janvier 2011


François Béranger, chanteur libertaire, raconte sa jeunesse dans « Tranche de vie ».

« Pour parfaire mon éducation
Y’a la communale en béton
Là on fait de la pédagogie
Devant soixante mômes en furie
En plus de l’alphabet du calcul
J’ai pris beaucoup coup pieds au cul
Et sans qu’on me l’ait demandé
J’ai appris l’arabe et le portugais »

En 1970, on pouvait à la fois être gauchiste ET chanter ce couplet sur la communale sans se faire regarder de travers.

L’édition de LyonPlus du 26 janvier 2011 proposait un article absolument indigne sur l’attentat de l’aéroport de Moscou. Voici ce qu’ils ont osé penser, écrire, et publier :

« La sécurité en question
Confronté à cette nouvelle attaque terroriste, le président russe Dmitri Medvedev s’est voulu particulièrement offensif. «Nous devons tout faire pour que les bandits qui ont commis ce crime soient identifiés (…) et que leurs repaires soient liquidés», a-t-il déclaré. Le Premier ministre, Vladimir Poutine, a estimé pour sa part que «le châtiment (des coupables) est inévitable».

Mais «ce ne sont que des mots, estime Anne Nivat, spécialiste du Caucase et auteur de Chienne de guerre (Fayard). Poutine comme Medvedev exploitent l’obsession sécuritaire pour gagner des votes. Ils se sont fait élire grâce à leur rhétorique sur la Tchétchénie». 

En usant d’un ton guerrier, les dirigeants russes espèrent contrer les critiques concernant les failles des systèmes de sécurité. Car l’attaque a mis en lumière de sérieuses carences en la matière. «Les témoignages venant de la scène du crime nous montrent que c’était l’anarchie. Les gens étaient autorisés à entrer n’importe où», a déploré Dmitri Medvedev, renvoyant la balle dans le camp des responsables de l’aéroport, qui «devront répondre de tout». Une enquête pour violation des règles de sécurité à l’aéroport a été ouverte. »

Concrètement, la Russie est confrontée à des types [pas un ou deux, hein, pas des psychopathes isolés et agissant seuls ; on à affaire à des méthodes récurrentes qui commencent à se compter en centaines ou en milliers, là] qui se font exploser la bidoche dans des lieux publics, dans le but de tuer le plus d’innocents possibles, de la façon la plus lâche possible, et en tâchant d’infliger des dégâts les plus cruels possibles [explosion cumulée à une projection de clous ou de boulons, c’est beaucoup plus amusant]. En bon français, on appelle ces gens-là des bouchers, des ordures, des fumiers, des barbares, des sauvages sanguinaires, ou plus vulgairement des enculés de première catégorie.  Il importe peu que la situation en Tchétchénie ou à Diable-Vauvert soit ce qu’elle est : RIEN, absolument RIEN ne justifie le fait de se de transformer en bombe ambulante pour aller sciemment tuer des dizaines de femmes, d’enfants et de vieillards totalement innocents à coups de dynamite dans un hall d’attente.

Et ces messieurs de LyonPlus, la bouche en cœur, trouvent le moyen d’écrire un article où les salauds sont – tenez-vous bien – le président russe et ses collègues, qui osent se montrer « particulièrement offensifs« , qui osent « exploiter l’obsession sécuritaire pour gagner des votes« , qui emploient « une rhétorique« , et qui « usent d’un ton guerrier« .

Non mais on se fout de la gueule de qui, là ? C’est Medvedev et Poutine qui poussent de pauvres petits agneaux à se transformer en kebab-surprise, peut-être ? La Russie est aux prises avec des cinglés capables de tout pour aller niquer des vierges au paradis d’Allah, et le fautif c’est Medvedev ? Mutatis mutandis, c’est exactement comme si un type se faisait massacrer dans la rue pour son téléphone portable, et qu’on allait porter l’accusation sur lui, pour incitation au vol et exhibition déraisonnable d’objet de valeur ; ou encore comme si une pauvre fille se faisait violer dans un coin sombre, et qu’on allait l’accuser d’incitation au viol pour port de jupe un peu trop courte. C’est vraiment un raisonnement de dégueulasse. J’ai envie de vomir. Bientôt ils vont nous expliquer que les petits écoliers de Beslan avaient bien mérité ce qui leur est arrivé en 2004 >>>.

