juillet 2009


Amon & Vlad ont hissé le pavillon noir ; ils ont décidé de combattre sous les couleurs de la réacosphère. Qu’ils soient les bienvenus !

Cliquez donc chez eux >>> !

La dernière apparition publique de Salvador Dalí.

« Cuando se es un genio, no tenemos derecho a morirnos, porque hacemos falta para el progreso de la humanidad.
¡ Viva Dalí, viva España, viva Cataluña ! »

« Nous autres génies n’avons pas le droit de mourir, parce qu’alors nous manquons pour le progrès de l’humanité.
Vive Dalí, vive l’Espagne, vive la Catalogne ! »

Dali Signature

 

Ainsi s’achève la Semaine Dalinienne du MoisiBlog. J’espère que ce petit portrait aura su vous faire découvrir quelques aspects méconnus du personnage, peut-être aimer davantage l’œuvre du Maître, ou pourquoi pas changer d’avis à son sujet ! À bientôt !

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Aujourd’hui, Dalí et la publicité.

Quelques publicités pour la télévision :
D’abord le chocolat Lanvin, sans aucun doute son plus grand succès publicitaire, suivi d’Alka-Seltzer et de Veterano :

Puis une pub amphigourique pour Hôtel Saint Régis :

Une campagne d’affichage pour les automobiles Datsun en 1972 :

Dali Datsun 1972

Une affiche pour Perrier en 1969 :

Dali Perrier

Une publicité pour la SNCF en 1976 :

Dali SNCF

Une autre pour promouvoir les Alpes en 1969 :

Dali Alpes

La pochette d’un flexidisc commercial en 1959 :

Dali Marquay 1959

Et je terminerai par cette étonnant monologue dalinien de quatre minutes, l’Apothéose du Dollar [écoutez jusqu’au bout !], en 1971 :

Parmi les innombrables conquêtes picturales de Salvador Dalí, en est une qui retient particulièrement mon attention par sa grande subtilité et son caractère prophétique : ce que j’appellerais maladroitement le pointillisme photographique, poussée jusqu’à l’anticipation du pixel. Je soumets à votre regard trois tableaux particulièrement emblématiques de cette technique dalinienne.

1. Portrait de mon frère mort, 1963.

Salvador Dalí a beaucoup été marqué par la mort dans sa jeunesse. Il perd sa mère en 1921, le poète surréaliste René Crevel se suicide en 1935, son ami Garcia Lorca est fusillé en 1936. Mais la mort qu’il porte le plus en lui est celle de son frère aîné, mort neuf mois avant sa naissance à l’âge de vingt-et-un mois, et prénommé… Salvador. À la fois remplaçant et usurpateur de ce frère qu’il n’a jamais connu, nul doute que Dalí dut porter une hérédité extrêmement lourde. Celle-ci concentra une grande part de son parcours surréaliste, nourri de freudisme et de quête de soi à travers la névrose de la substitution, et explique en partie l’émergence de sa personnalité atypique et extravagante.

Salvador Dali - Portrait de mon frère mort

Hommages croisés au pointillisme, à la photographie, aux tramages pop de Roy Lichtenstein et des sérigraphies de Warhol, à l’illusion d’optique, aux visions surréalistes hallucinées, le « Portrait de mon frère mort » se donne à voir dans son entièreté si l’on prend la peine de considérer les choses de près ET de loin. Dalí était particulièrement friand de ces jeux de perception, à travers lesquelles il donnait la mesure de son examen « paranoïaque critique ». Pour prendre un exemple très simple, nous connaissons tous cette image du vase, qui devient un vis-à-vis de deux visages sitôt que l’on cesse de considérer le plein de l’image pour voir la forme du vide. Les choses changent de sens selon leur point de vue, et même se transforment.

VaseVisage

C’est ainsi que l’interpénétration des degrés de figuration offre plusieurs paysages dans le tableau du frère mort. En premier lieu, c’est une reproduction sur le mode de la technologie photographique agrandie. En second lieu, c’est un visage surimprimé sur un paysage désertique, peuplé de paysans importés des toiles de Millet, et de soldats poudroyants qu’on croirait dessinés par un Jérôme Bosch.

