« La lèpre exclut ». C’est écrit en gros au coin des rues, sur une affiche invitant le quidam à la pitié, puis au rachat de sa culpabilité de petit Blanc nanti contre quelques euros – as usual. Sous le soleil du vivre-ensemble obligatoire et de la socialisation de force, les fléaux les plus graves sont ceux qui, en plus de leur nuisance en soi, vous retranchent de la collectivité. Ici bas, mille fois par jour, il faut lutter contre l’exclusion, il faut vivre ensemble, il faut être solidaire-de, il faut faire société, il faut être collectif, il faut faire la fête des voisins, il faut s’intéresser au coming-out de ses collègues, il faut collaborer à la grande exhibition collective, il faut encore s’insérer dans les rouages électoralo-citoyens du régime, sans quoi on est regardé comme un irresponsable, et il faut coûte que coûte incorporer le groupe.
Or, pas plus que l’idéologie de la solidarité, celle de l’exclusion n’est une vérité absolue. L’exclusion, en soi, ne veut rien dire. Beaucoup de gens ont besoin de solitude, beaucoup de gens sont heureux de vivre hors des foules, et même, beaucoup de gens sont positivement ravis de s’exclure ou de se retrancher du monde de leur propre initiative, au fond d’un monastère, au milieu de leur potager, pendant leur trek dans les Andes, sur une île déserte, dans leurs lectures, ou tout simplement derrière des lunettes noires qui jouent la comédie de l’inaccessibilité ; et d’autres encore sont positivement ravis d’être des exclus au nom de la rebellion, réelle ou feinte, qu’ils portent.
En soi, ce n’est pas grave d’exclure ou d’être exclu. N’excluons-nous pas les femmes des WC pour hommes et les hommes des WC pour femmes ? N’excluons-nous pas les criminels de la société des honnêtes gens ? N’excluons-nous pas la matière grasse de la margarine ? N’excluons-nous pas le Coca-Cola des dîners gastronomiques ? N’excluons-nous pas les gros mots du vocabulaire de nos enfants ? N’excluons-nous pas le ketchup du foie gras, et la cravate à rayures quand la chemise est à carreaux ? Nous passons notre vie à exclure. Nous passons aussi notre vie en quête de retranchements petits et grands, comme autant refuges contre le culte de la socialisation qu’on nous inflige en permanence. Au cœur d’un métro bondé, même le plus communiste des bobos insulte comme tout le monde le Dialogue et le Vivre-Ensemble en vissant ses écouteurs dans les oreilles, célébrant ainsi sa propre exclusion avec joie : « votre existence ne m’intéresse pas, votre conversation me pollue, je subis votre présence, je me réfugie dans MON raggamuffin ». Nous n’aimons pas vivre ensemble en permanence. La joie du vivre-ensemble, c’est du flan, personne n’y croit, personne n’en a envie. Personne n’aime voyager enfermé dans un wagon ID-Zap [la convivialité sous la menace d’une arme] en partance pour je ne sais quel enfer en stratifié. Personne n’aime rencontrer la différence, la vraie, parce qu’il existe aussi une tourista mentale contre laquelle nous sommes armés de façon fort inégalitaire, et que nous n’avons pas forcément envie de subir au quotidien.
La lèpre mérite notre intérêt et notre charité, c’est entendu. Leur détresse est réelle et profonde. Mais ce n’est pas une raison pour nous jouer le couplet à la gloire des valeurs du familistère géant dans lequel on veut nous enfermer. Ma charité me dispense de votre solidarité, figurez-vous. Je socialiserai quand je veux, merde. Autant qu’un cancéreux, qu’un diabétique, qu’un tourneur-fraiseur ou qu’un véliplanchiste, j’exige qu’on ne marche pas sur mes plates-bandes à moi, et qu’on me foute la paix si je n’ai pas envie de voir vos sales gueules. Et à plus forte raison si je suis lépreux, d’ailleurs. Exclu ? Et alors ?
mercredi 2 février 2011 at 4:45
« La lèpre exclut » dites-vous ?
L’exclusion est donc un fait. La décence fait qu’un citoyen socialisé est naturellement exclu des WC-Dames !
L’individu – s’il est libre – discrimine (il fait un choix); et c’est là que ça devient grave.
En d’autres terme, l’expression de la Liberté est Interdite.
mercredi 2 février 2011 at 4:56
Sévérac,
Je propose de lancer une grande contre-campagne publicitaire :
« La mort exclut »
Visuel du premier trimestre : l’avortement.
Visuel du deuxième trimestre : l’euthanasie.
mercredi 2 février 2011 at 4:57
Chiche !
mercredi 2 février 2011 at 5:02
C’est à peu près ce que je me suis dit en voyant ces affiches. Ils ont sacrifié aux sirènes de l’idéologie contemporaine pour poursuivre leurs oeuvres de charité. Ce n’est pas moi que ça va convaincre de donner (au contraire), mais si ça marche avec un nombre suffisant de personnes…
mercredi 2 février 2011 at 5:08
Mouais, en attendand, j’suis pas sûre qu’un lépreux soit super heureux de vivre sa liberté dans une léproserie où on les parque pour éviter la contagion…
D’accord sur le principe de la liberté et du vivre-ensemble-forcé, mais l’exemple est peut-être mal choisi, non ?
mercredi 2 février 2011 at 5:08
Il y a bien une chose qu’on est autorisé à exclure, c’est l’exculsion elle-même. On est passé de « ‘il est interdit d’interdire » à « il est exclus d’exclure ».
Pourtant, la presse pipolisée ne manque jamais une occasion de nous refourguer une exclusivité.
Y a quelque chose qui m’échappe.
mercredi 2 février 2011 at 5:10
Oups. L’exculsion. Hum.
mercredi 2 février 2011 at 5:13
Artémise,
Je ne suis pas tout à fait certain que ce à quoi aspirent les résidents d’une léproserie soit formulé comme étant « une lutte contre l’exclusion » ; voilà ce que je me suis dit.
mercredi 2 février 2011 at 5:15
Dans je ne sais quelle nouvelle de London , il nous narre la vie des lépreux de l’archiel des Molokai . Des gens qui vivaient entre eux , mangeait bien , en bonne santé à part un bras comme la bite à soral ou une jambe comme une buche , dans un environemment paradisiaque .
Après la publication de cette nouvelle , les dons au lépreux on chutés , et elle a été mise hors-circuit . A méditer …
mercredi 2 février 2011 at 5:26
En fait, cette affiche pourrait fort bien être à sa place parmi les fakes qu’on a pris l’habitude de voir ici…
mercredi 2 février 2011 at 5:40
Le socialisme fabrique des exclus afin de vivre sur la pitié des autres.
La peste exclut, le choléra, le diabète, être différent de la majorité exclut aussi très bien.
