En complément de ma note du 17 novembre 2008 >>>, vous lirez cet article du Monde >>>. L’aveu y est implacable : on a bien tenté de masquer le désastre et de nier le réel par des « études » et des « rapports » officiels, histoire de ne pas nourrir le populisme du c’était-mieux-avant ; désastre il y a.
Les concours font appel à la culture générale, car un concours est une sélection, donc une discrimination. Pour abolir la discrimination, rien de plus simple : logiquement abolir la culture. C’est la même chose avec l’orthographe. La maîtrise du langage étant inégale dans la société – donc discriminatoire –, il faut éradiquer le langage.
La culture n’est donc plus seulement nivellée par le bas, mais abolie clairement et explicitement pour discréditer et vider de leur substance les détenteurs de la Culture Française, dans le but de faire émerger la Diversité sans que celle-ci ait le moindre effort à fournir pour mériter son acceptation au sein d’un monde plus ancien qu’elle, donc plus légitime.
Nous cueillons les fruits pourris de l’égalitarisme forcené : ne plus donner de mauvaises notes, ne plus corriger au stylo rouge, ne plus rien exiger pour ne fâcher personne, donner le bac à tout le monde, et au final ne plus opérer de distinction entre le savoir et l’ignorance, entre la vérité et l’erreur. La génération Mitterrand-Chirac, gavée de relativisme, de constructivisme, de pédagogisme, d’éducation à la citoyenneté est arrivée à mâturité : elle exige des places qu’elle ne mérite pas, n’étant pas habituée à ce qu’on lui refuse quoi que ce soit. Comme il est trop tard pour faire machine arrière et dire aux ingénieurs incultes que leur vraie place est dans un atelier de tourneur-fraiseur, nous nous retrouvons à devoir diminuer l’exigence intellectuelle de toute une nation, pour les beaux yeux des animateurs de rues qui voient des Jacques Brel dans les contests de slam et reconnaissent des Vivaldi dans les battles de hip hop.
Alors, puisque tout le monde a le bac et qu’il est inutile d’avoir la moindre forme de culture pour honorer 1500 ans d’Histoire de France, que vont faire les derniers hommes lettrés ringardisés et conspués par la masse imbécile et souveraine ? Ils vont nourrir un mépris profond, une haine tenace, une rancœur et une amertume inextinguible envers les assassins de la beauté, de l’intelligence et de l’Histoire. Écrire et parler français correctement sera vécu comme une sorte d’aristocratie martyre. Le triomphe réel de l’inégalité, une inégalité violente et sanguinaire entre les partisans de l’ortograf du pays dé droa 2 l’om multikulturel et les partisans de la France millénaire dont on hérite avec humilité. Tant qu’ils le pourront, certains vivront en isolats au milieu d’un chaos hystérique, en attendant des jours meilleurs. Ou la guillotine.
Et que feront 70 millions d’analphabètes métissés de force dans les Lebensborn de la République, dont pas un seul ne voudra être balayeur ou laveur de vitre en vertu de leurs diplômes républicains labellisés « Garanti sans discrimination » ? Ils subiront en amont la tyrannie sans partage d’une hyperclasse autorisée, rescapés du cataclysme ; et feront subir en aval les tâches ingrates à une horde composite d’indésirables réduite en esclavage, mêlée de primo-arrivants subventionnés par RESF Massive Airlines.
En bref, c’est une nouvelle poussée révolutionnaire qui nous guette, cette même souche illuministe qui prétend que le meilleur gouvernement est celui qui n’existe pas [socialisme, collectivisme], que les meilleures limites spatiales sont celles qui n’existent pas [l’Europe des 3965 pays incluant la Turquie, la Papouasie et l’Argentine], que la meilleure race est celle qui n’existe pas [idéologie du métissage pour faire naître le nouveau SurHomme antiraciste], et en fin de compte que la meilleure culture qui soit est celle qui n’existe plus.
lundi 8 décembre 2008 at 12:40
An’effet.
Le monde de demain sera rempli de petits chefs robotisés, d’autant plus tyranneaux qu’ils seront incapables d’exprimer la moindre pensée construite, et qui s’imagineront d’autant plus libres qu’ils seront asservis à un système qui prendra les décisions à leur place.
Cela a déjà commencé, d’ailleurs. Il suffit de voir les professeurs.
