avril 2010


Du nouveau dans l’affaire Hebbadj : Rachida Benamed, la représentante de l’Association des musulmans de Meaux et de sa région vient de déposer une plainte pour diffamation >>>. « Dans notre religion, l’adultère est un péché. La polygamie n’est pas interdite, mais elle est strictement encadrée. Si cet homme s’est marié religieusement avec plusieurs femmes, les qualifier publiquement de maîtresses revient à les répudier aux yeux de la communauté musulmane. »

Si l’Association des musulmans de Meaux a raison concernant l’adultère, alors Hebbadj pratique bel et bien le mensonge : non, avoir des maîtresses n’est pas autorisé dans l’islam. Sera-t-il prié de reconnaître son erreur, voire déchué de son statut de musulman pour avoir osé falsifier publiquement un dogme auqel il adhère ? Si seulement il existait un catéchisme islamique écrit noir sur blanc, avec une autorité suprême qui en assurerait l’intégrité et la cohérence, on en saurait davantage… Je ne comprends pas les gens qui critiquent le Pape : il est le plus sûr moyen de savoir qui est dedans ou dehors de la foi professée, et donc de faire le ménage chez les brebis galeuses… On ne peut pas être catholique ET polygame, par exemple. On ne peut pas être catholique ET croire en la métempsychose. On ne peut pas être catholique ET professer que Jésus n’est pas le fils de Dieu. On se fait excommunier dans les formes. Dans l’Église on sait où on va et à quoi on adhère. Hors de l’Église, le Pape ne cautionne plus. Bref.

D’autre part, nous notons que Mme Benamed réprouve fermement le fait de parler de ses épouses comme de ses maîtresses. Faut-il y lire l’aveu que personne n’est dupe de la polygamie avérée de M. Hebbadj, et qu’icelui pratique encore une fois la dissimulation sur son statut marital ?

Mais pourquoi tant de contorsions, M. Hebbadj ? Avez-vous donc tant honte de votre foi que vous vous efforciez d’en faire apparaître autre chose à coups de baratin ? Assumez-vous, un peu ! Avez-vous bel et bien bravé la loi républicaine en épousant quatre femmes devant un imam ? Fort bien ! Clamez-le ! Payez-en le prix, au lieu de vous défiler, de vous contorsionner dans tous les sens, d’enrober vos arguments foireux dans du miel ! Dites-nous clairement qui vous êtes et ce que vous voulez ! Dites-nous franchement en QUOI vous croyez ! On ne va pas vous manger ! Pour un radical, je vous trouve bien fuyant !

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Résumé : Une femme se fait interpeller pour conduite en burqa. On découvre alors que son mari pratique un « islam radical » et qu’il entretient plusieurs épouses aux frais de SAR la Princesse CAF.

Interrogé par les journalistes – qui feignent de ne pas vraiment voir ce qui éclate au grand jour –, le mari répond qu’il n’a qu’une seule femme, que les autres sont ses maîtresses, et que ni la France ni l’islam n’interdisent d’avoir des maîtresses. [Voir la vidéo de ses déclarations publiques >>>]

Quand on embrasse une religion de façon « radicale », on se targue de mettre en pratique son mode de vie au plus près du texte, ce qui signifie très souvent une connaissance du dogme assez supérieure à la moyenne des croyants. Nous sommes donc tout à fait portés à croire sur parole les affirmations de cet homme. Bien.

Hypothèse n°1 : Le mari reconnaît qu’il n’a qu’une femme, qu’il la trompe avec ses maîtresses, affirmant ainsi devant les caméras et les micros que le Coran autorise tout à fait qu’on trompe sa femme. L’islam cautionne donc – voire encourage ? – l’infidélité.

Hypothèse n°2 : Le mari a bel et bien épousé plusieurs femmes, mais l’ayant fait de façon strictement religieuse il se trouve en infraction avec la loi française. La Justice n’ayant pour ainsi dire aucun moyen de prouver l’existence de tels contrats de mariage avec ses épouses, et le mari n’ayant aucune envie de faire de la prison, il se permet d’arborer le sourire serein de l’innocence pénale. L’islam cautionne donc la dissimulation et le mensonge.

