« 2012« , ce n’est pas la fin du monde : c’est la fin du world-as-we-know-it, du monde-tel-que-nous-le-connaissons. N’y cherchez pas de finesse : les symboles gros comme des maisons s’accumulent au long des deux heures quarante du film. N’y cherchez pas une vision du futur : 2012 ne fait qu’acter une disposition du présent dont nous avons tous une conscience très claire depuis un bon moment. N’y cherchez pas une audacieuse profession de foi : 2012 incarne l’adhésion enthousiaste au Parti Unique des Moutons. Je ne vous livrerai aucune exégèse du film : il n’y en a pas tellement c’est écrit gros !
C’est la fin du monde ! Catastrophe ! Nous vivions sur nos acquis, nous comptions sur un peu de répit ! Au secours ! Les Mayas et les Hopis le savaient déjà, ces enfoirés !
Pas de panique, si le monde d’Avant s’écroule, les homme de Demain prennent la relève. Le sauveur du monde est jeune, beau, séduisant, lettré, scientifique, sociable, honnête, visionnaire, démocrate, humaniste, tolérant, noir. Pour un peu, il serait même cégétiste ou activiste RESF tellement son cœur est plein d’amour. Un saint Jean Baptiste hirsute avait même anticipé sa venue dans le parc naturel de Yellowstone ! Si !
Le noyau terrestre fond, les continents dérivent, s’écroulent, fondent, disparaissent, émergent ailleurs ! Attention, tagada-tsoin-tsoin, métaphore : ça veut dire que le centre du monde se déplace, que la carte des civilisations dominantes se reconfigure. La Californie sombre dans la mer ! L’Afrique s’est élevée de plus mille mètres, c’est même devenu le point culminant du nouveau monde inondé de partout ! Ah Ah ! Je vous avais prévenu, c’est de la métaphore-tagada-tsoin-tsoin !
Le magnétisme terrestre s’affole ! Le nord devient le sud, le sud devient le nord ! Métaphore ! Métaphore ! Truc de dingue ! C’est énorme ! La plus grosse métaphore du monde ! En 3D !
La France ? Un musée poussiéreux, un fossile ! La Russie ? Des dégénérés enivrés de leur propre décadence ! L’Amérique ? Ce sont ses derniers jours ! La Chine ? Les ouvriers surdoués du monde meilleur qui nous tend les bras ! L’Afrique ? Africa is the future, brother ! Cap sur l’Afrique ! Africa raised up au milieu du chaos ! Métaphore de ouf !
Le président prend la parole : « Le Seigneur est mon berger… » mais la fin du monde s’abat sur lui et lui coupe la chique. C’est la fin du world-as-we-know-it, les mecs, on passe à autre chose ! Fini le coup des psaumes, faut pas offenser la diversité des croyances à bord de l’arche de Noé ! Couic au berger des brebis ! Finito ! Non c’e piu ! Idem Saint-Pierre de Rome ! L’avenir, c’est le syncrétisme du zoo humain stocké dans les canots de sauvetage ! La fusion des animismes ! On veut un Dieu façon Famille Brangelina ! Un Dieu qui ne discrimine pas ! Un Dieu arc-en-ciel ! Vous vouliez de l’eschatologie, façon « In God we trust » ? Nada, les mecs ! Vous aurez Rastafaraille et Bouddha réunis à l’entrée du temple des Droits de l’Homme Tolérant ! Voilà le nouveau contrat social qui soude les rescapés du Déluge ! De la métaphore, bordel, de la métaphore ! On veut la fin du world-as-we-know-it !
Côté casting, rien de neuf : le président est noir, le sauveur du monde est noir, la fille du président est noire. Ces deux derniers se marieront et auront beaucoup de petits noirs. Ils sont debouts quand tous les autres courbent l’échine ou crachent leur haine. C’est beau. Métaphore métaphore !
Plus loin, vous avez une famille recomposée – Blanche – gouvernée par une harpie matriarcale complètement hystérique ; le fils est un con, la fille est une conne [copie conforme de la petite conne qu’on voit dans la Guerre des Mondes aux côtés de Tom Cruise], le nouveau mari est un con. L’ancien mari n’est pas un con mais il n’est pas très enclin à « parler de son couple » comme le voudrait la « mère de ses enfants« , ce qui fait de lui un mec un peu ringard, mais qui finit tout de même par sauver l’honneur des vertus viriles pendant que l’apocalypse lui tombe dessus. Tout de même !
Ensuite vous avez des Russes. Les Russes sont des gros bourrins.
Après vous avez des Tibétains : ils sont le réceptacle de la philosophie la plus élevée du monde. 8.808 mètres, c’est super haut comme philosophie. Okay, va pour le Tibet, ils ont l’air sympa. On les garde.
