?
Le « socialisme » (même si je ne pense pas que ce terme que vous employez convienne à définir ce que vous attaquez) n’attaque pas l’individu mais toute institution collective quand celle-ci a encore une âme.
mardi 1 septembre 2009 at 2:14
Cadichon,
Tout individu qui agit hors de l’État est suspect, voire coupable.
L’État fait tout pour décourager les femmes qui choisissent d’élever leurs enfants à la maison au lieu de travailler, et fait tout pour encourager le travail des femmes [ça envoie automatiquement les enfants dans les structures collectives de l’État].
L’État fait tout pour que nous fassions sans cesse appel à lui.
Il est impossible de monter sa propre entreprise [laveur de vitres, marchand de sandwiches] sans faire appel aux « programmes de solidarité » financés par les Conseils Régionaux. L’État pratique le racket fiscal pour couper court à la liberté des gens, surtout s’ils sont un peu plus riches que les autres. Ainsi, on reste toujours sous la coupe de l’Administration Socialiste.
Il est impossible de se défendre contre un agresseur ou un cambrioleur, parce qu’alors on s’arroge le droit de l’État à user de violence légitime, même si votre défense est légitime. Agir hors du cadre collectif vous met en danger.
Le catholicisme est raillé, dénigré, combattu, précisément parce qu’il promeut les solidarités naturelles du cadre familial. L’État cherche à briser ces cercles de liberté individuelle un peu trop indépendantes [choix d’une certaine religion, choix d’une certaine scolarisation, choix d’une certaine consommation] parce qu’il veut tout le monde dans le monopole de l’école unique, dans le monopole de la solidarité fiscale, etc.
jeudi 3 septembre 2009 at 3:06
« Il est impossible de monter sa propre entreprise [laveur de vitres, marchand de sandwiches] sans faire appel aux “programmes de solidarité” financés par les Conseils Régionaux. »
Gnééé ? Serait-il possible d’avoir quelques éclaircissements, Fromage ?
jeudi 3 septembre 2009 at 9:23
Robert,
La Fiscalité et l’Administration forme le couple délirant qui tient les manettes du pays. Dans de telles conditions, se lancer dans sa propre entreprise est un véritable parcours du combattant. Résultat, on est obligé de recourrir à l’État pour démarrer son entreprise, embaucher un apprenti sans être obligé de se ruiner, etc.
Exemple :
http://www.guidedelacreationdentreprise.com/reseau-12.html
jeudi 3 septembre 2009 at 10:12
Je confirme. J’ai participé il y a un an et demi à la rédaction d’un magazine sur la création d’entreprises en Alsace – et en particulier à Strasbourg. Il est apparu qu’il est en réalité impossible de créer une entreprise sans l’aide de l’État au sens large (État central, région, département, commune). Et évidemment, les entreprises qui vont dans le sens de la pensée dominante avaient droit à davantage de subventions. Un exemple avec un jeune Marocain qui, comme il était le « p’tit jeune qui n’en veut », a reçu d’innombrables aides…