CP 1919, également nommé PSR B1919+21, est le premier pulsar découvert. Sa découverte revient à Jocelyn Bell, alors étudiante en thèse, et de son directeur de thèse, Antony Hewish. La découverte eut lieu dans le cadre d’une expérience visant à observer le phénomène de scintillation interstellaire dans le domaine des ondes radio. Dans ce but, Hewish et Jocelyn Bell construisirent une antenne opérant à la longueur d’onde de 3,7 m. C’est dans le mois qui suivit la mise en service de l’appareil, en juillet 1967, que fut détecté le premier signal du pulsar. Cependant, la forme du signal ne correspondait pas à ce qui était attendu pour un phénomène de scintillation, et l’observation fut dans un premier temps rejetée par Hewish, qui considérait qu’il devait être la résultante d’une interférence avec un instrument terrestre. Dans les mois qui suivirent, le même signal fut observé de façon sporadique, avec une avance de 4 minutes chaque jour, correspondant au lever de plus en plus tardif de la source du fait de la rotation terrestre.
En novembre 1967, Hewish abaissa progressivement la fréquence d’échantillonnage de son instrument, jusqu’à descendre en dessous de la seconde, et vit apparaître une périodicité extrêmement régulière du signal du pulsar, avec une période d’environ 1,337 seconde. Ce signal ne fut pas immédiatement interprété comme résultat de l’émission d’une étoile à neutrons en rotation rapide, et fut soupçonné d’être d’origine extra-terrestre. Pour cette raison, il fut appelé sous le nom de code LGM-1, « LGM » correspondant à l’abréviation de l’anglais Little Green Men (« petits hommes verts »). C’est en partie pour cette raison que Hewish décida de ne pas diffuser immédiatement sa découverte, le temps d’avoir une meilleure compréhension de celle-ci. Ce n’est qu’en février 1968 qu’elle fut officiellement annoncée dans un article resté célèbre de la revue scientifique Nature.
Il existe dans la Cambridge Encyclopedia of Astronomy un graphique illustrant cent pulsations du pulsar CP 1919 :
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Un jour, Bernard Sumner [guitariste de Joy Division] tomba sur cette image et, séduit, la soumit au graphiste Peter Saville pour qu’il en fasse la pochette de leur premier album. Après quelques minimes corrections optiques pour esthétiser l’ensemble, le dessin prit place sur la pochette d’Unknown Pleasures. Pour parachever l’esprit minimaliste du concept, Peter Saville choisit de laisser le dos de la pochette vierge là où traditionnellement prennent place la liste des chansons, et renomma la Face A et la Face B « Outside » et « Inside« .
Évoquant quelque mystérieuse ondulation électromagnétique ou topographique, l’image énigmatique d’Unknown Pleasures devint très rapidement un immense classique du graphisme, en particulier par sa miraculeuse adéquation avec l’esprit de la nébuleuse cold wave / indus / électro minimaliste qui s’annonçait prophétiquement dans le son de Joy Division. C’était en 1979.