D’autre part, l’Occident est une société libre et ouverte, où, dans un monde normal, la sécurité ne devrait en aucun cas être assujettie à la psychose terroriste venue d’obscures contrées où l’on se fait une gloire de massacrer la veuve et l’orphelin en pleine rue pour la cause d’un Dieu soi-disant bon et aimant. Le maillon faible de ce tragique enchaînement, ce n’est pas la sécurité des aéroports ou l’efficacité de la vidéosurveillance : c’est l’existence de foyers de pensée où fermentent et mûrissent les adorateurs de la mort.

Lire l’article complet >>>

Je copie-colle ici ce remarquable texte du cardinal Barbarin, publié ce jour. Prenez le temps de le lire in extenso.

« La loi sur la fin de vie ne reconnait aucun droit à donner la mort et propose de bons repères insistant sur les soins palliatifs et le refus des traitements disproportionnés. Pourtant, la commission sociale du Sénat vient de donner le feu vert à la discussion ouvrant la voie à l’euthanasie en cas de « souffrance physique ou psychique ne pouvant être apaisée ou jugée insupportable ». Invoquant des cas extrêmes, des parlementaires omettent de mettre en valeur le beau travail accompli dans les unités de soins palliatifs. On essaie d’introduire une idée uniformisée de mort douce, alors que l’euthanasie est loin d’être douce, pour les soignants comme pour le malade et sa famille. Je salue cette « exception française », par laquelle nos législateurs ont manifesté la permanente vocation de la douce France à prendre en charge les plus fragiles, jusqu’au terme de leur vie terrestre.

La légalisation de l’euthanasie briserait la confiance entre soignants et soignés. Mme Schnapper écrivait que « la société moderne repose sur la confiance objective entre les individus grâce aux relations politiques et économiques, le droit, l’argent, les institutions. Mais les relations directes entre les personnes ne sauraient être oubliées, qui demeurent au cœur de la vie humaine. » La médecine est un lieu où il serait terrible d’attenter à l’amitié entre les hommes, celle où le faible se dit : « Celui-ci veut mon bien, même en me défendant contre ma crainte d’affronter la situation présente ». Si l’euthanasie est légalisée, le patient aura peur même des interventions thérapeutiques légitimes.

La légalisation de l’euthanasie pousse à l’exclusion des personnes les plus vulnérables. Si un homme est seul, sans personne qui le protège, si le recours à la mort légale lui est offert, le voici en danger, à la merci des fluctuations de sa sensibilité. La demande de mourir est souvent un appel au secours : « Tout le monde me laisse tomber. Est-ce que j’ai encore du prix aux yeux de quelqu’un ? » La dignité d’un homme, c’est son droit à être aimé, toujours.

La légalisation de l’euthanasie est contradictoire avec le développement des soins palliatifs, qui permettent de répondre à la plupart des douleurs des grands malades. Pourquoi 80%, paraît-il, du budget des soins palliatifs ne leur est pas encore alloué ? Est-il vrai que le fait de renoncer aux opérations chirurgicales réalisées in extremis sans espoir de guérison, dégagerait une part de cet argent ? J’ai encore à l’esprit la fin de Jean-Paul II : en février 2005, on l’opère d’une trachéotomie pour qu’il puisse continuer de respirer. Mais quand, fin mars, on envisage une gastrectomie, il refuse. On continue de le nourrir et de l’hydrater, mais il n’est pas question de tenter une nouvelle opération, aussi douloureuse qu’inutile. Et le 2 avril au soir, il s’en va. « Avec la mort, la vie n’est pas détruite, elle est transformée ».

