« Si toutes les cultures acceptaient de se frotter aux autres, le monde serait meilleur. »
Spéciale dédicace à tous les nouveaux français [Amel Bent], toujours curieux de venir se frotter à notre bon vin de réputation mondiale, toujours prêts à goûter notre bonne charcuterie de tradition millénaire, toujours plus nombreux à se presser aux guichets des Journées du Patrimoine.
Spéciale dédicace à l’organisateur du festival Jazz à Vienne, auteur de cette citation à l’antenne de France Inter aujourd’hui même ; qu’il soit félicité pour l’audace, le courage, et l’originalité du thème qui anime l’édition 2009 : le métissage.
Enfin, spéciale dédicace à France Inter et à son bulletin d’information de l’après-midi, qui trouve que caillasser les flics est un acte tout à fait banal, sauf si Henri Guaino en est fortuitement la cible. C’est alors tacitement cocasse, puisque c’est l’occasion pour ce dernier de constater que la violence qui règne à Montfermeil est encore une fois le fait de la police : ils ont du faire usage de leur pistolet à eau et de leurs balles de jokari pour se tirer de cet amical guet-apens.
juin 2009
mardi 30 juin 2009
dimanche 28 juin 2009
Affrontement entre jeunes et forces de l’ordre.
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vendredi 26 juin 2009
« Je ne nie pas l’existence des chambres à air, mais je ne suis pas spécialiste de cette question et je pense qu’il faut laisser les historiens en discuter. Et cette discussion devrait être libre. »
Louison Bobet, un homme controversé.
vendredi 26 juin 2009
L’éclat de rire du moment, c’est la CGT qui envoie son service d’ordre pour virer les clandestins de ses locaux ! C’est énorme ! Merci les gars, ça faisait un moment qu’on n’avait pas rigolé comme ça dans notre beau pays ! La CGT qui se fait bizuter par ses propres bizuts, ça donne envie d’ouvrir une bonne bouteille et d’attaquer le sauciflard pour fêter ça.
Je vous recommande la lecture de l’article du Figaro >>>.
jeudi 25 juin 2009
Arte a diffusé un reportage édifiant avant-hier soir, consacré à la jeunesse « issue de l’immigration ». J’y ai vu la magnifique confortation de cette vérité moderne : le marché a toujours raison. Mettez-vous ça dans le crâne : dans le monde moderne, c’est le marché qui a toujours raison. Je m’explique.
Vous pouvez défendre n’importe quel idéal, vous pouvez prôner n’importe quelle utopie, vous pouvez clamer n’importe quelle vérité ou n’importe quel mensonge, le marché seul tranchera le dicible et l’indicible, l’acceptable et l’inacceptable. Avant d’en venir au reportage d’Arte, je voudrais évoquer un article lu dans la presse il y quinze jours, qui nous parlait de la nouvelle mouture du jeu « Sim’s ». Le chroniqueur expliquait que ce jeu de « simulation sociale » rassemblait un public majoritairement féminin, que la tendance s’affirmait toujours davantage, et que ses concepteurs avaient dès lors développé une jouabilité encore plus spécifiquement féminine. Concrètement, le jeu avait du succès auprès des filles parce qu’il y était question d’intrigues sociales et sentimentales, de jeux de paraître et de séduction, d’avatars à déguiser et maquiller comme on maquille et déguise ses poupées, d’un chez-soi qu’on pouvait personnaliser à volonté, d’un monde virtuel à base de cosmétique relationnelle et de domesticité contrôlée. En gros : cancans, ragots, frivolité, dressing, boudoir.
Oser définir la sensibilité du genre féminin de cette façon, à voix haute, sur un plateau de télévision entre Laurent Ruquier, Thierry Ardisson, Paul Amar et n’importe quelle Arlette Chabot vous assurera un avenir marqué de l’empreinte du démon après avoir été foudroyé en direct par l’Inquisition Télévisuelle. Vous aurez osé déballer des stéréotypes d’un autre âge, des préjugés sexistes, des propos qui vont à l’encontre de toutes les gender studies de l’EHESS. Mais voilà, comme cette vérité sur la gent féminine fut écrite pour expliquer le succès d’un produit de consommation, elle est autorisée.
