Chers lecteurs,
Ouvrons une parenthèse dans la ligne éditoriale de ce blog, et délaissons un instant nos conversations sociologiques ou politiques. Exceptionnellement, aujourd’hui je vais vous parler d’un petit bout de ma vie privée qui s’appelle l’architecture. Je suis architecte. C’est mon métier. Je sais que ça n’a absolument rien à voir avec la choucroute, mais j’avais envie de vous faire un petit exposé, comme ça, parce que je vous aime bien, et surtout parce que j’en ai un peu marre d’entendre pas mal de bêtises au sujet des architectes et de l’architecture ! En fait, l’architecte est un homme très méconnu, quand il n’est pas carrément méprisé – si si, ça arrive – et c’est donc l’occasion de faire un petit point sur la question !
Bon. Concrètement, c’est quoi l’architecture ?
Pour faire simple, on va dire que si vous mettez des parpaings les uns sur les autres, vous posez concrètement un acte de construction. Mais pour que cette construction ait un caractère architectural, il vous faut lui insuffler un supplément d’âme, sans quoi ce n’est qu’un tas de brique ou un bête cube de béton. Certes, on fait des tas de briques tout à fait résistants aux intempéries, on fait même des cubes de béton très bien isolés ! Mais l’architecture surgit quand les choses prennent soudain du sens, quand une composition structure les choses, quand une disposition heureuse lie les éléments construits les uns aux autres.
Il suffit parfois de pas grand’chose pour rendre une composition heureuse : penser à aligner toutes ses fenêtres à la même hauteur, placer l’escalier à un endroit stratégique dans une pièce, axer des éléments similaires sur une trame régulière, éviter les passages compliqués à travers les pièces, penser des rangements qui vous permettent de profiter pleinement de toute votre surface habitable, penser l’harmonie des matériaux et des couleurs, penser la façon dont la lumière entre dans les espaces et structure les volumes, etc.
Encore faut-il penser le projet construit dans sa globalité, et anticiper toutes les implications d’usage, de technicité, et d’esthétique.
Comme j’aime les comparaisons et les analogies, je vais vous aider à visualiser la différence qui sépare l’acte de construire de l’acte architectural : tout simplement, imaginez la différence qui existe entre « se nourrir » et « la cuisine », entre « s’habiller » et « être élégant », entre « produire des sons » et « faire de la musique », entre « prendre une photo » et « faire de la photographie », entre « écrire des phrases » et « faire de la littérature ».
Construire est un acte utilitaire, comme prendre une photo pour avoir un souvenir ou enfiler une chemise pour ne pas avoir froid – ce qui n’est pas vil en soi, puisque c’est de l’ordre de la nécessité – ; l’architecture, elle, permet de dépasser les simples utilités pour offrir en plus du Solide, un surplus de Pratique et de Beau, voire de Sens. Ingérer quelque chose pour étancher sa faim, c’est bien, mais élaborer l’harmonie d’un vrai bon plat c’est autre chose. Enfiler un pull quelconque et un pantalon lambda vous protège du froid et de la nudité, mais vous ne méritez vraiment pas de ressembler à un gros sac à patate sous prétexte que « mais si, mais si, ça tient chaud ». Pensez plus loin que les limites strictes du besoin matériel. Comme disait un type célèbre : « l’homme ne vit pas que de pain ».
Après, c’est une question du goût et de sensibilité. Certains n’aiment que les grandes violonnades, d’autres ne jurent que par Stockhausen ; certains n’aiment que les plats en sauce traditionnels, d’autres préfèrent les audaces de la nouvelle cuisine. Certains n’aiment que la bonne vieille pierre – quitte à faire dans le pastiche historicisant –, d’autres goûtent plus facilement le graphisme des formes minimales et abstraites – quitte à vivre dans un lieu moins chaleureux. Tout est possible, y compris les compromis et les mélanges.
Deuxième question : à quoi sert un architecte ?
L’architecte est celui qui, en premier lieu, imagine et conçoit un projet de construction. Il prend le temps de réfléchir à la façon de concrétiser un programme, il analyse toutes les contraintes (souhaits du client, façon d’accéder au bâtiment, orientation des espaces, conformité avec les règlements d’urbanisme, etc.), fait des croquis, des esquisses, des plans, éventuellement des maquettes, pour s’assurer que tout cela tient la route et que le client comprend bien ce qu’on va lui livrer.
Ensuite, quand le projet prend sa forme définitive, l’architecte pose ses crayons et enfile sa casquette de chef d’orchestre pour faire le gros du boulot : régler des paperasseries (genre permis de construire), s’assurer que les entreprises choisies ne sont pas des branquignols qui vont se barrer avec la caisse au premier souci, vérifier que les problèmes techniques sont résolus (il passe où le tuyau des chiottes ???), mettre son nez dans la comptabilité pour n’arnaquer personne, suivre le chantier et ses aventures, et livrer un bâtiment avec le moins de déconvenues possibles ! Bref, l’architecte a plusieurs cerveaux qui fonctionnent en même temps : un cerveau artiste, un cerveau technicien, un cerveau diplomate pour accorder tous les interlocuteurs d’un projet, un cerveau-calculette, un cerveau climatologue,…
Concrètement, un architecte dessine généralement des bâtiments, mais il est fréquemment disposé à s’atteler à tout ce qui tourne autour : l’environnement plus large (urbanisme, paysagisme, espaces publics,…) comme l’environnement plus détaillé (décoration, architecture d’intérieur, mobilier, aménagements,…). Un même architecte peut dessiner une ville tout entière, et les poignées de portes qui vont avec !
Troisième question : « Mais les architectes, c’est pas des mecs à la masse qui se payent leurs onéreux délires-qui-servent-à-rien et fabriquent des maisons aussi chaleureuses que des cuves en inox ? »
Ahlalala, mes amis, quelle détresse d’entendre ça… Les architectes traînent une terrible réputation, et ils en sont largement responsables malheureusement, à cause de leurs expérimentations parfois extrêmes du siècle dernier ! Cependant beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et la profession est quand même infiniment plus sérieuse et plus fiable aujourd’hui qu’au milieu du XXème siècle ! D’une part, nous avons des normes solides à respecter. Entendre son voisin comme s’il était à côté de vous, c’est terminé. Le chauffage qui s’enfuit par des murs froids et humides, c’est terminé. Les infiltrations foireuses, c’est terminé. La construction neuve est aujourd’hui très sérieusement exécutée. Le risque zéro n’existe pas, et un bâtiment neuf peut toujours souffrir de petits soucis, mais globalement nous avons tourné la page de l’amiante, des murs en cartons et des esthétiques staliniennes.
D’autre part, si quelques architectes font parfois parler d’eux pour leurs frasques financières, d’abord ils n’en sont pas toujours responsables directement, et ensuite ils occultent l’immense majorité des autres qui fournissent un travail correct. Quand un élu local veut se payer son Chambord-Médiathèque pour quelques centimes seulement, très vite le budget explose pour que Chambord-Médiathèque ressemble au plus magnifique des manifestes électoraux, et toutes les accusations convergent alors vers …l’architecte ! Ah il a bon dos l’architecte !
Le cas général, je vous rassure, c’est quand l’architecte surveille les coûts et les surcoûts et se met justement au service du portefeuille de son client ! On a de la déontologie, je vous assure !
Quant au stéréotype de l’artiste qui conçoit des espaces merdiques et invivables, il dépend surtout de vous ! Vous voulez un séjour façon bunker anti-atomique ou une chambre à coucher façon chambre froide de restauroute ? Aucun problème, je vous fais ça si ça vous fait plaisir ! Mais si vous voulez plutôt un joli parquet en chêne et des fenêtres qui donnent plein sud sur une belle terrasse, je vous le fais aussi avec joie !
La question qui fâche : « Prendre un architecte, ça coûte un bras, non ? »
La réponse tient en un mot :
– NON
Et je vais vous expliquer pourquoi.
1. Comme je vous l’indiquais, l’architecte est au service du portefeuille de son client. Il analyse les devis, il vérifie la fiabilité des intervenants, il fait le ménage dans les prestations inutiles éventuellement proposées par les entreprises. En gros, il est votre premier bouclier contre les arnaques, et elles sont malheureusement plus fréquentes qu’on ne le croit quand on n’y connaît pas grand chose en matière de bâtiment.
2. Comme il suit votre chantier, il vous évite les malfaçons, il fait des réunions de chantier pour tenir le délai, il vous empêche de payer quoi que ce soit qui ne vous a pas été fourni. Chacun sait que les délais ne sont pas toujours tenus rigoureusement – tout projet est un prototype, et on n’est jamais à l’abri des imprévus que réservent, par exemple, le terrain ou le voisinage –, mais préférez-vous avoir éventuellement quinze jours de retard, ou à coup sûr quinze mois de retard sur la livraison ?
3. Comme il s’assure que le travail est bien fait et que les réglementations sont respectées, en plus des économies de temps face à la paperasse, vous ferez des économies de chauffage quand vous serez dans votre bâtiment, et vous ferez même des économies de stress puisque c’est lui qui se colle le sale boulot pour vous !
Tenez, je vous donne deux exemples. Rien que l’année dernière, j’ai pu avoir connaissance de deux chantiers désastreux parce que menés sans architecte.
Dans le premier cas, monsieur X voulait faire des gros travaux de façade ayant une incidence sur son intérieur. C’était de toute évidence des travaux beaucoup plus gros que ce qu’il avait imaginé, mais passons. Il avait payé des acomptes incroyablement élevés à une entreprise sélectionnée à la légère, pour un résultat construit proche de zéro, avant que l’entreprise ne mette la clef sous la porte et s’enfuie dans la nature avec tout son argent. Sur le chantier abandonné in medias res, quasiment rien n’avait été fait ; le peu qui avait été fait était absolument inqualifiable, et le tout avait pris des mois et des mois. Bref, du délire complet. Niveau contrat, rien n’avait rédigé dans les formes : pas de délai mentionné noir sur blanc, pas de pénalités de retard, pas de preuves de la fiabilité de l’entreprise,… Monsieur X faisait confiance. Ai-je besoin de préciser que tout ce petit monde travaillait sans le moindre plan sur le chantier ? Monsieur X, impuissant à rattraper les margoulins, dut finalement se résoudre à prendre une autre entreprise pour finir le boulot. Résultat, son chantier lui a coûté le prix de deux chantiers, et lui a pris dix fois le temps nécessaire…
Dans le deuxième cas, monsieur Y avait d’abord sollicité l’avis d’un architecte pour agrandir sa maison. Il voulait avoir les conseils d’un professionnel, qui pourrait lui confirmer – ou pas – la faisabilité du projet, et lui proposer des solutions ingénieuses. Ce qui fut d’abord fait, avec sagesse. Mais au moment de signer un engagement noir sur blanc avec l’architecte, la sagesse quitta mystérieusement monsieur Y et il affirma qu’il ferait finalement ce projet sans faire appels à ses services. Il en avait le droit ; c’était un revirement aussi soudain qu’étrange, mais c’était tout à fait son droit après tout. Il se résolut donc à travailler directement avec une entreprise de construction, qui saurait bien lui faire une extension potable – c’est pas compliqué bordel, il suffit de faire quatre murs et un toit, qu’est-ce qu’on va s’emmerder avec un architecte si c’est pour dessiner quatre murs et un toit ? hein ? Le résultat fut un chantier géré par personne, pour bâtir un projet pas dessiné, qui accumula les imprévus et les surcoûts (quand on n’a rien dessiné, forcément on n’a rien prévu et rien anticipé), pour s’interrompre brusquement au milieu de la boue pour causes de conditions plus ou moins frauduleuses. Une stratégie de l’économie qui a mené à un désastre…
Faire l’économie d’un architecte vous met en situation de prendre vos responsabilités ! Heureusement, il existe quand même beaucoup d’entreprises de bâtiment sérieuses, mais tâchez de vous mettre à l’abri de mésaventures terribles qui peuvent engloutir vos économies et vous causer bien des tracas. Je ne dis pas ça pour vous faire peur, je dis cela parce qu’un chantier d’apparence simple et facile engage en réalité des paramètres parfois très complexes, et mieux vaut savoir à quoi on s’attaque.
