« Le progrès social consiste à repeindre chaque printemps en vert les feuilles d’un arbre dont les racines sont mortes. »
Jean Yanne
dimanche 3 octobre 2010
dimanche 3 octobre 2010
« Le progrès social consiste à repeindre chaque printemps en vert les feuilles d’un arbre dont les racines sont mortes. »
Jean Yanne
dimanche 3 octobre 2010 at 3:56
Dans Moi y’en a vouloir des sous, Jean Yanne, justement, avait fait une critique acerbe de cette grande blague que sont devenus les syndicats, l’instrumentalisation de « l’intérêt des travailleurs », et de la médiocrité commune (en réalité, derrières toutes ces manifestations, sous tous ces discours sur les droit, la justice sociale, etc, se cache juste l’amour bien bourgeois du pognon). Jean Yanne, avec Moi y’en a vouloir des sous, Chobizeness, Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, Les chinois à Paris (je n’ai pas encore vu Liberté, égalité, choucroute, ni Je te tiens, tu me tiens par la barbichette) donne à voir de manière particulièrement cynique la foire de la société moderne, qui se croit celle du progrès, mais qui est plutôt celle de la bassesse et de la veulerie.
dimanche 3 octobre 2010 at 4:46
Homo festivus est de sortie. La France coule.
dimanche 3 octobre 2010 at 4:52
@Goetz
Plutôt que de parler d’amour du pognon, car il y a à parier que parmi les manifestants se trouvaient autre chose que les nantis-branleurs de la fonction publique, il y a surtout un espèce d’amour déçu de la part des croyants de la social-démocratie.
Ces hommes qui manifestent, pour la plupart, ne peuvent imaginer vivre autrement qu’à travers des services impersonnels alloués par la République française.
Pour reprendre les mots de Robert Marchenoir en ces lieux, en théorie chaque aspect de la vie peut être pris en charge par les bons soins de la collectivité.
Alors vous imaginez, si le principe de la retraite par répartition tombe (et il finira par tomber), c’est l’avancée historique de l’état qui s’arrête d’un coup net, et ses croyant qui prennent une claque monumentale et métaphysique dans la tronche.
Je ne me réjouis pas de cette souffrance à venir, elle me fait autant de peine que lorsque j’entends des ptits vieux se plaindre que la Police ne fait plus son boulot et invoquent toujours plus de Police pour pallier à la déficience inéluctable d’un système dont ils se bornent à ne pas reconnaître les limites.
Dans l’idéal, un état égalitaire, redistributeur, méritocratique, universaliste, juste et ferme serait la chose la plus souhaitable au monde. Mais entre l’idéal et la réalité, il y a cette marge que beaucoup ne veulent pas voir.
Comme l’éducation et l’immigration de masse, le déni des « croyants » ne sera jamais aussi fort qu’arrivé au terme du pourrissement total des idôles qu’ils vénèrent (la justice, l’éducation, l’immigration, tout semble lié en une seule et même fausse relique)
dimanche 3 octobre 2010 at 5:09
« elle me fait autant de peine que lorsque j’entends des ptits vieux se plaindre que la Police ne fait plus son boulot et invoquent toujours plus de Police pour pallier à la déficience inéluctable d’un système dont ils se bornent à ne pas reconnaître les limites. »
L’application de cette parabole au système par répartition des retraites est pertinente.
En revanche, la police me semble être dans un tout autre cas de figure. Celle-ci, par les consignes imposées du haut de la hiérarchie, est largement restreinte dans ses actions. Couplées à la politique du chiffre, les consignes idiotes rendent le travail des policiers des plus inefficaces. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas développer les milices privées, ou légaliser le port d’arme. Il le faut, aucun doute là-dessus. Seulement, la sécurité est bien une fonction régalienne et la police pourrait être autrement plus efficace si l’État n’avait pas décidé de s’étendre dans tout un tas de domaines qui ne le concernent nullement.
