novembre 2010


« Faut-il souhaiter des élections libres lorsqu’un régime totalitaire menace de triompher par les urnes ? »
Caroline Fourest, le 26 novembre 2010.

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Jeu :
Imaginez la suite de cette histoire.
[Une seule contrainte : vous devrez impérativement faire apparaître Thierry Ardisson, Renaud Camus, Carla Bruni, Benoît XVI, et Tariq Ramadan dans votre histoire. Essayez de ne pas dépasser 400 mots. Publiez votre texte dans les commentaires.]

Nous sommes en 2012, quelques semaines avant la tenue des élections présidentielles. Moult grands signes dans le ciel annoncent la venue du FN au deuxième tour, voire son accession à la présidence de république. Il faut dire que l’actualité a encore joué contre l’optimisme du vivre-ensemble : des jeunes à scooters sont morts en échappant à un contrôle de police, provoquant de nombreuses insurrections dans les cités ; un scandale médiatico-financier éclabousse l’UMP et le PS ; un type a été tabassé à mort sous les yeux de sa femme pour avoir pris une photo de lampadaire dans la rue ; l’économie française a encore manifesté des signes de son inexorable naufrage ; ce genre de choses.

Perclus de trouille devant l’insolente popularité de Marine Le Pen, journalistes, politiciens, partenaires sociaux, intellectuels, artistes engagés, grands mammamouchis de toutes les obédiences progressistes, etc., se réunissent en fiévreux comités, manifestent en cohortes citoyennovigilantes, font grand bruit à coups de concerts festivodénonciateurs, organisent des lâchers de ballons multicolores, se lancent dans toutes sortes d’initiatives pour tenter de faire dévier la démocratie de sa trajectoire alarmante. Cali, Zazie, Grand Corps Malade, Zebda, Diam’s, Saez et Yannick Noah fondent le collectif musical « Antifransse » se donnant pour objectif de publier une chanson par semaine [libre de tout droit] pour lutter contre le fascisme. Les instituts de sondage rendent leurs résultats bruts confidentiels, et se cantonnent à la seule publication de textes d’analyses.

De nombreux procès sont intentés contre la candidature du FN, mais rien n’y fait, tous se révèlent juridiquement irrecevables. Paul Amar se dit « très inquiet », Alain Juppé se dit « préoccupé ». Stéphane Guillon tente périlleusement de relancer sa carrière en déclarant « je suis démocrate, extrêmement démocrate » dans les colonnes de Libération ; Didier Porte lui répond dans une chronique publiée sur Youtube « Je suis pour la dictature de la démocratie », mais se fait menacer de procès par Gustave Parking, véritable auteur de la citation. Éric Zemmour jubile devant le spectacle de démocrates annulant les élections, ce qui lui vaut une exclusion des radios et télévisions où il intervient, accusé de « tenir des propos » et de « faire le jeu de l’extrême droite ». Un Jacques Chirac très affaibli fait une courte apparition à la télévision, le temps de répéter qu’ « il n’y a pas de dialogue possible avec la haine et l’intolérance ». Alain Finkielkraut est hospitalisé d’urgence pour un malaise cardiaque après avoir pris part à un débat particulièrement violent contre Edwy Plenel et Houria Bouteldja chez Ruquier. Dominique Wolton et Philippe Meirieu publient conjointement un essai intitulé « Ils ont tué le dialogue ». Jacques Attali publie « La moitié du ciel d’Allah », dans lequel il analyse la mutation sociétale française à venir, et préconise d’organiser désormais toutes les élections à échelle européenne, permettant à tous les citoyens membres de l’Union Européenne d’exprimer leur part de souveraineté dans les scrutins nationaux.

Finalement, devant l’imminence du résultat à venir, le Conseil d’État, appuyé par tout ce que le pays compte de démocrates diplômés, décide, à deux semaines du scrutin, d’annuler la tenue des élections…

[À vous de jouer !]

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Tout bien réfléchi, il n’y aura pas de deuxième partie à cet article…

On nous a recommandé la visite de la « Route de la Soie » au Tri Postal >>> : l’expo, nous a-t-on dit, est vraiment sympa.
C’est une sélection d’œuvres extraites des collections de la Saatchi Gallery. Ce qu’on appelle, pour faire simple, de l’art contemporain.