Enfin, un troisième degré de lecture voit les pixels eux-mêmes prendre vie, devenant de petits personnages en reliefs ou des corpuscules en suspension dans l’air. Ce qui de loin est un aplat prend de la profondeur et du relief de près. Un simple bec de corbeau stimule soudain l’imagination : la chevelure de l’enfant a la forme d’un oiseau qui prend son envol. Mais essayez donc d’y voir à la fois l’oiseau et la chevelure !

Portrait Détail 01

Naturellement, ce tableau regorge de symbolisme : le crépuscule, le corbeau, la photographie comme souvenir, le tramage noir comme une dentelle de deuil, les soldats en armes, les paysans en prière,… tout cela est empreint de l’image de la mort malgré une certaine facétie ; et le caractère dissimulé de toutes ces choses possède inévitablement un parfum d’onirisme, de secret, et de règlement de compte avec son alter ego.

2. Gala regardant la mer Méditerranée qui à vingt mètres se transforme en portrait d’Abraham Lincoln, 1976

Dali Gala Lincoln

Ici, le principe optique est poussé encore plus loin. Non seulement le titre du tableau consacre le procédé comme œuvre en soi, mais le codage graphique prend une forme plus radicale : celui d’une pixellisation sur une trame de quinze cases sur vingt environ, et dont chaque pixel semble massif et uniformément monochrome, hormis ceux qui figurent Gala – ou presque.

En effet, en s’éloignant du tableau, la magie opère : Gala se métamorphose et se fond dans un portrait de Lincoln. Mais ce que ne dit pas Dalí – car il ne faut jamais tout dire –, c’est qu’il ne faut pas seulement s’éloigner du tableau, mais s’en approcher. Apparaissent alors en miniatures les images séparées de Lincoln et de Gala, indices de l’énigme, clefs du mystère, cryptage dans le cryptage, image dans l’image, code génétique du tableau, et ouvrant à travers leur caractère minuscule une fenêtre sur l’immensité du ciel, au-delà de la surface plane de la toile. Le pixel le plus lumineux du tableau est celui qu’on n’avait pas encore vu, et il est celui qui nous donne la plus belle impression d’infini. Observez bien ces deux portraits miniatures, ils possèdent encore une troisième projection d’eux-mêmes dans ce qui est leur reflet sur le carrelage. Illusion jusqu’au-boutiste ou hyper-réalisme des jeux de lumière ? La mise en abyme est une fractale géométrique en perpétuelle métamorphose.

3. Le torero hallucinogène, 1970

dali_Torero alucinogeno 1969 1970

Le délire paranoïaque-critique à son comble, sur une toile de quatre mètres par trois ! Dalí réinvente le procédé de la quadrichromie qu’on utilise dans l’imprimerie, et fait danser ses points de couleurs, jusqu’à les faire devenir des nuées de mouches au milieu d’une quantité incroyable de personnages, dont la fameuse Vénus de Milo. Les teintes sont sur-saturées, les motifs se superposent avec des effets de transparence, certains rendus font références aux négatifs, aux soustractions de couleurs ou aux noir-et-blanc, on dirait un véritable photomontage, sauf que tout est peint au pinceau !

Le petit garçon contemplant la scène en bas à droite, c’est Dalí lui-même. Encore une mise en abyme projetant le regard de l’artiste au cœur de sa propre création – un procédé rendu célèbre depuis Van Eyck. La légende veut qu’il acheta un jour à New York une boîte de crayons de la marque « Venus » illustrée de la Vénus de Milo, et se mit en tête de la dessiner. Désir et réalité conciliés sous le regard enfantin et hyperrrrrbolique de Dalí…

En cherchant bien, vous trouverez le torero ainsi que le taureau.

À en croire les manuels d’histoire de l’art, l’œuvre de Salvador Dalí se résumerait à la superposition de quelques étiquettes : l’école surréaliste, André Breton, Freud, Luis Buñuel et le « Chien Andalou », l’écriture automatique, les « apparitions de Lénine sur un piano », sa « méthode paranoïaque-critique », les montres molles. C’est ignorer les longues décennies qui ont suivi l’effervescence des années 30, créditées d’une créativité toujours croissante dans une œuvre toujours plus complexe, et s’épanouissant dans de nombreux domaines intellectuels surpassant très largement les questions strictement freudiennes ou surréalistes. Salvador Dalí, loin de jouer les rebelles-qui-dénoncent-et-déconstruisent-les-codes-moisis [ce en quoi consiste l’orthodoxie artistique moderne], sans jamais renier l’école de ses jeunes années, trouva au contraire sa voie dans une posture d’aristocrate à la fois pieux et fantasque, goûtant les dollars de sa célébrité sans le moindre complexe [André Breton l’avait affublé du surnom anagrammatique de Avida Dollars] et peignant des Christ ou des Madones à rebours de tous les positivismes et de tous les athéismes contemporains.