Hypothèse n°3 : Le mari arborant tous les signes de la religion « radicale », on peut légitimement penser que c’est un homme pieux, en tout cas à la conscience religieuse particulièrement sourcilleuse. Si cet homme pratique bel et bien la piété selon les critères de l’islam, il ne voit donc aucun problème à être infidèle, ou à mentir sur ses conditions maritales. Ou alors, s’il s’avère que cet homme est en réalité un imposteur du dogme musulman parce qu’il trompe sa femme avec trois autres, ou qu’il pratique le mensonge sur la réalité de sa polygamie, nous attendons un désaveu officiel de la part des autorités religieuses compétentes.

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« Les Français ont d’autres préoccupations » claironnent en chœur les journalistes de gauche et les Tariq Ramadan. Mais QU’EST-CE QU’ILS EN SAVENT ces cons, que les Français ont d’autres préoccupations ? Non mais QU’EST-CE QU’ILS EN SAVENT, putain de merde ? Les Français ne seraient donc préoccupés que par leurs revalorisation salariale, leurs impôts, leurs retraites, et le coût de la vie ? Le Français ne seraient priés de ne se préoccuper que de leur pognon ? C’est ça ? Et du bar PMU ? Les Français n’auraient que leur compte en banque comme sujet d’inquiétude ? Mais putain, c’est quoi ce mépris ultime pour les Français ? Ne sont-ils que des portefeuilles marchant aux côtés de leurs feuilles d’impôts ?

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Aparté.

L’islam se demande ce qui est autorisé, ce qui est toléré, ce qui est interdit. L’islam est une religion centrée sur le degré de pureté de tout ce qui entoure les fidèles. Il y a une façon pure ou impure de manger, pure ou impure de s’habiller, pure ou impure de regarder une femme, pure ou impure de fréquenter tel type de personne [voire pure ou impure de se torcher les fesses, se déféquer sur une tombe, ou de sodomiser un cheval si l’on se réfère au le Petit Livre Vert de Khomeiny, je n’invente rien], etc. Le coran est un gigantesque mode d’emploi, un immense recueil de préceptes classés par degré de recommandation.

Les catholiques ou les chrétiens orthodoxes affirment qu’il existe la vérité, et que hors de la vérité on tombe dans l’erreur. Le Bien s’oppose au Mal, la vertu au vice, la sainteté à la corruption, le pardon à la vengeance, l’amour à la haine, la sincérité à la duperie, etc., et il appartient à tout homme de travailler à quitter le péché qui fait mourir [le mal, le vice, la corruption, le mensonge,…] pour épouser la sainteté qui fait vivre éternellement. À ce titre, pratiquer le mensonge, pratiquer l’adultère, ou dissimuler sa foi sont des péchés extrêmement graves, et c’est pourquoi un grand honneur est rendu aux martyrs qui n’ont pas renié la promesse de leur baptême devant l’intimidation ou la menace de mort. En tout cas la vérité est connaissable et sa quête n’est pas vaine, elle est même récompensée.

La religion laïque-républicaine, pour sa part, considère qu’il n’y a ni vérité ni erreur, mais simplement des degrés d’initiation au discernement. L’aboutissement du cheminement initiatique menant l’individu à l’état de Tolérance et de Compréhension. Dans la religion républicaine, on interdit aux « enseignants » de corriger les copies des « apprenants » à coups de stylo rouge parce qu’il s’agirait d’une manifestation archaïque du type Vrai/Faux. Dans la religion républicaine, la « stigmatisation » des idées et des religions est encore un archaïsme du type Vrai/Faux à combattre, puisque quiconque « stigmatise » est en réalité en état d’ignorance et/ou de peur de l’autre, c’est-à-dire de non-initiation au discernement. Il n’y a jamais d’erreur, juste des incompréhensions anti-humanistes qui oscillent entre la lumière de l’initié et l’obscurité du profane.

Contre la propagande du métissage et contre le vivre-ensemble-obligatoire-avec-la-divR6T, les sites de rencontres n’hésitent pas à afficher ce slogan à la télévision : « Trouvez enfin des gens qui vous ressemblent« . C’est positivement jouissif. J’espère bien qu’ils vont se prendre un procès bien comme il faut, avec dérapage© et présentation d’excuses©.