Je crois qu’il n’y a rien de plus immobile, de plus sclérosé, de plus convenu que l’art contemporain. Depuis les années 50 ou 60, il n’y a quasiment plus rien de nouveau. Ça fait plus de cinquante ans qu’il baigne dans son jus. Les techniques changent, les supports évoluent, les langages mutent [néons, vidéos, nouveaux matériaux, nouveaux médias,…], mais la source reste rigoureusement la même, le credo n’a pas changé d’un iota : interroger, détourner, critiquer, dénoncer. Ça fait cinquante années bien tassées que tous les cartons répètent la même rengaine : systématiquement l’artiste questionne, systématiquement l’œuvre interroge, systématiquement l’installation dénonce, systématiquement la vidéo critique. Quand une œuvre vous intrigue, ne cherchez pas plus loin : elle dénonce quelque chose. Elle dénonce quoi ? Toujours les mêmes ritournelles. Au choix : l’absurdité de la société marchande / le capitalisme / les inégalités / la condition de la femme / l’obscurantisme religieux / l’hypocrisie bourgeoise / la violence quotienne des rapports humains / l’incompréhension fondamentale qui existe entre les individus / l’incommunicabilité du désir / la misère du monde / la mascarade sociale qui cache la vraie nature des choses / la guerre et la méchanceté / la douloureuse destruction de la tradition par la modernité / la douloureuse destruction de la modernité par la tradition / etc.
Un vrai programme pour le parti socialiste ou la soirée des Enfoirés sur RFM.

Oh, je sais bien ce que vous allez me répondre : c’est le rôle de l’artiste que de critiquer, d’interroger, de détourner, de questionner. Oui, mais non : c’est confondre le moyen et la finalité. Quand on confond les deux, on engendre du laid et du débile. La poésie n’est pas une forme : la poésie émerge de la forme. Faites de la poésie pour la poésie, vous obtiendrez de l’aspartame ou de la guimauve. Faites du citoyennisme pour le citoyennisme, vous obtiendrez Plus belle la vie. Faites de la critique pour la critique, de la déconstruction pour la déconstruction, vous avez une collection d’art contemporain.

Dénoncer, la belle affaire, mais si cette dénonciation est dénonciation en soi, on ne va pas loin. Et, de fait, on ne va pas loin. Construire une œuvre, c’est un acte affirmatif. Si cette œuvre a des choses à dire, elle en est le support, elle en est le véhicule. Un mannequin de chiffon barbouillé, équipé d’un soutien-gorge, d’un string, et de divers accessoires à connotation « société marchande capitaliste », on a vite compris le message : ça dénonce grave, ça questionne sévère, ça interroge à donf. Et en plus, c’est vachement beau, on en veut chez soi pour mettre un peu de vie et de spiritualité dans son salon ou sa bibliothèque.

Or l’art contemporain n’est pas affirmatif, puisque la déconstruction est son essence. Il est en permanence dans l’accusation, dans la provocation, jamais dans la célébration. Un artiste qui voudrait célébrer la beauté des choses ne ferait pas long feu dans le milieu. Si vous voulez, par exemple, célébrer la beauté d’une jeune femme, alors prenez une belle photo de belle jeune femme, mais en prenant soin, au choix, de : faire une photo floue ou quasi-illisible / réaliser l’épreuve avec de la cendre de fœtus avorté / faire poser la femme dans un décor de bidonville, de parking d’autoroute, de ville bombardée ou de squat glauque / vous livrer à un travail de collage pour qu’apparaisse sur ses seins la photo d’un migrant mexicain tué à bout portant par un douanier américain mangeant un hamburger / badigeonner de peinture rouge dégoulinante les bords de la photo [il faut que la tache de peinture se répande au pied du tableau, pour que le visiteur soit obligé de mettre les pieds dedans pour regarder l’œuvre] / faire poser la jeune femme dans une posture célèbre de l’histoire de la peinture, mais en version trash [Joconde-pute, Annonciation-partouze, Marat-travelo-junkie] / habiller la belle jeune femme en Sainte Vierge et équiper votre photographie de néons rouges pour faire « vitrine d’Amsterdam » / etc., mais surtout, SURTOUT, ne laissez aucune possibilité au spectateur de trouver en votre œuvre une sincère apologie de la beauté, a fortiori de la beauté de la femme. Il y a les photographes-reporters, pour cela. Ou les publicitaires.

