La République n’étant pas une structure politique mais une structure entièrement religieuse, plutôt que d’appliquer des mesures politiques, diplomatiques ou tout simplement légales, elle préfère déployer des moyens considérables pour abandonner son propre troupeau et partir à la recherche de la brebis égarée pour la ramener à la maison du Père. C’est beau comme tout, on est tout ému.
Seulement voilà : le principe de laïcité exige qu’on sépare la loi temporelle de la loi divine. Et nos frères égarés dans le djihad ne sont nos frères que dans une considération spirituelle ; dans une considération positive et politique, ils ne sont que des citoyens de nationalité française ayant choisi de faire une entorse délibérée envers le Code Civil et son article 25, ce qui se paye par une déchéance sans ambiguïté.
Je sais bien que la République est à la fois la Révélation, l’Église, le Catéchisme, le Tribunal et le Paradis, mais à un moment donné il faut arrêter les conneries et vivre dans le réel. Le réel, c’est que les traîtres à la Nation n’ont plus rien à faire dans la Nation, et que leur présence n’est plus souhaitable parmi le corps des gens honnêtes.
Il y a des milliards de gens dans le monde qui ne sont pas citoyens français, et je crois que beaucoup d’entre eux le vivent très bien. Ce n’est pas grave de n’être pas Français. On peut être quelqu’un de très bien sans être Français. Si, je vous jure que c’est possible, même si ça sonne comme un blasphème.
J’ai du mal à croire en la bonne foi d’un Manuel Valls qui annonce une prévision de 100.000 personnes avant la Manif Pour Tous. Nous avons en France d’excellents services de renseignements, capables de déjouer des attentats et de réagir très rapidement quand des chaînes de SMS qu’ils interceptent donnent des rendez-vous de dernière minutes à des bandes de casseurs. J’ai du mal à comprendre comment des milliers et des milliers de réservations de bus ou de train aient pu passer totalement inaperçues. J’ai du mal à comprendre comment ce chiffre ridicule de 100.000 personnes a pu être obtenu suite à l’observation des médias, de la blogosphère, de Facebook, des forums en ligne, des dizaines de conférences données à travers la France pour expliquer les enjeux de la PMA ou de la GPA et pour inviter à revenir manifester.
Mon avis – peut-être un peu conspirationniste, je ne sais pas – c’est que les Renseignements ont très bien fait leur boulot, ont bien transmis leurs prévisions d’un afflux massif, mais que le Ministère de l’Intérieur n’a pas voulu y croire ou n’a pas voulu s’y résoudre par aveuglement. Effet collatéral gagnant : les forces de l’ordre étant dépassées par la foule, on peut alors facilement arguer de « débordements » et accuser le peuple de comportements violents, donc illégitimes. Ce qui est quand même une grosse blague : essayez de verser 1400 litres dans une baignoire de 100 litres, eh bien ça déborde, et ce n’est ni la faute de l’eau, ni la faute de la baignoire. C’est juste que vous êtes trop con de ne pas savoir adapter le contenant au contenu et il faut changer de lunettes. Ou changer de métier.
Et je veux voir les images tournées depuis l’hélicoptère qui survolait Paris.
2.
J’ignore ce qui a provoqué la riposte aux lacrymos. Ce qui est sûr, c’est que des enfants s’en sont pris en plein visage, et j’ai énormément de mal à croire que des enfants aient pu être au cœur d’un mouvement de poussée sur les barrières. Un tel mouvement, pour qu’il fasse réagir la police, a intérêt à être musclé et déterminé, c’est à dire sûrement pas un mouvement avec des enfants. La police a donc balancé du gaz sans distinction, et de braves retraités en ont également fait les frais, ce qui est inacceptable.