Il y eut, dans les très vieux numéros du magazine Okapi, une bande dessinée de science-fiction en plusieurs épisodes qui m’a beaucoup marqué quand j’étais enfant. Dans un univers totalitaire où tout était gris et glacial, la couleur était absolument interdite. Posséder une image en couleur ou un flacon de peinture colorée constituait un véritable crime contre la sûreté de l’État. Évidemment, la résistance s’organisait dans les catacombes…

Venant de Bayard Presse, le scénario était évidemment porteur de sens : c’était une métaphore à la fois limpide et sophistiquée de la permanente conspiration de l’Obscurité contre la Lumière, de la Machine contre la Vie, du Confort contre la Liberté, de la Laideur contre le Beau, de la Tyrannie contre la Splendeur, du Présent contre l’Éternité, du Veau d’Or contre le Christ.

Et aujourd’hui, je découvre une fantastique vidéo intitulée Fard, que je vous enjoins de visionner en cliquant ici : >>>
[durée : 13 minutes]

PS : Si quelqu’un se souvient de la BD d’Okapi, je suis preneur de toute information !

Retour au clavier dans les prochaines heures !

Je garde un souvenir flou mais tenace d’un téléfilm de science-fiction que je vis un jour dans ma jeunesse : le monde entier se voyait soudainement affligé d’un mal qui rendait les gens fous, tandis que le héros restait seul à garder toute sa raison. Évidemment, c’était lui que tous prenaient pour un fou, et qui se voyait violemment persécuté par la foule délirante. Cinématographiquement c’est assez pourri, et le protagoniste était du genre vokuhila et baskets blanches sur jean délavé ; ça vous date une esthétique. Mais vous devinez bien pourquoi ce scénario m’a marqué, et où je veux en venir.

Okay, imaginez un monde – imaginaire, donc – où Radio France diffuserait des âneries tellement énormes qu’elles passeraient soit pour des canulars, soit pour des cas de psychiatrie. Vous commencez à vous poser des questions, à force de tant de constance dans le canular – ou dans la psychiatrie. C’est qu’au bout d’un certain temps, ça ne fait plus rire. Imaginez un monde où vous vous trouvez de plus en plus seul à considérer Radio France comme le plus gros canular du monde – ou comme le plus grand institut psychiatrique du monde. Car tout, autour de vous, vous soutient que Radio France est bel et bien pris au sérieux par les gens. Pire : le délire de Radio France est partagé par tout ce qui émet des opinions publiques, télé, journaux, personnalités influentes, fonctionnaires,… La contamination psychiatrique bat son plein. La guerre contre l’intelligence a commencé.

Ajustez votre vokuhila, enfilez votre jean délavé, chaussez vos baskets blanches ; je vous emmène dans mon téléfilm. Je vous raconte la scène terrifiante de l’inondation.

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LA TEMPÊTE DE LA PEUR

La force d’une tempête conjuguée aux forts coefficients de marée provoque un acharnement de la mer contre un littoral. Les digues cèdent, les eaux se répandent dans les terres. Comme vous n’êtes pas né de la dernière pluie, vous savez très bien que c’est le genre d’évènement qui arrive de temps en temps, comme les « crues du siècle » ou les « tempêtes du siècle ». Vous vous souvenez des vieilles dames du village de votre enfance qui vous racontaient comment le pays s’était retrouvé sous les eaux en 1910, ce genre de choses. Voilà des siècles et des millénaires que nous apprivoisons notre beau pays de France ; nous connaissons bien nos vents, nos courants, nos rivières, nos grandes marées – qui montent parfois à la vitesse du cheval au galop –, nos terrains argileux, nos étendues spongieuses, bref, vous ne vous étonnez pas. Vokuhila au vent, vous passez votre chemin en sifflotant. Vous vous souvenez tout de même que les journaux font de plus en souvent des unes titrant « IL PLEUT ! », « IL NEIGE ! » ou encore « IL FAIT CHAUD ! ». Bah, vous n’y pensez plus.

Pourtant, une étrange rumeur monte. Vous tendez l’oreille. Des maisons situées en zones inondables se sont retrouvées sous les eaux. Tiens donc, on construit sur des zones inondables, maintenant ? Vous vous attendez à voir votre surprise partagée, mais ce n’est manifestement pas ce qui se produit. Vous vous dites que Radio France va venir tendre ses micros vers les maires, les urbanistes, les architectes, « les aménageurs de territoires » pour leur demander des comptes sur leur irresponsabilité. Mais non, pas tant que ça.