 Et d’ailleurs, on se demande bien ce qu’il reste encore à détourner. Neuf œuvres sur dix « détournent les codes classiques » ou « interrogent les représentations traditionnelles ». Ah bon ? il reste encore des codes classiques et des représentations traditionnelles dans l’art d’aujourd’hui, et qui méritent un assaut déconstructiviste salvateur ? Réveillez-vous, les mecs : ça fait un siècle que les codes classiques sont morts et que les représentations traditionnelles ont été mises à bas. Le cubisme date des années 1900, il a été théorisé par Cézanne [1839-1906] ! L’abstraction de Kandinsky date de 1910 ! Le suprématisme, abolition totale de la figuration – et même abolition totale de l’abstraction – inventé par Malévitch, date des années 1913 ! Le premier ready-made, abolition de l’œuvre elle-même, date également de 1913 ! Les expérimentations des années d’entre-deux-guerres ont encore du sens dans la mesure où elles se confrontent réellement à l’inertie des écoles et des codes traditionnels, c’est une époque où la transgression fait encore sens puisqu’il reste encore des choses à transgresser. Mais sitôt qu’on passe le cap des années 50, il ne reste absolument rien à transgresser, sinon à instaurer la transgression en soi comme unique objectif artistique. Mettre des moustaches à la Joconde en titrant « L.H.O.O.Q », c’est rigolo en 1919. Un homard géant [Koons] ou une machine à caca [Delvoye] en l’an 2000, c’est avoir un siècle de retard sur Marcel Duchamp ; c’est franchement consternant. En 1919, je l’avoue, ça m’aurait sans doute beaucoup fait rire ou beaucoup choqué. Bon, mais là on est quand même en 2010, et un clip de Gondry passant sur M6 fait quand même beaucoup plus pour l’inventivité visuelle et musicale qu’un vidéaste transgenre qui se filme avec son téléphone portable en train de se tripoter devant un décor de décharge municipale.

[À suivre]

Camarades cyber-réacs, apprenez que nous faisons, une fois de plus, l’objet d’une étude. Oh, pas grand chose, mais bon, tout de même, c’est toujours rigolo de le savoir. Nous voilà cartographiés.
Ça se passe ici >>> et là >>>
Non pas que je me revendique d’extrême-droite, hein, mais comme j’y suis mentionné en compagnie de camarades de lutte…
L’auteur met également à disposition le fichier PDF >>> ainsi que la liste des territoires incriminés au format Excel >>>

Je profite d’ailleurs de cette occasion pour saluer nos amis des Golden Blog Awards, dont la cérémonie se déroulera dans quelques heures sous les ors de la république.

[cliquez sur l’image pour agrandir]

I’m taking a moment to pray for my friends
A handful of people on whom I depend
Our pathways are different but I love them no less
I’m hoping their sorrows you’ll mend
Tonight I pray for my friends

When I don’t know the answers and search for the truth
And hope that my judgment will carry me through
I’m so grateful for the people I have in my life
They help me to do what is right
They help me to do what is right

I’m taking a moment to pray for my friends
A handful of people on whom I depend
Our pathways are different but I love them no less
I’m hoping their sorrows you’ll mend
Tonight I pray for my friends

There are people I’ve loved that I’ve lost along the way
We’ve drifted apart or they’ve been called away
I’m holding them close in my heart here tonight
They’re dear to my heart for all time
They’re dear to my heart for all time

I’m taking a moment to pray for my friends
A handful of people on whom I depend
Our pathways are different but I love them no less
I’m hoping their sorrows you’ll mend
Tonight I pray for my friends

Our pathways are different but I love them no less
I’m hoping their sorrows you’ll mend
Tonight I pray for my friends
Yes tonight I pray for my friends

« L’Inquisition était une juridiction spécialisée (un tribunal), créée par l’Église catholique romaine et relevant du droit canonique. Elle était chargée d’émettre un jugement sur le caractère orthodoxe ou non (par rapport au dogme religieux) des cas qui lui étaient soumis. L’Inquisition était une juridiction d’exception, établie pour représenter l’autorité judiciaire du pape sur une région donnée, quand le fonctionnement courant des tribunaux ecclésiastiques s’avérait inadapté.