M. Badinter notait qu’un droit à la mort assistée revient à aider ceux qui prendraient la décision de se suicider. « J’aurais la crainte, disait-il, d’une forme d’incitation, je n’ose pas dire de provocation au suicide. L’être humain est fragile. L’angoisse de mort est présente. Chez certains, face à une épreuve, il y a une tentation de mort inhérente à la condition humaine ». Avec lui, je veux dire que la mort est une peine toujours injustifiable, pour un coupable, à plus forte raison pour un innocent.
Y voir la « dernière liberté » constitue un piège. Comme si cet acte était pleinement libre, alors que plus de la moitié des rescapés du suicide ne récidivent pas. Comme si le suicide ne touchait que celui qui y recourt. Sa violence traverse le corps social et sa mémoire reste vive dans le cœur des proches. Dans sa réclusion, Etty Hillesum recopie ces lignes de W. Rathenau à une femme tentée par le suicide : « J’ai moi-même envisagé cette éventualité, que je dois aujourd’hui rejeter. Je considère qu’une telle fin est une injustice, une offense à l’esprit. C’est un manque de confiance vis-à-vis du bien éternel, une infidélité à l’égard de notre devoir le plus intime : celui d’obéir à une loi universelle. Celui qui se tue est un meurtrier, non seulement de lui-même, mais aussi d’autrui. Une telle mort, j’en suis profondément convaincu, n’est pas une libération, comme peut l’être une mort naturelle et innocente. Toute violence commise en ce monde prolifère, comme chacun de nos actes. Nous sommes ici pour porter une partie de la souffrance du monde, en lui offrant notre cœur, non pour l’aggraver par un acte de violence. »

On objectera que la proposition de loi ne vise que des cas où la mort naturelle surviendrait en toute hypothèse, et dans de brefs délais. Si c’est le cas, tendons la main, comme les soignants des services de soins palliatifs qui font honneur à la médecine. En vérité dans les pays où elle est établie, l’euthanasie (qu’on voudrait permettre même aux mineurs) touche aussi des gens qui ne sont pas en situation de mort imminente, notamment des personnes dépressives.

L’Eglise catholique se voit souvent reprocher un prétendu dolorisme. Tels discours, telles attitudes peuvent accréditer ce soupçon. Il ne pèse pas bien lourd face au cortège des saints qui ont voulu correspondre aux attitudes du Christ envers les malades, à la parabole du Bon Samaritain, à Matthieu 25 : « J’étais malade et vous m’avez visité », à la figure de Mère Térésa penchée sur ceux qui mouraient sur les trottoirs de Calcutta. Certains, comme Vincent de Paul, ont donné forme institutionnelle à la charité du Christ. Il est vrai aussi, et fondateur pour la réflexion, que l’Eglise ne cesse de contempler son Seigneur mourant en croix. Cela empêche un cœur vraiment chrétien de se détourner de celui qui meurt, au contraire de notre société, où l’on voit les enfants absents des funérailles de leurs grands-parents… Jésus meurt seul, et pourtant à ses pieds Marie, le disciple bien aimé, Madeleine sont restés, dont la présence éclaire le débat qui nous occupe. Des amis lui sont restés fidèles jusqu’au bout.

« Le véritable amour chasse la crainte », dit la Bible. Bien des malades et des familles ont fait cette expérience : une maladie douloureuse a été traversée. L’amour, jour après jour, a permis de dépasser la peur. Comme homme ayant vécu la maladie, comme croyant, attentif à l’interdit fondateur de toute société : « Tu ne tueras pas », je veux dire aux sénateurs : Ne doutez pas de l’amour ! »

Cardinal Philippe Barbarin

Source >>>

Être de gauche, c’est faire l’apologie du squat, mais s’indigner contre la colonisation.