Enfin, vous avez les Chinois : courageux et travailleurs. Ces vertus suffisent bien à passer l’éponge sur l’inhumanité totale de leur système politique ; après tout le diable porte pierre, et quelle pierre ! Le salut de l’humanité est made in China ! Le grand sauvetage est délocalisé ! Le monde meilleur travaille en off-shore ! Métaphore, putain ! C’est la fin du world-as-we-know-it !
Voilà, vous avez compris, 2012 c’est le film le moins courageux du monde [victoire des dogmes mous et de la dictature du consensus], porté par un réalisateur totalement perméable à l’air du temps [en 1996 l’Amérique toute-puissante sauvait le monde avec « Independance Day », en 2009 Roland Emmerich préfère finalement lécher les bottes du tiers-mondisme multiculturaliste]. Okay, c’est du grand spectacle pour grand écran, mais si c’est pour entendre une fois de plus les conneries sur le Nouvel Ordre Mondial qui nous tend les bras avec allégresse, vous aurez plus vite fait de visionner les discours de Jacques Attali sur YouTube !
lundi 16 novembre 2009 at 3:24
C’est tellement beau. Heureusement qu’il existe des films comme 2012, ne serait-ce que pour le plaisir d’en lire une telle analyse!
lundi 16 novembre 2009 at 3:36
Et n’oublions pas que Roland Emmerich est tellement courageux qu’il a retiré la scène montrant la destruction de la Mecque. Il ne faudrait pas offenser la Religion d’Amour, de Tolérance et de Paix (RATP) quand même.
lundi 16 novembre 2009 at 4:01
C’est un de ces nombreux films qui possèdent une caractéristique intéressante: la bande-annonce pèse le même poids artistique que le film lui-même, et la voir équivaut à avoir vu « l’oeuvre ».
lundi 16 novembre 2009 at 4:18
Dommage, The Erazer a effacé sa recension au titre très évocateur :
Please.
lundi 16 novembre 2009 at 4:19
J’y cours.
lundi 16 novembre 2009 at 4:28
Enfoiré, vous m’avez donné envie de le voir !
lundi 16 novembre 2009 at 5:23
Juste par curiosité et parce que je n’irai pas voir ce film, parle-t-on d’Israël ?
En lisant votre billet, je pensais à un autre film-catastrophe datant d’une dizaine d’années, ID4 ou Independence Day.
Le monde y était sauvé grâce à Jeff Goldblum et Will Smith, la tête et les jambes. Mais c’était il y a une dizaine d’années…
lundi 16 novembre 2009 at 6:02
PLC,
Non, je n’ai pas souvenir qu’on parle d’Israël dans 2012. Sinon, relisez-moi 😉 , Independance Day est du même auteur.
lundi 16 novembre 2009 at 6:11
Je vous l’avais bien dit, moi, que ce serait nul ! 🙂
lundi 16 novembre 2009 at 6:26
Merci!!
Mais c’est un peu le nouvel ordre mondial qui se mort la queue, puisque tout le monde à la fin part re-coloniser l’Afrique…
lundi 16 novembre 2009 at 6:35
T.G.,
Exact !
lundi 16 novembre 2009 at 8:34
« re-coloniser » bien joué.
sauf que la « métaphore » du film serait (est sans grand doute possible) le déplacement migratoire nord->sud, genre les méchants destructeurs en haillons sont finalement reçus à bras ouverts par les gentils sauveurs de l’humanité multimétissée.
J’imagine en fait avec une certaine ironie leurs bobines au réel déroutant: tout un peuple de gôche mené par Nico Lolo et Mickael d’Amoore, débarquant sur l’afro promontoire, reçu à coups de machette.
lundi 16 novembre 2009 at 10:19
Eh be vous êtes courageux d’aller voir une telle m****e…
mardi 17 novembre 2009 at 12:16
Je note avec intérêt l’expression « les Droits de l’Homme Tolérant ». L’homme tolérant a tous les droits, les autres aucun.
Vous avez mis le doigt sur la parfaite expression résumant à elle seule toute la pensée bisounours : Fromage +, vous êtes un génie.
mardi 17 novembre 2009 at 5:54
Vraiment, comme vous dites, un beau film de couilles molles, bourré de clichés jusqu’à la gueule :
* La place dans les arches à 1 milliard…d’euros et non de dollar !
* Comme par hasard, on voit les catholiques mourir et tout se délite (st pierre de rome)
par contre les musulmans on touche pas, les juifs non plus, on voit pas une seule seconde les africains, etc, etc.
ça pue le clientélisme, on voit que le père emmerich s’est arrêté en cours de route, au lieu de pousser son film à fond.