L’hérésie n’est pas seulement affaire de doctrine : elle est vue comme un crime global contre Dieu, les princes, la société — ce qui alors revient au même. Étant une rupture du lien social, la lutte contre l’hérésie est une question d’ordre public. Les princes sont donc intéressés par sa répression à plusieurs titres, et l’autorité civile, pour préserver l’ordre public, se met à lutter contre des hérésies et sanctionner des hérétiques de manière potentiellement autonome.
Cette confusion entre domaines spirituel et temporel est assez générale, en Europe, au XIIIème siècle.

Ces premiers aveux spontanés, qui devaient être complets, permettaient également par leur témoignage d’identifier des hérétiques qui ne s’étaient pas présentés. Le délai accordé par le décret de grâce permettait également de mener des enquêtes locales et, le cas échéant, de récolter des délations.

Les fidèles suspectés d’hérésie qui ne s’étaient pas présentés pendant le délai de grâce faisaient l’objet d’une citation individuelle.
La citation individuelle se faisait le plus souvent par le biais du curé. Ceux qui refusaient de comparaître se trouvaient excommuniés.
Un suspect devait jurer (sur les quatre évangiles) de révéler tout ce qu’il savait sur l’hérésie. Si le suspect reconnaissait immédiatement et librement ses erreurs, il se voyait infliger des pénitences comme précédemment, et les peines éventuelles étaient légères.

Le tribunal inquisitoire n’infligeait pas de peines à proprement parler, mais des « pénitences ». Les moins graves étaient appelées « pénitences arbitraires ». C’était la flagellation publique au cours de la messe, les visites aux églises, les pèlerinages, l’entretien d’un pauvre, le port de la croix sur les vêtements, etc. »

Source : Wikipédia >>>

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« Une table ronde organisée par le journal Tribune de Lyon réunissait vendredi dernier les représentants du groupe de rap Sexion d’Assaut récemment mis en cause pour leur propos homophobes et des militants de la lutte contre l’homophobie.

Aux cotés de Maxime Aicardi et Ouajdi Feki (SOS racisme), Cyrille Bonin (Directeur du Transbordeur), Tanguy Dufournet (Association Rimbaud), Stéphane Gomez (Lesbian and gay pride), et Lefa (leader du groupe Sexion d’assaut), j’ai pris part à ce dialogue difficile mais indispensable et, somme toute, fructueux.

Le leader de Sexion d’assaut a une fois de plus présenté ses excuses à ceux que ses propos pour le moins maladroits ont pu blesser, avec des explications que je vous invite à retrouver de façon plus détaillée sur le site de Tribune de lyon. Quant aux associations, elles ont pu faire oeuvre de pédagogie sur les méfaits de l’homophobie ordinaire et sensibiliser le groupe à leur travail de militantisme.

Un concert devrait être organisé en juin prochain au Zenith de Paris, à l’initiative de Sexion d’assaut, destiné à dénoncer toutes les formes de discrimination et au bénéfice des associations oeuvrant dans ce domaine.

Un vrai beau moment. »

Source : le blog de Najat Vallaud-Belkacem >>>

Deux affiches authentiques. L’une, publiée vers 1940 par le Service d’Information du Secrétariat d’État aux Colonies si mes sources sont exactes. L’autre, publiée en 2010 par le mouvement des Indigènes de la République.

1. Le graphiste a délibérément calqué l’une sur l’autre. L’usage de la photographie n’a pas empêché d’employer un traitement d’image de façon à lisser les traits et les couleurs pour les rendre plus proches d’une technique de dessin. Le drapeau en arrière-plan est copié-collé. La référence explicite n’est donc pas insignifiante.

2. L’homme asiatique a disparu, au profit d’une femme en burqa. La dimension planétaire s’est réduite, semble-t-il, à la seule dimension africaine : on cite en effet « reubeus, renois », c’est à dire en français « Arabes » et « Noirs ».