A contrario, je vous cite un exemple très simple et très heureux, pour vous montrer qu’un architecte sert quand même avant tout à résoudre des problèmes :
Monsieur et Madame Z projetaient depuis longtemps de démolir leur extension existante, qui consistait en un bric-à-brac vétuste de constructions bordéliques accolées les uns aux autres, pour rebâtir tout cela proprement. Je vous épargne les désagréments de la vétusté : fuites d’eau, fenêtres pourries et autres joyeusetés. Mais, paralysés par l’incapacité d’imaginer ce que pourraient être tous ces mètres carrés s’ils étaient complètement refaits à neuf et réorganisés rationnellement, ils n’osaient pas prendre de décision.
Finalement, ils tombèrent sur un architecte qui leur proposa une esquisse. À l’aide de croquis et de plans, un projet devenait visible et envisageable. Et soudain, un futur possible prenait forme : ici un vestibule avec une grande penderie et un WC, là une cuisine lumineuse, et là, une très grande pièce ouverte sur le jardin dans toute sa largeur, avec une façade chic et sobre. Sans chichi et sans luxe, mais juste avec des espaces bien pensés et des fenêtres bien placées. Après quelques mois de réflexions et d’affinage du projet, ils confièrent le chantier à l’architecte. Je vous assure qu’ils goûtent aujourd’hui au grand bonheur de vivre dans une maison transfigurée !
Conclusion
Voilà, c’était un article un peu long, je vous remercie d’être arrivés jusque ici ! J’espère que ce petit exposé vous a offert des pistes de réflexion intéressantes et donné l’occasion d’avoir un regard nouveau sur un métier aux enjeux assez méconnus. Et si vous voulez avoir un avis de professionnel pour votre projet (une maison à construire ? un siège social à bâtir ? une grange à réhabiliter ? un appartement à transformer ? un commerce à redécorer ?) vous savez comment me contacter !
jeudi 23 janvier 2014 at 1:52
Joli billet, je confirme ce que dit M. F+. J’ai refait complètement mon appartement à l’aide des conseils avisés d’un de vos collègues. J’en suis globalement satisfait. Je l’ai trouvé un peu trop du côté des artisans avec lesquels il avait l’habitude de travailler, il fallu que je lui rappelle que c’était moi qui le payait, mais dans l’ensemble, je suis content du nouvel aspect de mon 250 m^2 avenue de Breteuil dans le 16ième. A moins que ce soit un 43m^2 à Argenteuil, voir une grange à Saumur en Auxois.
Fier socialiste.
PS. Prems !
jeudi 23 janvier 2014 at 2:53
Nous avons des normes solides à respecter.
C’est bien le problème. « La norme » oblige à construire des chiottes plus spacieux que, au hasard, la cuisine de la villa La Roche, un collectionneur de tableaux suffisamment riche pour commander une maison à Le Corbusier — sous prétexte qu’un handicapé pourrait, un jour, s’y installer.
« La norme » impose le nombre et la forme des prises Internet à poser dans chaque pièce, à l’heure où la plupart des gens accèdent à Internet sans fil.
« La norme » recommande même (sans y obliger, heureusement) de mettre une prise Internet dans les chiottes, pour permettre aux citoyens d’y recevoir les ordres du gouvernement, je suppose (Poutine : je poursuivrai les terroristes jusque dans les chiottes).
Evidemment, ceux qui rédigent « la norme » sont toujours en retard sur le progrès technique. Les gens qui sont suffisamment ravagés pour surfer sur Internet tout en coulant un bronze peuvent désormais le faire à partir de leur smartphone. Mais ça ne fait rien. Entre les types qui ont écrit « la norme », ceux qui l’ont discutée et ceux qui l’ont validée, il y a un nombre respectables de fous furieux, en liberté dans la nature et dotés de pouvoirs inquiétants, qui rêvent d’obliger leurs contemporains à installer une prise Internet jusque dans les chiottes.
Après, on s’étonne qu’il y ait un goût de fascisme dans l’air.
jeudi 23 janvier 2014 at 3:31
Robert,
Comme toute norme, elle a du bon et du mauvais. Je vous explique, et je tâche d’argumenter le pour et le contre.
Si vous suivez l’actualité mondiale des immeubles qui s’effondrent ou des foules qui meurent étouffées, brûlées ou piétinées faute de sorties de secours, vous vous rendrez compte que les normes qu’on connaît en Europe nous protègent de bien des désastres.
Autre point positif des normes : si on pratique le laisser-faire (construire ce qu’on veut où on veut), on se trouve confronté à des situations scandaleuses : construction sur des terrains dangereux (cas classique des zones inondables), centres commerciaux de tôle et de bitume au pied des châteaux de la Loire, délires architecturaux ou urbanistiques du genre barres de béton au milieu d’un village normand ou résidence néo-Disneyland au milieu d’un centre-ville médiéval).
Les normes sont devenues nécessaires pour trouver un point d’accord entre le tout-planifié d’État et le « on fait ce qu’on veut » de la course au profit immobilier court-termiste. C’est malheureux, mais en attendant mieux il faut composer avec ça. Sachant que le bonheur de l’élu local collectiviste fait aussi régulièrement le bonheur du marchand de béton capitaliste. Tout le monde trouve son compte. Construire un lotissement est un acte démagogique et une manne fiscale pour un maire, c’est aussi un marché juteux pour un promoteur sans scrupule. Et le Bien Commun, on s’assoit dessus.
Ensuite, vous pointez du doigt, légitimement, un excès de normes en termes d’énergie, ou bien d’accessibilité pour les handicapés (par exemple), et là je suis d’accord avec vous. Il est légitime et normal qu’une personne en fauteuil roulant puisse accéder à son logement ou au cinéma de façon autonome, mais il devient délirant de considérer que les besoins des handicapés concernent TOUS les appartements de TOUS les immeubles. Il est délirant aussi de vouloir équiper toutes les maisons de détecteurs à incendie de façon obligatoire. Dans les écoles, il est devenu impossible de mettre des portes normales ou des rampes d’escalier de base : il faut des protections partout, pour tout, pour rien.
jeudi 23 janvier 2014 at 3:44
Robert soulève un point intéressant, parfaitement discuter par F+ (je fais de la lèche à tous le monde… Je suis veule….).
Le problème des normes ce ne sont pas les normes, ce sont ceux qui les font, des fous furieux comme dit justement Robert.
Pour le reste, vous prêché un converti Mr F+.
C’est bien de vous lire !!!
jeudi 23 janvier 2014 at 3:58
« Entendre son voisin comme s’il était à côté de vous, c’est terminé. »
Bullshit tout ça. On fait des belles normes sur le nombre de dB par fréquence qu’une fenêtre doit filtrer, mais l’ingénieux architecte pose du carrelage et du parquet flottant dans tous les appartements d’un immeuble. Résultat, tous les voisins se font la guerre en commençant par le bas, parce que la moindre personne qui pose un talon par terre fait des bruits chocs sourds…
Je viens de quitter une résidence construite en 2011. Les gens n’en peuvent plus de s’entendre marcher sur la tête. Une fois mon voisin de palier, âgé et cardiaque, a fini à l’hôpital car ceux du dessus piétinait toute la nuit en hurlant (des jeunes qui font la fête quoi)…
jeudi 23 janvier 2014 at 5:06
Fromage :
Capitalisme de connivence.
Si les normes étaient uniquement faites dans le souci de la sécurité, elles seraient librement accessibles à tout le monde. Curieusement, elles sont payantes et hors de prix.
Certains s’en sont avisés, et l’AFNOR, gardien des normes, a été obligé de rendre gratuit l’accès aux normes d’application obligatoire. (Rappelons que la plupart des normes ne sont PAS obligatoires — autre enculade bien connue : les gens vous disent : ah mais mon bon monsieur, c’est la norme, on peut pas faire autrement, ce qui est faux. Mais qui le sait ?)
Eh bien qu’a fait l’AFNOR ? Elle a effectivement permis de regarder gratuitement la norme sur son site. Mais elle l’a verrouillée pour qu’on ne puisse ni la télécharger, ni l’imprimer, ni la copier-coller, ni faire une capture d’écran.
Autant dire que ça ne sert à rien, parce que « la norme » c’est des centaines de pages à chaque coup, avec des mises à jour tous les ans, comme le code du travail.
Concernant l’électricité dans les habitations, la norme est délirante. Pour commencer, elle mélange joyeusement des prescriptions relevant de la sécurité, et d’autres relevant du simple confort et de la convenance personnelle. Certaines sont carrément stupides même sur ce plan, comme je viens de l’expliquer. En effet, l’obligation de poser des prises Internet fait partie de la norme électrique. Quel rapport ? Quand on dit norme électrique, on pense danger, électrocution, incendie. Il est impossible de foutre le feu avec une prise Internet mal câblée. Mais ce sont les électriciens qui la posent, et Legrand qui la vend…
Remarquez que le marché français de l’équipement électrique d’habitation est un quasi-monopole. Il y a Legrand, et, heu… Legrand, avec ses prix devenus totalement délirants. Bon, vous avez Schneider. Et Hager, qui explique benoîtement sur son site qu’il fait tout pour ne pas vendre aux particuliers (sûrement pour faire baisser les prix…). Et qui a une rubrique consacrée à la contrefaçon. De la contrefaçon de disjoncteurs ? On se fout de notre gueule ? Les produits contrefaits, ce sont ceux qui sont trop chers, ceux qui sont vendus par des voleurs : les parfums, les sacs Vuitton, les cigarettes (le voleur est l’Etat), la drogue…
Depuis quand un produit industriel banal de grande série, dont la plupart des gens ne connaissent même pas l’existence, qui renferme une valeur de vanité totalement nulle, peut-il dégager suffisamment de marge pour attirer la convoitise des contrefacteurs ?
Eh bien depuis que des disjoncteurs différentiels ultra-sensibles sont imposés par « la norme », et qu’ils coûtent entre 50 et 150 €.
Du coup, vous avez Debflex, un plasturgiste français ayant pignon sur rue, qui vend, exclusivement en grande surface et magasins de bricolage, des équipements électriques à un prix normal, c’est à dire entre 3 et 10 fois moins cher que Legrand.
La vente de ces équipements n’est pas interdite. Aucun des 5 millions de fonctionnaires et davantage que compte la Frônce éternelle ne ratisse les allées de Bricorama pour saisir les disjoncteurs Debflex. Mais je vous parie une caisse de mouton-rothschild contre un chewing-gum usagé qu’aucun électricien professionnel n’acceptera de faire une installation avec ça.