Si c’est le cas en effet qu’il y eut des tentatives pour forcer le passage vers les Champs, c’est de toute façon une excellente chose : la Manif Pour Tous étant massivement composée du terreau de la « France bien élevée », il est bon que son image de mouvement gentil et inoffensif prenne un tour un peu plus menaçant et déterminé. Rien ne fait plus peur à un pouvoir qu’une foule hostile et incontrôlable. Des gens qui tiennent la porte aux dames et ramassent leurs papiers gras n’inspirent absolument aucune crainte d’aucune sorte chez les décideurs. Brûlez des voitures et des commissariats, dans les 24 heures vous avez des Plans Banlieue d’un milliard d’euro, des têtes qui tombent dans les ministères, bref, des lignes qui bougent.
3.
« Pas d’a-mal-ga-me ! » vous vous souvenez ? Il ne faut JAMAIS faire d’amalgame. Jamais.
Chantal Delsol expliquait la semaine dernière, avec raison, qu’il y a une énorme différence entre « être raciste » et « penser qu’il y a trop d’immigrés en France ». Le racisme, c’est penser que les groupes humains sont inégaux en soi, c’est haïr une ethnie par le simple fait de sa différence, ce genre de choses. Les Cohn-Bendit et autres vieux débris autour d’elle ne comprenaient pas son raisonnement, ne comprenaient pas la nécessité de faire le distinguo. Pourtant, quand un gauchiste exprime son « Free Tibet ! », il ne dit rien d’autre que « Il y a trop d’étrangers au Tibet », les « étrangers » étant identifiés comme les « Chinois ». Or ce même gauchiste n’a rien d’un raciste pour autant. On peut prendre mille exemple : les gauchistes qui dénoncent la Françafrique expriment clairement le fait qu’il y a trop d’étrangers sur les terres des peuples souverains africains. Les défenseurs des peuples amazoniens trouvent qu’il y a beaucoup trop d’étrangers sur les terres ancestrales des tribus qui y vivent. Souvenez-vous des tracts du PCF de l’après-guerre, qui exprimaient avec colère le fait qu’il y ait beaucoup trop d’Américains en France, et il était temps que « USA Go Home ». Est-ce du racisme que tout cela ?
Je parle de cela parce que les enjeux des patries sont exactement les mêmes enjeux que ceux de la famille. Les souverainetés traditionnelles sont dynamitées, les individus sont atomisés, les attachements ne sont plus ceux de la chair mais ceux du seul désir. Ainsi, quand on est contre le mariage et le recours à l’adoption, à la PMA, à la GPA pour les homosexuels, l’amalgame vous tombe dessus : on est homophobe.
Les mots ont un sens : être homophobe, c’est être atteint d’un trouble psychiatrique grave (la phobie) qui vous rend dingue dès que vous croisez un homosexuel. Soyons sérieux deux minutes : si l’homosexualité rencontre encore, en effet, de la désapprobation plus ou moins violente (qui tend à disparaître de plus en plus, soyons honnêtes deux minutes) on est quand même très très loin du phénomène de la chasse au pédé généralisée et de la police des mœurs qui débarque chez vous à 5 heures du matin.
Donc, l’amalgame « contre le mariage homo = homophobie » est un mensonge intellectuel extrêmement grave, qu’il faut toujours s’appliquer à démolir consciencieusement et fermement.
J’ai lu une bonne pancarte hier : « La grossesse n’est pas un CDD ». Eh bien voilà un excellent résumé : je me fous de la vie sexuelle des gens ; j’ai juste envie que la vie d’un enfant échappe au supermarché mondial, aux désirs égoïstes, à la consommation, au trafic, aux contrats de bonne livraison et de bonne conformité. La meilleure place pour un enfant, c’est entre son père et sa mère, et il faut toujours privilégier ce modèle.
4.
Je suis quelque peu en colère contre la Droite française, qui a regardé la première Manif avec méfiance et circonspection, qui a eu du mal à vraiment la soutenir franchement. Soudain, le mouvement prenant du poids, les guignols comme Copé se réveillent et se posent en soutiens indéfectibles de valeurs traditionnelles. Franchement, c’est vraiment dégueulasse. Ils font vraiment tout pour alimenter les thèses du « tous pourris ».