3. En 1940, on fait passer le message que la France grandit les races. En 2010, on fait passer le message que les races grandissent la France. Dans les deux cas, l’identité nationale soulève une question raciale, qui, loin d’être reléguée parmi les vieilleries idéologiques de l’Ancien Monde, est au contraire vivifiée par une génération qui s’affirme jeune.

4. En 1940 la France est multiraciale par sa présence à travers les peuples du monde entier : la France est partout. En 2010 la France est multiraciale par la présence des peuples du monde entier dans sa métropole : tout le monde est Français.

5. La propagande de 1940 affiche un ton conquérant et péremptoire : notre unité c’est l’Empire, nos couleurs de peau sont au service du drapeau. La propagande de 2010 propose de constituer un groupe d’intérêt distinct : notre unité, c’est la solidarité rebeus-renois ; le drapeau est au service de notre couleur de peau.

6. L’affiche de 1940 est un message de la métropole, supposée Blanche, aux peuples indigènes. L’affiche de 2010 est un message des « indigènes de la république » à la métropole, supposée Blanche. La question du « nous » et du « eux » a changé de camp, mais reste rigoureusement à la même place.

7. La campagne de 1940 affiche un message affirmatif et clair, dont l’unique subtilité sémantique réside dans le thème des « trois couleurs », à la fois du drapeau et des peuples du monde. L’affiche de 2010 se veut provocatrice et subversive : « Touche à ma nation », avec un point d’exclamation. Et au contraire du ton pompier du XXème siècle, elle utilise un langage argotique [usage du verlan], culpabilisateur [« Et vous ? »], et ambigü [tous solidaires, mais uniquement les rebeus et les renois].

8. Dans les deux cas, il s’agit d’un chantage : en 1940, se désolidariser de l’empire reviendrait à se désolidariser de la grande fraternité humaine mondiale soudée par la France. En 2010, se désolidariser de la cause rebeus-renois est un chantage au racisme [« Tous solidaires. Et vous ? », la solidarité étant élevée au rang de vertu en soi, ce qui constitue une imposture intellectuelle totale], mais la définition même du rassemblement interdit aux Blancs, aux Asiatiques, aux Latinos, aux Amérindiens, aux juifs, aux chrétiens ou encore aux bouddhistes de se sentir concernés. Quoi que l’on fasse, on enfreindra une logique qui vous accusera : y participer en tant que Blanc ou Asiatique, c’est venir sans y être invité, ou soutenir une cause qui n’est pas sienne [l’invitation vise explicitement et exclusivement les « rebeus » et les « renois »]. Ne pas y participer, c’est commettre une offense à la double injonction « tous » et « solidaires », ce qui fait de vous un potentiel suspect d’islamophobie ou de négrophobie.

9. Les énoncés de l’affiche de 2010 se répondent en symétrie : la « campagne contre l’islamophobie et la négrophobie » se superpose exactement avec les mots « rebeus, renois » juste en dessous. Si l’association des mots « négrophobie » et « renois » coule de source, l’association des mots « islamophobie » et « rebeus » relève de ce qu’on appelle en langage médiatique habituel un amalgame. C’est à dire qu’on associe une opinion ou une croyance à un peuple, ce qui constitue une grande méprise. Les indigène de la république suggèrent donc d’eux-mêmes que critiquer l’islam revient de près ou de loin à critiquer les reubeus, et inversement. Ce genre d’amalgame est pourtant unanimement et légitimement condamné en France.

10. L’Empire vu par le Secrétariat d’État aux Colonies en 1940 est aujourd’hui considéré comme un insupportable obstacle au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. La France vue par les Indigènes de la République en 2010 est considérée comme un insupportable obstacle au droit des peuples à devenir des français à part entière.

Extrait du journal 20 minutes du 2 novembre 2010.

