Je vous livre ci-dessous la version complète de mon article paru sur Causeur le 5 juin 2011, au sujet du film de Terence Malick, « The Tree Of Life » >>>.
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Une blague raconte qu’un jour un jeune homme rendit visite à un rabbin en se présentant comme un libre penseur.
-Avez-vous étudié la bible avec attention ? demande le rabbin
-Non, répond le libre penseur.
-Alors vous n’êtes pas un libre penseur, mais un ignorant.
Ayant décidé de snobber les classiques qui fondent sa propre culture, et notamment la Bible, la critique française est passée complètement à côté du sujet du Tree Of Life. Parce que le vrai personnage qui crève l’écran de bout en bout du film, c’est quand même Dieu, et je n’ai pour ainsi dire ni lu ni entendu quiconque évoquer sa présence.
Ah si, on a entendu parler de « panthéisme », de « mysticisme », ou de « grâce ». Mais de « Dieu », nada. C’est pourtant lui qui ouvre le film, via un extrait du Livre de Job qui apparaît à l’écran. Et de toute évidence, pas un journaliste, pas un seul, n’est allé ouvrir une Bible au chapitre du Livre de Job en sortant de la projection pour comprendre autour de qui et de quoi s’articulait réellement l’œuvre de Malick. Mais je vous rappelle que la critique, pour parler des moines de Tibhirine, avait réussi le tour de force de parler de « dialogue des cultures », de « tolérance » et de « message humaniste » pour ne surtout pas avoir à citer des gros mots du genre « catholique », qui sont pourtant le cœur de l’intrigue. Bref.
J’ai entendu tout et n’importe quoi sur le Tree Of Life : beauté de la nature, Nicolas Hulot, film humaniste, Arthus-Bertrand, Cousteau, vivre-ensemble, big bang, darwinisme, métaphysique de bazar, chronique sociale, trip halluciné,… bref le grand étalage des conneries sans nom. Personne, absolument PERSONNE n’a cité le mot « Genèse », laquelle fait pourtant explicitement l’objet de la grande ouverture du film. Personne n’aurait remarqué combien Malick est justement le réjouissant anti-Arthus-Bertrand dont nous avons furieusement besoin en 2011 ? Car ce que filme Malick, ce n’est pas la Nature, mais la Création. Ce que photographie Malick n’est pas « la terre vue du ciel », mais « le Ciel vu de la terre ». Ce à quoi rend hommage Malick n’est pas l’idole écolo-moderne Gaïa, mais le Tout-Puissant.
Si parmi la critique, personne n’est fichu de connaître ses bases – la Genèse, les évangiles, l’Apocalypse –, il est inutile d’en attendre davantage sur le « Tree Of Life ». Toutes les grilles de lecture deviennent inopérantes, à commencer par le psychologisme ou le sociologisme, totalement étriqués pour saisir le formidable enjeu eschatologique qui charpente le film. Ou alors ça leur arrache vraiment la gueule de prononcer le mot « chrétien ». Ce qui est également très probable. Parce que ne pas voir combien ce film est fondamentalement, viscéralement, essentiellement, et uniquement chrétien, relève quand même d’un inquiétant constat de mort cérébrale de nos sphères censées être cultivées.
Puisqu’il faut tout faire soi-même, œuvrons au rétablissement du Tree Of Life dans la vérité de son essence, en restant bref, et hors de toute considération plastique bien que nous pussions en deviser pendant des jours et des jours avec beaucoup d’admiration et aussi un peu de sévérité.
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Les Six Jours.
Ouverture kubrickienne. L’Esprit plane au-dessus des eaux. On a dit « big bang ». Mais nous avons vu le surgissement infiniment mystérieux de l’Être, l’émerveillement manifeste devant la création, donc devant le créateur. Exit le new age et le voyage astral, on ne verra ni ovnis ni métaphysique horlogère ; juste la fascination de l’infini paysage cosmique offerte à notre intelligence, c’est-à-dire la révélation que notre âme est une question pour elle-même. Nous sommes bien loin de l’animisme d’un Avatar.
Le Père et le Jardin.