dimanche 3 octobre 2010 at 5:46
C’est un peu ce que j’ai toujours affirmé : le socialiste a besoin d’un Président Père Noel ….et du sapin déjà crevé qui va avec….
lundi 4 octobre 2010 at 7:40
@ Sidi Ben Vicious :
L’idéal n’est pas un état égalitaire. On a vu les magnifiques résultats d’une république issue de la révolution. L’égalité s’efforce de faire disparaître toute idée de hiérarchie (pour le vulgum pecus hein, parce que ceux qui ont accès au pouvoir…), la soi-disant liberté de son côté battant en brêche le principe d’obéissance. La légitimité du pouvoir républicain ne provient pas de Dieu ou de la réalisation du Bien Commun mais de la loi du nombre. Relisez donc Tocqueville, tout particulièrement le passage sur la passion de l’égalité et ses effets destructeurs.
Quant à l’universalisme, je préfère me taire. On a vu ce que cela a pu donner par le passé.
lundi 4 octobre 2010 at 8:03
@koltchak91120
Mais je ne dis pas le contraire, j’essaye de mettre à la place des croyants pour mieux les comprendre.
Si l’on croit que l’homme est naturellement bon, alors oui l’état « égalitaire- redistributeur-méritocratique-universaliste-juste-ferme » est la chose la plus souhaitable au monde.
Le seul ennui chez les sociaux-démocrates, les communistes et tous les croyants de l’état, c’est qu’ils n’ont pas encore découvert que l’homme était naturellement mauvais et rebelle à toute tentative de domestication rationalisé.
lundi 4 octobre 2010 at 9:39
Koltchak, Sidi,
Nous enfonçons des portes ouvertes depuis des millénaires mais allons-y : l’Homme ne peut se permettre de suivre sa nature, sans quoi il devient une bête. L’Homme est condamné pour l’éternité à devenir humain, à faire toute sa vie l’effort de fuir ses penchants pour gagner l’humanité. Voilà à quoi sert la Liberté.
La pensée progressiste est une pensée religieuse, qui croit fermement que l’on peut abolir le Mal [la bestialité de l’homme] en abolissant la Liberté [société redistributrice, planifiée, maternante, totalitaire, consécration du Système]. Le Progrès apparaît comme un véritable sabotage du plan divin, comme une véritable rebellion luciférienne. Or le Mal et la Liberté sont irréductibles, et le Progrès est condamné à s’encastrer en permanence dans le platane du réel.
Il faut lire et relire Baudelaire !
« La nature n’enseigne rien, c’est-à-dire qu’elle contraint l’homme à dormir, à boire, à manger, et à se garantir, tant bien que mal, contre les hostilités de l’atmosphère. C’est elle aussi qui pousse l’homme à tuer son semblable, à le manger, à le séquestrer, à le torturer ; car, sitôt que nous sortons de l’ordre des nécessités et des besoins pour entrer dans celui du luxe et des plaisirs, nous voyons que la nature ne peut conseiller que le crime. C’est cette infaillible nature qui a créé le parricide et l’anthropophagie, et mille autres abominations que la pudeur et la délicatesse nous empêchent de nommer. C’est la philosophie (je parle de la bonne), c’est la religion qui nous ordonne de nourrir des parents pauvres et infirmes. La nature (qui n’est pas autre chose que la voix de notre intérêt) nous commande de les assommer. Passez en revue, analysez tout ce qui est naturel, toutes les actions et les désirs du pur homme naturel, vous ne trouverez rien que d’affreux. Tout ce qui est beau et noble est le résultat de la raison et du calcul. Le crime, dont l’animal humain a puisé le goût dans le ventre de sa mère, est originellement naturel. La vertu, au contraire, est artificielle, surnaturelle, puisqu’il a fallu, dans tous les temps et chez toutes les nations, des dieux et des prophètes pour l’enseigner à l’humanité animalisée, et que l’homme, seul, eût été impuissant à la découvrir. Le mal se fait sans effort, naturellement, par fatalité ; le bien est toujours le produit d’un art. »
lundi 4 octobre 2010 at 12:24
Lu sur des pancartes d’un cortège de grisonnants gauchiottes cet argument inédit, philosophiquement indépassable dont la puissance de conviction ne vous échappera pas:
– » La retraite à 60 ans:
Parce que je le veux ! »
mardi 5 octobre 2010 at 10:10
« La retraite à 60 ans: Parce que je le veux ! »
La génération du baby boom, toujours à manifester pour sa pomme en se comportant comme des enfants gâtés et qui va laisser un pays délabré… Ils n’ont vraiment honte de rien.