Bien qu’elle constitue un pan majeur de toute sa création, on méconnaît beaucoup trop la part mystique de Dalí. Pas seulement mystique au sens surréaliste, mais mystique au sens chrétien, et même au sens catholique du terme. Saint-Jean de la Croix, saint Antoine, sainte Cécile, le Pape Jean XXIII, les disciples d’Emmaüs, saint Jacques le Majeur, crucifixions, Vierges à l’enfant, scènes de prière [l’Angélus de Millet revisité mille fois],etc., les images saintes n’en finissent pas de surgir de ses croquis, de ses toiles, de tout ce qu’il touche. Mieux qu’une célébration intempestive de la foi dans un monde toujours plus incroyant, Dalí fustige avec vigueur l’art et l’architecture moderne, l’art abstrait, le « théâtre sans rideaux », toute la ribambelle des artistes qui ne savent plus représenter quoi que ce soit. Pour Dalí, les choses sont claires : les génies d’autrefois ne sont pas des vieilleries mais au contraire les jalons intemporels qu’il faut s’efforcer d’égaler. Ses maîtres : Raphaël, Vermeer, Michel-Ange, Bramante,… Au diable l’art engagé, Dalí récuse tout ce qui ressemble à de l’idéologie progressiste. Il dit prier tous les jours pour que Picasso abandonne le communisme et vienne à la foi ! Contrairement à nombre de ses pairs, Dalí ne rêve pas de Grand Soir prolétarien ni de Table Rase : il mène grand train entouré de courtisans, reçoit le titre de Marquis, s’intéresse à tout ou presque, aux Maîtres anciens mais également à la génétique, à la physique quantique, aux expérimentations graphiques et cinématographiques [il travaille pour Hitchcock ou Disney], à l’architecture, au design [le logo Chupa Chup’s, c’est lui !], à la publicité [« Je suis fou ! du chocolat Lanvin »], à la bijouterie, au mobilier, aux rares mystiques contemporains [Mathieu], …

Dalí ne travaille pas seulement pour sa propre gloire, mais aussi pour celle d’une Espagne grande et héroïque [« Santiago el Grande », le « Rêve de Christophe Colomb« , les figures de sainte Thérèse d’Avila ou de Don Quichotte,…], et pour Dieu. Son « Manifeste mystique » rédigé en 1951 est sans équivoque : c’est une déclaration antimoderne, virulente mais optimiste. Il y professe le retour de l’art figuratif, le retour au sacré, la nécessité de la monarchie, la position élitiste et fervente du véritable artiste ; tout cela sans la moindre vélléité de passéisme mais au contraire avec une passion sincère pour l’âge nouveau post-Picasso qu’il faut conquérir.

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Dalí peint une Madone de Port-Lligat en 1949, puis en peint une autre variante en 1951, beaucoup plus aboutie. C’est celle-là que je vous propose de découvrir aujourd’hui.

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Il est extrêmement difficile d’en livrer une exégèse complète – je suis loin d’être un spécialiste ès Dalí – mais il est assez aisé d’y débusquer la miraculeuse convergence des symbolismes typiquement daliniens et ceux hérités de l’iconographie traditionnelle chrétienne.

Composition mathématique rigoureuse, architectures raphaëliennes, sujet millénaire de la Vierge à l’Enfant : la Tradition picturale transfigurée et régénérée en profondeur. Les apesanteurs servent la sémantique divine des figures saintes. Les déconstructions figurent une grande Croix en négatif sur le ciel. Le décor typiquement dalinien [le désert] réinvente la perspective façon Renaissance, souligne le caractère hallucinatoire de la vision, et renvoie à la mystique du désert qui parcoure les Écritures de bout en bout. La corbeille de pain surréaliste – déjà sujet de deux toiles à part entière – épouse à présent la dimension eucharistique. Gala devient la Vierge. L’œuf devient la promesse de Vie Éternelle, suspendu au coquillage marial [Marie, i.e. la mer].