De même qu’il est interdit d’évoquer des stéréotypes sur ce qu’on appelle la Diversité dans le cadre de l’idéologie publique [télévision, Radio France, services de communication des Mairies et des Conseils Régionaux, etc.], il est tout à fait autorisé d’en parler dans le cadre du marché. Dites que les homosexuels aiment la house, que les asiatiques mangent du riz, que les femmes font la vaisselle, que les femmes blanches et blondes représentent l’idéal féminin majoritaire, que les jeunes de banlieue n’aiment que le rap, que les petits bourgeois aiment porter des polos roses parce qu’ils se branlent sur une image de l’aristocratie, etc. , tout cela vous vaudra du mépris et de graves accusations concernant les clichés réactionnaires auxquels vous adhérez.
Le marché, lui, autorise la divulgation de ces vérités. Ainsi, je lisais récemment qu’un campagne de pub avait soigné son image sonore pour capter discrètement mais résolument l’attention et le pouvoir d’achat de la communauté gay. Ils avaient choisi de la house, et savaient très bien ce qu’ils faisaient, puisqu’ils sont en première ligne pour savoir ce qui marche. Cliché, hein ? N’importe quel publicitaire sait que les braves gens n’aiment que ce qui leur ressemble, en un peu mieux. Vous ne vendrez pas votre liquide vaisselle aussi bien qu’en mettant en scène une ménagère. Tous les magazines de mode ont fait l’expérience de figurer une femme noire en couverture : leurs ventes se sont effondrées le temps d’un numéro. Mettez une blonde, les ventes repartent. De quoi parlent les auditeurs de Skyrock, la radio rap et R’n’B ? De leurs camps de scouts et de leur régate aux Sables d’Olonne ? Non, ils parlent de Moussa et Bachir qui voudraient pécho Rachida. Cliché, hein ? Et savez-vous comment on appâte du petit-bourge ? Faites-lui miroiter un titre de Vicomte [Arthur] brodé sur un polo, il tombera dans le panneau comme un connard. Imaginez une marque de jogging qui s’appelerait Wesh-Wesh, on se foutrait de votre gueule et on se scandaliserait de votre cynisme premier-degré, mais votre fortune serait faite auprès des petits beurs, j’en suis convaincu. Dans la rue, qui porte des T-shirts « Tony Montana », « Truand 2 la galère » ou « Algérie en Force » ? Ouvrez les yeux sur la marchandise des gens. Dans le monde moderne, la raison du marché dévoile davantage de vérité que la raison idéologique officielle.
Bon, mais j’en viens à ce fameux reportage d’Arte.
On nous parlait des populations d’origine étrangère qui viennent s’installer en Europe. La question soulevée est celle de l’intégration, de la scolarisation, de l’insertion de ces immigrés dans la société d’accueil. Ainsi, tel enfant croit que son avenir est incertain à cause de son nom ou de son code postal un peu trop connoté. Telle jeune femme a réussi son intégration parce qu’elle tient une boutique de vêtements. Tel groupe de jeunes compte bien faire sa place dans le monde du travail grâce à des stages. Telle institutrice explique qu’il y a trop délèves par classe. Tel sociologue explique qu’on manque de structures d’accueil. Tel administré demande davantage de moyens de l’État pour venir en aide aux familles qui parlent à peine la langue nationale.
En gros : l’effort d’intégration devait FORCÉMENT venir du pays d’accueil ou de la population indigène, comme si c’était aux autochtones de faire un effort d’accueil vers des immigrés qu’ils ne choisissent pas ! Dans un monde qui pense à l’endroit, la moindre des choses est de se plier humblement aux us et coutumes du pays qui vous accueille, et de tâcher de faire bonne impression pour se faire accepter. Si les enfants d’origine turque ne parlent pas néerlandais, c’est la faute aux néerlandais peut-être ? Non, c’est le devoir des parents que de leur assurer une place digne dans le monde qui les entoure, en tout cas de leur en donner les moyens. Ca commence par la maîtrise de la culture locale. Voulez-vous embaucher un ado qui n’a que trente mots de vocabulaire et un sens franchement limité de la courtoisie élémentaire ? Certains appellent ça de la discrimination, je crois au contraire que c’est une convergence de catastrophes, initiée par le peu de volonté de certaines communauté de vouloir quitter leur clan pour embrasser la société et ses codes.
En bref, toutes les définitions de ce reportage n’étaient que de l’odre du marché. On s’intègre bien si on gagne sa vie. Il faut des sous pour financer l’intégration. On réussit son acceptation dans le sein de la société si on parvient à ouvrir sa boutique. Dans le monde moderne, la cohésion sociale se mesure à l’aune de l’impôt sur le revenu. Bref, on nous vantait un modèle de société uniquement basé sur la pertinence du lien utilitaire, du lien marchand. Vous n’aimez toutes ces femmes en tchador dans votre quartier ? Il n’y a pourtant pas de quoi s’inquiéter : elles ont du travail, vous savez. Elles gagnent leur vie, et cela suffit largement pour que vous acceptiez leur présence. Ou alors vous êtes raciste.