Mesurer 1m90 à 15 ans peut aussi exclure alors que faire?
mercredi 2 février 2011 at 6:06
Je me suis toujours méfié de la fraternité ou de la solidarité à la sauce XXe siècle. Ca ressemble plus à une sommation d’un commissaire politique qu’à un appel à la charité et à la sympathie. Ils veulent nous faire croire que nous leur avons sous-traité notre conscience. En réalité, ils se conçoivent carrément comme tel. La conscience individuelle est dépassé. L’homme n’est plus jugé par Dieu bien après, avec sa conscience comme guide, il est jugé de son vivant par la société (la communauté, comme vous dites). La société est sa conscience. Il n’est plus permis d’en avoir une à soi. Il faut être pour la régularisation des sans-papiers, pour la répartition des richesse, pour les ampoules à économie d’énergie, contre l’intégrisme catholique, contre les théories du complot, contre la tradition (si ce n’est celle des droits de l’homme et des valeurs de la république). C’est notre conscience collectivisée qui nous le dit!
mercredi 2 février 2011 at 6:08
dépassée*
bien après sa mort*
des richesses*
mercredi 2 février 2011 at 6:09
J’ai adoré votre premier paragraphe, j’adore vous lire sur ce genre de thème (la lutte contre « l’exclusion »). Je me demande jusqu’où on pourrait exploiter la peur de l’exclusion et de la solitude pour soutirer quelques euros du quidam bienveillant ?
Par exemple, si un jour je tenterais une pancarte du style « avoir du génie exclut – donnez pour aider les enfants précoces à se réinsérer », est-ce que ça marche ? Le pire, c’est que ça marcherait – ou marche déjà.
Et puis, pourquoi l’exclusion serait-elle forcément une mauvaise chose ? Certaines personnes sont exclues et ne s’en plaignent pas, préfèrent au contraire ne pas se mêler à la société en général.
Je parle en tant que personne aimant beaucoup la solitude. Aujourd’hui, on nous culpabilise à fond, surtout les jeunes (comme moi) : si on est seul, si on cherche à s’exclure un peu de la masse, c’est qu’on n’a pas d’amis, qu’on est affecté par une tare trop grande pour avoir de la compagnie, ou qu’on a un problème psychologique, ou qu’on est méprisant envers le genre humain. Est-ce que ce n’est pas plutôt le contraire ? La solitude est plutôt quelque chose dont on profite, pour être au calme, être paisible, et les moments partagés avec les autres sont l’occasion d’entretenir des relations particulières, qui tirent souvent leur richesse de leur caractère exceptionnel. Ces gens qui ont tellement peur de l’exclusion et de la solitude qu’ils en font des affiches, est-ce qu’ils chérissent plus chaque être qu’ils connaissent que ceux qui sont solitaires ?
Commentaire un peu en bazar et en dehors du sujet, j’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur.
mercredi 2 février 2011 at 6:42
Fromage,
Oui bien sûr. Le mot « lutte contre l’exclusion » (d’ailleurs, c’est pas un mot, c’est un syntagme, mais on s’en fout) est sûrement mal choisi.
Cela dit quand on pense à la lèpre, on pense effectivement beaucoup plus à des endroits où l’on parque des gens en les empêchant d’en sortir (c’est ça le premier but, avant même de les soigner). Le traitement contre la lèpre, encore aujourd’hui, c’est le cordon sanitaire plus que les médicaments.
D’où le côté « lutte contre l’exclusion », j’imagine.
On peut prendre ce film avec des pincettes, mais parmi les scènes marquantes du film Carnets de voyages, on voit que le premier geste du docteur Ernesto Guevara pour traiter les lépreux, c’est de leur tendre la main sans gants. Un peu comme François d’Assise dont le premier geste est d’aller vers le lépreux au lieu de s’enfuir en courant…
mercredi 2 février 2011 at 6:53
Artémise,
Message reçu 😉
mercredi 2 février 2011 at 7:21
Ce qui est amusant dans la quête du lien social, c’est que c’est justement ceux qui la mènent qui l’ont détruit. Tout d’abord en détruisant les corps intrmédiaire, en évacuant la religion du débat public, en mettant à bas la puissance paternelle, en ringardisant l’institution familiale, en adoptant une architecture et un urbanisme anxiogènes, en tuant le petit commerce au profit des hypermarchés,…
Rassurez-vous Ariane, vous n’êtes pas seule à aimer la solitude. Et puis les amis, comme disait Desproges, on les compte sur les doigts d’une main de Django Reinhardt. Il faut savoir ce que l’on veut, une floppée d’amis façon Facebook ou bien quelques vrais intimes sur qui on peut compter à 200% et qui pourtant un jour finiront, peut-être, par nous décevoir un peu, beaucoup, mais à qui nous pardonnerons car c’est le propre de l’amitié que de savoir passer. Pour ce qui est de ma petite personne, je suis un moine si j’en crois les critères actuels de sociabilité. Je ne recherche pas la compagnie de mes semblables, j’attends qu’une rencontre se fasse, que cette alchimie du « parce que c’estoit moy… » agisse. Chercherais-je la chaleur du vivre-ensemble tant loué, que je serais éconduit, c’est le lot de tout réac que d’être ostracisé par les chantres de la liberté, de la solidarité, de la main tendue à l’autre. Le respect de la différence ça ne joue qui si on vient de loin, de préférence d’une contrée où le soleil cogne fort.
mercredi 2 février 2011 at 7:25
FromagePlus, bravo pour votre analyse de la collectivisation obligatoire avec cortège de préceptes et de sommations «il faut, il faut, il faut», étonnez-vous après ça que la gauche festive, morale et compassionnelle soit si chiante et si agressive, avec un surmoi pareil. Il faut bien que ça sorte quelque part, toute cette pression. La gauche bobo est aussi bio que chiante et agressive.
mercredi 2 février 2011 at 7:30
Et ben moi, je suis un lépreux chevalier.
Voualà !
Gnnnn
mercredi 2 février 2011 at 7:34
Et si on est lépreux, qu’on a une sale gueule, qu’on est socialisse, petit, avec des grandes zoreilles ?
On fait quoi dans un tel cas ?
On vit sous un abri bus et on devient ami avec un gastéropode
mercredi 2 février 2011 at 7:37
Fromage, je pense que vous êtes dur avec l’association Raoul Follereau. Cela fait des années qu’ils font leur campagne en expliquant ce qu’est la vie d’un lépreux. Dès que sa maladie est connue, il est mis à l’écart, retranché de la compagnie des hommes. Son état de santé se dégrade petit à petit, des plaies apparaissent sur son corps et ce d’autant plus que l’insensibilité l’amène à se blesser sans s’en apercevoir. Il perd petit à petit doigts, orteils, lèvres, mains etc. Et même si les services médicaux finissent par le trouver et le soigner, s’ils arrivent au stade où il y a des lésions, même guéri on ne l’autorise pas à revenir vivre dans sa famille, tant cette maladie effraie.