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De nombreuses femmes revendiquent une vie sans enfant, mais le sujet reste tabou.
QUAND FÉMINITÉ NE RIME PAS AVEC MATERNITÉ

Pour elles, l’horloge biologique est loin d’être une source de stress. Car ces femmes ont tout bonnement choisi de ne pas devenir mères. Un phénomène bien répandu aux Etats-Unis, où il est même devenu un sujet de militantisme, au sein du mouvement Childfree. Mais plus discret en France : « car même si de plus en plus de femmes choisissent de ne pas avoir d’enfant, le sujet reste encore tabou », constate Isabelle Tilmant, auteur d’un ouvrage sur le sujet.

Les nullipares (terme médical désignant une femme qui n’a jamais accouché) commencent seulement à sortir du bois. « Sur des blogs ou sur des forums Internet, leurs paroles se libèrent peu à peu », constate la psychothérapeute. En mai dernier, la première fête des non-parents a même eu lieu à Paris. Un événement qui démontre le besoin naissant de ces femmes d’affirmer leur différence. « D’autant que leurs choix résultent de facteurs multiples », explique Isabelle Tilmant. « Certaines d’entre elles s’identifient davantage à des modèles de femmes indépendantes qu’à des figures de la maternité. Réussir leur vie affective et professionnelle est alors primordial et l’enfant n’est pas considéré comme un lieu potentiel d’épanouissement personnel », note la psychothérapeute.

Autre raison souvent invoquée par ces nullipares : elles ne veulent pas mettre au monde un enfant dans un monde imparfait. « L’insécurité, la violence, les difficultés économiques, les ressources naturelles qui s’épuisent… Elles projettent sur leur enfant imaginaire la difficulté de vivre », souligne Isabelle Tilmant.

Reste ensuite pour elles à assumer le regard de la société, car ces femmes sont toujours sommées d’expliquer leur choix et doivent affronter les réflexions de leurs proches. « Elles sont souvent jugées comme dures et égoïstes alors qu’en réalité, elles ont souvent une grande conscience de la responsabilité parentale », souligne Isabelle Tilmant. Un regard de la société qui pourrait néanmoins évoluer dans les prochaines années, selon la psychothérapeute : « Le fait que ces femmes s’expriment de plus en plus dans les médias et sur Internet permettra qu’elles soient mieux acceptées. Il faut aussi montrer que leur choix de vie leur a permis de réaliser d’autres choses. Angela Merkel est de ce point de vue un excellent exemple. »

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« Je ne trouve pas normal qu’on considère la maternité comme une évidence », s’exclame tout de go Nathalie, 32 ans, coach sportif. « Elevée par une mère au foyer très attentionnée, je n’ai jamais eu envie de suivre sa voie. J’ai toujours été très indépendante : je suis partie de chez moi à 18 ans pour vivre à l’étranger. J’ai su très tôt que je n’avais pas envie de devenir mère. Et ce, pour de nombreuses raisons. Tout d’abord, je pense que c’est une erreur de faire reposer son bonheur sur un enfant. Pour m’épanouir, je n’ai pas besoin d’enfant, mais de me réaliser personnellement. Ma priorité dans la vie est notamment de réussir professionnellement et de voyager. Quant à ceux qui me disent que mon choix est égoïste, je leur réponds que faire naître un enfant dans le monde actuel l’est tout autant. C’est une responsabilité énorme dont les parents n’ont pas toujours conscience.

Je ne considère pas non plus la grossesse comme un état « naturel ». L’idée d’avoir un être vivant dans mon ventre m’écoeure et la souffrance physique qui découle de l’accouchement me fait peur. Par bonheur, mon conjoint partage le même avis que moi. Il voyage beaucoup et un enfant serait un frein à son style de vie actuel.

Mais mon non-désir de maternité m’a posé problème dans une relation précédente. Quant à ma mère, elle aurait bien aimé devenir grand-mère, mais elle s’est fait une raison et respecte ma décision. Mes amies ont aussi bien compris mon choix. Pour autant, elles savent que j’apprécie leurs enfants. Je m’occupe d’ailleurs souvent du fils d’une de mes meilleures amies. Mais pas question de minauder, lorsque je vois un bébé ! Et si j’assume très bien mon choix, j’ai bien conscience que les choses peuvent évoluer. Peut-être un jour, aurai-je envie de devenir mère ? Si c’est le cas, je me tournerai vers l’adoption, car il y a tellement d’enfants malheureux sur cette terre qu’il est inutile d’en mettre un de plus au monde. »