Faut-il en conclure que c’est de la merde chinoise dangereuse, mais néanmoins permise par « la norme » ? ou bien que Legrand et le lobby des électriciens s’en mettent plein les poches, grâce à « la norme » qui est précisément faite pour ça ?
Sur le plan de la sécurité, celui qui devrait être le sien, « la norme » est à la fois trop stricte et trop laxiste.
Trop stricte, parce que le niveau de sécurité exigé pour les habitations est maintenant devenu délirant. On édicte, pour un simple logement, des prescriptions qui devraient être réservées à des usines. Regardez le volume de câblerie généré, au niveau du compteur, par un simple appartement « aux normes ». C’est absurde ! On dirait qu’il faut prévoir l’installation d’une turbine industrielle dans chaque pièce. Et ce, au moment même où l’on oblige les gens à remplacer leurs ampoules de 100 W par des merdes fluorescentes de 20 W !
Et tandis qu’on s’ingénie à prévenir la moindre fuite improbable à la terre d’équipement inaccessibles (déjà, obliger à mettre à la terre un luminaire de plafond, c’est osé, mais contraindre à le protéger par un disjoncteur différentiel qui déclenche à 30 mA, c’est carrément du délire…), on ne fait strictement rien pour empêcher la cause principale des incendies électriques, qui représentent eux-même une part importante des incendies d’habitations : l’échauffement des connexions.
J’ai, par le passé, obligé un électricien professionnel à refaire une installation qu’il venait de terminer, parce que j’avais découvert des épissures cachées à l’intérieur des goulottes. Des épissures ! deux câbles reliés entre eux par simple torsion manuelle, sans aucune soudure ni équipement de connexion ! impossibles à repérer une fois les goulottes refermées !
Il a reconnu que c’était une abomination ni faite ni à faire, mais il est tout de même venu avec son fascicule AFNOR, pour me montrer que « la norme » le permettait.
« La norme » autorise un truc qui aurait été considéré comme une horreur hyper-dangereuse, une saloperie de saboteur néanderthalien, par n’importe quel bricoleur doté d’un minimum de bon sens il y a un demi-siècle, mais, comme par hasard, aucun fabricant d’équipements électriques étranger n’est présent sur le marché français, et la moindre grande surface trouve parfaitement normal de vous vendre des interrupteurs qui coûtent 20 €, sans vous les envelopper dans une feuille d’or ni vous offrir une petite pipe à la caisse vite fait.
jeudi 23 janvier 2014 at 5:32
C’est très intéressant de présenter le travail de l’architecte comme consistant à mettre un surcroit d’âme dans le travail de construction en se coltinant l’exigence d’insuffler du sens et du beau.
Et puis vient le moment fatidique où l’architecte montre ce qu’il construit: vous risquez donc de me prendre pour un rustre borné mais votre photo du bas, là, moi j’y vois un cube. Une grosse boite avec des grandes baies vitrées carrées, sans courbe donc sans souplesse, de la raideur froide, morne, clinique.
Le carré est vraiment la figure de l’inertie par excellence, pas de hauteur donc pas de dynamique, une espèce de gros patapouf immobile à angles droits et côtés égaux, donc rigide et sec en plus d’être figé.
J’imagine que du point de vue fonctionnel vous comme vos confrères faites un travail valable, tout est probablement bien organisé, structuré, pensé pour que l’édifice soit pratique à vivre. Mais j’ai beau me forcer à « penser contre moi » je ne parviens pas à trouver de l’attrait pour ce genre de cubes aux lignes strictement droites qu’aucune fioriture ne vient nuancer. Je trouve ça même pas « nu » comme on l’a beaucoup reproché aux modernistes qui ont banni dogmatiquement l’ornement de leur architecture, je trouve ça cru.
Et encore là on a une maison en un exemplaire individuel, l’effroi est encore plus saisissant quand je passe dans une rue où s’alignent au garde-à-vous trois ou quatre cubes strictement identiques.
Vous me direz peut-être que la dynamique est présente par la disposition asymétrique des fenêtres de la rangée du bas. Ou par l’espèce de truc boisé dans le coin du bas à gauche. Mouais. Bof.
Je me doute bien qu’en disant tout ça je passe pour un bourrin qui n’y connait rien mais ce n’est vraiment pas faute de m’être intéressé à l’histoire de l’architecture si j’entrave pas la beauté dans des constructions de ce type.
jeudi 23 janvier 2014 at 6:19
ClockworkBlack,
C’est pour ça que j’écris :
« Après, c’est une question du goût et de sensibilité. Certains n’aiment que les grandes violonnades, d’autres ne jurent que par Stockhausen ; certains n’aiment que les plats en sauce traditionnels, d’autres préfèrent les audaces de la nouvelle cuisine. Certains n’aiment que la bonne vieille pierre – quitte à faire dans le pastiche historicisant –, d’autres goûtent plus facilement le graphisme des formes minimales et abstraites – quitte à vivre dans un lieu moins chaleureux. Tout est possible, y compris les compromis et les mélanges. »
jeudi 23 janvier 2014 at 8:42
Et si on pose la question autrement : comment trouver un architecte qui fasse d’abord un devis à la louche pour savoir, primo, si on a le budget pour, en gros, plus de lumière, plus de confort, plus de rangements ? Dans une résidence secondaire limite croulante. Pas que du décor à reconsidérer, si vous voyez ce que je veux dire…
Sur le site du Conseil de l’Ordre, on trouve des noms et adresses, jamais l’âge du capitaine. Question de génération, comment faire pour ne pas tomber sur un adepte de l’esthétique de lotissement années 90 ? Ni sur la star hors de prix ? Doigt mouillé ? Bouche à oreille ? Agences immobilières ? Artisans ?
Merci pour la consultation.
jeudi 23 janvier 2014 at 10:11
J’ai beaucoup aimé cet article, pas que le pandemonium grand-guignolesque de notre monde m’ennuie mais l’enthousiasme qui émane du texte est communicatif… Ca casse pas mal d’idées reçues sur la profession, qui souffre, je pense, d’avoir ses brebis galeuses comme représentants les plus visibles.
J’ai une question pour vous Mr Fromage: que pensez-vous des architectes qui oeuvrent dans le logement social? En avez-vous déjà fait? Il y a l’aspect « challenge » de réaliser, avec un budget souvent très limité et des contraintes à foison, des bâtiments fonctionnels qui soient les moins laids possibles… D’un autre côté, pour des raisons que je ne vous ferai pas l’affront d’énumérer, ça peut vite virer au calvaire.
jeudi 23 janvier 2014 at 10:23
Bandonéon,
1. En effet, le bouche à oreille fait beaucoup. Ensuite, rien ne vous empêche d’aller voir un architecte au hasard. Une simple consultation ne vous coûte rien ; si vous sentez que le courant passe, tant mieux, sinon allez en voir un autre, jusqu’à ce que vous trouviez un interlocuteur à votre goût !
2. Un archi peut vous donner un coût à la louche, comme ça, en gros ; mais tant qu’aucun vrai travail de diagnostic et de relevé n’a pas été fait sur place, ça restera un prix à la louche. Néanmoins ça donne une échelle de budget et ça vous dit tout de suite si on se trompe ou pas sur le nombre de zéros…
3. Si ce n’est pas urgent, prenez le temps de regarder les chantiers en cours dans votre coin : si vous voyez monter un bâtiment qui vous plaît, regardez le nom de l’agence ou de l’architecte sur le panneau de chantier (panneau obligatoire, donc vous devriez toujours le trouver quelque part) et trouvez le numéro dans l’annuaire ou dans Google ! Vous êtes dans quel coin ? (Vous pouvez me répondre par mail si vous voulez 🙂 )
jeudi 23 janvier 2014 at 10:58
@Sourire du Sergent,
Non, je n’ai pas eu l’occasion de faire de logement social.
Impossible de vous donner une réponse en bloc : certains bailleurs sociaux s’intéressent à l’architecture et permettent à une agence de fournir un projet très bien ficelé pour pas trop cher, d’autres considèrent que quatre murs banals suffiront…
Mais vous avez raison : dans la mesure où les contraintes sont fortes, c’est un challenge ! J’ai déjà vu de très jolis projets de logements sociaux, et donc des architectes qui relevaient le défi avec succès.
jeudi 23 janvier 2014 at 11:43
Fromage, le mail est parti.
Et félicitations pour l’illustration du bandeau(néon) du blog.
vendredi 24 janvier 2014 at 10:55
Comme toujours, un article bien rédigé tant sur la forme que sur le fond, on reconnait toujours du F+. J’ai moi même fait appel à un architecte sans jamais le regretter. Un architecte se recrute comme n’importe quel prestataire d’importance.
On le rencontre, on lui demande son « book », on se déplace pour voir ses réalisations et on peut discuter avec ses anciens clients.
On n’oublie pas non plus qu’il reste le maître d’œuvre et nous le maître d’ouvrage. Bref, sans le maltraiter ce grand sensible amateur d’esthétique, on collabore et on ne se laisse pas forcément entrainer dans ce qu’il veut. On se fie donc aussi à son intuition et on fuit l’architecte qui se la raconte trop façon grand prix de Rome.
Finalement, c’est simple et pratique de recourir à un architecte. Et puis, on n’oublie pas qu’un bon architecte, amateur de dessin et de chantiers est rarement un bon administratif et vice-versa.
Mais bon, moi je préférais un type ayant de bonnes idées et sachant suivre un chantier qu’un comptable. Mais bon, fallait lui tirer l’oreille pour avoir les situations de travaux sans trop de retard. Ceci dit il était cool, on buvait parfois des coups et on s’appelait par nos petits noms, c’est vous dire si l’ambiance était détendue.
vendredi 24 janvier 2014 at 12:52
Robert Marchenoir,
les disjoncteurs venus de Chine (et qui copient l’apparence des Legrand) sont moins chers car ils utilisent moins de cuivre, mais ils risquent de prendre feu en cas de surtension, alors que leur rôle est justement d’apporter plus de sécurité. Il y a eu une émission télé à ce sujet.
vendredi 24 janvier 2014 at 1:31
» Il y a eu une émission télé à ce sujet. »
Une phrase comme celle-ci, Barbara, quelle que soit la qualité de l’argumentation qui la précède, et bien voilà bon, boum patatras.
vendredi 24 janvier 2014 at 2:56
Barbara, sur un fil de discussion (en cuivre ou pas,) Marchenoir disjoncte de manière systématique, vous pouvez mettre un boitier chinois, français, tibétain, avec du cuivre, du platine, il pétera les plombs.
vendredi 24 janvier 2014 at 3:42
Thibot,
J’ai raccourci votre commentaire. Si c’est pour dire des âneries et jouer les trolls, c’est pas la peine. Et encore moins sur ce fil de discussion.
vendredi 24 janvier 2014 at 6:58
Barbara,
Je ne conseille pas l’emploi de disjoncteurs contrefaits, c’est à dire qui usurpent la marque et l’apparence d’autres. Il est évident qu’ils sont risqués à utiliser.
Mais c’est facile de faire une émission télé sur les contrefaçons de Legrand ou Hager. Vous appelez le service de presse de l’un ou de l’autre, ils vous déroulent le tapis rouge, et ils font pratiquement votre émission à votre place.
Mais cette émission a-t-elle répondu à la question : pourquoi les appareils Debflex, qui ne sont pas des contrefaçons, qui sont des produits vendus légalement et légitimement sur le marché français, sont 3 à 10 fois moins chers que les produits Legrand, Hager ou Schneider ? On peut aussi poser la question pour d’autres marques, vendues par des grossistes en électricité, comme Zenitech.