Avez-vous vu Brad Pitt tracer dans l’herbe la limite de son empire familial ? Si vous n’y avez pas vu le règlement intérieur du Jardin d’Éden que Yahvé dicte à Adam, il est vraiment temps de vous remettre à lire. Le domaine du Père est évidemment le souverain Bien, empli de la vraie vie et de la vraie joie, et le mensonge n’y a pas sa place. Hors du Jardin, dans lequel on a solennellement planté l’arbre qui témoignera du pacte familial, on s’expose au risque inévitable de l’expérience du Mal. Mensonge, vol, cruauté, trahison, violence envers son propre frère malgré la confiance qui DOIT les lier. Caïn et Abel, évidemment. Mais l’expérience de la liberté est à ce prix, et la fin du film expose comment l’usage de la liberté est vain sans amour, autant que celui de l’amour sans la liberté.
Brad Pitt n’est pas le père de n’importe quelle famille texane de la middle class américaine des fifties, il est bien entendu le Père universel veillant jalousement sur le couronnement réel de sa création : ses enfants, appelés à l’éternelle conquête de leur propre devenir. Il importe assez peu que le contexte historique ou autobiographique situe l’intrigue en un point spatio-temporel donné. Il s’agit de donner au particulier le sens de l’universel. De donner à la cellule la dimension de l’univers. De donner à la famille la définition de l’humanité. De faire de cette histoire une allégorie de la grande Histoire. Et c’est tout juste si les personnages du film ont un nom, ce qui n’est évidemment pas anodin.
La Mère et le Soleil.
Au Père appartiennent la Loi et l’art de la discipline. Voie du labeur, voie du cynisme, voie de la nature, voie de la violence d’exister, voie des comptes à rendre et des combats à recommencer toujours. À la Mère, systématiquement auréolée de soleil à chacune de ses apparitions dans le champ, appartiennent le confort de la maison, la chaleur du foyer, le pardon, le pardon encore, le pardon toujours, l’acceptation sans question, la fidélité, bref, la solaire grâce qui rédime dans le silence de la charité. Grâce, toujours, dans ses pieds de danseuse, dans son teint délicat, dans son regard lumineux, dans ses incroyables cheveux roux, dans la bonté qu’elle distribue aveuglément, quand bien même ce sont des bandits à qui elle donne à boire.
Le Livre de Job.
Difficile de passer à côté, puisqu’il est mentionné en toutes lettres. Et, de fait, le Livre de Job résonne à de nombreuses reprises. Le sort qui semble s’acharner sans raison, la mort qui semble frapper au hasard, l’apparente injustice des choses d’ici-bas, qu’un Dieu aimant ne devrait pas permettre. C’est pourtant la grande leçon de Job que l’on reçoit dans le Tree Of Life. Pourquoi tel enfant périt-il dans la noyade ? « Was he bad ? » Pourquoi tels hommes sont-ils menottés par la police ? Pourquoi ces pauvres, ces infirmes ? Sont-ils punis par la justice divine ? Le Mal est-il puni par la mort ? « Pourquoi les méchants restent-ils en vie, vieillissent-ils et accroissent-ils leur puissance ? » (Job 21,7) Pourquoi les bons ne sont-ils pas épargnés par le malheur ? Pourquoi la mort du frère ?
Le Tree Of Life questionne en permanence notre éloignement du jardin, dans lequel nul malheur n’était concevable. Mais nous sommes entrés dans l’histoire par notre sortie du jardin. Et l’histoire, malgré son cortège de douleurs, de hasards et d’apparentes fatalités, ne doit pas nous dispenser de croire en la confiance et en l’amour de Dieu. On peut bien, comme Job, tendre un poing vengeur vers le ciel et lui réclamer des comptes, le défier quand il a le dos tourné en courant sur les bancs de l’église, cela ne doit en aucun cas alimenter la croyance en notre impunité et en notre faculté à admettre la finitude des choses. « Tell us a story from before we can even remember », demandent les enfants. Fascination devant la compréhension que le temps est en marche ici-bas, inexorablement, qu’il s’écrit par nos seuls actes, et qu’il nous emporte d’un paradis à un autre par un voyage énigmatique où tout est à déchiffrer à travers la forêt du temps. L’histoire familiale est une mythologie qui enracine dans l’éternité.
La Création.