mardi 5 octobre 2010 at 11:26
Fromage, je suis plutôt d’accord avec votre n°8. Mais Beaudelaire n’est pas théologien et se plante un peu.
Il y a même contradiction entre ce que vous dites et votre citation.
La nature de l’Homme a été blessée, et le sacrifice du Christ permet à l’Homme de rétablir sa véritable nature, devenir vraiment Homme. Ne soyez pas janséniste !
Je pense que vous voyez où je veux en venir.
mercredi 6 octobre 2010 at 1:21
PMalo,
Eh bien non justement, je ne vois pas. Could you explain ?
mercredi 6 octobre 2010 at 7:48
Je trouve moi aussi qu’effectivement, ce texte de Baudelaire est un non-sens total, et est en contradiction avec les analyses de l’Eglise. La société, la civilisation, la hiérarchie et la loi, orale ou écrite, sont des choses naturelles à l’homme. C’est bien ça qui fait qu’elles sont légitimes. L’aptitude au bien est aussi naturelle à l’homme que le penchant au mal, le choix de l’un ou de l’autre résulte d’un effort ou d’un défaut de volonté, la capacité de vouloir étant elle-même naturelle à l’homme. L’institution d’une morale, d’un sens commun du bien et du mal, de l’admis et de l’interdit est une chose normale, le déplacement de cette limite vers plus de laxisme ou plus d’exigence est le résultat de la volonté, respectivement soit qu’elle manque à ceux qui savent que le bien est souhaitable face ceux qui préfèrent ou ont intérêt à ce que le mal se répande, soit qu’au contraire celle des vertueux triomphe de celle des décadents et des malfaisants.
Et à Sidi ben vicious, je répondrais aussi que c’est le contraire. Si l’homme est naturellement bon, il sait reconnaître le bon, et tend à le pratiquer. On peut donc lui faire confiance pour arranger au mieux les choses autour de lui, ou en tout cas de les améliorer. On peut donc le laisser faire sa vie, sans intervenir, sans redistribuer, en se bornant à faire en sorte que les nuisibles soient plus ou moins écartés de la société des individus globalement sains et bons et responsables. Mais au contraire, si l’homme est mauvais, on ne peut pas lui faire confiance, on sait que par ignorance ou par mauvaiseté, il détraquera ce qui marche, créera des problèmes où il n’y en avait pas, fera le mal là où devrait régner une relative harmonie, et alors il faut le brider par la loi, par la police, empêcher l’égoïste et le carriériste de réussir par la puissance même de ses vices. Par nécessité, pour son propre bien, quelque chose d’extérieur à lui, d’étranger à ses désirs, doit avoir une emprise plus importante sur sa vie que lui-même, sans quoi il se la rendrait difficilement supportable.
Mais la nature humaine n’est ni intrinsèquement bonne, ni intrinsèquement mauvaise, car sinon, dans un cas comme dans l’autre, le sacrifice du Christ serait inutile et insensé. Aussi, un juste mélange de confiance et de contrôle permet de favoriser l’action de la bonne conscience de l’homme, et de limiter les dégâts de ses instincts, désirs et plans mauvais. La religion catholique assurait le rôle éminemment salutaire de guider les esprits, sans contraindre, mais sans laisser aller non plus. Voilà d’où vient la supériorité de la civilisation jusqu’à ce que l’influence de la religion puis ses principes mêmes n’aient été attaqués, et avec un succès certain plutôt qu’un certain succès.
mercredi 6 octobre 2010 at 8:33
Gotfried, nous sommes d’accord.