Eh quoi ? Toutes ces familles turques, marocaines, serbes ou algériennes qui ont su s’intégrer n’ont-elles rien d’autre à apporter à leurs enfants que du pouvoir d’achat et de l’enrichissement ? S’insérer dans la société, manifestement, c’est tout sauf apprendre des comptines locales à ses enfants, connaître l’Histoire locale, découvrir la cuisine locale, s’habiller comme s’habillent les locaux, danser comme on danse ici, visiter les musées d’ici, se rendre au fest-noz ou aux Journées du Patrimoine. En vérité, la culture ne compte pour rien dans l’intégration rêvée de nos élites. L’intégration rêvée, c’est conserver son tchador, rester « marocaine jusqu’à la mort » [je cite un témoignage] bien qu’on réside à Rotterdam depuis toujours et sans doute pour toujours. Mais ce n’est pas grave tant que le commerce marche, qu’il n’y a pas de chômage, que les abonnements téléphoniques tournent à plein régime, que les supermarchés ont de quoi vendre, et que l’État ait des richesses à redistribuer. Les ghettos ? Les communautés ethnocentrées ? On s’en fout, tant qu’il y a de quoi offrir à tous les joies de la société de consommation ! Tant qu’il n’y a pas de misère, tout ne peut qu’aller bien, n’est-ce pas ?
La vérité de la société multiculturelle, c’est qu’elle est avant tout multi-marchande, multi-utilitaire, multi-redistributrice, et que la différence culturelle n’enrichit que les fabricants de folklore et de marketing. Nada más. La vérité de la société hétérogène, c’est le marché qui la révèle : une simple somme d’intérêts indviduels ou claniques. Quelques intellectuels aiment avec sincérité l’idéal de la croisée des cultures, mais c’est une frange ultraminoritaire, très cultivée, et capable de discerner clairement les bornes de sa propre culture pour savoir apprécier la différence à sa juste valeur.
mercredi 24 juin 2009
Je vous recommande chaudement quelques articles particulièrement bien ficelés :
LBDD + Hank = Hank et les fantômes multiculturels >>>
LBDD + Pélicastre Jouisseur = Produit décomposé >>>
mardi 23 juin 2009
« Hé franchement, hé, hé, franchement, franchement, comment ça fait trop plaisir d’êt’ là, franchement ! »
C’est au rythme de ces déclamations enthousiastes que ce sont succédés hier quelques jeunes talents de l’humour sur les gradins du square Delfosse. Les artistes ont privilégié le stand-up plutôt que le sketch, ce qui permet de remplacer confortablement la narration par des anecdotes sans récit et sans chute, l’art de l’humour par celui de la vanne, et la performance d’acteur par la célébration inconditionnée de sa personne.
« Hé, au fait je m’appelle John Eledjam, J – O – H – N – E – L – E – D – J – A – M, vous me retrouvez facilement dans Facebook, je vous ajoute à mes contacts et vous avez toutes les dates de ma tournée ! Retenez bien mon nom : John Eledjam ! »
« Salut, moi c’est Katia Doris, j’adore ce que je fais, je suis super drôle ! Et comme je suis seule sur scène, je fais ce que je veux, je m’éclate trop, d’ailleurs je vais danser sur « I love rock’n’roll », ça n’a absolument rien à voir avec mon sketch, ni avec le spectacle en général, ce n’est même pas drôle, mais je m’appelle Katia Doris et je fais ce que je veux ! Woooouuuuh ! Hé, je vais raconter une blague super marrante, j’ai voulu acheter un jean taille 34 alors que j’ai un gros cul ! Alors la vendeuse s’est foutue de ma gueule ! Pfffffff trop drôle ! »
« Ca va Lyon ? Comment qu’on est trop contents d’être là ce soir, franchement, c’est trop bien, en plus on est venu avec des artistes qui ont trop de talent, franchement, hé, franchement, vous allez les adorer ! Franchement ! »
« Est-ce qu’il y a des Noirs ici ce soir ? » Les Noirs répondent en poussant la voix. « Est-ce qu’il y a des Arabes ici ce soir ? » Les Arabes répondent de la même façon. On ne saura pas s’il y avait des Blancs, on ne leur a pas demandé s’ils étaient là. On ne demande qu’aux Noirs et qu’aux Arabes, c’est ce qu’on appelle un festival antiraciste.