Alors je crois que dans ce cas on peut effectivement parler d’exclusion, ce que dit cette association depuis 40 ans, avant que le mot exclusion ne devienne un mot à la mode.
mercredi 2 février 2011 at 7:45
Koltchak,
votre premier paragraphe ne souligne pas un paradoxe, mais bien deux faits qui sont liés. Les « faiseurs de lien social » promeuvent justement celui de la sacro-sainte solidarité comme moyen de remplacer les formes plus traditionnelles de relations. Pour détruire une institution, il ne suffit pas de la tuer, il faut la remplacer par autre chose, pour combler le vide qui a été créé. La démarche est donc tout à fait consciente, et donc, à cause de cela, criminelle.
mercredi 2 février 2011 at 8:33
Barbara,
Certes, mais je vous rappelle que suis un bloggeur méchant.
mercredi 2 février 2011 at 8:45
FromagePlus n’est pas méchant, il nous fournit un exemple de la double contrainte ou injonction contradictoire (« Sois spontané ! ») qui rend les gens fous.
C’est le double-bind de l’Ecole de Palo Alto.
La seule défense de l’individu sous injonction contradictoire est la fuite dans la pathologie (schizophrénie, mutisme, syndrome de Stockholm…).
La campagne Raoul Follereau illustre cela, elle n’est pas attaquée en tant que telle par Fromage.
Peut-être en tant que lèpre qui gagne la gauche française ?
mercredi 2 février 2011 at 9:51
Tiens, une autre vision de la gauche qui perd à tous les coups :
http://ilikeyourstyle.net/2011/02/02/casino/
« Quel est le plus visible des signes extérieurs de l’homme de gauche, qu’est-ce qui le sépare à l’œil nu de son voisin de droite…
C’est qu’il a toujours tort. Au grand jeu des prophéties et des prises de position qui peuvent rapporter un capital en crédibilité si l’histoire le veut bien, le gauche n’en finit pas de prendre des tickets et de perdre, tandis que l’homme de droite rafle sans arrêt la mise… C’est paradoxalement pourquoi il s’accroche à ses positions avec toujours plus d’hystérie…»
mercredi 2 février 2011 at 9:55
j’ai adoré. merci f+.
mercredi 2 février 2011 at 10:20
Le modernisme exclut plus que n’importe quoi d’autre. Exemple: les villes, dans lesquelles la promiscuité entraîne une indifférence de l’autre dans le but de se préserver un espace vital. D’où l’absence de réactions face à une agression dans le métro.
Un détachement incompris et combattu par les modernes, qui dénoncent les conséquences mais chérissent les causes.
Ce genre d’affiche, à doses régulières et douces agit sur moi comme un vaccin. Le corps et l’esprit apprennent à se protéger, d’où, probablement cet individualiste exacerbé dans nos sociétés…modernes.
Le progressisme, le scientisme, le développementisme sont des pathologies lourdes et difficiles à traiter, mais j’ai quand même bien envie d’exclure tout cela de ma vie-sion.
mercredi 2 février 2011 at 11:29
Perso je paie des impôts ( comment ça vous aussi? Ça alors!) et j’aimerais bien qu’ils passent à des choses utiles et bénéfiques ( ouais, genre guérir les lépreux, c’est pas difficile aujourd’hui en plus) plutôt qu’à des dépenses somptuaires qui me font sortir les yeux de la tête de colère ( 250 000 € de fleurs par an a l’Elysée -sans comment. )… Donc c’est pas demain qu’on me fera culpabiliser pour les misères du monde, merci 😉
mercredi 2 février 2011 at 11:31
Par ailleurs si y’avait pas les Follereaux pour s’occuper de ça , y’aurait personne!!
jeudi 3 février 2011 at 12:23
Le plus symptomatique est l’argument retenu contre la lèpre. Pas les mutilations, ni les déformations, ni les infirmités, ni les paralysies, non non non, rien de tout cela mais « la lèpre exclut ». Comme si être exclu était le pire des maux.
« Bonjour monsieur, nous sommes vraiment navrés… comment vous dire… cette piqure de moustique est bénigne mais… on va devoir vous exclure quelques temps en quarantaine.
Au fait, pendant que j’y suis, vous avez un cancer en phase terminale. Rien de grave, on reste avec vous jusqu’au bout. »
jeudi 3 février 2011 at 12:25
@ Sébastien
« Le modernisme exclut plus que n’importe quoi d’autre. Exemple: les villes, dans lesquelles la promiscuité entraîne une indifférence de l’autre »
C’est très bien décrit par Céline quand Ferdinand est à New-York.
jeudi 3 février 2011 at 12:46
Derville,
Entièrement d’accord avec votre commentaire n°30.
Complètement en désaccord avec votre commentaire n°31 : allez à New York, on en reparle après.
🙂
jeudi 3 février 2011 at 1:02
Bonne pub ! Qui sait prendre le sociophile citadin par les sentiments (« à notre époque, on n’a plus le droit d’être encore exclu parce qu’on est lépreux, cancéreux, cul-de-jatte, rouge, bleu ou vert. ») mais qui traduit une réalité de l’exclusion que ce dernier est souvent loin d’imaginer. Dans la plupart des pays où cette maladie sévit encore, les lépreux sont non seulement écartés de la vie sociale mais bien souvent bannis définitivement, y compris après guérison, voire après la mort (j’entendais cette semaine qu’à Madagascar, leurs tombes ne devaient pas se trouver dans le cimetière du village). J’ai passé une semaine dans un village de lépreux en Egypte il y a une vingtaine d’années : toute la famille d’un lépreux étant chassée de la cité avec le malade, des petites sœurs les avaient installés dans un village à proximité du dispensaire où elles soignaient et hébergeaient les plus touchés. Elles essayaient de recréer ainsi un semblant de société, autarcique puisque ces familles ne recevaient pas d’autres visites que les leurs… ou celles de quelques scouts français ayant proposé leurs bras.