F+, cf réponse de Gotfried. Votre dualité nature (humaine fondamentalement mauvaise) et grâce (divine fondamentalement bonne) est fausse.
La nature humaine et la nature-création sont fondamentalement bonnes ! C’est la liberté de l’homme de pouvoir rejeter Dieu (définition du mal) qui a jeté le trouble dans cet ordre naturel.
Rétablir l’ordre pleinement naturel dans la création tout entière (Homme compris, foin de cet autre dualisme homme/création) est le but effectif du sacrifice du Christ.
Jésus, par sa mort et sa résurrection, « fait toutes choses nouvelles » ; cet aspect cosmique, parousiaque, de la résurrection, est assez généralement oublié chez les catholiques (et au contraire très présent chez les orthodoxes), particulièrement chez les tradis qui ne voient souvent que l’Homme et oublient la reste de la création, justement à cause de ces dualismes jansénistes très datés fin XIXe (puritanisme, etc.) et ainsi rejettent parfois toute idée d’écologie.
C’est sur cette vision globale que repose l’enseignement écologique catholique, une écologie globale, qui ne fait donc pas de distinction entre l’écologie de la création (respect de l’environnement, juste vision de la création et donc juste utilisation) et l’écologie humaine (morale sexuelle par exemple) : occultez l’un des pans, et inéluctablement l’autre en souffrira.
Pour rester dans l’actualité récente, je vous propose de relire « Caritas in veritate », tout cela y est très clairement abordé.
mercredi 6 octobre 2010 at 11:07
Le dualisme nature/culture est aussi artificiel et stérile. On peut donc considérer que la fameuse phrase de Rousseau est nulle et non advenue. La civilisation n’a pas pour but d’occulter la nature, mais de la réaliser dans ce qu’elle a de fondamentalement bon.
La meilleure image pour décrire le lien entre tout cela est le paysan (l’homme) qui cultive (la culture) la terre (la nature).
(Reste à savoir de quelle agriculture on parle… mais là est un autre sujet. Encore que…)
jeudi 7 octobre 2010 at 11:08
Gotfried, PMalo,
Pour ma part, je ne vois aucune contradiction entre le texte de Baudelaire et le dogme catholique. Non, la nature de l’homme n’est pas bonne, sans quoi le péché originel passerait à la trappe, et dans la foulée le christianisme perdrait toute raison d’être.
jeudi 7 octobre 2010 at 12:55
La nature BLESSEE par le péché n’est effectivement plus bonne, mais le Christ est mort et ressuscité pour RETABLIR cette nature.
C’est là la foi catholique !
C’est le choix de s’écarter de Dieu qui détruit notre nature (comme quand on débranche une ampoule, elle s’éteint) ; ce choix est possible grâce à la liberté (l’interrupteur). La liberté est bonne car don de Dieu, mais un mauvais usage de cette liberté détruit notre nature, qui devient ainsi souillée.
C’est le mauvais choix de l’homme qui le rend mauvais, c’est un mauvais usage de la liberté qui le coupe de Dieu, pas sa nature.
Le mal n’existe pas en soi, il n’est que l’absence de bien. La nature ne peut pas être mauvaise, elle peut être détournée par la libre volonté de l’homme de l’objectif voulu par Dieu.
Je n’ai pas les compétences pour en dire beaucoup plus et j’ai peur de finir par dire des conneries. Cette question est primordiale, parlez-en avec quelqu’un de plus « qualifié ».
jeudi 7 octobre 2010 at 12:56
Bref, il vaut mieux aborder ces questions avec des théologiens plutôt qu’avec des poètes, aussi doués soient-ils ! 😉
jeudi 7 octobre 2010 at 12:56
Totalement d’accord avec Gotfried.