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Quelques réflexions en vrac :

1.
« Un phénomène bien répandu aux Etats-Unis, où il est même devenu un sujet de militantisme, au sein du mouvement Childfree »
J’ai toujours eu horreur des gens qui se cachent derrière des « mouvements » pour fuir les questions que la société est légitimement en droit de leur poser, et surtout pour échapper à leur propre responsabilité en la drapant dans le droitdelhommisme du choix personnel . Par exemple, les obèses qui préfèrent dire « c’est mon choix d’être obèse » plutôt que de prendre en main leur alimentation désordonnée. C’est ainsi  que le Fat Acceptance Movement lutte, non pas contre l’obésité, mais contre les discriminations dont les personnes obèses s’estiment l’objet, et contre toute forme de pression à leur encontre dont ils se disent les victimes, ces « pressions » comprenant même les conseils en matière de santé qui les visent et par lesquels ils s’estiment attaqués dans leur mode de vie.

Dans un autre registre, les femmes qui se revendiquent plus ou moins du mouvement Chidlfree participent de cette même logique : décorer en « choix personnel » inviolable et souverain un mode de vie qui trahit les principes les plus élémentaires, les plus biologiques, les plus physiologiques – les darwiniens diraient les plus reptiliens – de la vie qui gît en nous et qui ne demande qu’à se transmettre ; « choix personnel » qui interroge légitimement la société dans ce qu’elle a de plus conventionnel et de plus essentiel, à savoir que depuis que la sexuation existe, les mâles sont appelés à la paternité et les femelles à la maternité. On n’empêchera pas les gens de s’étonner qu’unetelle ou unetelle fasse le choix de la stérilité volontaire, ce choix ayant été jusqu’ici l’exclusivité des femmes consacrées à la vie strictement spirituelle [vierges consacrées, moniales,…]. Et, globalement, la stérilité a toujours été vécue comme une douleur, une injustice, voire une disgrâce, quand ce n’était pas carrément un crime contre l’humanité quand on vous l’infligeait.
C’est donc légitimement que ce genre de mode de vie suscite des interrogations.

2.
« L’enfant n’est pas considéré comme un lieu potentiel d’épanouissement personnel. »
En effet : un enfant n’est pas à proprement parler un « lieu potentiel d’épanouissement personnel ». Se lever en pleine nuit pour donner le sein ; courir les administrations pour trouver une place en crèche ; se trouver une adresse bidon pour pouvoir s’inscrire dans une bonne école à l’autre bout du département ; courir les écoles de musique et les clubs de poneys tous les mercredis et tous les samedis ;  faire les courses pour quatre, cinq ou six estomacs ; se faire un sang d’encre pour décrocher une place dans une université onéreuse ; tout cela n’est pas vraiment un « épanouissement personnel ». Vu comme ça, c’est plutôt un programme qui annonce des inquiétudes et de la fatigue pour rien, et en plus ça vous prive à coup sûr de vacances d’enfer aux Maldives et de randonnées trop sympas dans les montagnes de l’île de la Réunion.

 Évidemment, si c’est  l’ « épanouissement personnel » que l’on cherche avant tout, il ne reste plus beaucoup de temps à consacrer à l’épanouissement de quelqu’un d’autre que soi. Dans Citadelle, Saint-Exupéry disait quelque chose de ce genre-là : les fleurs se font belles, non pour elles-mêmes, mais pour s’abandonner dans quelque chose de plus grand qu’elles : le fruit qu’elles deviendront.

3. 
« En mai dernier, la première fête des non-parents a même eu lieu à Paris. »
Quand la non-fertilité est une fête… Au secours. Bientôt la fête des non-nés, des non-morts, des non-vivants, et nous fêterons nos non-anniversaires comme dans le monde délirant d’Alice. Bienvenue dans la psychiatrie lourde, festive comme une danse macabre puisque c’est ni plus ni moins la Mort qui est convoquée dans cette joie-là.