En bref, d’accord avec vous pour ce qui concerne le donateur recherché auquel s’adresse l’affiche mais moins pour ce qui concerne le lépreux qui supporte cette exclusion avérée au quotidien.
jeudi 3 février 2011 at 9:37
A koltchak91120, commentaire 17,
« Je ne recherche pas la compagnie de mes semblables… »
Quant à moi, je la recherche, mais mes semblables sont peu nombreux, je trouve…
En fait, vous et moi disons la même chose,j’ai l’impression, différemment.
jeudi 3 février 2011 at 11:22
Frère,
Je suis très surpris par ce billet, qui me paraît complètement à côté de la plaque. Être un blogueur méchant, c’est un rôle intéressant et que vous endossez la plupart du temps avec talent, mais il me semble qu’à moins d’être totalement irresponsable vous devez vous demander si la méchanceté est pertinente. Quelle commune mesure peut-il y avoir entre la tour d’ivoire où nous, Occidentaux, nous isolons dans nos accès de misanthropie, et le lazaret où sont flanqués les malades incurables dans la plupart des pays pauvres ? Vous êtes catholique (je le suis), et il me semble qu’à ce titre vous pouvez sentir que l’affiche de la fondation Raoul Follereau fait écho à ce vieux texte :
« Un lépreux vient à lui, le supplie et, tombant à genoux, lui dit : ‘Si tu le veux, tu peux me guérir.’ Emu de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : ‘Je le veux, sois guéri’. Et aussitôt la lèpre le quitta et il fut guéri. »
Ou à celui-ci :
« A son entrée dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Se tenant à distance, ils élevèrent la voix : ‘Jésus, Maître, dirent-ils, aie pitié de nous.’ A cette vue, il leur dit : ‘Allez vous montrer aux prêtres.’ Pendant qu’ils y allaient, ils furent guéris. »
Eh oui, il faut aller à la synagogue faire constater sa guérison avant d’avoir le droit de rejoindre la société des hommes. Qu’a fait Jésus à ces gens pleins de foi ? Il les a touchés ; il leur a parlé ; il a brisé l’exclusion dont ils avaient été frappés. Leur réintégration dans l’humanité par le geste du Christ accompagne et même précède leur guérison. C’est une manifestation concrète de cet amour du prochain auquel nous sommes tous invités.
Quand toute la médiocratie bien-pensante était tombée sur Benoît XVI parce qu’il avait osé critiquer le discours faisant de la distribution de préservatifs un remède insurpassable à la pandémie de sida, François Miclo avait publié sur Causeur un texte puissant où il avait notamment expliqué que le problème n° 1, pour les malades africains, était que dès leur séropositivité connue, et à plus forte raison quand la pathologie entrait dans sa phrase active, ces malheureux ne pouvaient compter ni sur une famille dont ils étaient chassés avec horreur, ni sur les autorités de l’Etat qui au contraire oeuvraient avec zèle à leur mise au ban ; alors il ne leur restait qu’à crever comme des chiens, en la compagnie exclusive d’autres malades en phase terminale. Or l’Eglise catholique prend en charge, en Afrique, près d’un tiers des 20 millions de personnes vivant avec le VIH. Je trouve heureux qu’elle n’ait pas les mêmes délicieuses réticences que nous à l’égard du concept de « lutte contre l’exclusion ».
Donc je ne trouve pas du tout que l’affiche de Raoul Follereau cède à une mode politiquement correcte : elle décrit très exactement ce que font les membres de cette association, et qui est d’un mérite immense. Moi qui soupire parce que je dois lâcher le clavier de cet ordinateur pour corriger les copies de mes lycéens, je me sens petit quand je pense que certains de mes compatriotes, qui ont fait de belles études de médecine aisément monnayables dans un cabinet de ma moelleuse banlieue sud, sont en train de bander des moignons à Madagascar, ou de trouver une maison à des gens dont personne ne veut pour voisins.
Bonne journée, frères et sœurs. Soyez inclus.
jeudi 3 février 2011 at 11:37
Devine,
Je reçois tout à fait vos arguments, vous avez raison. Mais c’est plus fort que moi, je ne supporte plus qu’on fasse vibrer la fibre de l’ exclusion pour nous attendrir le cœur.
Les années 90 m’ont gavé avec la « tolérance », l’an 2000 a réussi à me dégoûter à vie du mot « solidarité », je sens que 2010 va me vacciner définitivement contre l' »exclusion ». Cette exécrable époque a décidé de livrer une guerre impitoyable contre les mots, c’est à dire contre la pensée.
jeudi 3 février 2011 at 11:53
Oui, c’est comme « citoyen », « droit », « jeune » ou « diversité » (et bientôt « s’indigner »). Mais enfin dans l’occurrence qui nous occupe, il me semble que l’emploi du mot est pour une fois légitime. Je crois que nous ne devons pas renoncer à un pan de notre vocabulaire parce que la Bonne Pensée l’a désigné comme colonie de peuplement.
jeudi 3 février 2011 at 12:52
Devine, il ne s’agissait pas de nier qu’en dehors de l’usage idéologique qui en est fait quotidiennement et à longueur de media l’exclusion est une réalité.
Il s’agissait plutôt de dénoncer que de nos jours ce mot-valise est devenu le seul moyen d’attirer un minimum de compassion, laquelle tient hélas plus du réflexe de Pavlov que d’un élan du coeur.
Il me semblait que le fait de risquer de perdre une main en la serrant à un inconnu était un fardeau plus grand que de ne pas pouvoir en serrer.
Maintenant, concernant la mise au ban que vous décrivez, de même que Barbara, mise au ban dans laquelle même la famille est sommée de s’exiler, bon, là, c’est sûr qu’on ne peut qu’être d’accord.
On ne doit pas se réfugier derrière le dégoût de la moraline pour trier ce qui nous arrange dans le monde réel, je suis d’accord aussi.
jeudi 3 février 2011 at 12:59
Menpenti,
Merci.
jeudi 3 février 2011 at 1:58
De rien, Fromage.
Personne ici ne saurait mettre en doute votre attachement aux valeurs chrétiennes, ni le talent avec lequel vous pourfendez la bien-pensance. Je pense que les deux sont tout à fait compatibles…
jeudi 3 février 2011 at 2:47
La suite dans « tout le monde il est beau tout le monde il est gentil »
jeudi 3 février 2011 at 6:13
C’est le titre d’un film de Jean Yanne qui a mal vieilli, ça, monsieur Zazar…
Mais bon, si on peut pas dire tout le bien qu’on pense, quand l’occasion se présente, sans passer pour un flagorneur, ben tant pis, j’assume la flagornerie, alors. 😉
jeudi 3 février 2011 at 6:32
Cette histoire m’y faisait un peu penser: l’association Raoul Follereau et Radio Plus adoptent chacun un langage qui n’est pas le leur pour coller vaille que vaille à la tendance du moment. Après, je ne suis pas non plus fan de ce film où la subtilité de Jean Yanne pèse trente tonnes: « mais enfin, vous avez pas compris que ce qui m’intéresse c’est la vérité? »
jeudi 3 février 2011 at 6:36
ah ok je viens de comprendre
Non non, je ne parlais pas de toi mon panty chéri 😀
vendredi 4 février 2011 at 11:51
L’exclusion des lépreux s’expliquait d’abord par les risques de contagion. On sait aujourd’hui qu’ils sont faibles chez les européens peu receptifs au bacille mais bon, on n’a pas toujours su traiter cette maladie.