[Cliquez sur l’image pour agrandir]
Georges Mathieu – « Les Capétiens partout » – 1954 – Centre Georges Pompidou

En savoir davantage sur Georges Mathieu >>>
Où trouver les commémorations du 21 janvier >>>

« Alors que j’avais à peine vingt et un ans,  je me suis trouvé un jour à déjeuner […] en compagnie de l’architecte masochiste et protestant Le Corbusier qui est, comme on le sait, l’inventeur de l’architecture d’auto-punition. Le Corbusier me demanda si j’avais des idées sur l’avenir de son art. Oui, j’en avais. J’ai d’ailleurs des idées sur tout. Je lui répondis que l’architecture serait « molle et poilue » et j’affirmais catégoriquement que le dernier grand génie de l’architecture s’appelait Gaudi dont le nom, en catalan, signifie « jouir », de même que Dali veut dire « désir ». Je lui expliquais que la jouissance et le désir sont le propre du catholicisme et du gothique méditerranéens réinventés et portés à leur paroxysme par Gaudi. En m’écoutant, Le Corbusier avait l’air d’avaler du fiel. »
Salvador Dalí – Les cocus du vieil art moderne (extrait)

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« Pour que les forces vitalement hétérogènes et antiacadémiques de l’art moderne ne périssent pas dans le ridicule anecdotique du simple dilettantisme expérimental et narcissique, il faut trois choses :

1° Du talent et de préférence du génie (Depuis la Révolution française, se développe une vicieuse tendance crétinisante qui consiste à considérer les génies, à part leur oeuvre, sont en tout des êtres plus ou moins semblables au reste du commun des mortels. Cette croyance est fausse. Je l’affirme pour moi qui suis le génie moderne par excellence.)

2° Réapprendre à peindre aussi bien que Velasquez et de préférence comme Vermeer.

3° Posséder une cosmogonie monarchique et catholique aussi absolue que possible et à tendances impérialistes »

Salvador Dalí – Les cocus du vieil art moderne (extrait)

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« Tout ce que dit Dali dans son petit ouvrage « Les cocus du vieil art moderne » est le bon sens et le bon goût mêmes. Sa façon excessive, non dénuée de cette forme curieuse de poésie que l’on obtient par la sincérité, ajoute à son pouvoir de persuasion au lieu de l’affaiblir. Devant ce que le monde exhibe aujourd’hui, il a les yeux du petit garçon du conte d’Andersen qui s’aperçoit que le roi est nu et ne craint pas de le proclamer. Par exemple, Le Corbusier «masochiste et protestant» est, dit Dali, «l’inventeur de l’architecture d’autopunition». Autre jugement : «De tous les élèves de Gustave Moreau, le meilleur est toujours celui qui les enseigne.» Picasso est responsable de la «laideur généralisée de l’art contemporain». Matisse est un «peintre d’algues tout juste bon à favoriser la digestion bourgeoise». Devant les collages déjà jaunis de l’art moderne, Dali se réclame de Raphaël et de son «petit saint Georges resté frais comme une rose»… »
Jean Dutourd – Revue de presse, in Le Figaro

Juste un petit message pour vous inviter à écouter la conférence que Bernard Lugan donnera ce jeudi 20 janvier 2011 à 20h00, à la salle Sainte Croix [Lyon 2ème], sur le thème : Les conséquences de la colonisation, enjeux et répercussions.

[Un grand merci à l’ami K. pour l’info]

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Venez nombreux !
À jeudi

Dans la série Les maires de France sont des messies cosmoplanétaires >>>, je vous présente les vœux de la Mairie de Paris :

« Belle année 2011,
dans une capitale où se rencontrent
et se respectent les différences,
une ville qui aime la vie. »
Source >>>

En exclusivité, je vous livre les vœux de la Mairie de Paris pour 2012, année de la fin du monde :

Un grand merci à François, lecteur attentif.

Je vous livre mes réflexions consécutives à la lecture du dernier édito du magazine Hétéroclite [1].