Etre sous la coupe de brutes ignorantes et fières de l’être, soit. Mais se heurter chaque jour à d’inflexibles imbéciles persuadés d’être pétris de culture et d’humanisme, c’est un cercle de l’enfer que Dante n’avait pas prévu.
lundi 8 décembre 2008 at 5:53
En meme temps on peut toujours se rejouir en se disant que c’est encore pire chez nos voisins de la perfide albion… http://www.telegraph.co.uk/education/3569045/Words-associated-with-Christianity-and-British-history-taken-out-of-childrens-dictionary.html
lundi 8 décembre 2008 at 8:50
Woland,
Mon Dieu, mais les Britiches se vouent au suicide avec beaucoup plus de précipitation que je ne le pensais… Quel malheur…
lundi 8 décembre 2008 at 8:56
Cher fromage, un petit commentaire en tant que correcteur de concours administratifs depuis 8 ans. Ce que l’on appelle la « culture générale » dans un concours administratif n’est en fait qu’un exercice de style où il est d’abord nécessaire de construire un plan et une argumentation, peu importe ce que vous mettez dedans si vous avez bien respecté la structure de l’intro : attaque-enjeux-problématique-annonce du plan et que vous maîtrisez le plan en 2 parties. De fait, la culture générale est une matière à part entière en maîtrise de droit public et dans les IEP-option service public. Rien d’étonnant donc à ce que 95% des cadres supérieurs et dirigeants de la fonction publique soient issus de ces deux seules filières (qui se essemblent comme deux jumelles incestueuses).
Supprimer ces épreuves « techniques » permettraient de diversifier un peu les profils des fonctionnaires. Surtout chez les cadres dirigeants qui crèvent de tous sortir du même moule.
En outre, si vous lisiez les copies de certains concours « top niveau », vous seriez affligé par le contenu.
A mon sens, supprimer cette épreuve (il faudra penser à niquer sa soeur jumelle : la note de synthèse) est une très bonne idée.
lundi 8 décembre 2008 at 9:11
Wilo,
Sans doute, mais vous ne m’ôterez pas de l’esprit qu’une épreuve de culture générale, même vidée de sa substance, reste un critère d’évaluation qui certifie que le savoir n’est pas purement « utilitaire » mais garantit de posséder un minimum d’ « humanités ».
Produire des gens utiles, apprendre un langage utile, maîtriser des savoirs utiles, voilà le véritable crime moderne, dans lequel nous batifolons avec la plus grande joie…
lundi 8 décembre 2008 at 9:15
Wilo,
D’autre part, faire tomber l’exigence culturelle garantit de remplir le service public d’incultes, d’ignorants et d’empaffés ; et l’on verra bientôt de colériques syndicalistes s’indigner que les gens sensés se pressent en masse chez les prestataires privés. Le retour de flamme de l’égalitarisme…
lundi 8 décembre 2008 at 5:49
avec ce genre de post, tu fermentes ma haine et mon mépris du discours officiel. mais, chose positive, mon aspiration au combat pour la culture. le seul qui me permet un engagement. pratiquement le seul qui ne m’emmerde pas avec le combat pour la religion.
pour ce qui est de l’épreuve de « culture générale », c’est clair que c’est de la rigolade. mais je rejoins F+ parce que c’est malheureusement tout ce qui reste pour différencier les gens.
merde, j’ai dit « différencier ». c’est maaaal.
lundi 8 décembre 2008 at 9:13
Cher fromage, si vous connaissiez le service public aussi bien que je le connais, vous sauriez qu’il ne souffre pas d’inculture, mais d’excès de pseudo culture ; que ses cadres dirigeants, supérieurs, et même moyens, tout frais émoulus de leurs beaux IEP (j’en parle d’autant mieux que je suis l’un d’eux) se nourrissent de culture a volo mais sont incapables de faire ce pour quoi on les paye. Je veux bien avoir du mépris pour l’utilitaire, mais avouez qu’un directeur de CPAM, un prof, un TPG, un DH, un commissaire de police, ça a un peu intérêt à savoir faire quelque chose. J’en ai conny des directeurs d’hôpitaux (puisque c’est mon domaine à moi) qui faisaient s’esbaudir les infirmières en psalmodiant la critique de la raison pure en prussien dans le texte, et qui étaient incapables de lire un bilan comptable, ou se saisir l’intérêt d’une gestion des compétences dans leur établissement. Ce sont tous ces pseudo intellos à la con qui font aujourd’hui appel à des prestataires privés, dont je fais partie à présent (et oui cher ami, il s’en est passées des choses depuis notre dernière entevue) sous le regard bienveillant des syndicalistes tant que tout ça ne grève pas le sacrosaint budget de formation continue. Je suis souvent bassement utilitariste moi aussi vous savez. D’ailleurs, hussard me fasait remarquer dernièrement sur ma page facebook combien je suis un imbécile. Mais figurez vous que mon boulot a toujours été bien fait, et je suis allé chercher ailleurs cette « humanité » dont vous parler, et certainement pas dans une improbable « culture générale » qui n’a de culture que le nom.