Il faut parfois écouter son instinct, quand c’est repoussant faut éviter d’embrasser par exemple, il y a des signes qu’il ne faut pas négliger, même par empathie ou par charité chrétienne. Sauf à vouloir se foutre en l’air pour ne pas vexer l’Autre.
vendredi 4 février 2011 at 9:07
Une des flaques de merde (je ne sais plus laquelle) a dit, pour surenchérir :
« Mesurer 1m90 à 15 ans peut aussi exclure alors que faire? »
C’est là qu’on mesure l’extrême bonne foi, le sens de la comparasion juste de toutes ces ordures (y’en a une, Artémise, qui a de vagues souvenirs d’un bouquin qu’on lui a fait lire à la messe, — il fallait être gentil avec les lépreux : on peut éventuellement la sauver).
reprenons : puisqu’on peut être moqué à l’âge de 15 ans parce-qu’on mesure 1,90m, pourquoi se bougerait-on pour soigner la lèpre ? Hein, pourquoi ? Qu’ils crèvent. D’ailleurs ils aiment être exclus, c’est bite à fromage plus qui vous le dit.
Il y a des jours où les coups de barre à mine dans la gueule se perdent.
vendredi 4 février 2011 at 9:21
Est-ce que tu en as à carrer quelque chose de la fondation Raoul Follereau? Non, hé ben alors va mouler ton cake
vendredi 4 février 2011 at 11:03
assez bien vu.
je me permet un petit echo vers une video parue recement sur la télévision et ces méfaits :
http://dai.ly/e2FJ6G
16mn 34 scd min : la tv sollicite le cerveaux droit, les émotions, et l’individualisme est dans le siège de la parole et du rationnel : cote gauche. On favorise le cote droit et les notion de groupe au détriment de l’individualité.
samedi 5 février 2011 at 3:32
Non, Fromage,
la je crois que t’es pas bien net. Comment peux-tu, decemment, sur un blog qui se dit catho, faire preuve d’aussi peu de charite chretienne. Je comprends que t’es parfois envi de lancer un coup de gueule, ca nous arrive a tous, mais pas comme ca, pas sur le vrai malheur d’autrui!
T’es-tu seulement pose la question de savoir si tous les lepreux ont une vocation d’ermite? Le centre Follereau, est peut-etre un des rares centres qui fassent du bon boulot, le mot « exclu »prend chez eux tout son sens. Peut-etre bien que c’est le plus grand mal dont souffre les lepreux…car au bout du compte ils ne souffrent pas de souffrance physique, puisque ils deviennent insensibles, mais par contre gardent une certaine vigueur qui pourrait leur permettre de vivre presque normalement. D’ailleurs, la preuve qu’ils cherchent la socialisation se trouve dans cette creation unique au monde de cette societe lepreuse de l’archipel des Molokai.
Pour le coup, j’ai lu ton texte avec beaucoup de degout.
Et ta petite phrase d’ado en pleine crise : » j’exige qu’on ne marche pas sur mes plates-bandes à moi, et qu’on me foute la paix si je n’ai pas envie de voir vos sales gueules »… Je ne crois pas qu’elle aurait pu sortir de la bouche du Christ.
T’as une responsabilite en tant qu’animateur de ce blog. Si t’es a court d’idee, lance un appel, a mon avis tu risque de crouler sous les reponses.
samedi 5 février 2011 at 8:56
cf com 38. Suffit pas de lire faut aussi comprendre ce qu’on lit, ça pique au début mais on y arrive (ou pas).
samedi 5 février 2011 at 2:57
Et l’enragé qui veut distribuer des coups de barre à mine dans la coucourde de ses contradicteurs, on pourrait pas lui faire un petit laïus sur la charité chrétienne, à lui aussi?
Il agit sans doute, ayant trop lu Racine, sous l’emprise du noble courroux…
samedi 5 février 2011 at 7:16
Sonia,
Je vous renvoie vers les commentaires 37 et 38.
samedi 5 février 2011 at 10:23
je comprends tres bien ce que veut dire Menpenti, mais peut-etre reagissons-nous avec notre environnement. La ou je vis, on n’a pas cette agression du vocabulaire-valise.
Il n’empeche que le visuel associe a ton commentaire met mal a l’aise quelqu’en soit les raisons profondes. Et je pense que c’est cette premiere approche qui est importante.
dimanche 6 février 2011 at 3:48
En revanche, ce qui serait tout indiqué, ce serait d’exclure les salopards musulmans et socialistes de ce blog.
L’exclusion a du bon, parfois.
C’est juste qu’il faut l’appliquer à propos.
Notre ouverture à l’Autre nous perdra, nous autres fachos.
dimanche 6 février 2011 at 4:59
Sonia,
Le « visuel associé à mon commentaire », c’est l’affiche officielle de la campagne.
Lien : http://www.raoul-follereau.org/raoul_emailing/jml2011/e-lettre_jml2011.html
dimanche 6 février 2011 at 10:12
je sais bien, je me doute que tu n’as pas trafique l’affiche, mais peut-etre aurais-tu pu trouver une autre forme d’exclusion. C’est surtout dans la forme que je trouve l’idee mauvaise.
Maintenant, les choses etant dites, chacun est libre ensuite de voir midi a sa porte. D’autres seront moins choques que moi et ton post aura une certaine resonnance.
lundi 7 février 2011 at 12:13
Sonia,
Je viens d’écrire un long commentaire de réponse à votre attention, et un faux mouvement de clavier m’a tout fait disparaître. Je vais tâcher de restituer de façon synthétique mon propos malgré mon très très très très très très grand dépit – je suis poli – face à la bêtise de l’informatique.
+++
Je comprends tout à fait que cet article puisse être jugé comme étant contraire à l’esprit de charité. Or vous êtes une lectrice que je devine attentive et intelligente, et j’ose croire que vous comprendrez que ce que j’attaque ici n’est en aucun cas l’association Raoul Follereau, qui mène un fantastique travail.
Pour reprendre les propos synthétiques qu’avait formulé Menpenti quelques lignes plus haut, le véritable objet de ma critique est l’usage qu’on [« on » en général, et l’Église en particulier] fait des mots que la mode usurpe et galvaude à longueur de journée pour susciter l’attention du quidam politiquement correct, mots qui finissent par devenir de véritables anti-mots.
En l’occurence, il s’agit de l’ « Exclusion », mais c’est tout aussi vrai pour la plupart des campagnes de communication de l’Église, qui nous vendent depuis la fin des années 80 des tombereaux d’affiches débiles où il est question de Solidarité Sympa, de Journées Youpi qui tutoient les grandes personnes, et autres Temps Forts de Partage. Je ne m’étends pas sur les campagnes d’évangélisation des plages, où des jeunes gens – sincères et pleins de bonne volonté – vont aller raconter leur rencontre avec Jésus à des vacanciers à poil – polis, mais intérieurement hilares – vautrés sur les plages bretonnes au mois d’août.
Les Temps Forts de Partage, merci, mais j’ai fait mon overdose totale de caramel mou à la crème. Il m’a fallu de très longues années, des bouquins solides, et la découverte fortuite de messes dignes de ce nom pour me faire revenir au bercail. Et encore, moi je suis revenu au bercail. Pour mes dizaines de copains d’école qui ont subi ce même dégoût malgré eux, je crois que le retour à l’église est définitivement foutu.