Approchons du cœur du tableau.

dali_madonaDétail

Les attributs traditionnels du Christ et de la Vierge [le globe, le livre,…] sont ici cumulés à une multitude de symboles qui sont autant d’objets de méditation. Les signes sont enchâssés les uns dans les autres et offrent mille figures de contemplation. Les mains de la Madone sont jointes en signe de prière, mais elles sont aussi une maison pour le Christ. Attachez-vous à comprendre la lumière qui habite l’espace entre ses mains !
À mesure que l’on s’approche du tableau, son centre de gravité précis se révèle : c’est le Pain de Vie, véritable Corps du Christ en suspension sur la ligne de jonction du ciel et de la terre, lui-même surcadré par la perspective du corps de Marie – la Porte du Ciel ! Les ombres sont subtilement faussées pour souligner la flottaison de tous les éléments du tableau, on découvre qu’ainsi les jambes de l’Enfant forment déjà la figure de la Croix. Le drapé blanc où elle s’imprime est peut-être la prémonition d’un suaire. Et les montagnes de l’arrière-plan, sont-elles littéralement soulevées par la Foi ?

Dans la Madone de Port-Lligat, le regard ne cesse de s’accrocher à mille détails qui louent la grâce et la solennité. Broderies, drapés, gamme de couleur extrêmement subtile, hyper-réalisme de l’exécution, majesté, théâtralité [les deux pans de rideaux qui encadrent le haut de la composition], tendresse maternelle, profonde ambiance de Mystère et d’étrange sérénité.

Dali Disney

Entre 1945 et 1946, Salvador Dalí et Walt Disney travaillent ensemble à la création d’un film d’animation, basé sur une chanson d’Armando Dominguez, Destino. Mais des complications financières empêchent le projet de voir le jour, et celui-ci finit au fond d’un tiroir. Roy Edward Disney, neveu de Walt, exhume le dossier en 1999 et prend la résolution de le mener à son terme, sur la base du scénario déjà élaboré, des storyboards originaux qu’il faut déchiffrer, des premières séquences réalisées à l’époque – à peine dix-huit secondes, et des informations contenues dans le journal que Gala [épouse et muse de Dalí] tenait. Le film Destino finit par voir le jour en 2003, sous la forme d’un court-métrage de six minutes grâce à une collaboration franco-américaine, et se voit alors primé à de nombreuses reprises. Une véritable résurrection pour ce magnifique projet, fruit du génie et de l’amitié que partageaient Dalí et Disney.

Les protagonistes de Destino sont Chronos et une mortelle, au cœur d’un décor où l’on retrouve de très nombreuses références graphiques et symboliques déjà présentes dans l’œuvre peinte de Dalí. Je vous propose de découvrir ce film largement méconnu.

Soyez attentifs, les séquences s’enchaînent très rapidement ! Je vous invite à le visonner plusieurs fois pour mieux en comprendre la forme et la narration ; c’est réellement un chef-d’œuvre !

[Mes compétences en informatique étant limitées, je n’arrive à faire figurer la vidéo sur cette page ! Cliquez sur le lien ci-dessous !]

Destino – Disney/Salvador Dalì
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« Dans la Bible, on attribue une grande signification aux systèmes capillaires ; Dalila crut à la puissance des poils. Dali aussi – Laporte l’inventeur de la « Magie Naturelle » au XVIIe siècle considère les moustaches et sourcils humains des antennes spécialement réceptives pour recevoir l’inspiration créatrice, de même que chez les animaux insectes pour leur plus raffinée vie instinctive. Les sourcils légendaires de Platon et surtout ceux de Leonardo  de Vinci recouvrant presque son regard, sont le témoignage le plus glorieux de poils faciaux. Mais au XXe siècle, il devait se produire le phénomène poilu le plus le plus sensationnel, celui des moustaches de Salvador Dalí.