Quelles sont les performances électriques de ces produits ? Font -ils ce qu’ils sont censés faire, qui est défini par une norme ? Il y a deux réponses possibles à cette question : oui ou non. Si c’est oui, le prix des concurrents est du vol organisé, permis par l’existence de la norme. Sinon, l’Etat français n’applique pas les normes qu’il a lui-même édictées, malgré les sommes folles qu’il nous coûte.
Ca m’étonnerait beaucoup que votre émission ait seulement abordé le sujet.
Ca m’étonnerait aussi beaucoup que votre émission ait répondu à la question : le prix des produits Legrand est-il justifié ? Pourquoi est-il si élevé ? Pourquoi a-t-il explosé depuis quelques années ? Il y a un certain temps, un interrupteur était un produit de quincaillerie banal. Aujourd’hui, c’est un produit de luxe.
La normalisation est une technique bien connue pour faire du protectionnisme, réserver son marché intérieur à un oligopole de fabricants indigènes, et pratiquer des prix excessivement élevés. C’est un cartel qui réunit l’Etat et un petit nombre d’industriels bien introduits.
La contrefaçon est légitime : c’est un mode naturel d’auto-défense du marché et de rétablissement des équilibres. Si l’Etat prend 5 % de taxes sur les cigarettes, c’est admissible, et personne ne se donnera la peine de vendre des cigarettes de contrebande ou même des fausses cigarettes contenant des produits dangereux. Si l’Etat prend 80 % de taxes sur les cigarettes, comme c’est le cas actuellement, évidemment qu’il y aura des gens pour faire de la contrebande, et c’est bien légitime. Il est normal que de courageux citoyens rendent service à autrui en lui permettant d’échapper au racket de l’Etat, et il est tout à fait légitime de tenter de briser les genoux à un Etat voleur. Comme l’ont fait, pendant des siècles, les sujets de l’empire ottoman pour échapper à son racket fiscal.
Si des gens vendent des sacs à main très cher parce qu’ils sont faits en peau de zob de koala, qu’ils sont excessivement bien fabriqués et que des artisans formés pendant trente ans par leur grand’père les polissent à la brosse de vison pendant trois cents jours avant de les vendre, c’est justifié.
Si des gens vendent des merdes en plastique très cher parce qu’il y a marqué Louis Vuitton dessus et qu’ils ont fait beaucoup de publicité pour faire croire à des abrutis qu’ils vont appartenir à une race supérieure s’ils trimballent du Louis Vuitton, alors il est normal et légitime que d’autres gens impriment les lettres L et V sur d’autres merdes en plastique similaire et les vendent beaucoup moins cher.
Ce faisant, ils rendent service à tous les gens intelligents qui prennent Louis Vuitton à son propre jeu, et qui n’en ont rien à foutre d’avoir du vrai Louis Vuitton. Ca montre qu’on ne peut pas vendre constamment du vent.
La contrefaçon dégonfle les fausses valeurs.
Après, il y a de la contrefaçon illégitime et dangereuse, comme la contrefaçon de médicaments. Mais vous noterez qu’elle a surtout cours en Afrique. On ne peut pas demander à des Africains, férus de magie et dotés d’un QI moyen de 65, de comprendre pourquoi les médicaments agissent, et pourquoi un médicament vaut le prix qu’il vaut.
samedi 25 janvier 2014 at 11:17
Robert, on aime tous vos paradoxes provocateurs sur fond d’analyse libérale. Votre défense et illustration de la contrefaçon trouve sa limite dans le médicament, mais aussi dans la pièce de mécanique automobile, la vraie-fausse lasagne. Tout finalement. Vous êtes de mauvaise foi, mais avec verve. Personne ne vous copiera. Au fait, vous avez un blog à vous ?
samedi 25 janvier 2014 at 6:11
Non, Bandonéon. Je dis la vérité, et je n’ai pas de blog.
Je viens de vous expliquer la différence entre la contrefaçon de plaquettes de freins et la contrefaçon de sacs Vuitton, et vous faites semblant de ne pas avoir compris ? Vous prétendez que vendre des pastilles de sucre en Afrique en prétendant que ce sont des médicaments anti-cancer, c’est la même chose que d’acheter au fabricant des Marlboro d’authentiques paquets de cigarettes, et de les vendre illégalement en France en privant l’Etat des 80 % de taxes qu’il détourne habituellement ?
Vraiment, vous ne voyez pas le rapport entre le prix excessif des sacs Vuitton et celui des disjoncteurs, qui tous deux provoquent des contrefaçons ?
C’est vous qui êtes de mauvaise foi.
Nous sommes dans une époque où ce sont les imbéciles qui donnent des leçons d’intelligence, les ignorants qui donnent des leçons de science, les menteurs qui donnent des leçons d’honnêteté.
Tenez, voici un enfant d’Internet, un demi-débile mental qui se fait éditorialiste sur le Web en traitant tous les autres de cons :
dimanche 26 janvier 2014 at 12:44
Je passe la troisième couche concernant les normes électriques dans les locaux d’habitation.
Toutes les obligations concernant les disjoncteurs différentiels à haute sensibilité (ceux précisément qui sont hors de prix) visent à éviter les électrocutions. Le rôle de cet appareil est de supprimer le risque résiduel qui subsiste malgré la présence d’un conducteur de terre. En aucune manière il ne supprime un risque d’incendie. Ce dernier est réduit par d’autres prescriptions : diamètre des conducteurs, coupe-circuits classiques (fusibles ou disjoncteurs ordinaires), etc.
Or, il n’y pratiquement aucune électrocution mortelle en France : 200 par an seulement, autant dire rien. Par comparaison, l’ensemble des accidents domestiques (3e cause de mortalité derrière les crises cardiaques) fait 11 500 morts par an !
http://sante.lefigaro.fr/mieux-etre/accident/electrisation-electrocution/que-disent-chiffres
http://www.lemonde.fr/societe/article/2011/02/27/les-accidents-domestiques-responsables-de-18-500-morts-par-an_1485775_3224.html
On pourrait objecter que cela, précisément, serait à mettre au crédit de normes sévères ; mais c’est faux, car la mise aux normes des installations anciennes n’est pas obligatoire, sauf dans certains cas rares. Il subsiste donc un grand nombre d’installations conformes à la loi et néanmoins dangereuses.
Un abruti vient de rentrer dans un transformateur en Seine-Saint-Denis pour voler du cuivre : il a coupé des câbles sous tension à 20 000 V. Il a fait sauter l’électricité dans 3 000 foyers et a été grièvement brûlé aux bras… mais il n’est pas mort.
http://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/un-voleur-de-cuivre-grievement-brule-dans-un-transformateur-25-01-2014-3527513.php
Je ne dis pas ça pour vous encourager à faire les cons avec votre installation électrique, mais il est clair que les risques d’électrocution sont surévalués.
En revanche, il y a eu 81 000 incendies d’habitations en 2012 en France (qui ont fait seulement 280 morts : là aussi il faut se méfier de la déformation médiatique).
Cliquer pour accéder à 2013-StatsSDIS13BD.pdf
Cependant, un quart à un tiers des incendies domestiques (donc au moins 20 000) sont dus à l’électricité.
http://www.gresel.org/incidentelectrique-2-4.html
Le risque principal est donc bien celui de la destruction des biens par un incendie d’origine électrique.
Conclusion :
1. L’obligation, imposée par « la norme », de protéger la totalité d’une installation domestique par des disjoncteurs différentiels à haute sensibilité (30 mA) est tout à fait disproportionnée, lorsqu’on met en balance à la fois les risques réels qu’ils évitent, la complexité qu’ils ajoutent et le surcoût qu’ils représentent.
2. L’une des principales causes d’incendie électrique, l’échauffement des connexions du à un mauvais contact, n’est absolument pas couverte par « la norme » et entraîne de nombreux sinistres.
http://www.volta-electricite.info/articles.php?lng=fr&pg=11451
(La prochaine fois que vous ferez travailler un électricien, demandez-lui s’il utilise des tournevis dynamométriques. Il y a une chance sur deux pour qu’il ne sache même pas ce que c’est.)
3. Les normes de sécurité ont leur raison d’être, et je ne préconise pas de les supprimer. Mais il est clair qu’elles favorisent les abus. Dans ce cas précis (et bien d’autres), elles ont pour effet (et pour raison d’être majeure) d’obliger les consommateurs à des dépenses inutiles, et d’en réserver le bénéfice à un oligopole d’entreprises privées en cheville avec l’Etat, préservé de la légitime concurrence d’un marché libre.
dimanche 26 janvier 2014 at 2:29
Robert,
Je suis pas expert mais j’émet une hypothèse…
Rien qu’à regarder les offres de produits sur les sites des deux marques que vous opposez, on a pas franchement les mêmes entreprises.
Vous donnez l’impression de comparer Mercedes et Dacia. Oui çà reste deux types de produits similaires qui ont les mêmes fonctions. En soit.
Maintenant chez Legrand on à l’air de faire de la recherche, du conseil, du design, de la domotique etc. Oui, je suis d’accord, vouloir un showroom pour des interrupteur ou allumer sa chambre avec son smartphone montre bien le degré de futilité que l’on peut trouver. Mais que l’on peut trouver chez le client.
Je conçois donc d’un point de vue logique que le produit se prenne une différence niveau tarif puisque les ingénieurs, les dessinateurs, tous ceux qui sont embauchés pour faire plus que le simple bouton siglé legrand il faut bien les payer aussi.
Maintenant oui aussi, la norme est devenue une mesure d’asphyxie de la concurrence. Se lancer dans l’hostellerie hors des grands groupes est devenu quasi impossible pour les particuliers toujours au prétexte de la sécurité.
Mais je ne suis pas certains que faire passer la contrefaçon pour une réaction légitime soit judicieux. On à le même discours de faux-cul frustrés concernant le piratage informatique, notamment les jeux-vidéos. « Oui !!! Ils sont devenus trop cher DONC je pompe. »
Personnes n’oblige à mettre du Legrand dans chaque maison, dans chaque pièce.
Si vous avez créé un sac, un logiciel, une voiture, un outil, quoi que ce soit qui déclenche plus le besoin d’achat que le produit du voisin, le temps passé à l’imaginer, le dessiner, à faire les prototypes etc, c’est pas pour voir le voisin mettre le sien au placard et mettre sur le marché des copies qui, si en plus sont de moins bonnes qualités vont en plus vous couper du client quand il voudra un renouveler son produit. Je vous parle là du vrai escroqué, celui qui se fait refourguer un produit garanti pas de la dinde de retour de Vintimille. Encore que si vous cherchez un produit spécifique, vous êtes au fait du marché et une trop grande variation doit vous interroger.
Si vous êtes content avec un Debflex, pourquoi s’offusquer des prix chez Legrand ? Laisser les pigeons dépenser leurs argents.
Et dans le même mouvement quand vous faites un bon produit, que ce soit chez Legrand Vuiton ou Mercedes, c’est pas vous le coupable quand vous êtes contrefait. C’est le contrefacteur.
Que le client soit prêt a mettre la somme, que vous et moi pouvons trouver délirante et carrément indécente comparée à un salaire d’un pompier juste pour afficher socialement sa capacité financière: c’est son problème.