Deux allusions artistiques majeures affleurent au long du film. En premier lieu, la musique, objet d’une profonde révérence de la part du Père, et dont il compte transmettre le goût si noble et si exigeant. Et, de façon secondaire, l’architecture. On distingue çà et là des plans et des architectes, on déambule dans des buildings et des cités incroyablement graphiques. Comment ne pas y lire l’œuvre du Créateur par excellence, offerte à ses enfants comme un trésor à grandir ? Il suffit de retourner à Job :
« Où étais-tu quand je fondai la terre ? Parle, si ton savoir est éclairé. Qui en fixa les mesures, le saurais-tu, ou qui tendit sur elle le cordeau ? Sur quel appui s’enfoncent ses socles ? Qui posa sa pierre angulaire, parmi le concert joyeux des étoiles du matin et des acclamations unanimes des fils de Dieu ? » (Job 38, 4-7)
Et la musique choisie par Malick, justement, ne cesse de chanter des Lacrimosa, des Requiem, ou des Agnus Dei. Film panthéiste ? Métaphysique de bazar ? Trip new age ?
L’eschatologie.
Le temps trouve son abolition finale dans l’accession à l’au-delà. Passage de la finitude des choses à leur initiale et souveraine éternité dans le sein de Dieu. Corps glorieux transfigurés, abolition des âges, visions de la Porte Étroite des évangiles, de l’échelle de Jacob, du sel de la terre de saint Matthieu, des eaux baptismales, et du Christ lui-même. Fermeture du film en symétrie de son ouverture, par la Vision de la Présence et d’une arche d’alliance explicitement architecturale, renvoyant à l’initial extrait de Job.
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Seules deux chroniques ont su prendre acte de la nature chrétienne de ce film : celles de La Croix, et de Valeurs Actuelles. Tous les autres se sont égarés dans d’indéfendables interprétations, à la façon de ce libre-penseur face au rabbin. Le film de Malick est une œuvre extrêmement complexe, et je suis bien désolé de devoir en faire un exposé si réducteur et si simpliste, mais il m’était insupportable de laisser un tel étalage d’ignorance ou de mauvaise foi sans réponse. Et puis ce Tree Of Life règne souverainement au-dessus des incantations magiques modernes, et s’épanouit superbement à rebours de l’air du temps. Loin du paganisme écolo, loin du culte de l’homme, loin des animismes cool et du rousseauisme béat, il chante la Charité, la Foi et l’Espérance.
mardi 14 juin 2011 at 5:16
Très bon papier, je vais voir ce film de ce pas, MAIS …
…mais, avec ce lien vers Causeur, vers votre nom et, horreur, votre photo (mais non, ne vous inquiétez pas, vous êtes très beau) vous venez de casser un mythe cher F+ … Vous venez de donner un prénom, un nom et un visage à la représentation fantasmatique que je me faisais de vous (elle ressemblait à une meule de fromage moisi, en mieux). Et forcément, l’on est toujours déçu. Je vous imaginai comme ces catcheurs mexicains, ces luchadors, vivant nuit et jour avec leurs masques pour mieux construire leurs mythes, d’El Santo à Blue Demon. Et bien non. Vous n’en êtes que plus humain.
mardi 14 juin 2011 at 6:06
Bah, quiconque cherchait un peu pouvait déjà tomber sur les articles de F+ sur Causeur. Quant au film de Malick, je ne l’ai pour ma part pas encore vu, mais il figurait déjà en bonne place dans ma liste « Urgent » avant d’avoir lu la critique abrégée de notre hôte.
F+, savez-vous pourquoi votre article « Halal oui, Jésus non ! » (http://www.causeur.fr/halal-oui-jesus-non,9990 ) ne figure pas sur la page de votre profil ? Est-ce parce que c’était une brève ?
mardi 14 juin 2011 at 6:31
Olaf,
Aaaah, je sais, je sais, je vous comprends… Moi aussi je me trouve beaucoup plus beau en catcheur masqué. Hélas, je ne serai jamais aussi beau qu’un catcheur masqué. Peut-être qu’un jour je ferai du sport, mais je ne vous promets pas davantage.
Fixou,
Je pense.
mardi 14 juin 2011 at 6:42
The tree of life: moi je me suis fait vraiment chier.