« À chaque fois que resurgit dans le débat public la question de l’homoparentalité, ses détracteurs agitent le chiffon rouge du “droit à l’enfant“ prétendument à l’œuvre derrière cette requête portée par les associations homosexuelles. Selon cette thèse, la possibilité pour un homosexuel d’avoir et d’élever un enfant ne serait que le syndrome de notre époque consumériste où l’être humain en général et l’enfant en particulier serait devenu un bien marchand comme un autre. Elle témoignerait des égarements d’une société libérale devenue folle dans laquelle les individus réclameraient toujours plus de droits et toujours moins de devoirs. Mais qui, au juste, formule et réclame en ces termes un quelconque “droit à l’enfant“ ? Personne. Et certainement pas le mouvement homosexuel, qui se contente de demander une simple égalité des droits. »

Le mouvement homosexuel se contente de demander une simple égalité des droits. Mais de quels droits prive-t-on les homosexuels ? N’ont-ils pas, comme tout le monde, la jouissance de tous les droits que leur accorde la nationalité française ? Sont-ils exclus des bureaux de vote, des universités, de certains corps professionnels, des banques, des restaurants ? Ont-ils un statut fiscal particulier ou un passeport particulier en raison de leur vie sexuelle ? Sont-ils interdits de musées ou de permis de conduire en raison de leur sexualité ? Non, heureusement. Que je sache, sous notre régime de l’an 2011, personne n’a jamais été amputé du moindre de ses droits pour homosexualité.

« C’est peut-être là d’ailleurs que le bât blesse : apparemment, pour les opposants à l’homoparentalité, l’homosexuel, intrinsèquement incapable de considérer l’enfant autrement que comme un caprice, ne ferait que suivre une mode de l’adoption lancée par son idole Madonna… »

L’homosexualité est, par nature, une sexualité stérile. On ne fait pas un enfant en fusionnant deux ovules, on ne féconde pas un spermatozoïde avec un autre spermatozoïde. Un être humain commence par la rencontre d’un élément masculin et d’un élément féminin, de façon générale dans un utérus, parfois sous le microscope d’un laboratoire de PMA. En vertu de ce constat bêtement factuel et bêtement scientifique, les civilisations font des choix de société. De façon générale, toutes les civilisations considèrent l’émergence de la vie comme une joie, et l’enfant comme un être fragile à protéger. De là naissent plusieurs options culturelles pour définir le statut que doivent tenir les parents.

Dans le cas précis qui nous intéresse – celui du mode de vie occidental du début du XXIème siècle – , il faut, avant de parler d’homoparentalité, comprendre ce qu’est la parentalité tout court. La parentalité est un mot nouveau, c’est un concept spécifiquement moderne. Avant les années 1990, personne n’avait jamais entendu parler de parentalité. On ne parlait pas de son statut familial en terme de parentalité, mais de filiation. C’est à dire que la famille ne se vivait pas dans la primauté de l’ascendance, mais dans celle de la descendance.

A-t-on jamais parlé d’hétéroparentalité ? Parler d’homoparentalité ou d’hétéroparentalité, c’est clairement disjoindre la causalité naturelle de la fertilité des parents, et par cet artifice considérer comme parfaitement fortuit le fait d’être né dans une famille hétérosexuelle ou homosexuelle. On veut nous faire croire qu’il serait fortuit de naître d’un homme et d’une femme, tout comme il serait fortuit d’être né sous telle ou telle nationalité, tout comme il serait fortuit d’avoir telle ou telle langue maternelle par la vertu du plus pur des hasards, tout comme il serait fortuit d’êtré né-tout-court alors qu’on n’a rien demandé. Ainsi, considérer qu’une famille soit de façon égale, ou indistincte, homoparentale ou hétéroparentale annihile toute possibilité de regarder les causes et les effets de la fertilité, et démolit la souveraineté du modèle familial. Car si le mariage est « hétéroparental », ce n’est pas par caprice tyrannique destiné à discriminer pour le plaisir : le mariage est hétéroparental parce que la rencontre fertile naît de la rencontre d’un seul homme et d’une seule femme [on n’a jamais vu deux spermatozoïdes dans le même ovule, ni un spermatozoïde féconder deux ovules], et que cette condition est si vraie et si juste que leur union doit être élevée au rang de sacrement. De là découle ensuite notre conception de la cellule familiale idéale. Car c’est la condition de la filiation qui détermine et légitime le statut du couple. Or le mouvement homosexuel désire que le seul statut de couple détermine et légitime les conditions de la parentalité.