Avant, j’étais dans les établissements, ils me payaient 2500€ par mois. A présent, Pour venir faire le boulot que mes intellos d’anciens supérieurs sont infoutus de branler ces mêmes établissements me payent 1200€ par jour (je débute, je suis bon marché).
Moi, je dis : c’est bien parfois de pas être intelligent.
mardi 9 décembre 2008 at 12:40
wilori
VRAI
et je trouve l ecole au sens large identique, chiante a mourir, pseudo intello ..
mardi 9 décembre 2008 at 3:08
Admirable article. Je te me le linke ! Non, vraiment, j’approuve entièrement chacune de tes lignes. Encore une fois, on croit traiter un problème (l’inégalité) en tentant de supprimer la culture (l’enseignement de la littérature et de la dissertation) et en s’attaquant au passé (l’étymologie, l’Histoire). Tristes crétins (nos enfants) que certains « pédagogues » pervers (pas tous, car moi qui écris ici je suis enseignant)s’acharnent à fabriquer. Pour ma part, j’entre en « réaction » : dès que j’aurai un gamin, c’est moi qui me chargerai de lui apprendre à lire. Commençons d’abord par notre famille.
mardi 9 décembre 2008 at 8:50
Superbe constat, doublé d’un sens de l’observation qui semble bien faire défaut à la vulgate contemporaine. 🙂
mardi 9 décembre 2008 at 9:36
Le problème c’est que l’état a décidé d’éduquer nos enfants, à en faire des citoyens anti-racistes, parce qu’elle ‘est plus capable de les instruire.
mardi 9 décembre 2008 at 12:38
Wilo, Étienne,
Je ne mets pas en doute vos témoignages ; mais j’ai pour ma part côtoyé pendant mes études – et encore aujourd’hui – des gens majoritairement issus de sections scientifiques – qui deviennent avocats, médecins, architectes,…– dont l’esprit était d’une sécheresse déprimante, d’une inculture désepérante. Je ne parle pas du niveau de langage écrit ou parlé, affligeant. Quant à mes congénères des sections littéraires, à part une micro-élite de latinistes ou d’hellénistes portés par un milieu familial foisonnant de belle Culture et que j’admirais sans me l’avouer, c’était théâtrisme, citoyennisme et sociologisme concerné par la faim dans l’monde et le racisme tu vois.
La section littéraire devrait former des gens lettrés, cultivés, connaisseurs des tourments humains, des gens qui devraient finir avocat ou médecin ; or ces professions là sont prises en charge par la section scientifique. Que sont les médecins d’aujourd’hui ? Des techniciens de la santé. J’en ai encore vécu l’expérience récemment lors d’un séjour aux urgences !
mardi 9 décembre 2008 at 12:52
Fromage, fromage, fromage, lorsque vous allez voir un médecin pour vos problèmes de prostate, vous êtes sûr d’avoir envie qu’il vous déclame du Verlaine pendant qu’il pose le diagnostic ?
mardi 9 décembre 2008 at 1:55
Wilo,
Certes non ! Mais j’attends au moins qu’il me regarde dans les yeux, me dise bonjour, au revoir. Qu’il me dise « C’est un bordel pas croyable dans vos tripes, on va voir ce qu’on peut faire », plutôt que de l’entendre parler UNIQUEMENT à son assistant en termes sybillins et en faisait le malin pour épater la galerie, puis prendre congé comme on prend congé d’une automobile en rade sur le pont d’un garagiste, sans accorder la moindre considération à la PERSONNE qui se trouve là. Donc « bonjour » et « au revoir », c’est pas grand chose, mais c’est déjà exiger beaucoup de certains médecins, et en particulier des radiologues.
mardi 9 décembre 2008 at 2:14
Wilo,
Et ne me faites pas le coup des médecins vus par Molière, remplis de vaniteuses lettres latines !