Amen
mardi 14 juin 2011 at 6:47
C’est grâce à cet article dans Causeur que j’ai fait la connaissance de ce blog. Bravo. Juste une petite remarque, il me semble que le film témoigne d’une recherche mystique que vous semblez éluder. Il n’est heureusement pas indispensable de connaître la bible comme vous la connaissez pour apprécier cette oeuvre. Le propos principal du film est assez bien résumé par la phrase qui débute La pesanteur et la grâce de Simone Weil « Tous les mouvements naturels de l’âme sont régis par des lois analogues à celles de la pesanteur matérielle. La grâce seule fait exception. » Enfin cela nécessiterait un peu plus de développement (je me permets d’indiquer le lien de ma propre critique: http://edouardetmariechantal.unblog.fr/2011/05/31/the-tree-of-life-terrence-malick-eeee/)
Quelle ironie de penser que le festival de Cannes à récompensé un film dont la plupart des critiques n’ont pas compris le sens. Très anti-moderne. Comme s’ils se tiraient une balle dans le pied. Vous parlez d’eschatologie à la fin de votre article, nous n’en sommes plus là, qui croit encore aux fins dernières aujourd’hui? La mode est plutôt à archéologique. De l’eschatologie à l’archéologie (pensée tout à fait souveraine de Chantal (Delsol)). Mon ami, je suis beaucoup trop long, félicitations en tous les cas.
mardi 14 juin 2011 at 7:49
C’est fou ce que vous êtes jeune, Fromage !! Très jeune même, en parfaite santé apparemment aussi… Y aurait-il quelque force encore chez les Chrétiens ?
mardi 14 juin 2011 at 8:07
Merde alors. Moi qui croyais que votre génie, en plus d’être aveuglant était, comment dire… Amateur… Que vous aviez, comme moi un vrai métier, et que vous ne nous gratifiiez de vos pensées que par la grâce de vos loisirs… Mais en fait, non. Fromage c’est votre boulot… Vous êtes blogueur.
Je suis un peu déçu, je dois dire. Et du coup, je crois que je vais exiger qu’il y ait plus de publications. Ca va bien de nous laisser des semaines sans rien à lire. Si c’est votre taf, va falloir vous y mettre un peu plus vigoureusement mon gaillard!
mardi 14 juin 2011 at 10:13
Erig,
Détrompez-vous, je ne suis absolument pas payé – et c’est là mon drame – pour tout ce que je publie sur le net ! J’ai un boulot, mais qui n’a rien à voir avec l’écriture, le journalisme, ou le blog, pour lesquels je ne touche pas un rond !
mercredi 15 juin 2011 at 12:33
Encore un film que j’enrage de rater. Allez hop, dans le top 10 des 100 films que j’aurais dû voir.
Fin bon, m’en fous, je vis au sein de la Création, c’est Malick tous les jours chez moi !
mercredi 15 juin 2011 at 1:04
Merci pour cet article éclairant , et qui change de la triste pâtée qui nous est servie par les critiques officiels . Et il est en effet marrant de constater que le jury du festival se soit tirer une balle dans le pied… et certainement sans le savoir ! Les cons .
Comment peut-il en être autrement , dans les médias français , de ne jamais parler de Dieu et de Son Fils autrement qu’en termes péjoratifs . Un exemple qui me immédiatement à l’esprit : lors de l’allocution de M. CHANG après sa victoire à R. Garros en 1989 ,la traduction en simultanée c’est arrêtée illico-presto , dès qu’il a remercier Dieu et Jesus-CHRIST . les commentateurs ont barguenidé dans la plus parfaite décontraction et la plus grande des grossièretés jusqu’à la fin de son allocution , et à vous Cognac-Jay .
Et sans aucunes réactions . Nul-part .
Et oui , le film de Malick fait maintenant parti de mes futurs achats . Merci à vous .
mercredi 15 juin 2011 at 7:42
Alors, je fais amende honorable, et je me re-prosterne aux pieds de votre talent.
Encore merci!
mercredi 15 juin 2011 at 8:13
Bon, je vais peut-être retourner au cinéma, alors, pour une fois…
mercredi 15 juin 2011 at 8:51
J’avais vu son dernier film « Le nouveau Monde ».
Je n’avais franchement pas accroché. Il faut dire que si on est pas prévenu et que l’on s’attend à un film classique avec une histoire, une intrigue, des bons et des méchants, on peut être vite être dérouté (et je pense que c’est aussi le cas de « The tree of life »)…
mercredi 15 juin 2011 at 9:52
mercredi 15 juin 2011 at 11:37
Merci, j’irai le voir! Ou bien je me le procurerai.
La bande-annonce est un bol d’air frais dans notre société nauséabonde.