L’Église et ses institutions satellites s’entêtent dans une politique de communication insupportable de niaiserie, et participe d’elle-même à son discrédit en s’affichant comme une organisation gentille mais franchement neuneu.
Personnellement, je compte sur « l’esprit Benoît XVI » pour remettre de la provocation sur le terrain des idées. Par provocation, j’entends que les chrétiens doivent être des VRAIS trublions, des gâcheurs de fête, des empêcheurs de tourner en rond, des esprits solides et contestataires contre l’air du temps. Le siècle n’est plus à la rigolade : il est à la subversion et à la résistance, puisque nous sommes redevenus des chrétiens des catacombes. L’Âge du Dialogue, malgré toutes ses qualités, est entrain d’atteindre ses limites. Le temps est venu de taper du poing sur la table. Euthanasie, mères porteuses, démolition de la cellule familiale, droit au droit, manipulation embryonnaire, dynamitage mondial de la culture chrétienne, etc., les enjeux sont capitaux si nous voulons sauver l’œuvre de civilisation que nous portons.
lundi 7 février 2011 at 4:47
Ce n’est pas votre meilleur article Fromage. Vous êtes peut être trop fixé sur une grille de lecture, trop.. exclusive ;), et qui finit par vous faire ratiociner un peu. Je ne vous prends pas souvent en défaut, alors, je peux me permettre de vous rappeler à l’ordre ici. Je comprends bien ce que vous voulez dire, mais ce n’était pas la meilleure occasion de le dire… Pour le coup, ces lépreux, voilà bien de vraies victimes de l’exclusion… Au même titre d’ailleurs que les enfants avortés, victimes de l’eugénisme… exclus de quoi ? de quel groupe ? D’une société qui réhabilite une certaine forme de nazisme, et n’aime que les gens beaux et bien portants selon ses critères… Il y a un livre passionnant à lire, que je lis en ce moment même : Etes vous libre?, écrit par un Jésuite mort en 79, Ganne. (Il y évoque longuement un autre livre, Le Bonheur des pierres…) Le groupe totalitaire rend le « je » innocent, c’est le groupe qui porte la responsabilité, le « nous », jamais le « je ». Il ne s’agit que de faire le necessaire, comme un fonctionnaire, pour la cause du groupe. Et nous avons une peur bleue, inavouée d’être exclu du groupe. Nous entrons dans une spirale infernale qui nous pousse à toujours agir selon la doctrine du groupe, qui s’est choisi une population coupable (les bourgeois, les enfants trisomiques…) et qui nous lave de toute culpabilité… Plus nous avons du sang sur les mains plus notre appartenance au groupe se renforce car la prise de conscience serait insupportable,aussi nous redoublons d’attachement pour le groupe et de zèle pour ses mots d’ordre, ce groupe qui nous lave de toute culpabilité, qui la prend sur lui… Je vulgarise mal,mais ce livre est très clair et passionnant. Et nous devenons en réalité des esclaves du groupe, qui peut être une entreprise, un parti, un système de santé, même parfois l’Eglise quand des communautés se perdent un peu.
lundi 7 février 2011 at 7:53
Merci Tess pour cet éclairage fort intéressant.
lundi 7 février 2011 at 8:13
[…] Personnellement, je compte sur « l’esprit Benoît XVI » pour remettre de la provocation sur le… Par provocation, j’entends que les chrétiens doivent être des VRAIS trublions, des gâcheurs de […]
lundi 7 février 2011 at 8:56
C’est un vrai problème : on nous a tellement bassiné avec de faux malheurs, de pseudo victimes, que parfois on deviendrait méchants. Le vocabulaire bien pensant rabâché jusqu’à la nausée nous sert de repoussoir. A nous de ne pas confondre les vraies souffrances avec leur présentation marketing.
lundi 7 février 2011 at 9:09
Pour être plus exact : ..et même au sein de l’Eglise, des groupes, des communautés connaissant des dérives.
lundi 7 février 2011 at 11:36
Fromage,
merci pour votre longue reponse, mais je pense que le com de Tess revele davantage mon etat d’esprit.
Par ailleurs, je pense que ce qui importe c’est le Vrai. Ne nous laissons pas mener par les mots vidés de leur sens, et si la charite commande de prendre a la lettre, ceux que d’autres brandissent comme des etendards du politiquement correct, prenons les a la lettre. Vous etes comme un chat ecorche, surreagissant a ce qui vous a fait tant souffrir, a ce qui perd tant d’ames, c’est une realite, mais ne dites pas que » votre charite vous dispense de leur solidarite, que vous socialiserez quand vous voudrez ». Ces phrases sont contraires a l’esprit de charite: on doit agir quand il le faut (non quand on le veut) et l’obligation nous est dictee par un esprit critique eclaire par la Foi et notre amour du prochain.
Que l’Eglise reprenne a son compte un vocabulaire marketing, il le faut bien puisqu’elle a vide ses eglises, puisqu’elle ne preche plus la charite mais la mievrerie. Autrefois, il n’etait pas besoin d’affiche, les paroisses avaient chacune leur lot de bonnes ames pour s’occuper des pauvres, des malades, en parti parce qu’ils etaient exclus, mais ce mot n’avaient pas besoin d’etre brandi, il etait implicite.
Maintenant pour ce qui est de « l’esprit Benoit XVI », mefiez-vous de cet esprit, savez-vous que le pape va nous refaire la reunion oeucumenique d’Assise? Avec tout le respect que je dois au st Pere, avec toute la reconnaissance qu’on lui doit aussi pour certaines mesures bienfaisantes, je pense que c’est de la poudre aux yeux, je dirais meme que c’est de la politique. Il etale des mesurettes qui donnent une forme un peu tradi, mais qu’en est-il du fond? rien n’a change concernant la liberte religieuse et l’oeucumenisme, donc l’esprit Benoit XVI, reste toujours celui de ses predecesseurs.
« les chrétiens doivent être des VRAIS trublions, des gâcheurs de fête, des empêcheurs de tourner en rond, des esprits solides et contestataires contre l’air du temps. Le siècle n’est plus à la rigolade : il est à la subversion et à la résistance, puisque nous sommes redevenus des chrétiens des catacombes. L’Âge du Dialogue, malgré toutes ses qualités, est entrain d’atteindre ses limites. Le temps est venu de taper du poing sur la table »
Les chretiens sont moribonds, ils n’ont meme plus le courage de taper du poing sur la table : regarder nos eveques! ou sont nos chefs qui nous meneront?
Le temps n’est pas a la revolution, mais a l’action silencieuse, ce que je proposais dans d’autres fils m’ont valu les foudres de tous, meme des bien-pensants, je ne vais pas de nouveau l’etaler, il faut d’abord lutter contre une conscience collective amorphe et egoiste.