Moi les tarifs Apple me font rire par exemple. Mais c’est tant mieux pour les entreprises.
dimanche 26 janvier 2014 at 3:13
A.G.,
La comparaison avec Mercedes et Dacia n’est pas pertinente.
Vous êtes libre d’acheter une Mercedes ou une Dacia. La différence de prix entre les deux est justifiée. Les clients sont sûrs que l’une comme l’autre répondent aux normes minimales de sécurité qu’on peut attendre d’une voiture. Les garagistes ne s’organisent pas pour vous dissuader d’acheter une Dacia. Ils ne refusent pas de l’entretenir.
dimanche 26 janvier 2014 at 3:30
Sur un sujet qui n’a rien à voir, observons, sur les stats officielles des interventions de pompiers que j’ai mises en lien, que, sur 306 000 incendies annuels, les grosses masses sont :
– 81 000 incendies d’habitations.
– 59 000 feux de végétation (en gros : incendies de forêt).
Jusque-là, normal, si j’ose dire. Mais on a aussi :
– 58 000 feux de véhicules (en gros : incendies volontaires commis par des Arabes).
– 55 000 feux sur voie publique (en gros : incendies volontaires de poubelles commis par des Arabes).
– et 36 000 autres feux : mystérieuse rubrique qui montre, soit une volonté de dissimulation délibérée, soit une incurie administrative inouïe. Le ministère de l’Intérieur se donne la peine de distinguer, dans une rubrique spécifique, les 809 incendies de locaux artisanaux survenus à travers tout le pays, et il fourre 36 000 incendies de nature non identifiée dans une rubrique « autres » !
En revanche, les incendies de locaux professionnels (usines, magasins, hôtels…) sont très peu nombreux en comparaison (2 200 dans des établissement recevant du public dotés de locaux à sommeil, par exemple).
En gros, le tiers des incendies sont parfaitement évitables, volontaires et dus aux immigrés.
Comment ça, je stigmatise ? Non, j’analyse.
dimanche 26 janvier 2014 at 4:04
Et bien en fait non. Une pénurie artificielle est créée pour ne pas cannibaliser le marché de renault et l’entretien est de plus en plus captif ou superflu (je pense à la clim). Voir monomarque. Par choix et plus sournoisement en rallongement des délais ou dissuasion mais on dévie.
Ensuite la comparaison tient dans le sens où l’on à la même réponse au besoin. A savoir se déplacer.
Une Ford T convient très bien pour le même besoin d’ailleurs, certaines roulent encore très bien mais curieusement les clients suivants n’ont pas protesté quand on à fermé l’habitacle, assisté la direction, augmenté la vitesse, le confort, les gadgets à bord etc. Ils les ont mêmes achetés ! Ils ont trouvé là aussi la différence « justifiée ».
Même chose pour le téléphone ou la télécommande de téléviseur. 50 ans plus tôt la cabine la plus proche suffisait et le boitier étaient un truc de fainéants. « Pas de çà chez nous ».
Maintenant : plus d’un portable par tête et par an et l’ écran doit être plus grand que les fenêtres de l’appartement pour être refourgé.
Dans la spirale inflationniste pour moi c’est le client, avec sa réponse positive à l’offre, le responsable. L’industriel il fait son boulot. Il cherche à faire du profit en vendant ses produits. Ca c’est pas reprochable. Après que le client voit de la valeur ajouté dans des conneries, je le répète c’est son fric.
Apès une twingo et une classe S répondent aux mêmes normes de sécurités, c’est vrai, mais si, avec votre ceinture, vous heurtez un pilier de pont à 150 km/h il vaut mieux être dans la seconde. On pourrait avoir le même échange avec le fast-food et les grands restaurants. Cela juste pour montrer le caractère relatif de la norme. C’est un seuil. Mais si vous désirez une qualité, des fonctions supplémentaires ou un service en plus c’est forcément plus cher. Quand ce n’est pas un outil de lutte économique, particulièrement dans le domaine électrique.
Votre Debflex il y a doit bien une différence dans les matériaux et l’absence d’activité annexe qui justifie le moindre coût. Comment le plastique va t il tenir la lumière, se fragiliser avec les variations de températures ? Les métaux, quelle résistance etc ?
Pour le reste je vous concède qu’il est plus facile de falsifier un disjoncteur qu’une auto, même si l’activité se reporte sur les pièces.
Et encore plus de le faire rentrer quand on a effacé les frontières.
dimanche 26 janvier 2014 at 4:18
Robert,
Les autres feux sont par exemple les locaux administratifs, les enceintes militaires, la formation ce genre de truc, tout ce qui a à justifier de l’utilisation de moyens mais qui ne rentre pas dans les autres cases.
dimanche 26 janvier 2014 at 4:29
Les locaux administratifs, les enceintes militaires, la formation ce genre de truc.
Gnééé ? Il y a 36 000 incendies par an dans les locaux administratifs et les casernes, contre 81 000 incendies d’habitations ? Vous êtes en train de nous dire qu’en plus de tous leurs autres défauts, les fonctionnaires sont des salopiots qui sont totalement négligents en termes de sécurité incendie ?
Et si cette rubrique correspond effectivement aux feux dans des locaux relevant du sévice public, pourquoi est-ce qu’on le cache pudiquement ? Parce que ça la foutrait mal pour les fonctionnaires, qui passent leur temps à donner des leçons de comportement aux autres, tout en oubliant de se les appliquer à eux-mêmes ?
Ou bien est-ce que ça correspond aux incendies volontaires d’écoles commis par les immigrés, là encore ?
Formation ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Les pompiers foutent le feu volontairement à des baraques pour se former ?
dimanche 26 janvier 2014 at 4:38
Sur les équipements électriques et l’automobile : vos remarques ne sont pas pertinentes. Relisez ce que j’ai écrit.
Un disjoncteur a pour UNIQUE but de répondre à une norme de sécurité. Pratiquement TOUT ce qu’il fait est défini par une norme. La marge de fantaisie, de liberté, d’ajout de fonctions est extrêmement faible. Cela ne justifie absolument pas les différences de prix existantes.
Il y a des CENTAINES de modèles de voiture disponibles entre lesquels vous pouvez choisir. Il y a en pratique TROIS fabricants d’équipements électriques entre lesquels vous pouvez choisir, dont un (Legrand) écrase les autres. Et comme le modèle vous est imposé par la norme, ça fait TROIS produits entre lesquels vous pouvez « choisir », tous à peu près au même prix. ABSOLUMENT RIEN A VOIR avec les marché de l’automobile, du téléphone, de l’ordinateur…
dimanche 26 janvier 2014 at 5:07
« Gnééé ? Il y a 36 000 incendies par an dans les locaux administratifs et les casernes, contre 81 000 incendies d’habitations ? Vous êtes en train de nous dire qu’en plus de tous leurs autres défauts, les fonctionnaires sont des salopiots qui sont totalement négligents en termes de sécurité incendie »
Non. Ni plus ni moins. D’ailleurs vu le nombre de fonctionnaire, il doit bien y avoir une sacré proportion d’hbaitation de fonctionnaires touchées dans les 81 000.
Par contre certains ont des activités pyrotechniques. Armée, police, sécurité civile ce genre de chose… De fait le niveau de risque est « légérement » supérieur au commun des mortels. Mais ce que vous lisez, c’est pas la traduction d’un évènement qui se termine par un tas de cendre. C’est la sortie statistique des décalages. Des motifs de sorties de véhicules. Les voisins qui appellent pour une casserole oubliée ou le feu de cheminée qui rase un pavillon c’est la même ligne dans le logiciel. Une amorce de grenade défectueuse ou un réacteur qui prends feu, pareil.
« Formation ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Les pompiers foutent le feu volontairement à des baraques pour se former ? »
Oui. Bien sur. J’illustre.
Vous avez à Saint-astier une ville fictive ou la gendarmerie mobile s’entraine au maintien de l’ordre. Effectivement dans les scénarios de montée en puissance, ou plutôt de dégradation, les incendies sont provoqués, des cocktails molotovs balancés etc. Avec la présence de pompiers.
Si vous passez du coté d’orly vous les verrez s’entraîner sur une carcasse d’avion enflammée, rapport à la spécificité du problème. La dépense en mousse, il faut bien la faire apparaitre et c’est pas un véhicule au sens propre du terme.
Plus généralement les entraînements sont de plus en plus conjoint pour sécuriser leurs interventions puisqu’ils sont des cibles pour les débiles.
Eux éteignent ce qu’ils ont a éteindre et les flics manoeuvrent en fonction.
C’est aussi valable pour les équipes samu qui participent de plus en plus souvent mais on va être clair on prends pas des vrais blessés.
C’est administratif. Vous vous servez d’un extincteur vous devez le justifier.
Pompiers vous avez formé un groupe à l’attaque d’un feu d’essence avec un extincteur à eau, ou à poudre en fin de vie, vous devez rédiger un papier, cocher une case. Sans quoi vous n’en aurez pas de nouveau.
dimanche 26 janvier 2014 at 5:32
« PRATIQUEMENT … » + « LA MARGE …, …., …. EST …. ….. »
Voilà pour la différence de tarif. Ca et peut -être le prix des matières premières…
Après on rentre dans le problème de l’initiative entreprenariale et le marché du disjoncteur n’a pas l’air de motiver les vocations industrielle.
Combien il en faudrait pour que la concurrence soit parfaite ???
Des centaines comme pour les véhicules ou des dizaines comme pour les téléphones qui eux aussi répondent aux mêmes normes pour les mêmes fonctions ?
On est dans l’abstraction.
lundi 27 janvier 2014 at 4:47
A propos des disjoncteurs
Il existe une association, Promotelec, ils viennent chez vous pour trois clopinettes, ou même gratuitement, je ne sais plus. Les miens m’ont dit qu’ils étaient des retraités d’EDF. Ils expertisent toute votre installation du haut en bas de la maison. Ils vous laissent un document de préconisations. Moi j’avais une vingtaine de chaises électriques…
J’ai donné les préconisations à l’artisan électricien qui a tout mis aux normes. J’en ai eu pour, peut-être, 800 €. En plus, ils m’ont fait faire des économies, car j’étais en biphasé dont l’abonnement est coûteux. Nous sommes passés en monophasé. Un peu juste, ça disjoncte quand tous les appareils sont allumés (chauffage + cuisinière + chauffe-eau). Ce qui n’arrive pas avec un horloge.
Ils n’ont préconisé aucun matériel coûteux.
lundi 27 janvier 2014 at 8:43
Bel article sur un beau métier. Merci et bravo, M. Plus !
Mais alors, toutes ces discussions sur les vices et vertus de la contrefaçon appliquée aux prises de courant…
Cela dit, Marchenoir a raison lorsqu’il parle du « verrouillage » pratiqué par l’AFNOR en matière de consultation ou de téléchargement des normes, sans parler des réglementations, recommandations ou autres directives, souvent en évolution permanente, pour ne rien gâter. Les services compétents (ou supposés tels) de grandes entreprises en perdent parfois le peu de latin qu’ils possèdent (et ce n’est pas du « vu à la télé » !).
mardi 28 janvier 2014 at 2:30
Quand une entreprise essaie de couler un concurrent en faisant adopter une « norme », ce n’est pas nécessairement la fin de la partie. La plupart des lois établissant des réglementations techniques sont soumises à des obligations de notification ou d’avis préalables. Or, les fonctionnaires qui rédigent les projets de lois « omettent » fréquemment d’effectuer ces démarches. Le cas échéant, il suffit de constater que la norme en cause ne porte pas le « visa » requis (« vu la notification n° X effectuée en application de la loi Y » ou « vu l’avis du comité Théodule ») pour que la réglementation en cause soit inopposable.
mardi 28 janvier 2014 at 5:09
Vraiment des discussions de pauvres ici, ça discute le bout de gras pour 800 euros et ça va perdre un samedi complet dans un magasin rempli de prolos pour savoir si le boitier X coute 5 ou 10 euros de moins que le boitier Y.
mardi 28 janvier 2014 at 10:06
M’en fous, j’suis à la cha
mardi 28 janvier 2014 at 10:07
Pardon, scusez-moi, petit problème de pédalier, j’ai déraillé.