Vous vous dites ensuite qu’il faut vraiment être con pour acheter une maison sans se renseigner sur la région qui l’entoure. On n’achète pas une maison comme on achète un four à micro-ondes Seb ou un sac de couchage Décathlon : une maison a une histoire, s’inscrit dans un terrain, épouse un terroir, entretient des relations intimes et essentielles avec la terre qui la porte et le ciel qui la couvre. La moindre des choses, c’est de récolter un minimum d’informations sur le coin où vous voulez élire domicile. Si le lieu-dit s’appelle « Marais-Détrempé » et qu’un lotissement y pousse depuis que le nouveau maire UMP est en place, fuyez ! Si toutes les maisons du coin sont orientées Est-Ouest depuis la nuit des temps et que la vôtre – qui date de 1972 et qui a été dessinée par un architecte communiste – est orientée Nord-Sud, posez-vous des questions sur votre future facture de chauffage ou de climatisation. Si un séisme a ravagé la ville il y a cinquante ans, assurez-vous que vous n’achetez pas des murs en carton assemblés à la colle Cléopâtre. Donc, si vous n’êtes pas un demeuré, en vous portant acquéreur d’un terrain en bord de mer vous prenez acte que la mer possède ses caprices et que vous vous y exposez délibérément.
Radio France va donc, en toute logique, tendre ses micros vers nos braves gens sinistrés, lesquels vont, en toute logique, rougir de honte d’avoir convoité un tel poison, se planquer derrière leurs volets, refuser les intervious de peur d’être reconnus par leurs collègues, leurs proches, leurs amis.
Mais non, pas tant que ça. Ah bon. Bon.

Car voilà ce qui se passe, dans notre téléfilm :
Les autorités locales, soudain prises d’un spasme de virilité après s’être écrasé comme des merdes pendant quelques années devant les marchands de mètres carrés inondables, se concertent pour démolir fermement tout ce qui n’aurait jamais du être construit par leur propre faute. On sent un souffle de déraison plomber sérieusement l’optimisme qui vous restait. Un pas en avant, trois pas en arrière. Oui. Et puis en fait non. Il flotte un petit parfum d’URSS. Mutatis mutandis, vous visualisez la Mer d’Aral ou Tchernobyl, tous ces cancers bureaucratiques qui ont voulu faire fi du réel et qui ont viré au cataclysme sanguinaire. On n’en est pas là, évidemment, mais tous les ingrédients y sont : mépris de la Création, fantasme de l’invulnérabilité, ferments de corruption administrative, ignorance volontaire de l’Histoire, intérêt fiscal frisant l’esprit mafieux. L’assouplissement libéral rencontre les impôts locaux. La démocratie, en somme. Vous vous trouvez de plus en plus seul à raisonner normalement.

Quant à nos pauvres inondés, au lieu de se dire soulagés de savoir que plus personne ne courra le risque de vivre sur un terrain dangereux, au lieu d’avouer leur impuissance devant les Éléments, au lieu de fuir le théâtre de noyades tragiques, au lieu de se résigner calmement à gagner un lieu plus sûr, se révoltent. Votre vokuhila se dresse sur votre tête. Ils se révoltent ? Oui ! Ils se révoltent ! Hein ? Ils veulent rester là ? Oui ! Bordel, ils veulent rester là ? Nom de Dieu, la horde devient incontrôlable. Ils ont été sinistrés, ont été trompés par les autorités sur la nature de leur propriété, il y a eu des morts, mais ils veulent rester là. Il faut dire que si les autorités s’étaient montrées réellement fermes depuis le début, les braves gens ne s’aventureraient pas dans cette accumulation de revendications contre la nature. Mais voilà, comme les représentants de l’État ont dit oui, et puis non, et puis en fait oui, mais finalement non, comme une gonzesse, l’État est complètement discrédité et dès lors susceptible de céder sur les âneries les plus consternantes du monde. Dans ce téléfilm où tout le monde s’accroche au pinceau quand on enlève l’échelle, il n’y en a pas un pour rattrapper l’autre. L’étau se resserre autour de vous. Si vous ouvrez la bouche, ces maboules vont vouloir vous lyncher. C’est chaud.