Quand certains disent « j’essaie de », je reponds « je dois », s’ils disent » j’essaie de ne pas », je reponds » je refuse », nous devons nous aussi changer notre vocabulaire qui forcement agira sur notre esprit.
Vous proposez d’agir: dans les faits, pratiquement, que proposez-vous?comment etre un troubleur de fete, un trublion?
Il est temps aussi pour nous de passer de la dialectique aux travaux pratiques!
mardi 8 février 2011 at 12:30
J’arrive un peu après la bataille. Mais j’ai tout bien lu.
Bien d’accord avec ce qui a été dit ici par tant d’autres : cher F+, la « réaction » pure peut être dangereuse : cet article semi-foireux en est une excellente illustration, et il vous a fallu attendre plusieurs commentaires critiques pour que vous rectifiiez le tir avec justesse et humilité.
Je reviens sur la « réaction » : je n’aime guère ce mot et cette attitude, et le web réac (la « réacosphère ») me sort littéralement par les trous de nez.
Un corps qui ne réagit plus est un corps mort, bien évidemment. La réaction en elle-même est neutre : c’est juste une preuve que le sujet est encore vivant.
Mais la réaction, c’est juste une réponse à un stimulus, un réflexe, le truc primal, non réfléchi, instinctif, émotionnel, reptilien ; on ne peut s’arrêter là.
Réagir, c’est être déjà dépassé, c’est agir sur les conséquences, non sur les causes.
Le schéma est trop facile, et il marche tellement bien : je te provoque, tu réagis.
Plus la provoc est grosse, plus la réaction est grosse. Plus le provocateur est « gauchiste », plus la réaction est « de droite ». Plus le gauchiste est débile, plus le droiteux est con. Et vice-versa, bien sûr : le cercle vicieux.
Et le plus drôle (ou le plus triste), c’est que chaque camp, de plus en plus con, croit que c’est le mec en face qui est con, et qui arrête pas que de le provoquer rien que pour faire exceprès de l’emmerder et c’est lui qu’a commencé d’abord.
Quoi de plus ressemblant qu’un con et qu’un débile ? Ils finissent par n’être plus que le reflet l’un de l’autre, comme dans un miroir : l’un dit « oui », l’autre dit « non » par réaction, mais c’est la même structure mentale dans les deux cas.
(Je pense tout particulièrement à mon ami Robert, à qui je dédicace tout particulièrement ces deux derniers paragraphes.)
Comme disait Desproges, « l’ennemi est con : il croit que c’est nous l’ennemi, alors que c’est lui ».
Bref, arrêter de se définir en réaction à un autre fantasmé ; être soi, point barre, et rechercher la vérité avec ceux qui la cherchent, peut-être par d’autres moyens, d’autres voies, quitte à ne pas être d’accord, mais à chercher ensemble. Bref, le dialogue, autre mot-valise aussi malheureusement rejeté par F+, encore en réaction à ceusses qui l’utilisent comme des manches (alors que ce blog est un exemple particulièrement réussi de lieu de vrai dialogue…)
La notion-même de dialogue exclut tout relativisme ; le relativiste ne dialogue pas, il monologue à deux.
@ Sonia/ Johny W. : vous lire me réserve bien des surprises, et vos commentaires ne me laissent jamais indifférent : soit je suis à 100% d’accord, soit je suis à 100% pas d’accord. Jamais de milieu. Et la transition entre les deux peut se faire en l’espace d’une virgule…
Sur le point des travaux pratiques, en quasi-total accord avec vous ! C’est l’heure des choix radicaux, concrets, jusque dans le témoignage quotidien de nos modes de vie.
mardi 8 février 2011 at 1:28
Effectivement l’exemple n’est peut-être pas le meilleur possible… Mais tout de même.
Si j’avais la lèpre, ce n’est pas mon exclusion (causée par la maladie) que je voudrais qu’on traite, mais ma maladie.
Ce monde marche sur la tête et voudrait qu’on en fasse tous autant. Eh bien non merci! Je donnerais pour le salut des âmes, pour la guérison des corps… mais pas pour lutter contre « l’exclusion » qui n’est ici (et c’est souvent le cas) qu’un symptôme périphérique.
mardi 8 février 2011 at 1:58
Tous,
Voilà ce que j’appelle une vraie conversation, et je vous remercie pour vos interventions. Je crois que dans le fond, nous sommes d’accord : d’une part nous faisons tous le triste constat d’une Église qui fait de la com’, d’autre part nous faisons tous le constat que je suis un très mauvais chrétien.
mardi 8 février 2011 at 9:37
Le problème n’est pas tant l’Eglise que l’Eglise de France et d’Europe, encore que sa situation soit très différente selon les pays. Le catholicisme se porte mal dans les pays occidentaux les plus progressistes où l’athéisme gagne du terrain. Au lieu de rester ferme sur ses positions l’Eglise a fait le choix de s’aligner sur le discours adverse. Or à choisir entre l’original et la copie, quasi-systématiquement les gens vont vers l’original, en l’occurrence le progressisme messianique. Gamin, j’ai été déçu par l’Eglise. J’attendais la pompe, les ors, l’encens, les chants et j’ai eu un curé à guitare qui nous passait des diapos et nous faisait l’article sur Jésus super sympa. Je me suis barré.
mardi 8 février 2011 at 10:09
Koltchak,
Vous avez trop regardé: » La vie n’est pas un long fleuve tranquille » 🙂
mardi 8 février 2011 at 11:24
grandpas,
Certains l’ont trop regardé, d’autres l’ont trop vécu.
mardi 8 février 2011 at 11:42
La vie est un long fleuve tranquille, toute la rhétorique chrétien de gauche, et ça continue : implication du Secours Catholique à Sangatt et autres sans-papiers sur le modèle des protestants de la CIMADE. Ils n’en loupent pas une pour nous faire fuir et ne récoltent que ce qu’ils ont semé : désertion des églises. Car ils se sont reniés.
mardi 8 février 2011 at 11:55
@ Fromageplus,
le cliché était trop tentant,
Un grand guitariste est mort ce Dimanche à 58 ans.
mardi 8 février 2011 at 2:31
Tenez… moi il y a une autre affiche qui m’agace franchement, c’est celle-ci :
mardi 8 février 2011 at 2:34
Ah… ça n’a pas marché. Je recommence…
…il y a une autre affiche qui m’agace franchement, c’est celle-ci : http://img843.imageshack.us/img843/2567/zajecroisentoi.jpg
Par votre serviteur.
mardi 8 février 2011 at 2:37
Et là, contrairement à celle de Raoul Follereau je trouve qu’il y a un vrai problème… A savoir que cette affiche ajoute à la confusion dans laquelle se trouve les gens et va bien trop dans le sens d’un engagement catholique un peu trop humain à mon goût. Le diable aussi croit en moi, il voudrait que je me réalise tout seul, comme un grand, sans Dieu, sans la grâce.
mardi 8 février 2011 at 9:36
Tess,
cette affiche, pour le coup est une vraie pourriture.
mardi 8 février 2011 at 11:15
Bien d’accord avec Tess’.