« Hé, franchement, franchement, hé, on est là pour dire non au racisme, et chacun de vos rires est une arme de plus contre le racisme ! »
« Hé toi dans le public, franchement, hé, franchement vas-y comment tu ressembles trop à Janet Jackson, hé franchement, vas-y lève-toi ! »
« On vient d’Paris, et franchement, ça fait trop plaisir d’être ici ce soir à Lyon, et on espère que vous viendrez nous voir plus souvent à Paris qu’on aura l’occasion de revenir plus souvent ici, parce que franchement, hé, franchement, vous êtes un public trop sympa, franchement ! »
Bref, la joie était au rendez-vous.
Mais qu’en ont pensé nos quatre amis, recontrés hier soir ?
Kévin (19 ans, apprenti plombier) :
Et bien je vous avoue que j’ai été conquis ! Toute cette diversité riant pacifiquement, ça m’a plutôt rassuré. J’ai enfin compris qu’on pouvait très bien avoir une tête d’arabe et être drôle, voire avoir de l’esprit. J’ai enfin dépassé mes préjugés, ce qui prouve l’efficacité d’un festival antiraciste ! D’ailleurs, les vigiles qui nous laissé entrer étaient arabes, ce qui prouve leur volonté de bien s’intégrer dans la société.
Julien (23 ans, étudiant en Histoire) :
Contrairement à Kévin, je suis rentré chez moi hier soir encore plus raciste qu’avant. J’ai assisté au spectacle d’une génération se complaisant dans la médiocrité du langage et la pauvreté de la culture. Les idées s’entrechoquent, les blagues s’éparpillent, le sens de la comédie est complètement absent, les rebondissements se dispersent, les références utilisés par les artistes m’échappent [je ne parle pas arabe, et je ne vis pas en banlieue]. Vraiment, plus je les connais, moins je les aime. Je reste donc un sale raciste, mais j’assume.
Marcel (89 ans, retraité) :
Ils n’avaient pas de saucisson à la buvette ! J’ai bien essayé de discuter avec des gens mais ils me répondaient tous « Chhhhuuuuut ! » comme si je les dérangeait. Pourtant je ne comprends pas ce qu’ils écoutaient comme ça avec attention, il n’y avait sur scène que des commis et des électriciens qui testaient les microphones en faisant les guignols. Impatient de ne pas voir arriver les artistes, j’ai fini par rentrer chez moi. Ils jouaient King Kong dans le poste, ce fut un vrai plaisir ! Les scènes se déroulant chez les sauvages étaient particulièrement sensationnelles !
Julie (36 ans, assistante sociale en banlieue) :
Mon jugement est assez nuancé. Le public présent ce soir-là n’était pas un public « de banlieue », je ne me suis donc pas senti mal à l’aise comme je peux l’être dans mon travail. Mais si je partage un peu le constat de Julien [culture de l’égo pour tout art scénique, incorrection pour tout art comique], ces garçons et ces filles restent malgré tout très sympathiques. Ils ont du talent à leur façon. Je me demande tout de même si une telle entreprise peut convertir un authentique raciste en antiraciste. Pour ma part, ce n’est pas ce genre de soirée qui peut me faire changer d’avis sur les étrangers ou les immigrés. Je crois que je serais beaucoup moins raciste si les blacks ou les beurs d’aujourd’hui parlaient plus souvent de La Fontaine ou d’Astérix que du « bled » et des allocations. Par exemple, si les parents du petit Hicham dont je me suis occupé il y a cinq ou six ans l’avaient davantage soutenu pour devenir boulanger ou couvreur, je serais moins amère. Il a jugé plus enviable de rouler dans une grosse voiture de sport, et il en paye aujourd’hui le prix en passant par tous les commissariats de la région, desquels il sort toujours libre moyennant un stage de citoyenneté ou une peine symbolique. Aussi, quelle idée a-t-on eu de parquer tous ces gens dans cette architecture infernale ?
lundi 22 juin 2009
Ce soir à Lyon, une floppée d’artistes présenteront un spectacle à la fois humoristique et citoyen, intitulé « Rire contre le racisme ». Notre équipe a décidé de suivre quatre personnes du public, avant et après la représentation. Nous nous rencontrons Place des Terreaux pour faire connaissance.