Le problème avec Malick, c’est qu’il est adulé par les bobos…Qui n’ont probablement rien compris, comme d’habitude.
jeudi 16 juin 2011 at 12:25
Fromage, j’ai à Lyon quelques amis catcheurs masqués redoutables, ils vous apprendront les ficelles du métier !
jeudi 16 juin 2011 at 4:41
pourquoi voulez-vous qu’il soit catcheur, ce pauvre fromage, alors qu’il doit etre champion de systeme A…pas besoin de muscle ni de gros bras, mais souplesse, legerete et connaissance des « maillons » faibles!
en tout cas c’est sympa de mettre un visage sur les « fantomes » des blogs, ca devient plus personnel, et meme plus humain.
Pour le film, j’ai hate qu’il soit en ligne! merci pour l’info, j’espere l’apprecier de meme.
jeudi 16 juin 2011 at 9:25
Bon, on me tend un bâton, je ne peux m’empêcher de réagir, ne serait-ce que par jeu.
En rangeant le paganisme exclusivement dans la case « écolo-bobo », cher F+, vous êtes d’une mauvaise foi à peine plus faible que celle dont vous suspectez ceux qui manquent ou refusent de voir dans ce film (que je n’ai pas vu) une oeuvre pour ainsi dire chrétienne. Votre identification du paganisme à une mode superficielle de rouleur de joints est à peu près aussi tordue que celle du christianisme avec la pudibonderie bourgeoise hypocrite du XIXe siècle faite par ces mêmes soixante-huitards.
Mais je ne vais pas chercher à m’expliquer plus avant, on va me tomber dessus à bras raccourci en me disant alternativement que je vais aller en Enfer avec un ton de menace fanatique, qu’un jour je découvrirais la Vérité avec un ton de condescendance, ou que je suis un dangereux positiviste avec un ton de subtil mépris. Puis, excédé, je balancerais des flopées d’insultes, d’ailleurs pas déméritées, et on ne me reverra pas pour plusieurs semaines. On va gagner du temps: je vais vous laissez faire vos petits Torquemada antipaïens, courageux et intègres comme des antifas sans fascistes, et ne plus consulter ce fil.
jeudi 16 juin 2011 at 9:58
Non, vous n’avez pas le droit….
C’est quoi cette manie des blogueurs que j’aime de briser leur anonymat en ce moment ???
jeudi 16 juin 2011 at 11:30
Je n’ai pas envie de voir ce film. La bande-annonce m’a fâcheusement rappelé La ligne rouge, son style grandiloquent, ou pour être plus précis et coupant, même si ça va peut-être surprendre : son style de frimeur…. si j’en juge par seul film, Malick est pour moi un frimeur, un frimeur doué certes (formellement surtout), mais qui ne cesse de vouloir nous démontrer à quel point il est profond, avec ses images de soldats qui se tiennent la tête à deux mains et hurlent au ralenti sur fond de voix off pontifiante et concernée, à quel point il va nous montrer que la guerre rend les hommes fous, mais qu’elle révèle aussi leur grande noblesse (ce qui n’est pas forcément faux, le problème étant la lourdeur du propos), mais que quand même, la guerre c’est mal, que le gars qui désobéit à son officier, quelle humanité ! – et la nature, regarde les plans d’enfer sur la jungle, admire le symbolisme de mon palmier sur fond d’océan, et le cosmos, et la mort, ô mort ! – et la voix off, ah la voix off ! Tout cela finit par être gnangnan, le comble !
jeudi 16 juin 2011 at 12:23
Zut, moi qui espérait que ce fût le blog de Dieu. Raté.
Bon, il y a quand même quelques boulettes dans votre article sur Causeur. Gare à la mère Lévy si elle vous attrape.
jeudi 16 juin 2011 at 12:47
@ Gil : vous avez au moins reconnu son génie formel, que je crois nul ne peut nier ; que cela ne vous touche pas plus, en revanche, c’est votre droit le plus strict.
J’ai franchement été transporté par « Le nouveau monde » et « la ligne rouge ». J’aimerais bien pouvoir voir les deux précédents, et le dernier.
Un jour, peut-être…
@ Gotfried : on peut être assez d’accord avec votre premier paragraphe. En revanche, votre second, je comprends pas… ;o)
jeudi 16 juin 2011 at 1:14
Dans les années 70, on pouvait entendre ceci;
Rigolo.
Pour le film, je suis allé voir X.Men, le début, au moins on ne se pose pas de questions
jeudi 16 juin 2011 at 1:24
@PMalo
Je ne parlerais pas de « génie formel ». Plutôt un truc dans le genre : « talent formel qui se la pète ». Ou « génie formel qui se la pète, donc plus tout à fait génial ».