Bon, mais ce n’est pas fini. L’hystérie continue plus loin, avec l’irruption d’un certain Christian Navarre, psychiatre [20Minutes du 9 avril 2010]. Vous vous croyez sauvé ! Enfin un psychiatre ! Un mec qui va raisonner tout le monde ! Un cerveau en état de marche ! Un spécialiste ! J’espère bien qu’il va renvoyer tout le monde dos à dos : les maires et les préfets sont des ordures cupides et irresponsables qu’il faut punir sévèrement, les braves gens sinistrés seront invités à se faire tout petits devant la violence de la mer [plusieurs dizaines de morts] et à trouver un abri solide pour leurs vacances et leurs vieux jours.
Mais non. Le psychiatre ne dit rien de tout cela. Doctement, il explique le mécanisme du sentiment d’injustice, des cauchemars qu’auront les victimes pendant leur sommeil, voire de leurs envies suicidaires. Il explique encore l’impression du paradis perdu qu’il faut consoler, il explique même que des gens vont développer des phobies de l’eau ! Je vous jure que c’est vrai, c’est écrit en toutes lettres dans le journal ! Des petits choux traumatisés par le croquemitaine, et qu’il faudra consoler dans des bras doux et chauds avec du bon lolo…
Là, on arrive à la fin du téléfilm, où même les spécialistes de la santé mentale vous semblent furieusement atteints à force de créditer le délire de tous les autres… Avec vos baskets blanches et votre blue jean indestructible, vous fuyez en hurlant dans la nuit. Fondu au noir, on vous entend crier : « NoooooOOOOoooOOOOooooooon ! »

La politique ressemble souvent à l’art d’accorder ses violons. Certes, mais avec quels musiciens ? Et pour jouer quoi ?

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Orchestre communiste [théorie] :
Le chef d’orchestre et le compositeur sont congédiés démocratiquement. Les musiciens écrivent collectivement une symphonie où tous les instruments ont une part égale à l’exécution du morceau. Le résultat est harmonieux.

Orchestre communiste [pratique] :
Le chef d’orchestre et le compositeur sont sauvagement assassinés par une foule manipulée. Musiciens ou pas musiciens, tout le monde est obligé de jouer de la musique. On ne joue que du triangle en aluminium ou de la flûte en plastique car ce sont des instruments prolétaires fabriqués par l’usine des camarades. Les cuivres et les pianos à queue sont déclarés bourgeois et immédiatement détruits. Pendant les représentations, c’est un phonographe caché derrière le rideau qui joue la musique. Ceux qui jouent mieux que les autres sont mis à l’écart pour faire partie d’une tournée promotionnelle mondiale sous escorte de la police du régime. Les autres sont emportés par un fourgon et on ne les revoit plus jamais. Il y a un nouveau chef d’orchestre, mais officiellement c’est à titre provisoire, jusqu’à ce que l’orchestre s’auto-gouverne.

Orchestre anarchiste [théorie] :
L’orchestre est dissout. Chacun joue de l’instrument qu’il veut dans son coin. Le solfège est déclaré fasciste et liberticide. Sorti des carcans bourgeois, tout le monde est enfin épanoui, libre, et heureux.

Orchestre anarchiste [pratique] :
L’orchestre est dissout. Pour tromper l’ennui et supporter la cacophonie permanente, tout le monde sombre dans la drogue et l’alcool. Le théâtre devient une ruine insalubre où grouillent cafards et araignées. Seul un guitariste de génie se démarque de cette cour des miracles ; son album, parcouru de sonorités inouïes et révolutionnaires, est un cri mystique et angoissé qui dévoile un nouveau pan de vérité sur le mystère de la condition humaine. Il fait la fortune colossale d’une maison de disques capitaliste. Le musicien meurt à 27 ans, étouffé par son vomi après une soirée trop arrosée.

Orchestre UMP :
L’accordéoniste trouve le moyen de se rendre sympathique auprès de tout le monde et se fait élire chef d’orchestre. Incapable de déchiffrer une partition et de faire des choix musicaux, il demande à Bruxelles et à New York de lui livrer des versions symphoniques de « Tirelipimpon sur le chihuahua » et de « Casser la voix ». Un débat sur le génie de Mozart est lancé, mais des groupes de hip-hop s’estiment insultés et le débat est avorté.