« Quesque cet que des moustaiches ? »

Les moustaches sont un nombre déterminé de poils qui peuvent pousser indéfiniment dans la partie la plus exhibitionniste et stratégique de votre visage, et sans avoir besoin pour cela (comme dans le cas de taxes, si vous devenez important) de devoir recourir à l’aide et aux conseils de votre avocat. Les moustaches poussent donc sans l’intervention de personne ; elles dépendent uniquement de votre volonté de personnalité et la personnalité humaine consiste essentiellement dans votre pouvoir personnel à capitaliser la moindre parelle de votre personne et cela jusqu’au dernier poil. Il est difficile de naître avec des moustaches, surtout à partir d’un certain âge. C’est pour cela que je pars à Rome afin de « renaître » avec mes moustaches. Avant mon imminente renaissance, déjà mes moustaches vibrent, répercutent, recoivent, émettent, chatouillent, collent, s’électrisent, piquent, prophétisent, parachutent dans le rêve, s’érectent vers le ciel comme les aiguilles d’une cathédrale. Moustaches ultra-gaies et mystiques, opposées à celles ultra-dépressives, tombantes et terrifiantes de Frederick Nietszche. »

Salvador Dalí.

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Extrait de la préface de Dalí’s mustache, petit ouvrage en forme d’interview photographique entre Philippe Halsman et Salvador Dalí.

Le MoisiBlog consacre une semaine entière à Salvador Dalí ! Ne vous attendez pas à une encyclopédie mais plutôt à quelques aperçus, à quelques petits bouts de phrases, à quelques anecdotes éclairant le Maître.

Aujourd’hui, je vous propose quelques photographies issues de sa collaboration avec le photographe Philip Halsman, dont la fameuse « Dalí Atomicus » qui commence cette série.

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Il est devenu impossible de voir un défilé national sans qu’une autre nation invitée participe à la parade, tout comme il est devenu impossible de voir un parcours du Tour de France sans ses étapes à l’étranger [Italie, Espagne, Belgique, bientôt la Mauritanie et l’Islande ?]. Certains y voient de la générosité, de l’ouverture, etc. Pour ma part, vous ne m’empêcherez pas de penser que ce sont autant de petits signes, faibles mais distincts, anecdotiques mais récurrents, qui finissent par dresser un portrait assez net d’un pays perclus de trouille. La trouille d’avoir l’air un peu trop franco-français. La trouille du patriotisme – même si celui-ci n’existe plus qu’à l’état lamentable de chauvinisme à usage exclusivement sportif, ou presque. La trouille de se coltiner l’infâme réputation de « pas-très-ouvert-d’esprit ».

Toute l’année, sans interruption, on nous abreuve de sans-papiers, d’Europe élargie, de vivre-ensemble, de coopération internationale, de Turquie, d’Euroméditerranée, de couple franco-allemand, de métissage, de croisée des cultures, de musée des arts premiers, de festivals des musiques d’ailleurs, de solidarité pour tel ou tel pays sinistré par une vague géante ou une pluie de grêlons, d’otages perdus dans les jungles tropicales ou retenus dans des prisons plus ou moins louches, d’Israël et de Palestine, de matches de foot amicaux qui dégénèrent, de communautés qui revendiquent et d’ethnies qui dénoncent, de politique américaine et d’Afghanistan, de Comores et de Tibet, que sais-je encore ; et la seule journée où l’on pourrait enfin exalter le sentiment national, la seule journée où l’on pourrait se défaire du lointain qu’on nous impose en continu, pour enfin s’intéresser à notre prochain est finalement noyée dans cette insupportable trouille : fêter la Nation, c’est exclure toutes les autres nations de la fête. Exclure, c’est donc discriminer,… c’est prêter le flanc aux pires suspicions ! Et, en effet, fêter le 14 juillet entre soi est devenu le crime suprême de lèse-Autrui.

« Voulons-nous une société ratatinée, aigrie, recroquevillée sur des peurs moyenâgeuses ? Une société qui rejette l’autre, le différent, l’étranger ? »
Jack Lang – mai 2006.

