J’ai regardé distraitement, mais alors vraiment très distraitement le débat d’hier soir, préliminaire aux élections européennes. Je crois comprendre que trois postulats de base font l’unanimité chez les candidats.

Premièrement, l’Europe n’est qu’un vaste espace d’échange. Rien d’autre. L’Europe est donc une réunion de marchands-stratèges. Après, la question est de régler la position des frontières et le montant des droits de douane. La Culture ou la Défense, je n’en ai pas entendu parler. [Mais je vous dis que j’ai regardé distraitement !]
Deuxièmement, l’objectif politique de ces messieurs-dames, surtout s’ils sont révolutionnaires ou progressistes, consiste à satisfaire le bonheur européen à coups de pouvoir d’achat, donc de consommation obligatoire.
Troisièmement, tout le monde est d’accord pour aplanir la répartition des richesses des européens, à coups de massue s’il le faut.

Pourtant,
Un : L’Europe n’est pas un Monopoly ni un réglement intérieur. C’est avant tout un espace défini, habité par un peuple, et façonné par des millénaires de culture dont l’identité lui est propre. Comme n’importe quel autre partie de la Terre. Évidemment, si le but est de jouer avec des usines nomades, des employés interchangeables, et des sécurités sociales sous excel, on comprend qu’on veuille étendre le terrain de jeu aux confins de l’Asie et de l’Afrique. Plus on est de fous, plus on rit.
Deux : Croire que le génie européen tient dans la seule volonté de jouissance matérielle est une des plus grandes trahisons civilisationnelles qu’on puisse échafauder.
Trois : La passion de l’égalité est une passion mortifère, qui encourage tout un chacun à détester ce qui ne lui ressemble pas, qu’il lui soit supérieur ou inférieur. Résumer l’inégalité à l’injustice est d’emblée un parti mensonger. Je crois au contraire aux vertus des élites, pourvu qu’elles se soumettent à l’esprit de charité. Une aristocratie plutôt qu’une nomenklatura. Le destin historique plutôt que la classe affaire pour tous.

Tout cela pue le mépris, l’inculture et la vanité.

roi-charles-v

PS : J’ai noté également qu’il était bien acquis pour tout le monde que personne n’y comprenait goutte, et c’est pourquoi il fallait éviter de débattre de façon trop véhémente. Vive la démocratie !