Et aussi : gnangnan à force de vouloir être profond.
(Je ne parle que de La Ligne rouge, seul film de Malick que j’ai vu – mais l’air concentré de Pitt sur la bande-annonce du dernier m’a fâcheusement rappelé l’ambiance de La Ligne – difficile à exprimer)
dimanche 19 juin 2011 at 12:50
Excellent article, merci !
Ca m ‘a fait relire et donne envie d’aller au cinoche.
Je vous imaginais les cheveux plus courts…
mardi 21 juin 2011 at 9:20
j’attend ici vos commentaires honnetes une fois le film vu…
mardi 21 juin 2011 at 8:02
Bref, vous vous êtes emmerdé, et donc tout le monde doit s’y emmerder.
Communiste ! 😉
J’apprends à l’instant que « Badlands » ressort en salle en version restaurée…
Une sortie culturelle au bourg s’impose !
jeudi 23 juin 2011 at 1:13
@bobcrane : ça y est, je l’ai vu. Mon commentaire totalement objectif est que j’ai été ébloui. Oui, on y retrouve totalement tous les points évoqués par F+ dans sa critique, et même d’autres qu’il a n’a pas développés. C’est un film qui réussit le difficile grand écart entre être contemplatif et ne pas devenir ennuyeux (malgré sa durée).
Cela dit, je pense que GIl a raison de ne pas aller le voir, le film est parfaitement à l’image de sa bande-annonce (pour une fois que c’es le cas, ça mérite d’être noté !), et s’il n’a pas aimé les précédents Malick pour leur style, il vaut mieux pour lui éviter celui-là également.
J’ajouterai à l’adresse de Gotfried (qui ne lira pas ce message, s’il fait bien ce qu’il a annoncé dans le sien) que le paganisme me paraît évoqué dans le début du film, notamment dans le discours sur « there is the way of the Grace, and there is the way of nature ». Je vous promets qu’on n’est pas dans l’écolo-bobo. Cela dit, la « nature » (wiz zi axente, pliz) dont parle Malick, je me pose encore la question de savoir s’il s’agit de Dame Nature ou plutôt de la nature humaine. Cela dit, je me demande ce que le paganisme aurait à dire là-dessus (ce n’est pas une critique, c’est un aveu d’ignorance et donc de curiosité).
Enfin, pour ceux que ça intéresse (mais d’autres l’ont fait avant moi, alors je ne me prive pas non plus), de l’oeuvre de Malick, je n’avais vu que La ligne rouge et Le nouveau monde. J’étais probablement un peu jeune pour le premier, que j’ai aimé plus par instinct que par réelle intelligence du film. Je me souviens avoir aimé cette approche différente du film de guerre, mais il faudrait probablement que je le revois. Quant au second, je me suis franchement fait chier. Farrell ne m’a pas convaincu dans le rôle, et le rôle de Bale était à mon goût bien trop réduit. J’étais mort de rire sur les derniers plans qui se voulaient très contemplatifs et que j’ai trouvés ridicules.
Rien de tout cela dans cet Arbre de vie, qui vous transporte complètement, pour peu que vous ayez en effet les bases chrétiennes nécessaires, sans lesquelles il est effectivement illisible. J’ajouterai un dernier point que, en tant qu’ancien biologiste, j’ai beaucoup apprécié: il s’agit de la précision scientifique avec laquelle Malick décrit la Création et la formation de la Terre. Les principales étapes de l’évolution y sont abordées avec méthode et rigueur, dans l’état actuel de nos connaissances et de nos hypothèses. Et il fait très sagement l’impasse sur le grand mystère du « chaînon manquant » cher à Darwin.
Très très chaudement recommandé !
jeudi 23 juin 2011 at 2:50
Merci Fixou !
Je monte demain vers Paris (enfin un peu de reeeeepooooooooooohhhhhhh……………..), je trouverai bien le temps d’aller le voir !
jeudi 23 juin 2011 at 2:56
Quoi, tu vas à Paris ? Et on me dit rien ?! 😉
lundi 27 juin 2011 at 10:06
A y est, j’ai vu le film. Magnifique. Fondamental.
