Je me tue à vous le dire : le progrès est un monstre bicéphale. D’un côté il prône l’avortement de masse, le mariage homo, la gay-pride, l’idéologie du genre, les festivals de musique sataniste, le droit d’avoir des relations sexuelles dès l’âge de douze ans ou de faire de la publicité pour les godemichets entre deux épisodes de « Plus belle la vie » ; de l’autre il prône le droit de toutes les cultures à s’exprimer librement, ce qui revient à autoriser la polygamie, imposer les menus halal dans les cantines, aménager des horaires islamiquement corrects dans les piscines municipales, financer des mosquées avec l’argent de l’État, se marier devant l’imam sans rendre de compte au bonnet phrygien de Marianne, respecter n’importe quelle croyance sous le prétexte qu’elle est une belle expression de la diversité des cultures.
Ou porter la burqa en France.
Vous savez, la France, le pays d’Henri IV et de Louis XIV ; le pays de François Villon et de Brassens, de Gargantua et de Molière ; le pays des châteaux de la Loire, des cathédrales gothiques, de la Tour Eiffel et du Centre Georges-Pompidou. Le pays des chansons paillardes et du bon vin, le pays du bon pain et du rôti de porc aux haricots verts, le pays où l’on raconte des blagues belges autour d’un pot-au-feu ; le pays de San Antonio, de Coluche et de Thierry Le Luron ; le pays des frères Lumière, de Jacques Tati et de Louis Pasteur, le pays de Louis Blériot, de Jean Mermoz et de La Pérouse. La burqa en France, au pays du camembert, de Daft Punk, du Klub des Loosers et d’Éric Tabarly. La burqa au pays des hospices de Beaune, d’Alain Bombard, de Champollion et de Nadar. La burqa au pays des dandys, des titis parisiens et des éternelles élégantes qui ont écrit l’Histoire, la burqa au pays des Incroyables et des Merveilleuses. La burqa au pays de Baudelaire et des Élucubrations d’Antoine, au pays des jardins de Le Nôtre et des quarante mille clochers. La burqa au pays des bonnes manières, du savoir-vivre et de l’amour courtois ; le pays qui cultive aussi la rigolade et les comédies pleines d’amants dans les placards.

Mais ce n’est pas ainsi qu’il faut présenter les choses. Peut-être serez-vous moins choqués, en tout cas plus compréhensifs si je vous présente la vérité autrement.

La burqa au pays de Dominique Wolton et de Dominique Sopo, avouez que ça prend un tout autre tour. La burqa au pays d’Ali Baddou, de Thierry Ardisson et de SOS-Racisme. La burqa au pays de Luc Besson, du Jamel Comedy Club, des clashes sur Youtube entre Morsay et K-Libre. La burqa au pays des églises vides et des comités de soutien aux sans-papier. La burqa au pays de l’Éducation Nationale soviétique et du baccalauréat garanti sans discrimination. La burqa au pays des petits enfants incultes et dont le prénom ressemble de plus en plus à un produit de supermarché façonné ex-nihilo par une équipe de marketing, Clélia, Mathis, Noa, Mayg-Ann, Mawrick, Kadéos, Leslys ou Toméo. La burqa au pays qui veut travailler le dimanche et le lundi de Pentecôte, qui ôte ses sapins de Noël dans les mairies et les écoles, et qui de toute façon ne sait même plus ce que sont Noël et la Pentecôte. La burqa au pays du Pôle Emploi, des subventions toutes-puissantes, des associations de quartier, des collectifs financés par la mairie, des files d’attente aux guichets des Assédic et des formulaires en quinze exemplaires. La burqa au pays de l’Inquisition antiraciste, la burqa au pays du droit à vivre comme on l’entend sous la menace de la Tolérance. La burqa au pays des flics qui envoient au tribunal les automobilistes un peu trop rapides mais qui laissent courir des malfrats de quinze ans qui leur tirent dessus à coups de Kalash. La burqa au pays des 250.000 avortements annuels compensés par autant d’immigrés plus ou moins clandestins mais franchement musulmans. La burqa au pays des petites gauloises célibataires hystérico-dépressives et des minets dévirilisés qui font des soirées Goldorak pour leurs trentième anniversaire. La burqa au pays qui camoufle la pipe de Jacques Tati sur ses affiches mais pratique déjà l’eugénisme sans rougir. La burqa au pays dont la joie de vivre à disparu derrière les corporations procédurières, les coins-photocopies, les promenades à Ikea et les week-ends en amoureux à Disney-Land. La burqa au pays que Houellebecq décrit comme « Sinistre, entièrement sinistre et administratif. »

Alors interdire la burqa, je vous avoue que ça me fait bien rigoler. Quand on fait tout, absolument TOUT pour transformer la France en pays du Tiers-Monde, il ne faut pas se plaindre que l’obscurantisme s’y trouve fort à son aise.