Orchestre PS :
Il est interdit de jouer autre chose que de la musique gaie et festive, à moins qu’il ne s’agisse d’une berceuse. Les œuvres sombres et inquiétantes sont déclarées nazies et remisées au grenier. L’orchestre est sommé d’interroger les conventions, de détourner les codes classiques, de déconstruire les modèles normatifs, dans le but de produire une véritable harmonie, une harmonie qui va plus loin ensemble, une harmonie citoyenne à l’identité métissée. On félicite ceux qui jouent du piano avec un archet. On prouve par A+B que Purcell doit tout à la culture subsaharienne. Ceux qui veulent jouer une œuvre dans les règles de l’art sont déclarés nazis. Les groupes de hip-hop sont les bienvenus, pourvu qu’ils se mettent au diapason de la musique gaie et festive, ainsi que des berceuses. Ceux qui prétendent qu’ils n’y arriveront jamais sont déclarés nazis. Il y a sept ou huit chefs d’orchestre en même temps.

Orchestre fasciste :
Profitant d’un véhément brouhaha pendant la répétition, le joueur de triangle – qui est un ancien para – vire le chef d’orchestre débordé et prend sa place. Il fait fusiller les trublions, emprisonne ceux qui ont moufté, et torture quelques autres pour l’exemple. Secrètement, une très grande partie de l’orchestre pense « Ouf, on va enfin pouvoir jouer quelque chose ». L’autre partie fomente des attentats. On ne joue plus que des marches militaires. Les compositeurs « un peu trop pédés » sont bannis. Les musiciens qui souhaitent assouplir les arrangements ou la programmation sont déclarés « pédés » et fusillés.

Orchestre d’extrême droite :
Personne ne sait jouer de musique, mais ils ont tous écouté beaucoup de 78-tours.

Orchestre ultralibéral :
On ne joue que ce qui rapporte des sous. Le chef d’orchestre est viré au profit d’un manager en produits culturels. Les musiciens inutiles ou peu rentables [timbales, xylophone, triangle,…] sont remplacés par des synthétiseurs fabriqués en Chine. Les musiciens qui acceptent de jouer « Tirelipimpon sur le chihuahua » et « Casser la voix » se font railler par la profession mais se payent très vite des villas avec piscine. En sus, ils bénéficient dans leurs loges de machines à café, de photocopieurs et de logiciels de gestion. En quelques années, le nom de Vivaldi ne dit plus rien à personne.

Orchestre anglais :
Tant qu’ils sont à jour de leurs cotisations, les musiciens ont le droit de jouer ce qu’ils veulent. Le chef d’orchestre passe dire un petit bonjour une fois par an, puis s’en va.

Orchestre islamique :
Un imam modéré prend la direction. Il reçoit des menaces de mort s’il continue à jouer des œuvres impies, surtout si elles ont été composées par des esprits décadents ou sionistes. Progressivement, le répertoire s’oriente vers la musique sacrée islamique, mais très vite la musique est déclarée illicité par les autorités marocaines, algériennes et saoudiennes. Le théâtre est dynamité par un commando-suicide.

Orchestre Éduc-Nat :
Le ministre, en bon chef d’orchestre, lance un projet musical avec tous les acteurs de l’éducation qui sauront faire participer les apprenants en info-formation continue, grâce notamment aux TICE validées par le B2i dans l’école de demain. Le SGEN, le SNES-FSU, le SNALC-CSEN, le SE-UNSA et le SNUIPP proposent un mouvement de grève et réclament des moyens supplémentaires, comme des PPRE, des RAR et des ZEP. Ils souhaitent qu’un plus grand nombre de musiciens-élèves reçoivent la subvention APV. Après les pourparlers, on débouche sur un contrat d’objectifs chiffrés : 100% des élèves doivent parvenir à lire le solfège selon la méthode déductive. Le projet musical est réalisé à la fin de l’année devant les parents de la FCPE et de la PEEP. Aucun musicien-élève ne sait lire le solfège mais l’équipe pédagogique se félicite que chacun ait su s’approprier sa flûte à bec.

Orchestre européen :
Les musiciens se comprennent à peine. Les instruments jouent faux, mais ils sont aux normes. Le chef d’orchestre sort de nulle part. On joue de la musique turque.