Merci pour votre chronique, elle est très sensée et contribue a faire vivre le boulot de Terence Malick en moi. Comme vous l’avez écrit, ce film est très complexe.
mardi 28 juin 2011 at 6:22
critique conne qui n’en est pas une, car c’est une description. Le Malick est très lisible peut-être même trop (mais, même à ce niveau de littéralité, vous devez faire fausse route pour les gratte-ciels). Et oui, sinon, l’histoire de cette famille imite la Genèse, la Genèse raconte la naissance d’une famille avec un symbolisme pas très compliqué. Le serpent se mord la queue. Rien de bien intéressant, voulais-je dire.
vendredi 1 juillet 2011 at 10:39
Votre exposé n’est réducteur que parce que les mots ne suffisent à décrire pleinement l’essence véritable de cette œuvre.
Cependant c’est sans doutes l’article le plus juste qu’il m’ait été donné de lire, je salue la justesse de vos mots ainsi que celle de votre analyse.
Mon cœur est toujours réconforté de voir quelqu’un comme vous.
Il l’est aussi de voir qu’à notre époque une œuvre comme celle de Terrence Malick peut encore voir le jour.
Je vous exprime mon plus grand respect,
Salutations à vous.
vendredi 1 juillet 2011 at 10:44
je m’incline car je sais que ne voyons pas tous la meme chose, et comme aucun de nous ici bas ne detient la verité…
jeudi 7 juillet 2011 at 9:42
Ça y est, j’ai rédigé ce que je pense avoir compris du film : http://abimopectore.over-blog.com/article-tree-of-life-une-conversion-vue-par-malick-78732505.html
Merci F+ de l’avoir recommandé.
lundi 18 juillet 2011 at 12:01
Bonjour,
Sans doute la meilleure critique en français lue jusqu’ici. En outre, elle n’est pas bonne seulement par comparaison avec les autres, mais bonne tout court.
J’ai vu le film hier soir et il n’avait rien à voir avec la plupart des critiques lues jusque-là, à se demander si les critiques, amateurs ou non, ont vu le même film que moi.
Un ami m’envoie ensuite votre excellente critique. Je voyais le film comme une lecture passionnante de Job, mais ce que vous dites sur la Genèse est tout à ait intéressant, même si j’ai tendance à penser que le film est une forme de théodicée centrée sur Job.
Si Malick rend hommage au Tout Puissant, il ne néglige pas la nature, entendue comme sa création : l’usage de la lumière rappelle la présence de Dieu dans la nature, comme dans les cathédrales gothiques notamment.
Je note aussi qu’il y a des écologistes chrétiens, attachée à l’hypothèse Gaïa de Lovelock, parfois écologistes profonds. Il y a aussi une tradition environnementaliste chrétienne américaine, un rapport à la nature proprement américain qui n’est pas celui de l’opposition entre l’homme et la nature et peut-être que cela vaudrait le coup de se demander ce qu’en pense Malick. Si ce n’est pas le sujet principal du film, le rapport à Dieu passe aussi par la nature et sa beauté, ce qui est rappelé à plusieurs reprises, ne serait-ce que par la beauté des images. Je ne pense pas qu’on puisse faire du christianisme de Malik (ou sa foi) un christianisme désincarné, de l’âme, simplement pour l’opposer aux critiques qui parlent sans réfléchir de panthéisme, de new age ou de je ne sais quoi.
Par exemple, la fin me semble rappeler la résurrection des corps, non pas seulement des âmes.
Quant aux deux voies de la nature et de la grâce, il semble que cela peut renvoyer à deux choses. D’abord à deux sources de la foi (on peut la trouver dans la beauté du monde qui manifeste la puissance de Dieu, comme le fils joué par Sean Penn, ou plus directement par la grâce de Dieu (ce sont deux voies traditionnelles qui mènent à Dieu). Ensuite, plus moralement, au fait qu’il ne faut pas, pour bien agir, faire de la nature un modèle, mais s’en libérer (soit agir comme le père et s’endurcir pour vaincre) ou agir plus naïvement, comme la mère. Mais nature n’est pas pris au même sens dans ces deux occurrences.
Il y a aussi l’allusion à l’Arche de Noé qui me trouble, quand le petit apprend le nom des animaux avec un jeu qui ressemble furieusement à une arche.
mardi 23 août 2011 at 9:08
Désolé de ne poster paresseusement qu’un lien, mais ça m’a paru intéressant de vous le livrer :
http://www.newyorker.com/online/blogs/movies/2011/08/sean-penn-vs-terrence-malick.html