« J’ai voté socialiste, écologiste et même communiste une fois, comme tous ceux de mon milieu et de ma génération… Et puis j’ai ouvert les yeux… ou j’ai cessé de me voiler la face car je me savais être un imposteur, j’essayais de faire comme tout le monde, pour avoir des amis, pour m’insérer socialement.
[…] Je n’ai pas peur mais j’ai mal, j’ai mal pour mon fils parce qu’il va grandir dans un pays qui sera différent de celui que j’ai connu. J’ai mal à mon pays. J’ai mal au cœur car j’ai grandi dans le mensonge. »

La profession de foi d’un trentenaire qui a décidé de quitter le troupeau pour gagner la forêt >>>

Le journaliste de France Inter à un Sud-Africain :
« Vous n’avez pas peur qu’en supprimant la polygamie, ce soit toute une tradition qui disparaisse de la culture Zoulou ? »

Fromageplus au journaliste de France Inter :
« Vous n’avez pas peur qu’en supprimant le congé du dimanche, en démolissant systématiquement la crédibilité de l’Église catholique, en construisant des mosquées, en supprimant l’enseignement de la littérature dans l’Éducation Nationale, en falsifiant notre héritage historique, en innondant toutes les manifestations publiques de boutiques de kebab, en hygiénisant à outrance les produits gastronomiques de nos terroirs, en interdisant l’émergence d’une élite cultivée, en raillant la courtoisie et en moquant la galanterie, ce soit toute une tradition qui disparaisse de la culture française ? »

Mais je n’étais pas à l’antenne. Ma culture ne fait pas partie d’un programme de sauvegarde financé par l’Unesco. La « différence » selon France Inter, c’est ça.

FranceInterCampagne

Le département Espionnage du MoisiBlog vient d’intercepter un message téléphonique entre les deux terroristes Pekakistanais. Selon nos informations, le PKK canal historique sera entièrement démantelé sous peu, et seule la branche fondamentaliste Alibekov subsistera. Le nouveau camp d’entraînement vient tout juste d’être localisé par notre satellite >>>. Notre équipe compte surveiller de près cette dangereuse escouade.

J’adore les conflits inter-ethniques. Surtout sur les plateaux de télévision. C’est à chaque fois l’occasion d’entendre le plaidoyer des journalistes de gauche pour le droit des peuples à défendre leur mode de vie, leurs valeurs et leurs traditions, leur culte, leur souveraineté politique sur la terre de leurs ancêtres, et à revendiquer le retrait des ethnies qui occupent illicitement leur pays.

J’aimerais être Ouïghour, Hutu, Quechua, Hmong ou Tibétain. Pas de chance, je suis Français. Je dois donc subir, surtout de la part de cette même classe politique de gauche, le devoir d’extinction de mon mode de vie, de mes valeurs et de mes traditions, de mon culte, de la souveraineté politique de mes semblables sur la terre de mes ancêtres, et je suis sommé de pratiquer le vivre-ensemble avec des colocataires qu’on m’impose de gré ou de force dans mon propre pays, y compris de façon illicite.

N’étant plus le sujet de quiconque, et n’ayant plus que des abstractions pour seuls Maîtres et Souverains [« enfant de la patrie », « citoyen de la république », « numéro de Sécurité Sociale », « liste électorale majoritaire », « programme politique », « Caisse d’Assurance Maladie », « pays des droits de l’Homme », « formulaires », « ministère de la Santé »,…], je me vois in fine condamné à l’inexistence pure et simple au sein du monde incarné. L’Autre a bien le droit d’être un peuple ou une ethnie, pour ma part je ne suis qu’une carte d’électeur en suspension dans l’éther philosophique des Lumières, je ne peux plus être que l’idée de l’Homme.

Dès lors, je ne peux plus me résoudre qu’à la désintégration [l’Autre se substitue à moi] , ou à la suprême Übermensch Citoyenne qui consacre le Métis comme concentration ultime du genre humain perfectionné, puisque somme de tous les Autres possibles [je n’ai plus de droit d’exister que dans une identité de substitution, mondiale, indistincte, obligatoirement plurielle].

F+ & Kaali

Débilos not dead !

On rapporte des « affrontements ethniques » en Chine. Les Hans et les Ouïghours se tapent dessus à Urumqi. Dieu soit loué, grâce à son micro-climat hérité des Lumières, la France ne connaît toujours pas d’affrontements ethniques. Nous n’avons que des injustices sociales dégénérant en émeutes. Nous avons de la Diversité, mais pas d’ethnies.

Clic !

Fans01

Rendez-vous le 25 août au Nouveau Casino de Paris !