Reconnaître l’homme comme fondamentalement mauvais est aussi pernicieux, malicieux, que d’affirmer que le Mal n’existe pas. Dans le premier cas, vous répandez fatalisme et excuse éternelle (que voulez-vous les hommes sont ainsi… on va pas leur demander de respecter le decalogue, c’est trop dur…). Lorsque les hommes de bien renoncent…
Je ne sais pas ce que vous fumez en ce moment, F+, mais j’ai l’impression que vous vous égarez. Que la nature de l’homme ne soit pas bonne, oui, si vous entendez par là qu’à l’état de nature celui-ci n’est pas pur ; l’homme a le privilège d’avoir reçu un souffle divin pour s’arracher d’une condition animale… le bien et le mal sont répartis entre les hommes fort équitablement à l’état de nature, mais le fils de Dieu est venu payer pour leurs fautes et créer une nouvelle alliance… nous ne sommes pas condamnés à errer sans but sous le poids du péché originel comme des Juifs, car nous avons eu une révélation que nous nous devons d’honorer (interpretation toute personnelle, ne pas oublier que les Ecritures sont faites par des hommes, et que le peche originel et tout ce qui s’en suit peut aussi bien être le négatif de l’homme naturellement bon, à savoir le zèle de primates convaincus de la noirceur de leur prochain et qui voueraient leur existence à le prouver, on a donné, ça a pu avoir son utilité en certains lieux, temps, latitudes, mais merci)
Nier que la Création l’a doté du libre-arbitre, de la faculté de distinguer le bien du mal, de la capacité de faire le bien, de s’élever… voilà qui n’encourage pas à l’exercice de la foi, et devrai convaincre tout le monde de fuir les Eglises, tant leur tâche est vaine…
jeudi 7 octobre 2010 at 1:38
PMalo,
Si vous pensez vraiment que « le mal n’existe pas en soi, il n’est que l’absence de bien », ne venez pas me donner de leçons de catéchisme ; vous niez là l’existence du démon, ce qui constitue une négation de nombreux passages des évangiles [la tentation au désert, par exemple].
… [Jules],
Je ne comprends pas ce que vous me reprochez, je crois bien que je suis d’accord avec tout ce que vous dites ! M’avez-vous lu ?
jeudi 7 octobre 2010 at 1:40
Intéressante discussion. Où l’on voit qu’il ne faut pas mêler politique et religion.
jeudi 7 octobre 2010 at 8:49
Non, Fromage.
Assurément non.
Je n’ai JAMAIS dit que le démon n’existait pas.
Je vais tenter d’être clair, le sujet demande de la rigueur (et je suis vraiment frappé (et déçu) d’avoir à donner ce cours de métaphysique et catéchèse élémentaire ici !)
Je parle de nature, dans le sens métaphysique, de nature des choses.
Dieu a tout créé, même le diable qui était le plus beau et le plus intelligent de tout ses anges.
Il les a créés avec leur nature propre ; tout ce que Dieu a créé est bon, comment en pourrait-il être autrement ? Donc toute chose (le caillou, la girafe, l’ange, le géranium, l’homme, tout) est bonne par nature.
Seulement, Dieu étant pur amour, il a voulu laisser à l’homme et aux anges la liberté de le choisir ou de le rejeter : comment peut-il y avoir amour réciproque sans liberté ?
Or, l’homme et certains démons ont rejeté Dieu, ce qui a bouleversé l’ordre naturel de la Création, bon à l’origine. Là est le mal : dans le rejet de Dieu.
Satan n’est pas mauvais par nature, mais par choix, par son choix de refuser Dieu.
Le mal n’a pas de nature créée, ce n’est pas une entité, comment Dieu aurait-il pu créer quelque chose de mauvais ?, c’est une volonté de s’écarter du plan de Dieu. Or, quand on s’écarte du plan de Dieu, cela fait du désordre. Désordre que Jésus a réordonné par son sacrifice.