😉
mardi 9 décembre 2008 at 3:12
Ce sujet est très intéressant, car, comme souvent en France, les deux thèses opposées sont vraies l’une et l’autre.
Il est exact que la culture est de plus en plus méprisée, et que les professions qui auraient le plus besoin d’humanités en sont dépourvues.
Et il est exact que la sélection des fonctionnaires se fait sur une culture livresque de cuistres, totalement absurde.
Donc, nous perdons des dizaines de milliers d’heures à discuter de façon stérile s’il faut ou non interroger les candidats fonctionnaires sur la Princesse de Clèves.
Pendant ce temps-là, on ne s’occupe pas des vrais problèmes. Maintenir la Princesse de Clèves aux concours de fonctionnaires ne va pas apprendre à un sous-directeur d’hôpital comment lire un compte d’exploitation. Et la supprimer ne va ni apprendre à lire aux millions de Français qui en sont incapables, ni diminuer massivement le nombre de fonctionnaires — car les effectifs excessifs de la fonction publique sont la vraie raison de ces sujets de concours absurdes: la dépense publique délirante entretient le chômage dans le pays, dégrade les relations de travail dans le privé, et pousse par conséquent un nombre affolant de gens à postuler dans le secteur public.
Princesse de Clèves ou pas, il va bien falloir les départager. On pourrait, à la place, leur demander de démontrer le dernier théorème de Fermat. Ce serait tout aussi sélectif (en réalité, bien davantage), et tout aussi absurde.
En fait, la vraie mesure de « justice sociale » (bien que je sois opposé à cette notion) consisterait à tirer au sort les gens appelés à occuper un poste de fonctionnaire, une fois éliminés, par des épreuves simples, tous les candidats qui n’ont clairement pas les capacités nécessaires.
Quand on en arrive à la fois à une telle masse de candidats, et à une telle disproportion entre le nombre des postulants et le nombre de postes, c’est la seule solution raisonnable.
Peut-être les Français prendraient-ils consicence, alors, du gaspillage éhonté, de l’absurdité radicale, du scandale anti-social que représentent les effectifs pléthoriques de la fonction publique.
mardi 9 décembre 2008 at 5:05
Fromage, fromage, fromage, si les médecins se comportaient comme ça, je n’aurais plus de boulot… Alors soyez sympa.
Et sinon, cette échographie de la prostate, c’était comment ?
mardi 9 décembre 2008 at 8:08
Wilo,
Dieu merci, ma prostate est encore en bonne santé. Je vous propose un petit jeu : avec vos amis radiologues, saurez-vous tirer le bon diagnostic de cette radio, et sauver le petit Michel [1] d’une mort atroce ?
[1] Le prénom de Gérard a été changé pour garantir son anonymat.
mercredi 10 décembre 2008 at 2:57
« Tant qu’ils le pourront, certains vivront en isolats au milieu d’un chaos hystérique, en attendant des jours meilleurs. Ou la guillotine. » rien n’est perdu Fromage plus plus les adversaires sont abrutis, plus il faut les mener à la manière de Don Juan, en grand seigneur méchant homme devant ce bisounours land en papier crépon
mercredi 10 décembre 2008 at 8:45
Kikou F+, dis, tu connais Nicolas Gomez Davila ?
« Le degré de civilisation d’une société se mesure au nombre de gestes usuels de politesse dans la vie quotidienne. »
« On est venu à bout des analphabètes, pour multiplier les illettrés. »
Bizz
Francis
mercredi 10 décembre 2008 at 10:57
Francis,
Merci beaucoup pour ces aphorismes très pertinents. Prenez-en de la graine en évitant les « kikou » et autres familiarités tutoyantes ! Merci !
😉
samedi 13 décembre 2008 at 4:05
Lol !
Je cesse aussitôt mes provocations jeunistes si vous vous engagez en retour à ne pas utiliser ces insupportables smilets.
samedi 13 décembre 2008 at 5:10
Francis,
Marché conclu !
dimanche 4 janvier 2009 at 5:35
Faire l’apologie du métissage, c’est faire l’apologie de la race pure.
dimanche 4 janvier 2009 at 7:04
Wilfried,
Voilà qui est excellemment résumé.