* Enorme connerie à la fin, ouarf ouarf, l’afrique toujours debout alors que la terre à été lavée et complètement remodelée ! En gros les africains n’ont pas été touchés par les tsunamis, mais sont tous morts à cause des tremblements de terre, etc, etc (ben oui quand on voit comment la terre se sépare, se creuse et bouge en californie, imaginez le même truc en Afrique (forcément la terre ne s’élève pas d’1 ou 2 Km sans que la géographie du continent ne s’en trouve modifiée).
Finalement ça pue autant que prédictions avec Nicolas Cage avec les 2 mômes, blancs comme par hasard garçon et fille qui vont recommencer l’histoire façon biblique.
mardi 17 novembre 2009 at 8:55
Ce qui est encore plus drôle, c’est que des « journalistes critiques de cinéma » (c) osent écrire ceci :
« Mais regarder un film d’Emmerich c’est aussi se taper les éternels discours humaniste et sacrificiel avec de forts sentiments patriotiques déclamés par des personnages trop manichéens et des propos sur les valeurs familiales à la limite du gerbant »
ou encore
« ce spectacle se paye au prix d’une morale « à l’américaine » qui ne sera pas forcément du goût de tout le monde. »
mardi 17 novembre 2009 at 10:34
Après avoir vu le film, je ne peux que vous conseiller d’y courir : je ne sais pas quand est la dernière fois que j’ai autant rigolé au cinéma.
mardi 17 novembre 2009 at 11:23
Le cinéma Américain …
http://www.cnbc.com/id/33971461
mardi 17 novembre 2009 at 12:14
En 2012 le monde connaitra un des plus grand bouleversement qui se puisse concevoir.
Le world-as-we-know-it sera transfiguré, car en vérité je vous le dis : Mon pseudo sur Fromageplus changera pour devenir :
« Soufflet aux trois fromages »
Célébrant ainsi la diversité réunit et réconciliée en une substance gonflante et molle, chaude et nourrissante, maternelle et festive.
Et comme dans les périodiques coloré distribué par les témoins de Jéhovah, le lion se couchera auprés de la gazelle, les enfants joueront avec le crocodile, Alain Soral sera ami avec Caroline Fourest, je ne mettrai plus mes doigts dans mon nez et les éloïms arêteront d’injecter de la datura à Claude Vorillon pendant son sommeil.
mardi 17 novembre 2009 at 12:45
Vous voulez donner un soufflet à F+ (= une gifle, comme dans Le Cid), ou bien lui faire manger du soufflé (qu’on écrit comme ça même en anglais) ?
mardi 17 novembre 2009 at 2:51
Ben moi si la fille du président ressemble à Beyoncé , je prends un ticket par contre si c’est Césarié Evora, je continuerais à l’ écouter chanter.
mardi 17 novembre 2009 at 2:51
@ Prawned
Je veux offrir un soufflet géant (une taloche si vous préférez) à cette époque qui n’en finit plus de célébrer le triomphe de l’andouillerie et du non-sens ainsi qu’à tous ses riants soldats du néant
Mais à Monsieur Plus je ne veux que du bien
… ceci dit s’il aime vraiment les soufflets à la courge, c’est un plat que je réussis plutôt bien. Alors à l’occasion …
mardi 17 novembre 2009 at 2:54
@ Prawned
… je viens de réaliser ma bévue.
Oui donc un soufflet à l’époque et un soufflé à la courge.
mardi 17 novembre 2009 at 3:10
très bon ! Bravo!
mardi 17 novembre 2009 at 10:16
En même temps, un soufflet à la courge, ça peut être bon aussi.
Pour celui qui le donne, bien sûr.
mardi 17 novembre 2009 at 10:41
@ PMalo
La technique demande une longue répétition avant d’être administré.
Et toujours par un professionnel, cela va sans dire
mercredi 18 novembre 2009 at 1:24
Y’en a qu’ont essayé, ils ont eu des problèmes.
mercredi 18 novembre 2009 at 11:26
La seule question qui m’importe la-dedans c’est de savoir s’il sauve le chien ?
mercredi 18 novembre 2009 at 11:34
8848 mètres pour être exact.
mercredi 18 novembre 2009 at 5:04
La critique de The Erazer a été publiée sur Ilys.
jeudi 19 novembre 2009 at 12:20
Bien sûr que le chien est sauvé !
jeudi 19 novembre 2009 at 10:24
le chien est sauvé
les chinois en font de la soupe
jésus (noir grand mince le portrait de barack obama ) la multiplie
l’humnité reconnaissante lape la soupe
« buvez ceci est la soupe de la nouvelle alliance »
celle de nicolas hulot de all gore et de josé bové
à la caisse emmerich compte les milliards
une fin géniale
mardi 24 novembre 2009 at 12:45
bravo vous m’avez fait pleurer de rire, c’est rare en ce moment !
c’est un collector votre billet,je diffuse aux amis !
mardi 1 décembre 2009 at 1:22
Avez vous remarqué que le Français roule en DS ?