Prenons un robot, que vous avez construit. Le robot n’existe que par vous et ne peut faire que ce pour quoi vous l’avez créé. Il n’a pas de liberté. C’est l’équivalent de l’animal, par exemple, qui n’a pas de volonté libre. Imaginons que vous réussissiez à créer un robot avec une volonté libre, et que ce robot décide de se passer de ce pour quoi il a été fait et de toute influence venant de vous, il ne peut faire que de la merde : s’il vous lui avez greffé un tournevis et qu’il veut planter des clous, il fera de la merde. Pareil pour l’homme : il n’y a rien en dehors de Dieu, qui a tout créé ex-nihilo ; que pouvons-nous faire hors de lui, sinon de la merde ?
Relisez la Genèse ! Et parlez-en avec quelqu’un de plus qualifié que moi, j’ai peur de dire des conneries !
(Je reste abasourdi… c’est ça, les tradis ???)
jeudi 7 octobre 2010 at 10:00
Désolé de vous le dire et pardon pour ma petite pique sur les tradis (même s’il y a un zeste de sérieux caché sous l’ironie aigre), mais ce que vous soutenez est une hérésie combattue de tous temps par l’Eglise, entre autres et sous plusieurs déclinaisons : catharisme, jansénisme, puritanisme, et j’en passe, bref toutes ces hérésies qui opposent la nature prétendue mauvaise à la grâce divine…
La vraie culture est ancrée dans la nature et a pour projet de porter cette nature vers le projet divin, pour paraphraser quelqu’un elle n’abolit pas, elle accomplit, et c’est au contraire une des tares du projet moderne de couper la civilisation de toute idée de nature (insupportable déterminisme !) pour recréer un machin de toutes pièces ; ce rejet institutionnalisé de Dieu ne peut aboutir qu’à des désastres, ce que l’on a eu tout loisir d’observer.
J’ai relu le texte de Beaudelaire à l’instant : il n’y a RIEN de catholique là-dedans.
C’est au contraire très daté, très moderne, très kantien, détaché de toute transcendance, et finalement incohérent : si l’homme est naturellement mauvais, comment une société faite d’hommes peut-elle améliorer l’homme ? Par « la raison et le calcul » ?
Comment un homme naturellement mauvais peut-il avoir des capacités bonnes comme la raison ou le calcul ? D’où viennent-elles ?
Et voir un poète ou un artiste faire l’apologie de la raison pure et du calcul a quelques chose de déplacé, car son art fait justement aussi appel à des capacités intrinsèques à l’homme autres que la raison et le calcul, comme la sensibilité, la recherche du beau, la gratuité, etc.
Bref, je trouve votre texte fort mal choisi : quand on veut parler théologie, on choisit un théologien. Je ne fais pas confiance à mon coiffeur pour les questions de météo.
vendredi 8 octobre 2010 at 12:22
Je soutiens PMalo. Seul Dieu est absolument parfait, et donc absolument libre, puisque n’étant pas soumis aux tentations mauvaises. Le choix de Dieu, c’est le bien et l’amour. Mais seul Dieu est absolument parfait, et ce qu’il a créé est certes bon de nature, mais ne peut être parfait, sinon par définition serait de l’essence de Dieu. Ainsi, la pierre n’a pas d’âme sensible, et l’animal n’a pas d’intelligence (au sens de la théologie catholique). L’homme a été créé bon, mais ayant le libre-arbitre. La liberté de l’homme se différencie de celle de Dieu du fait qu’ils n’ont pas la même connaissance du bien et du mal. Dieu connait le mal qui, paradoxalement, est né de l’amour qu’il avait pour ses créatures, qu’il a laissé libres de ne pas l’aimer. Le mal est uniquement le fait de se détourner de Dieu.