Le modèle familial qui inspire le mouvement homosexuel [deux parents, qui forment un couple, de préférence marié, qui vivent sous le même toit et qui ont des enfants] n’est pas un modèle lambda. C’est une configuration familiale très particulière, très précise, et qui est un modèle spécifiquement chrétien. Les musulmans, par exemple, ont une définition complètement différente de la famille. La polygamie [réelle ou potentielle]  instaure un système radicalement différent de celui du couple, or je n’ai pas l’impression que les revendications du mouvement homosexuel exigent le mariage à trois ou à quatre, ni même un mariage où un conjoint est subordonné à l’autre. J’ai toujours entendu, chez le mouvement homosexuel, une demande d’adoption formulée  sur la base exclusive du couple.
La question de l’adoption, pour prendre un autre exemple, est un trait presque exclusivement chrétien. L’adoption n’existe pas en islam, par exemple. Pour nous, accueillir un enfant dans une famille, l’adopter, signifie qu’il prend notre nom de famille, qu’il jouit pleinement de tous les droits qu’a un enfant biologique [place dans la fratrie, droits de succession, protection juridique, état-civil, responsabilité pleine et irréversible des parents adoptants], etc.

Or dans d’autres cultures, ce n’est pas du tout évident : l’enfant abandonné ne peut être confié que dans les cercles exclusifs de sa famille plus ou moins proche, dans le cadre exclusif de sa religion, et il ne devient jamais le fils ou la fille des gens qui le recueillent.

D’autres modèles n’imposent pas qu’on vive sous le même toit. De nombreux maris polygames offrent aux coépouses des logements qui leurs sont propres, signes de puissance et de richesse. Le mari visite ses épouses en allant chez elles – même si juridiquement les logements appartiennent souvent au mari, afin que les épouses et leurs enfants restent dépendants du patriarche.
D’autres couples, libres ou modernes, font aussi le choix de faire chambre à part ou maison à part.

Il existe également des sociétés où les parents ne sont pas forcément les éducateurs privilégiés de leurs propres enfants, ceux-ci se voyant confiés par exemple aux oncles et tantes, ou même aux organismes d’État qui prennent en charge la plus grande part de l’éducation, ce qui est le cas dans les régimes totalitaires.

Il existe même des sociétés où l’on « adopte » [contre monnaie sonnante et trébuchante, voire par kidnapping >>>] une petite fille dès son plus jeune âge au sein de la maisonnée, dans le but exprès qu’elle épouse plus tard le garçon de la famille qui a plus ou moins le même âge. La confusion des statuts de sœur et d’épouse, le rapt ou l’achat de l’épouse, le mariage arrangé dès l’enfance, tout cela nous paraît immoral, mais c’est parce que notre référent est le mariage chrétien, fondé notamment sur le consentement des époux [responsabilité en tant que personne libre, donc adulte] et le don mutuel de l’un à l’autre [gratuité totale de la relation].

Ceci dit pour replacer les choses dans leur contexte et dans leur sens, et rappeler en quoi le modèle chrétien est loin de s’imposer comme une évidence à tout le monde. Le mouvement homosexuel n’est donc pas demandeur d’un modèle civilisationnel quelconque, mais chrétien. Et les termes de l’adoption – telle que pleinement désirée et conçue par le mouvement homosexuel – ont été fondés et institutionnaliés par l’Église : l’adoption est une façon de rendre le couple fertile en faisant pleinement siens des enfants abandonnés, pourvu que le couple ait eu le désir d’entrer dans un projet de famille chrétienne.

« Car, curieusement, l’argument du “droit à l’enfant“ ne semble opposable qu’à lui seul : personne en effet ne fustige “l’égoïsme“ des couples hétérosexuels désireux d’adopter ou “l’irresponsabilité“ de ces familles hétérosexuelles qui procréent à tout-va simplement pour le plaisir futile de donner la vie… »

C’est que les couples hétérosexuels qui se dirigent vers l’adoption entrent dans le schéma familial que j’ai expliqué plus haut : c’est une démarche qui trouve son fondement sémantique dans le terreau chrétien. Le mouvement homosexuel a beau cracher toute sa haine de l’Église ou de lareligion, il n’empêche que sa quête de l’adoption ne prend du sens que dans l’optique définie par la chrétienté et bâtie comme telle dans notre code civil depuis très longtemps.