Oui, vous savez, pour l’ordinateur, faut que je pédale.
Je disais donc : m’en fous, j’suis à la chandelle.
mercredi 29 janvier 2014 at 6:11
Oui. On est pauvres. Mais dignes.
mercredi 29 janvier 2014 at 9:26
Et voilà qui nous évitera un long débat sur les ampoules…
vendredi 31 janvier 2014 at 12:47
Quel beau métier vous faites !! Il est vrai que votre profession a été souillée par des Le Corbusier ou Jean Nouvel.
J’ai malheureusement deux amis qui ont fait appel à un architecte pour refaire leurs appartements parisiens (moulures au plafond, cheminées en marbre et parquet en chêne massif, l’appartement parisien typique, quoi). Je dois dire que je suis assez sceptique quant au résultat dans les deux cas :
L’architecte a retiré les cheminées, les moulures, les alcôves, bref, tout ce qui faisait le charme de ces appartements, massacré le parquet en supprimant la double réception …
Difficile de revenir en arrière après un tel massacre. Le défaut de ces deux personnes est d’avoir fait confiance « aux professionnels » sans vraiment savoir ce qu’ils voulaient. Pour vous rendre compte de l’étendue du désastre, imaginez-vous une charmante ferme de campagne en pierre, un peu vieille, transformée par Valérie Damidot. Malheureusement, être architecte ne veut pas toujours dire avoir bon goût. 🙂
En dehors de ces deux exemples, j’ai aussi eu de bonnes surprises. Cet architecte par exemple, qui a redessiné certains bâtiments parisiens à sa manière : http://www.valentinfiumefreddo.com/Paris%20ressuscite/Quinzeetuded'impact/parisalt.htm?/Quinzeetuded%27impact/parisalt.htm
ou M. Orbach qui a donné un cycle de conférences assez général sur l’architecture et l’urbanisme contemporains : http://www.youtube.com/watch?v=rNozfdE8jCM
Il est rassurant de voir que certains dans la profession reviennent au beau et à l’agréable.
vendredi 31 janvier 2014 at 8:15
Il est la mode de cracher sur Le Corbusier, comme il a été à la mode de l’aduler.
Le Corbusier est un grand architecte, qui a bâti des chefs-d’oeuvre. C’est comme pour tout : il faut faire preuve de discernement. Ses projets de destruction de l’ancien Paris, inspirés par ses sympathies fascistes, sont tout aussi détestables que les penchants des gouvernement socialistes contemporains à faire la même chose (quoique sur une moins grande échelle : l’opinion ne le permettrait pas).
La différence est que Le Corbusier n’est jamais arrivé à ses fins, tandis que l’érection de la tour Montparnasse et la destruction de la place de la République ont bien eu lieu, et que celle de l’avenue Foch semble en bonne voie.
Les villas de Le Corbusier sont magnifiques, à l’intérieur comme à l’extérieur. Se déplacer à l’intérieur de l’une de ces maisons, c’est vivre une expérience unique en termes de jeu de perspectives et de lumière.
En ce qui me concerne, je n’aurais probablement pas aimé y habiter. Leur austérité m’aurait assez vite fatigué. Mais il faut se rappeler que toutes ces constructions sont des oeuvres de commande, suscitées par de riches clients pour en faire leur domicile. Vues de l’extérieur, elles sont parfaitement harmonieuses.
Je ne vois donc pas ce qu’on peut leur reprocher, et je vois parfaitement en quoi elles sont admirables.
Quant à ses immeubles, j’ai cru comprendre qu’on se bousculait pour décrocher un appartement à la Cité radieuse.
Les architectes doivent être bridés par leurs clients, particuliers ou Etats, car ils ont une propension naturelle à être fascistes. Hundertwasser est une exception rare d’architecte hippie, dont les constructions, collectives, sont, d’ailleurs, également remarquables.
vendredi 31 janvier 2014 at 10:29
La malédiction française est le pastiche, comme le dit notre F+.
Les magasins de mobilier le démontraient jusque récemment. Le faux Renaissance, le faux Empire, le faux rustique, bref, le Louis Caisse.
Dior, cartouches entourés de noeunoeuds sur fond rayé gris et rose.
Idem en archi, le style « Ile-de-France » et son chien assis.
« Less is more », Mies van der Rohe (1886-1969).
En France, nous avons loupé un épisode.
Pastiche actuel : le loft.
vendredi 31 janvier 2014 at 10:46
Je doute qu’on se batte pour décrocher un appart à la cité radieuse….
Enfin, de nos jours
Même et en dépit de la bonne qualité de la construction d’alors
J’ai visité il y a 3ans ….c’est, comment dire, extrêmement restreint comme espace….
On peut même qualifier ça de lilliputien
Et le rôle de la mère de famille !
Figurez vous un réduit ( mais éclairé, bon, en méditerranée, les ciels sont lumineux, pas de problème) central, duquel la mère de famille avait vue sur toute la maisonnée ( je blague pas, des murs internes à claire voie) et réciproquement, lorsqu’elle repassait les bleus de travail du mari
Tout était si exigu que même le garage ( y avait un garage ! pour l’époque, génial !) est inutilisable de nos jours…. J’ai vu une 1ere maison où on en avait fait une chambre de »jeune », dans une autre c’était une pseudo cave, mais j’ai pas vu de cave autrement
Enfin, les gens font c’qu’y veulent, hein
samedi 1 février 2014 at 12:35
La Cité radieuse de Le Corbusier, selon le correspondant de Libération à Marseille :
D’abord, c’est une copropriété. Au départ, c’est l’Etat qui était le maître d’œuvre de la construction et le propriétaire. A la suite d’une intervention de la Cour des comptes, dans les années 60, les appartements ont été vendus aux occupants, qui étaient, pour l’essentiel, des personnes indemnisées au titre des «dommages de guerre» et des fonctionnaires. Eux ont racheté pas très cher. A l’époque, ces habitants étaient assez militants de leur logement : à l’extérieur on appelait ça «la maison du fada», ils ont dû assumer le fait de vivre dans un immeuble très moderne. A présent, les appartements se vendent en moyenne 3 000 euros le mètre carré, ils sont très recherchés par des jeunes couples, avec de très bons revenus.
http://www.liberation.fr/societe/2012/02/10/une-cite-importante-pour-les-marseillais-mais-mal-consideree-par-la-municipalite_795085
vendredi 7 février 2014 at 11:40
Il y aurait aussi du ménage à faire dans la nébuleuse architecturale. Notamment ceux qui s’arrangent pour usurper le titre, avec des appellations pouvant prêter à confusion, tout en étant en règle.
Ainsi, dans une aire professionnelle, je tombe sur un gus qui se pare du titre d’architecte d’intérieur pompeusement spécialisé « Home Staging » et se propose d’établir un projet personnalisé. Il m’extorque 80 €. Je n’ai jamais vu ni l’odeur ni la couleur du projet. De l’escroquerie pure. Vais-je perdre mon temps à déposer plainte, constituer un dossier, perdre mon temps ? Non.
Je consulte le tableau du Conseil de l’Ordre et, par leur site, contacte cinq Dplg : aucun n’est intéressé par de la rénovation d’ancien. Ils ne répondent même pas.
Par contre, du temps où j’étais en activité, je faisais partie d’une commission devant laquelle les architectes se précipitaient pour présenter des avant-projets pour les bâtiments publics. Etonnant comment eux, qui se plaignent beaucoup, arrivent avec un projet dont ils savent d’avance qu’il sera recalé tout simplement parce qu’ils ne sont pas en règle avec le fisc. Est-ce qu’ils espèrent passer au travers, pas vu pas pris ? Est-ce qu’ils espèrent qu’en éblouissant le jury, celui-ci sera à même d’outrepasser la loi ?
Quand F+ dit que « l’architecte est un homme très méconnu, quand il n’est pas carrément méprisé », cette image, l’architecte a contribué en grande partie lui-même à la forger
vendredi 7 février 2014 at 7:29
Bandonéon,
1. Architecte d’intérieur ne signifie pas forcément « architecte DPLG » ou titre similaire reconnu par l’Ordre. Si votre « Monsieur Home-Staging » travaillait avec un vrai titre reconnu, vous auriez pu saisir le Conseil de l’Ordre et régler cette curieuse histoire très facilement…
2. Les architectes ne sont pas obligés de répondre aux projets qu’on leur propose. Un projet de rénovation est pour certains architectes un projet trop petit pour leur agence, c’est-à-dire, concrètement, pas assez rentable. Les architectes payent des charges monstrueuses (les 2/3 de leurs revenus, parfois davantage), ils se méfient donc des petits budgets. Le refus peut aussi venir du fait que votre projet n’est pas assez clairement défini par son programme ou par son enveloppe budgétaire et peut inspirer la méfiance. Avez-vous sollicité un rendez-vous entre quatre-z-yeux avec un archi, chez vous, ou directement dans le bureau de l’architecte ?
3. Les architectes qui n’étaient « pas en règle avec le fisc » étaient-ils réellement en état d’illégalité d’exercer ? L’Ordre des Architectes est vigilant, quand même ! Participer à un concours est aussi pour une agence un moyen de gagner de la visibilité, peut-être gagner le concours, en tout cas toucher l’indemnité, gagner d’autres marchés par l’effet de publicité, et ainsi renflouer ses caisses… Comme le dit un de mes amis (qui n’est pas architecte) : on ne fait pas construire un bâtiment par un expert-comptable ! On demande à un architecte de proposer des constructions intelligentes, pratiques, belles, ingénieuses, ce qu’un expert-comptable ou un trésorier d’association est incapable de faire ! Chacun son métier, tout ça tout ça 🙂
Bon, mais je ne connais pas non plus le contexte concret de votre histoire !
4. Comme je vous le disais, l’architecte a besoin, au départ, de comprendre clairement la mission qu’on lui demande d’accomplir.C’est donc au client de mettre des mots ou des chiffres sur ce qu’il souhaite voir réaliser. Évitez d’énoncer des « peut-être » du genre : « Ou alors peut-être construire une extension, ou bien peut-être juste ouvrir une fenêtre ici, ou peut-être qu’on peut juste refaire la façade et abattre la cloison… »
> Faire des listes, qui commencent par « travaux indispensables » et finissent par « travaux souhaitables si le budget restant le permet ». À partir de ce point, un archi peut commencer à réfléchir à des solutions, y compris en pensant « outside the box ». Mais il doit y avoir une « box » de départ.
On peut donner des conseils, mais malgré tout passer une demi-journée à se déplacer, faire une visite, faire des petits croquis ou des petites additions sur un bout de calepin, cela s’appelle du travail 🙂
Amicalement,
vendredi 7 février 2014 at 9:49
Je ne parle pas d’illégalité, mais de légèreté et de désinvolture.
