Je tiens à préciser que les concepteurs de cette petite science-fiction sont manifestement convaincus que l’enfer qu’ils veulent bâtir sera un authentique paradis. Bah oui, puisque c’est participatif. C’est même obligatoirement participatif.
Je vous épargne l’exégèse du bazar, largement pétri de contradictions, d’ignorance, de partis-pris complètement biaisés, de raccourcis idiots, et de nunucherie à haute toxicité. Dix minutes d’immersion dans la Gauche qui joue à se faire peur.
L’an dernier, je publais un petit canular faisant croire que l’Union Européenne planchait sur l’instauration d’un Certificat de Parentalité >>>. Il est de plus en plus difficile d’imaginer le pire, vu la vitesse à laquelle le pire surgit réellement, et sans humour. Un député belge songe très sérieusement à mettre en place un permis pour avoir des enfants >>>. Ou alors c’est un de mes facétieux lecteurs, et il me pique mes blagues, l’enfoiré.
N’était-ce pas Lagauche qui passait son temps à mettre en garde Ladroite contre la tentation illusoire et populiste de l’homme providentiel ? Maintenant que la Providence s’est chargée de l’homme, on les sent quand même bien embêtés.
La presse anglo-saxonne ne se prive pas de dire ce qu’elle pense d’une certaine loi du silence dans les médias >>>. L’affaire DSK est soudain l’occasion de se rappeler que le bonhomme est précédé d’une solide réputation d’homme quelque peu pressant à l’égard des femmes, voire franchement violent. On avait connu un parti socialiste beaucoup plus sourcilleux en matière de cause féministe. Officiellement, la presse française a couvert ses dérapages au nom d’une certaine gaudriole que l’on tolère en France, mais bon, on se souvient que la même presse avait étouffé l’affaire Mazarine avec la même servilité – pour ne citer qu’un exemple particulièrement magnifique. On apprend pendant ce temps-là que Maxime Gremetz démissionne. Dans le genre personnage violent, c’est pas mal non plus. Tiens donc, comme c’est curieux, la médiatisation de ses multiples colères et agressions a toujours été plutôt discrète. Il fait bon être de gauche, en France ; on vous passe tout : votre passé pédophile, vos maîtresses, vos filles cachées, vos coups de poings, votre train de vie d’aristocrate fortuné. C’est beau le rêve de l’égalité. Jusqu’à ce qu’on tombe sur des salauds d’amerloques – vous savez, ce pays aux inégalités insupportables – qui comptent bien se montrer intraitables sur une certaine abolition des privilèges. Voilà une bonne leçon qui tombe à pic.
En vertu de son sens du partage, de sa tendresse particulière pour les exclus, de son sens du social, Jésus serait de gauche. C’est en tout cas ce qu’on lit sur le web de-ci de-là. Donner à Jésus une couleur politique de droite ou de gauche n’a pas vraiment de sens, mais juste pour le plaisir de l’exercice, nous pouvons très bien dire pour les raisons suivantes que Jésus est de droite :
1. Jésus siège à la doite du Père.
2. Jésus est fils de David, c’est à dire qu’il a du sang bleu en vertu de son ascendance royale directe. Charpentier, mais pas prolo.
3. Jésus est Roi. Il n’est pas président, il n’est pas élu par le peuple, sa souveraineté n’est pas démocratique, et il n’est pas près de démissionner.
4. Le Salut n’est pas un acquis social.
5. Jésus est venu garantir que le paradis égalitaire et fraternel n’est pas et ne sera jamais de ce monde. Et que le vrai paradis est un endroit sélect où beaucoup sont appelés mais peu sont élus.
6. Jésus ne fait de tables rondes, ne travaille pas dans le dialogue, ne réunit pas les partenaires sociaux. Il ne prononce ni programme ni proposition de loi réalisées dans la concertation. Il prononce des ordres et des commandements sans consultation populaire.
7. Jésus ordonne de brûler les arbres qui donnent de mauvais fruits, pas de continuer à les arroser.
8. Jésus n’est pas anticlérical. Jésus croit en Dieu. Jésus est à la messe tous les dimanches.
9. Jésus n’est aucunement ennemi de César. C’est juste qu’ils ne règnent pas sur les mêmes domaines.
10. Le baptême fait les chrétiens « prêtres, prophètes, et rois ». Et non pas « acteurs sociaux, militants, et élus de la république ».
11. Jésus est venu faire une Révélation à toutes les nations et à tous les peuples. Il n’a pas pour autant demandé aux nations de faire tomber leurs frontières et aux peuples de disparaître.
12. Jésus commande la charité, pas la solidarité.
13. Jésus demande de répandre le Bien autour de soi, surtout aux plus petits, et de ne pas s’aliéner aux richesses du monde. Pas d’augmenter les impôts, de voler les riches, de payer les gens à ne rien faire, de couper la tête des aristocrates, ou d’envoyer les bourgeois aux goulag.
14. Jésus est contre le mariage homosexuel, contre les mères porteuses, contre l’avortement, contre l’euthanasie, contre la chosification de l’homme.
15. Jésus condamne les interdits alimentaires. Meat is not murder, fishes are not friends !
16. Le christianisme n’oppose pas Foi et Raison, contrairement au socialisme.
17. Jésus demande des comptes aux individus ; pas aux collectifs, pas aux masses, pas aux associations.
18. Jésus parle par signes et par paraboles. S’il donne à manger aux affamés, ouvre les yeux des aveugles, et ressusite les morts, ce n’est pas que pour prendre soin de leur santé ; c’est avant tout pour leur donner le goût de la nourriture céleste, de la contemplation éclairée du Vrai Amour, et de la vie éternelle.
19. Le socialisme n’a jamais fait de miracles.
20. Si Marie avait avorté, le socialisme n’existerait pas.
Aujourd’hui, pour votre édification artistique, je vous livre une petite anecdote historique, destinée à vous faire briller en ville.
Dans « Les moustaches radar« [1955-1960], Salvador Dalí résume ce qui le distingue de Picasso : « Picasso est espagnol, moi aussi. Picasso est un génie, moi aussi. Picasso est communiste, moi non plus. » Évidemment, cela fait immédiatement penser au célébrissime « Je t’aime, moi non plus » de Serge Gainsbourg… C’est que Gainsbourg avait de saines lectures, et, aussi finaud et facétieux que le Maître, il lui piqua sa trouvaille pour en faire un autre chef-d’œuvre. Entre peintres, hein…