Voilà exactement, à leur corps défendant, ce à quoi aspirent les militants du mouvement homosexuel : « La communauté conjugale est établie sur le consentement des époux. Le mariage et la famille sont ordonnés au bien des époux et à la procréation et à l’éducation des enfants. L’amour des époux et la génération des enfants instituent entre les membres d’une même famille des relations personnelles et des responsabilités primordiales. » [2]
« Communauté conjugale » ? Le désir d’accéder au mariage gay est bel et bien existant.
« Consentement des époux » ? Il est en effet affiché et sincère.
« Mariage » ? C’est l’objectif à atteindre.
« Famille » ? C’est également le but à atteindre, en vertu de tous les autres articles, validés.
« Amour des époux » ? Mais l’amour, n’est-ce pas la plus haute des vertus, et le plus grand des souverains qui institue la nature du foyer ?
« Génération des enfants » ? Là est le cœur du problème de l’adoption, puisque la génération à proprement parler est impossible.
« Relations personnelles et responsabilités primordiales » ? Les nombreuses études sur la stabilité psychologique du couple homosexuel et des enfants élevés par des homosexuels ne cherchent-elles pas à garantir l’intégralité et la fiabilité de ces relations et de ces responsabilités, et donc à servir de garant ?

Les homosexuels désirant imiter le modèle familial chrétien se trouvent donc contrecarrés par la biologie la plus élémentaire, à savoir qu’un homme + un homme, ou une femme + une femme, n’auront jamais d’enfant biologique. Il pourra éventuellement être le fils biologique de l’un ou de l’autre, mais en tout cas la problématique centrale reste l’adoption, c’est à dire faire pleinement siens des enfants qui complèteront l’envie d’incarner la cellule familiale-type.

Mais pourquoi le mouvement homosexuel, aussi ennemi des normes judéochrétiennes et de leurs représentants, se prend-ils soudain à désirer leurs fruits ? Le carcan judéochrétien est-il devenu si désirable ? La libération des mœurs n’avait-elle pas pour but d’en finir avec le modèle Papa – Maman – Vieux couple fidèle qui étouffe – Deux enfants et demi – Un chien – Une voiture – Un pavillon en banlieue – L’été à la Grande Motte – Noël chez Mémé ?

« Alors que s’ouvriront en début d’année au Parlement les discussions concernant une révision des lois bioéthiques (discussions qui ne pourront pas éviter la question délicate de la gestation pour autrui), souhaitons que ce débat complexe ne soit pas une fois de plus pollué par la peur absurde du “droit à l’enfant“. Ce sera notre vœu pieu pour 2011. Bonne année à tous ! – Romain Vallet »

J’écrivais ceci plus haut : c’est la condition de la filiation qui détermine et légitime le statut du couple. Or le mouvement homosexuel désire que le seul statut de couple détermine et légitime les conditions de la parentalité.
Dans ces conditions, il devient difficile de légitimer l’adoption homosexuelle autrement que par le droit à l’enfant, puisque c’est le désir seul qui commande la volonté de faire famille, contre le principe même qui charpente le modèle familial, celui qui consacre et protège les conditions exclusives de l’émergence naturelle de la vie.
Le droit à l’enfant peut, et doit, légitimement faire peur. Avoir un enfant n’est pas, et ne doit jamais, être l’objet d’un droit : ce serait ouvrir la voie du commerce des personnes, en tout cas légitimer légalement et juridiquement des principes contradictoires avec les institutions que nous connaissons.