Dans les marchés publics après l’appel d’offre, mais vous le savez mieux que moi, les architectes ont/avaient à remplir un formulaire et à fournir des attestations fiscales en même temps que l’avant-projet sommaire, qu’ils présentent devant une commission (un jury) chargée de retenir un des projets.
Malgré leur nom, ces avant-projets n’étaient pas du tout sommaires, mais très élaborés. Donc ils représentent en amont un travail important. Pour rien, si le dossier est rejeté, juste parce qu’il est incomplet. Et il est incomplet au niveau fiscal le plus souvent. Pourquoi, je n’en sais rien, puisque leur APS n’est même ouvert.
Dure loi du marché.
samedi 8 février 2014 at 1:30
@ Fromage
C’est donc au client de mettre des mots ou des chiffres sur ce qu’il souhaite voir réaliser. Évitez d’énoncer des « peut-être » du genre : « Ou alors peut-être construire une extension, ou bien peut-être juste ouvrir une fenêtre ici, ou peut-être qu’on peut juste refaire la façade et abattre la cloison… »
Je ne suis pas d’accord. C’est trop facile. C’est justement pour ça qu’on prend un architecte ! Il y a confusion entre client professionnel et client particulier. Il y a certes des cas où le particulier sait ce qu’il veut, mais dans bien des cas, l’envie de consulter un architecte vient justement du fait qu’on a besoin d’idées.
Même chose pour le budget. Si vous soumissionnez à un marché public, évidemment qu’il va y avoir un budget. Que l’architecte va dépasser de 100 % aux frais des contribuables, d’ailleurs, mais bref.
Rien ne m’énerve plus que cette mode récente (tout est relatif) qui fait que dès qu’on rentre dans un magasin, le gus vous demande : combien vous voulez mettre ? Ben, rien du tout, connard. Tu crois pas que je vais te mâcher le boulot, non plus. Je connais pas le marché, et c’est toi le professionnel. Donc ce que j’attends de toi, c’est précisément de me dire combien ça coûte, et pour quoi. Et après, seulement, je choisirai. Ah, évidemment, c’est un peu plus compliqué que de demander : dites-moi combien de millions de dollars vous voulez mettre, et moi je vais consulter mon catalogue et vous dire ce qu’il y a en face de x millions de dollars. Pour ça, je n’ai pas besoin d’un vendeur : Internet me suffit largement.
Cela étant, je comprendrais très bien que ce ne soit pas rentable de travailler comme ça pour des particuliers. Il me semble que lorsqu’un architecte travaille pour des particuliers, c’est plus pour Rothschild ou Mark Zuckerberg que pour Madame Duschmurtz.
Mais les archis ne peuvent pas, à la fois, se plaindre qu’on ne fasse pas suffisamment appel à leurs services, qu’il faudrait baisser le seuil à partir duquel un architecte est obligatoire, etc, et en même temps réclamer que le client leur fournisse un projet tout mâché, comme s’il sortait d’un bureau d’études.
Peut-être que l’architecte est seulement un truc de riches. Peut-être (sûrement) qu’il y a trop de charges en France.
samedi 8 février 2014 at 11:16
Les meilleurs architectes sont ceux qui font se confondre la nature et leurs créations.
C’est pourquoi nous aimons nos villages et détestons les constructions intellectuelles des architectes.
dimanche 9 février 2014 at 9:45
Concernant Corbu, c’est marrant la façon dont il est devenu un repoussoir en quelques décennies. Récemment, Ricardo Bofill faisait un bilan de sa carrière auprès du Monde. Il en a profité pour donner le traditionnel coup de pied de l’âne à Le Corbusier.
Puis, interrogé sur son oeuvre à lui, il dut aborder son pataphar néo-classique de 1978 à Noisy-le-Grand, pompeusement baptisé les Espaces d’Abraxas. Et il reconnut honnêtement : « Je ne suis pas arrivé à changer la ville », donnant une explication assez confuse à son échec, mais le mettant évidemment sur le dos des autres.
http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/02/08/ricardo-bofill-je-n-ai-pas-reussi-a-changer-la-ville_4359887_3224.html
Le Monde en a profité pour interroger les occupants de la grotesque pâtisserie bétonnière en question, baptisée « Alcatraz » par ceux qui l’habitent. Ce n’était que doléances. Certes, les critiques ont beaucoup porté sur l’entretien, et on en est vite venu à pointer du doigt un certain, hum… changement de population.
http://www.lemonde.fr/societe/visuel/2014/02/08/en-seine-saint-denis-les-illusions-perdues-d-une-utopie-urbaine_4360634_3224.html
Mais vu de l’extérieur (je ne peux pas me prononcer sur l’intérieur), je regrette : Bofill à Noisy-le-Grand, c’est la prétention, le kitsch, la monstruosité, l’emphase du faux talent. Ce n’est pas un hasard si le film Brazil y fut tourné…
Commentaire d’un lecteur du Monde : « Ayant eu à faire dans un local du Palacio [l’un des bâtiments de cet ensemble], j’y suis arrivé sans savoir qu’il existait. J’ai eu une impression de malaise physique qui m’a empêché d’avancer le temps que je m’habitue. »
Il suffit de mettre à côté des photos de Ronchamp, Poissy ou même Chandigarh, pour voir de quel côté se situe le génie.
dimanche 9 février 2014 at 12:33
Robert,
À propos de votre commentaire n°48.
Je me vois obligé, la mort dans l’âme, d’abonder dans ce sens : l’architecte est devenu un truc de riches. Il est évidemment possible et souhaitable de faire appel à un architecte même si on fait partie de la classe moyenne, mais ce n’est pas dans les mentalités. Mon article tentait justement d’expliquer qu’on n’a pas besoin d’être milliardaire pour « se payer son architecte ».
Je ne sais pas qui il faut accuser – les architectes, le BTP, les lois mal foutues, les habitudes des Français, la crise, lagauche ou leulibéralisme – mais malheureusement c’est ce qui se passe en France.
En tout cas, ce qui est certain, c’est que si on autorisait les Français à gagner un peu plus d’argent, ils feraient de façon certaine beaucoup moins souvent appel au réflexe du « Bah je vais aller à Brico et je vais le faire moi-même ». Enfin, je veux le croire !
Nous avons une grosse culture du bricolage, et les émissions de télé consacrées à l’aménagement, la « déco », ou l’architecture ont convaincu les gens qu’avec quelques grosses centaines d’euros ils allaient pouvoir transformer leur maison de fond en comble sans avoir besoin d’un pro.
Vous avez raison, Robert, dans l’absolu : normalement, on va voir un archi parce qu’on est indécis et qu’on ne sait pas quoi faire. Et on attend de l’archi qu’il nous fasse des propositions concrètes.
La réalité, concrète, d’expérience, nous apprend que les gens qui sont d’emblée indécis et frileux sont des clients qui ne collaboreront pas longtemps avec l’architecte. Ils demanderont un rendez-vous, quelques idées et quelques croquis, vont trouver que rien qu’un bout de croquis leur coûte déjà bien cher ; et vont aller fissa chez Brico chercher des palettes de parpaings et de placo pour entreprendre leur projet par leurs propres moyens.
Les gens ont du mal à comprendre que construire une extension au bon endroit, abattre la bonne cloison pour améliorer l’espace, ou percer une fenêtre de façon intelligente demande un vrai travail sur lequel on passe du temps.
Je ne vais pas accuser « les gens ». « Les gens » font ce qu’ils veulent, et c’est bien la moindre des choses.
Néanmoins il faut faire ce constat : les gens qui consultent un archi sont des CSP+ ou CSP++, non pas parce qu’ils ont les moyens financiers ou l’obligation en vertu des mètres carrés obligatoires, mais parce qu’ils ont compris l’intérêt immatériel de l’architecte : proposer une qualité de vie supérieure ou différente, oser se lancer dans un projet qui dépasse l’immédiat.
+++
Dans une société normale, même un non-architecte construit avec bon sens et intelligence. Il suffit de regarder autour de nous : les architectes bâtissaient des grandes demeures, des châteaux, des chapelles, des églises ou des monastères ; tout le reste – maisons, hameaux, chaumières, maisons de pêcheurs, petits manoirs – étaient l’œuvre d’artisans qui n’avaient aucunement le titre d’architecte. Un simple maçon ou un petit tailleur de pierre n’avait pas besoin de titre ronflant pour comprendre le paysage, le sens du vent, la meilleure lumière, la meilleure mise en œuvre du matériau local, la meilleure forme de fenêtre.
Entretemps, il s’est passé plein de choses, plein de mutations technologiques et culturelles.
dimanche 9 février 2014 at 1:04
les gens qui consultent un archi sont des CSP+ ou CSP++, non pas parce qu’ils ont les moyens financiers ou l’obligation en vertu des mètres carrés obligatoires, mais parce qu’ils ont compris l’intérêt immatériel de l’architecte
CSP+ ou pas, vous avez des contraintes dictées par le marché de l’immobilier. Vous rénovez de l’ancien. Votre maison ne vaut rien, parce qu’il n’y a plus d’acquéreur pour une résidence secondaire. A cause des charges (impôts locaux, abonnements EDF-eau, assurances…), parce que les dossiers de prêt sont retoqués par les banques et parce que les jeunes recourent à l’échange sur des sites comme Homelink.
Donc votre maison vaut zéro. Vous mettez 100 000 €, ou le double ou le triple, dans la rénovation, votre maison vaudra toujours zéro.
D’autre part, intrinsèquement le travail est ingrat. Manager des artisans qui n’en font qu’à leur tête dès que vous avez le dos tourné, n’est pas plus gratifiant pour un architecte que pour un particulier.
Vous êtes propriétaire d’une ruine, le mieux est de la laisser crouler.
dimanche 9 février 2014 at 8:16
Bandonéon,
Oui, il y a aussi les lois de l’immobilier, mais je me garderai bien d’avoir un avis sur la question !
Gardez espoir quant à votre « ruine », je suis convaincu qu’on peut en faire quelque chose de très bien.
dimanche 9 février 2014 at 8:52
@ Fredi Maque
Il ne faudrait surtout pas que la France se pastiche à l’infini. Heureusement que les architectes sont là pour transformer l’espace et l’environnement avec des réalisations inédites. Je crois que nous sommes traumatisés par les HLM hâtivement construites dans les années 60 abusivement assimilées à du Corbu et remplies de racailles qui donnent une image encore moins radieuse de l’habitat collectif.
Ceci dit, la sphère progressiste résiste à la modernité quand il s’agit de ses propres locaux.
Depuis longtemps plus personne ne lit Libération, le Journal Officiel. Les actionnaires en ont assez de recapitaliser en pure perte. Ils ont tenté une opération de sauvetage de la dernière chance, transformer Libération, l’organe de Propagande du PS, en bistrot à bobo. En bistrot à bobo par ce qu’il faut d’architecte à la mode et de designer.
Mais les journalistes, élevés aux droits et privilèges associés, ne veulent pas ! Hu hu hu !