Quand Adam et Eve ont désobéi, librement, et n’ont pas tenu compte de l’avertissement que Dieu leur avait donné, puisque Dieu est la vie et qu’ils se sont détournés de lui ils ont découvert la mort, puisque Dieu est l’amour ils ont découvert la haine, puisque Dieu est la félicité ils ont découvert le malheur. Ils ont souillé la nature exclusivement bonne que Dieu leur avait transmis en les créant, et eux, comme parents de toute l’humanité, on transmis cette humanité souillée à l’humanité entière. Mais alors que Lucifer était le plus parfait des anges, et que donc son choix de se détourner de Dieu s’est fait en parfaite et absolue connaissance de cause, l’homme a été trompé, dupé, et son erreur n’a pas entièrement détourné sa nature vers le mal.
Mais évidement, quel que soit ses mérites du à la bonne part de sa nature, l’homme ne pouvait pas se racheter seul. Voilà pourquoi Jésus s’est incarné, c’est dans son sacrifice que nous pouvons trouver de quoi nous racheter, retourner entièrement notre nature vers la bonté primitive, tel que Dieu nous a fait. Dieu veut nous revoir à sa droite, et il veut nous voir y retourner librement. Si nous étions entièrement corrompus, rien ne pourrait nous racheter, nous serions le mal, des agents du mal, et nous serions tout de suite jeté dans le lac de souffre et de feu. Lucifer était l’ange le plus aimé de Dieu, mais à la fin des temps il sera définitivement perdu, alors si nous, petits humains, partagions la même pure « mal-essence » que Lucifer déchu, imaginez quel serait notre sort!?
Sans cesse, les Papes, dans leurs encycliques, ont appelé à respecter les monarchies ou les républiques justes, les lois ou les coutumes justes, la famille, le travail, le mariage, toute chose qui ne sont liées qu’à notre nature humaine, mais qui sont reconnues bonnes, car manifestations de la partie divinement inspirée qui reste de notre nature bonne. Notre souillure, le mal qui nous tourmente depuis qu’Adam et Eve ont librement décidé, bien que trompés, de se détourner de Dieu, c’est la colère, l’envie, l’orgueil, l’avarice, la paresse, la luxure, et la gloutonnerie. De notre nature primitivement bonne, nous héritons la charité, l’humilité, la tempérance, le courage, la générosité, la modestie, la chasteté.
La nature humaine actuelle n’est ni exclusivement bonne, ni exclusivement mauvaise, mais elle est juste sur le fil du rasoir, parfaitement entre l’ombre et la lumière, et c’est aussi pourquoi c’est pour nous que Jésus est venu, et pas pour les anges déchus ou les animaux (bien que là, je manque d’éléments théologiques pour déterminer la portée exacte de la Passion pour le reste de la Création). Voilà pourquoi on peut exiger de bonnes choses de l’homme a raison, et tout aussi bien s’attendre à raison à ce qu’il en fasse de mauvaises. C’est entendre la parole du Christ qui fera la différence, les plus mauvais se perdront en connaissance de cause, et les autres, sortis de l’ignorance, s’engageront dans la voie du Salut, car un rien peu faire la différence, pour l’homme, entre la vie et la mort de l’âme.
vendredi 8 octobre 2010 at 12:35
Y a-t-il un théologien dans la salle ?
vendredi 8 octobre 2010 at 11:32
@ fromageplus
« Y a-t-il un théologien dans la salle ? »
Mieux que cela, mon fils. Qu’y a t-il ?
vendredi 8 octobre 2010 at 1:47
Gotfried, dans mes bras. Vous êtes lumineux. Et je vous conseille vivement de creuser cette question de la portée cosmologique du Salut, c’est fantastique.
Les livres de Jean Bastaire (il en a écrit plein, et en sort encore 1 ou 2 par an) sont une bonne première approche de ce sujet, même si j’ai tendance à réfréner quelque peu mon enthousiasme à son égard : ce qu’il écrit dans ces bouquins va tellement loin que j’attends un avis plus « officiel » de l’Eglise.