Le mariage, tel que nous le connaissons, n’a rien à voir avec le mariage civil ou avec le modèle républicain. La république, en faisant du mariage [et du modèle familial en général] une institution civile, ne se doutait pas à quel point sa forme était chrétienne. Car le mariage civil est purement positif, c’est à dire qu’aucun élément sémantique ne le structure, qu’il ne génère pas sa propre légitimité par lui-même ; il n’est qu’un ersatz de modèle chrétien. La république est bien en peine d’expliquer pourquoi le mariage unit deux personnes, du même sexe, ou pourquoi le mariage implique la fidélité des époux. Depuis quand la république a-t-elle des leçons à donner en terme de fidélité conjugale ou d’hétérosexualité, elle qui dépense des millions pour promouvoir le préservatif dès le collège, et des millions encore pour promouvoir presque toutes les manifestations du mouvement homosexuel ?

À présent que la substance chrétienne est presque entièrement évacuée de la loi, plus rien ne s’érige contre toutes les autres formes d’union. Rien n’empêche la polygamie, rien n’empêche le mariage homosexuel, sinon la provisoire inertie de la société et de l’Histoire. En revanche, sitôt que l’on se penche sur le sens que nous voulons donner aux relations humaines, il est bon de revenir aux sources chrétiennes, sans lesquelles il est impossible de comprendre la justice que nous voulons faire régner. Est-il juste qu’une femme ne soit pas l’égal de son conjoint [statut de coépouse ou tout simplement femme voilée] ? Est-il juste de consacrer une union motivée davantage par sa parentalité que par sa filiation ? Est-il juste de nommer « mariage » une union qui usurpe son sens et son fondement réels ? Est-il juste de motiver son désir d’enfant en invoquant pour toute vérité l’éther du bonheur ?

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[1] Hétéroclite : le magazine gay mais pas que … >>>
[2] Article 2201 du Catéchisme de l’Église Catholique

L’AFP, consciencieuse, rigoureuse, exigeante, relaie sans sourciller les chiffres avancés par l’Inter-LGBT, car ils sont forcément hyper-vraisemblables et ultra-crédibles :

« Dans dix ans, la France comptera 20 millions de retraités, parmi lesquels 8 à 9% d’homosexuels, soit entre 1,5 à 2 millions de personnes, selon des estimations de l’Interassociative lesbienne, gaie, bi et trans (Inter-LGBT). »
source >>>

Papy Brossard et Tatie Nova, des retraités pas comme les autres, mais exactement comme les autres quand même, même s’ils aimeraient bien vivre leur différence sans complexe tout en étant considérés comme des gens ordinaires juste un peu différents mais pas trop différents non plus puisque ce sont des gens ordinaires même s’ils revendiquent une appartenance communautaire avec des droits spécifiques, en vertu de leur statut de gens comme tous les autres puisque ce sont avant tout des gens comme tous les autres, même s’ils ont fait des choix de vie qu’ils n’ont pas choisi puisqu’on ne choisit pas d’être comme ça quand on fait un tel choix de vie, qui n’en est pas un puisque chacun est libre de faire ce qu’il veut. Bon, enfin, vous avez compris, quoi. Tout ça pour dire que l’AFP nous apprend que dans dix ans un retraité sur dix sera homosexuel. Et dans vingt ans ? Un retraité sur deux ?

Le MoisiBlog a six ans, et, si Dieu le veut, c’est reparti pour un tour ! Vous êtes chaque année un peu plus nombreux à lire et commenter ces pages, ce qui fait, je ne vous le cache pas, chaud au cœur.
Je prédis sans difficulté que l’année 2011 sera ultrapourrie pour la France, toutes catégories confondues, mais que cela aura au moins le mérite de nous donner du grain à moudre, voire du grain déjà bien moulu, tout prêt à l’emploi. Notre boulot, je vous le rappelle, c’est la levure !

Pour notre part, l’essentiel du programme de l’année à venir est tout entier contenu dans les quelques mots qu’Alain Mimoun a récemment livré aux journalistes de France 2, venus l’interviouver le jour de son anniversaire [je cite de mémoire, si vous avez la vidéo exacte, je suis preneur] :
– Alain Mimoun, que peut-on vous souhaiter pour vos quatre-vingt dix ans ?
– La santé… La famille… La grandeur de la France… éternelle !