Ils ont sorti une Une :
Nous sommes un journal, pas un restaurant, pas un réseau social, pas un espace culturel, pas un plateau télé, pas un bar, pas un incubateur de start-up…
Evidemment dit comme ça, ça le fait pas. Que les actionnaires soient un peu plus Citoyens et Républicains, et proposent une appellation plus gouleyante :
Maison de la Culture, Sanctuaire de la Pensée, Pravda du Rayonnement Cosmoplanétaire. A la rigueur Médiathèque.
dimanche 9 février 2014 at 10:15
Fromage,
La popularité du bricolage est une très bonne chose. Les Américains ont plus d’argent pour faire travailler des gens (enfin, avaient… maintenant, je ne sais pas), et pourtant il y en a pas mal qui ont construit leur propre maison. Entièrement.
dimanche 9 février 2014 at 10:47
@Bandonéon
Bien sûr.
Et les tours de Manhattan sont des excroissances aussi naturelles que les burons d’Auvergne.
L’architecture doit respecter dans un pays comme le notre le terroir : l’ardoise bretonne, les cailloux calcaires de l’Ardèche, le tuffeau de la Loire .
Or notre modernité s’accommode de plus en plus de matériaux « hors sol » et rompt l’harmonie entre le bâtit et l’environnement qui l’accueille.
Il y a bien dans l’architecture un processus de déracinement qui me gêne .
dimanche 9 février 2014 at 10:53
Sans parler des lignes où les droites perpendiculaires répondent à des droites obliques sans souci de l’esthétique quand elles ne se résument pas au plus simple des cubes.
Je n’ai aucune affection pour les parallélépipèdes.
dimanche 9 février 2014 at 10:58
Des matériaux hors sol ? Le fer ne vient pas du sol ? Le béton n’est pas composé de sable et de ciment ? Le verre n’est pas fait avec du sable ?
dimanche 9 février 2014 at 10:59
Pour finir, quand je passe aux pieds de la Défense ou dans les quartiers de villes nouvelles, je me dis que certains architectes sont bien, au choix, soit des fous soit des criminels.
A moins que ce ne soit leurs donneurs d’ordre.
dimanche 9 février 2014 at 11:00
Vous m’avez mal lu Robert.
Comme d’habitude.
dimanche 9 février 2014 at 11:00
Je n’ai aucune affection pour les parallélépipèdes.
C’est vrai que les maisons traditionnelles auvergnates sont en général construites en forme de sphères ou de pyramides.
dimanche 9 février 2014 at 11:01
Vous m’avez mal lu Robert. Comme d’habitude.
Vous vous exprimez mal, Fredi. Comme d’habitude. Surtout ne vous fatiguez pas, vous risqueriez de dire quelque chose d’intelligent.
dimanche 9 février 2014 at 11:30
Certains bâtiments ressemblent à des paris: celui-ci ne dirait-on pas qu’il penche, qu’il menace de s’écrouler ? Vous traverseriez cette arche insensée autoportante ? On salue la prouesse, car prouesse il y a bien. Puis l’œil se lasse et se détourne, revient à des choses plus simples et surtout plus vraies.
dimanche 9 février 2014 at 11:51
Autre chose : une fois achevés les ouvrages modernes laissent apparaître une froideur qui nous fait nous demander s’il s’agit bien d’ouvrages humains.
D’ailleurs aucun travailleur clandestin n’a laissé gravé son nom, une équerre ou un compas, sur les tours de la Défense.
dimanche 9 février 2014 at 11:59
J’en reste là M. Fromage. Promis. Vous pouvez rétablir le cours normal de votre blog.
Bonne soirée.
lundi 10 février 2014 at 11:24
Moive je l’aime bien, l’Arche de la défense…
C’est d’ailleurs un des seuls bâtiments modernes que j’aime….
Simplement car le 11septembre ,les copains de ben Laden, au volant d’un Airbus ont foncé à travers…
Et là, Maverdave ! ils sont passé sans toucher les bords !
Un peu comme un mâle porteur d’un trop petit zobi…..
Et donc…..
mardi 11 février 2014 at 9:49
Votre prochain article : « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les publicitaires sans jamais oser le demander » 😉
mardi 11 février 2014 at 12:39
Kobus,
Et moive, j’aime bien Ricciotti du MuCEM de Marseille, mais vraiment.
Ses incroyables dentelles de béton et son franc-parler.
mardi 11 février 2014 at 1:50
Et ben moive
Non rien.
mardi 11 février 2014 at 11:52
Mais le mucem, les copains d’Oussama auraient eu plus de mal à le traverser sans le percuter, non ?
dimanche 16 février 2014 at 10:33
Bonsoir,
Transmis à ma fille qui envisage de faire architecte.
Bonne soirée
dimanche 16 février 2014 at 10:44
Transmis quoi ?
Qu’on a plus de mal à passer en Airbus dans les dentelles du mucem que sous l’Arche de la défense ?
Imaginez le truc, le barbu moussaoui au volant, crispé sur le palonnier, visant le milieu du truc et passant à travers…
Éructant de rage »nardim, encore raté ! »
lundi 17 février 2014 at 8:29
Les dentelles du Mucem, en fait, sont des brins d’arrêt. C’est le nom des freins d’appontage sur les porte-avions. Sous couvert d’ornementation virtuose, voilà, ce sont des brins d’arrêt, un frein aux copains d’Oussama. A Marseille, ils ont de l’idée. Forcément.
lundi 17 février 2014 at 9:09
Reste plus qu’à équiper les Boeing et autres Airbus de crosse d’appontage…
mercredi 19 février 2014 at 10:28
La crosse d’appontage, ça pourrait être le bout du turban/djellaba/niqab qui dépasse…
Pour répondre au premier commentaire de Blackstep, je vais souvent aux chiottes avec ma tablette…
Mais, qu’il se rassure, pas de prises réseau dans les chiottes, que du oui-fi….
mercredi 26 février 2014 at 12:39
Quel bonheur de voir ce blog péricliter. J’espère avoir contribué à sa destruction.
mercredi 26 février 2014 at 7:44
lol.
Figure-toi, Troll caverneux, que par ta prestation hautement intellectuelle tu contribues à le tenir vivant.
mercredi 26 février 2014 at 10:45
C’est l’histoire d’un mec, qui croit qu’à lui tout seul il va faire pérécliter un blog, et….
mercredi 26 février 2014 at 11:46
… et, et, les commentaires repartent de plus belle.
(et puis j’arrête de signer « JP Corner »)
mercredi 26 février 2014 at 11:52
« Troll » est un habile pseudonyme, derrière lequel se cache -habilement, donc- un certain lactique purulent hôte de ces lieux.
dimanche 2 mars 2014 at 12:38
Bien joué le Troll, prochains sur la liste: les Ztazunis! Va y avoir du sport!
Sinon, combien de portes dans une maison close?
dimanche 2 mars 2014 at 12:55
Les blogs fleurissent sur le net. C’est la nouvelle forme d’expression qui a remplacé nos fanzines d’antan en photocopie et collage savants. Le seul problème c’est que ces blogs se multiplient sans fin. A l’image de la télé qui décuple les chaînes. La pire vulgarité côtoie le sans intérêt, ou l’étalage de la vie privée… Il faut faire un véritable travail d’archéologue pour trouver des blogs intéressants. Il en existe heureusement. Mais il y a pire, c’est toute cette génération de petits cons mesquins, qui passent le plus clair de leur temps enfermés derrière leur écran à juger, critiquer et médire dans des babillages stériles. Des chroniques pleines de fiel et de haine gratuite, sans aucune retenue, sauf la volonté manifeste de nuire.
lundi 3 mars 2014 at 1:05
Cher Monsieur Pétomane, si vous avez tant de choses à dire, et si pertinentes, que n’ouvrez donc… un blog ?
vendredi 21 mars 2014 at 6:34
Cher Fromage Plus, en tant que « collègue », je vous trouve bien courageux de prêcher au bon peuple les vertus de notre actions. En lisant les commentaires, je retrouve les poncifs bien connus (Le Corbusier est un salaud, Jean Nouvel est un bobo, Beaubourg ressemble à une usine à gaz)
Ce qui est drôle, c’est le des gauchos et les droitos se rejoignent souvent sur ce discours. Il y a en sorte de d’alliance à penser que nous méritons la corde.
Tout français se pense architecte et ne comprends pas du tout pourquoi il faudrait payer pour nous. Le résultat est formidable. Continuons ainsi…
dimanche 23 mars 2014 at 10:18
Dites moi si c’est mes yeux, mais on dirait que tibo colin a disparu du paysage ?
Vient plus crawler ici ?
vendredi 4 avril 2014 at 10:55
Meuh non, Frédéric, on les aime et on les admire nos architectes, on a juste été traumatisés par les barres et les tours et les maisons Phénix. Les plus voyants, question statistiques. C’était la modernité pas trop chère, le plus petit dénominateur commun. Ah les premières maisons témoins du Val d’Oise, le chien assis obligatoire, les zipatons qui se retrouvaient, toute la panoplie, dans le jardin, balancelle, toboggan, berger allemand, herbe de la pampa.
C’est pas tout ça, je casse la tirelire pour une chaise longue un peu moins vue et revue que la Mies van der Rohe pour m’affaler devant la télé. Si possible pas la moche illustrant le papier de F+ d’octobre Confort de la Gauche.
lundi 23 juin 2014 at 11:31
Monsieur fromatch plous
Je suis à la recherche d’un architekt du début des années 1920 qui s’est commis dans diverses entreprises en région littorale armoricaine
En gros, des villas de bord de mer
Un dénommé Lachaux
Ou approx…..
C’est surtout le sud Finistère qui me concerne
Comment m’y prendre ?
L’ordre des architekt remonte-t-il jusqu’à si loin ?
Ou sinon ?
Y a-t-il une littérature ou un moteur de recherche dédié ?
Bref
mardi 24 juin 2014 at 11:26
Kobus,
Difficile de vous répondre… L’Ordre des Architectes date de 1940, et auparavant c’était les Beaux-Arts qui régissaient la profession. Et j’ignore ce que conserve l’Ordre comme archives… Si cet architecte a réalisé des bâtiments plus ou moins remarquables, vous trouverez plutôt sa trace dans les ouvrages liés au patrimoine historique, dans ce genre-là :
http://www.amazon.fr/Le-patrimoine-communes-du-Finist%C3%A8re/dp/2842340396
Sinon, allez voir la mairie où une de ses maisons se trouve. Tentez les services de l’urbanisme, ou bien du tourisme (il y a toujours une personne qui connaît très bien les petites histoires du coin).
Autrefois, les architectes signaient leurs bâtiments, ça peut peut-être aider…
En effet, c’est très compliqué de retrouver votre oiseau rare !
mercredi 25 juin 2014 at 3:35
Les fameux enduits à Lachaux ?
mercredi 25 juin 2014 at 7:10
@ fromatch plous
Mille mercis, je vais tenter l’urbanisme finisterien, repère de marxistes expropriateurs
Si je suis pas revenu dans quart de lune, prévenir flic ( private joke, sauras tu, ami lecteur trouver d’où est extraite la citation ?)
@ PMalo
C’est un peu ça, en effet
Pas de peintures vinyles à l’époque
Du mastoc, qui pourrait défier le temps
Enfin, c’est très conditionnel
dimanche 22 novembre 2020 at 1:44
Un architecte qui batirai des maisons dans lesquelles personne n’habiterai jamais peut il être considéré comme un.architecte???
Même questeur un architecte diplômé qu’on aurait jamais suivi aucun projet mais les aurait seulement imaginé.
Bruno
Merci de me donner votre avis je suis en dilemme avec mes enfants sur cette question.