4.
« Elles ne veulent pas mettre au monde un enfant dans un monde imparfait. »
Manque de bol, le monde n’a jamais été parfait. S’il faut espérer le paradis sur terre, autant devenir Témoin de Jéhovah ou communiste. C’est donc encore un point de gagné pour la société traditionnelle : plus on entre dans l’idéologie moderne [écologisme, socialisme, capitalisme], plus la haine de la Vie s’étend. L’écologisme estime que la Terre se porterait bien mieux sans hommes [et sans femmes ! – LOL –] ; le socialisme et le capitalisme croient de concert que la vie d’un homme n’a de dignité que s’il est entouré des biens matériels par lesquels il trouve une place dans la société [sécurité sociale, société de consommation ; même combat]. Vivement l’avortement post-natal et l’euthanasie pré-mortem, pour nous délivrer d’un monde vraiment trop insupportable par son imperfection.
C’est un véritable crime à la fois contre l’Espérance et contre la Charité qui se joue ici.

5.
« Je ne considère pas non plus la grossesse comme un état « naturel » ».
Comment peut-on à ce point penser contre son propre corps et sa propre chair ? Comment ne pas y lire une véritable haine de l’incarnation ? Comment ne pas penser immédiatement au désir tyrannique, prométhéen et totalitaire de l’utérus artificiel qui nous attend dans l’avenir, et des mères porteuses qui se pose dans l’immédiat ?

6.
« Peut-être un jour, aurai-je envie de devenir mère ? Si c’est le cas, je me tournerai vers l’adoption, car il y a tellement d’enfants malheureux sur cette terre qu’il est inutile d’en mettre un de plus au monde. »
Désolé ma grande, mais entre l’adoption et l’action humanitaire, il y a un gouffre gigantesque. Et ni l’un ni l’autre ne sont une garantie de bonheur plus grande – ou moindre – que celle d’avoir un enfant biologique. Quant à la justification de la vie ou de la mort selon l’échelle de bonheur que l’on peut garantir à l’individu, on ne connait que trop les terrifiantes portes que cela ouvre. Si le pauvre monde attire ta pitié au point de vouloir y sacrifier ta propre fertilité, assume d’être une ecclésiastique parmi le clergé humanitaire.

Le suicide collectif continue.

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Le blog de Patrick Lozès [« Noir tout simplement »] est une lecture toujours revigorante. Dans un de ses derniers articles il écrit d’abord :

« Selon le journal La Marseillaise, la SNCF aurait distribué à ses agents et à ses clients une fiche de signalement d’agressions ou de plainte qui répertorie les personnes en fonction de leur âge, taille, sexe et… « apparence ».
L’auteur de l’agression est alors classé parmi sept identifications : « Européen », « Africain », « Nord Africain », « Asiatique », « Latino-Américain », « Gitan » et « Pays l’Est « .
Je redis mon opposition totale au fichage ethnique. »

Patrick Lozès, répétons-le, dit son opposition totale au fichage ethnique. Il s’empresse donc, dans la suite de son article, d’écrire :

« Devant la multiplication de telles affaires et devant l’impérieuse nécessité de protéger les personnes, tout en n’altérant pas la possibilité sous certaines conditions de pouvoir recueillir des données sur l’apparence, il devient indispensable que le gouvernement lance un grand débat sur les statistiques de la diversité afin que chacun sache, précisément, ce qui est possible et ce qui ne l’est pas.
Ce grand débat devrait permettre d’évaluer la législation actuelle et proposer, si nécessaire, des évolutions législatives sur le traitement de données portant sur la perception des individus dans l’espace publique.
La diversité de la société française amènera inévitablement de plus en plus d’acteurs publics ou privés à faire appel à des critères liés à l’apparence  ou à la perception de cette apparence. »

Patrick Lozès estime donc que, tôt ou tard, dans le cadre d’un débat démocratique, face aux réalités du monde d’aujourd’hui et de demain, et dans l’intérêt de tous, il faudra bien que la loi évolue vers plus de progrès ; et donc que le fichage ethnique est souhaitable.

Résumons :
1. Patrick Lozès est contre le fichage ethnique.
2. Patrick Lozès est pour le fichage ethnique.

J’aimerais que quelqu’un m’explique comment une pareille andouille a pu convaincre les médias qu’il avait des choses intelligentes à dire.

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