En revanche, Franz (n°65) n’a encore rien compris ; on en est au 76e commentaire, quand même (peut-être a-t-il eu la flemme de tout lire, ce que je comprendrais…)
Je répète donc que les personnes touchées par cette maladie souffrent plus de leur exclusion de la société que de leur maladie à proprement parler : dans ces sociétés traditionnelles, l’exclusion c’est la mort à court terme.
C’est un caprice de petit occidental individualiste bien gavé que de dire « je m’exclus si je veux ». Essaie donc de vivre seul, vraiment seul, et de ne subvenir à tes besoins que par toi-même, sans AUCUNE aide de PERSONNE.
(Oublie ta bagnole, ton pc, tes courses au superU, bref tout ce qui fait ta vie quotidienne de petit occidental soi-disant « autonome ».)
mercredi 9 février 2011 at 10:36
PMalo, pour ma part, ce n’est pas le sens d’exclusion ‘communautaire’ qui m’horripile dans l’usage abusif du mot ‘exclusion’.
En effet, aucun homme n’est une île, personne ne peut nier ça.
Non, je pense plutôt à la fête permanente. Le pire châtiment qu’Homo Festivus puisse imaginer, c’est d’être exclus de la fête. Je pense que c’est à ça que pensait Fromage quand il dit « je m’exclus si je veux ».
(D’autre part, il y a une certain nombre de personnes qu’on nous vend comme exclues, mais qui se sont exclues de leur propre fait, tout en se communautarisant entre elles… Bref. )
Maintenant, pour ce qui est de la véritable exclusion, la mise au ban, on ne peut que tomber d’accord. Ok, la lèpre exclut, dans le vrai sens du terme.
mercredi 9 février 2011 at 11:07
Bon, je crois que j’ai compris pourquoi je bloque sur cette affiche, même après avoir admis que oui, la lèpre exclut réellement.
C’est tout simplement qu’on me demande des sous.
Pour moi, on donne des sous pour du matériel, du concret, des médocs, des hôpiteaux, des médecins.
Pourtant je reconnais que donner des sous à cette fondation, c’est leur donner des moyens pour qu’ils luttent contre cette exclusion, mais c’est plus fort que moi, aller à la rencontre des gens, lépreux ou pas, j’ai du mal à imaginer que ça nécessite des moyens financiers.
D’où l’aspect purement com’ qui me saute aux yeux, dans cette affiche, à tort ou à raison.
Je ne prétends pas argumenter sur ce coup-là, je dis ce que je ressens.
jeudi 10 février 2011 at 12:17
Nous sommes bien d’accord.
« D’où l’aspect purement com’ qui me saute aux yeux, dans cette affiche, à tort ou à raison. »
A raison : une affiche, c’est QUE de la com’.
Et ça me dégoûte aussi de voir de si belles causes que celles soutenues par exemple par les Follereau se dénaturer dans ces conneries de com’. Mais c’est ça ou crever… et donc laisser crever.
Monde de merde.
dimanche 13 février 2011 at 1:23
ce qui est rassurant avec les petits réac/fachos, c’est qu’il ne percoive le monde -qui de fait leur echappe totalement- que par la rubrique des faits divers et chiens ecrasés
« Si les signes vous fachent, ô quand vous fascheront les choses signifiées » nous rappelait notre bon Rabelais…
dimanche 13 février 2011 at 1:27
» La vie n’est pas un long fleuve tranquille »
et elle n’ame pas les corniaux…
dimanche 13 février 2011 at 3:54
Le Corniaud joué par Bourvil, excellent film en effet.
@ Sonia
« cette affiche, pour le coup est une vraie pourriture. »
Ahah, je vois qu’on fait de l’humour noir avec les lépreux !
dimanche 13 février 2011 at 12:59
@Kolchak »J’attendais la pompe, les ors, l’encens, les chants et j’ai eu un curé à guitare qui nous passait des diapos et nous faisait l’article sur Jésus super sympa. »
je suis pas sur que le « vrai Jesus », qui m’avait l’air d’un assez brave type, eut été plus dans le camp de la réaction et du catholicisme integriste que dans celui de l’altermondialisme aujourd’hui
dimanche 13 février 2011 at 1:50
je suis pas sur que le « vrai « Jesus », qui m’avait l’air d’un assez brave type, eut été plus dans le camp de la réaction et du catholicisme integriste que dans celui de l’altermondialisme aujourd’hui. »
Phrase d’une immense stupidité.
dimanche 13 février 2011 at 3:29
…à moins que je ne sois passé très loin de ce que semblait exprimer le petit jesus…
mais je dois reconnaitre que je ne suis pas un grand spécialiste de son message, n’ayant pas l’habitude de me référer aux recits « révélés » protohistoriques pour analyser le monde en devenir dans lequel nous vivvons…
dimanche 13 février 2011 at 3:53
Jésus altermondialiste, après tout on a déjà eu Jésus Superstar, Jésus 1er hippie de l’histoire, Jésus révolutionnaire, Jésus libéral.
A part mettre en lumière l’insondable stupidité de ceux qui agitent ces idées, je peine à trouver quoi que ce soit de pertinent dans ces affirmations.
« Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. »
Matthieu 5-17
dimanche 13 février 2011 at 3:53
Merdalors, Roussette, si vous n’avez rien à dire, tentez au moins de le dire correctement : ce que vous écrivez est con, et moche.
Serait-il possible de corriger ne serait-ce qu’un seul de ces désagréments ?
dimanche 13 février 2011 at 3:55
Quant au « protohistorique » pour qualifier un peuple qui maîtrisait l’écriture depuis des lustres… je me marre. Ouvrez donc un dico avant d’utiliser un terme.
lundi 14 février 2011 at 12:47
On ne dit pas altermondialiste, on dit enculé altermondain.
lundi 14 février 2011 at 12:55
Il faut bien reconnaître que la Jésus 8.6 casse un peu.
mercredi 2 mars 2011 at 5:40
Moi je pense qu’un enfant serbe du Kosovo, par exemple, est certainement plus malheureux qu’un lépreux des iles Molokai.
Seulement celà, il ne faut pas le dire.
dimanche 15 mai 2011 at 12:44
Les cathos lecteurs de ce blog seront peut-être ravis d’apprendre que Follereau fut un fervent partisan de mussolini et de pétain et que les Récipon actuellement aux commandes de la Fondation Raoul Follereau expriment officiellement leurs sympathies pétainistes.
Voir le site de
http://egoblog.net/2011/01/22/raoul-follereau-la-verite-cachee/