Kévin, 19 ans, apprenti plombier :
-Je trouve formidable ce genre d’initiative. En tant que raciste convaincu, j’attends beaucoup de ce spectacle. Je pense que ce sera l’occasion pour moi de sortir enfin de mon racisme, de comprendre qu’avec le rire on peut finalement accepter beaucoup plus facilement la différence des autres. Je connais le talent de Cyril Hanouna, qui parraine cette soirée, je le crois capable de faire de moi un antiraciste.
Julien, 23 ans, étudiant en Histoire :
-Moi aussi, comme Kévin, j’attends beaucoup de cette soirée. En voyant l’affiche, j’ai tout de suite compris que l’intérêt de la soirée n’était pas de prêcher les convaincus, mais d’appeler à une mobilisation de tous, antiracistes, mais aussi racistes. Sinon ça ne sert à rien. C’est donc au titre de raciste que je serai présent ce soir, pour prouver qu’on peut sortir de son racisme grâce à l’humour. Mais je reste lucide : si le talent des humoristes n’est pas à la hauteur, s’ils cherchent à offenser mes croyances ou à me tourner en ridicule, je risque de me braquer, de me mettre à les huer, et finalement de rentrer chez moi aussi raciste qu’avant, voire davantage. Je suis donc moins optimiste que Kévin.
Marcel, 89 ans, retraité :
-Israélites, mahométans, iroquois, nègres, ou ce que vous voulez, tout ça c’est la même soupe. Mais comme je ne suis pas non plus un vieux con – j’ai fait l’Algérie, monsieur – je compte bien aller voir ce que racontent ces petits jeunes. Après, raciste ou pas, ce qui compte c’est de rigoler. J’espère simplement qu’il y aura du bon vin et du saucisson, sans quoi ce n’est pas une bonne soirée.
Julie, 36 ans, assistante sociale en banlieue :
-Si je vais à cette soirée, c’est à la fois à titre personnel et professionnel. Comme Kévin et Julien, je suis raciste et espère que cette soirée d’humour et de citoyenneté saura m’ouvrir aux autres, comme autrefois. Oui, je précise que je ne suis pas raciste depuis toujours, mais seulement depuis une dizaine d’années où mon métier m’a conduit à côtoyer des personnes d’origine étrangère en banlieue. Bien sûr, mon métier est d’aider des familles défavorisées, mais je ne peux m’empêcher de trouver leurs coutumes détestables et leur mode de vie révoltant. C’est pourquoi je compte renouer avec l’esprit de tolérance qui m’avait toujours animé auparavant, afin de mieux accepter le quotidien de ma professsion, et croire de nouveau aux vertus du vivre-ensemble. Je compte sur cette soirée pour me débarrasser des préjugés, des stéréotypes et des a-priori que j’ai accumulé pendant dix ans. Et puis j’adore rire ! [rires]
Rire contre le racisme, ce soir à Lyon.
Avec la participation du groupe Casino [« Nourrir un monde de diversité »], SOS-Racisme, la Ville de Lyon, la Région Rhône-Alpes, le Département du Rhône, l’UEJF, la Fnac, Radio Scoop, dans le cadre du festival Tout l’monde dehors.
lundi 22 juin 2009
La polémique sur la burqa n’en est pas une :
1. Il est impossible de trouver des burqas en vente dans Paris, donc il est impossible de trouver le moyen de s’habiller en burqa. En toute logique, il ne peut pas y avoir de burqa en France.
2. La burqa n’est pas une obligation islamique, elle n’est même pas en usage dans la population « arabe ».
3. D’ailleurs, ne nous trompons pas de combat : en réalité, ceux qui voilent leurs femmes sont les juifs et les chrétiens. Textes sacrés à l’appui.
4. On louvoie entre le respect de la laïcité et le respect des choix religieux, mais toute cette fronde anti-burqa pourrait bien puer la discrimination et la stigmatisation gratuite d’un communauté déjà largement touchée par le racisme et l’islamophobie.
5. Sa Sainteté Barack Obama s’est pourtant montré très favorable à la libre propagation de l’islam et de ses coutumes, nous ferions bien d’en prendre de la graine en France.
6. De toute façon, il n’y a quasiment pas de musulmans en Europe. La vraie polémique serait qu’on se mette à persécuter les musulmans comme on a persécuté les juifs au XXème siècle.
Vous lirez cet incroyable article sur Bella Ciao.
[EDIT : Mais oui, Bella Ciao, ces mêmes gauchistes qui hier bouffaient du curé, qui trouvent aujourd’hui qu’une messe en latin est un « trouble à l’ordre public », qui défendront demain le droit des femmes à être des utérus sur pattes pour fournir des gosses aux couples homosexuels, qui vous martèlent et vous faucillent à coups de progrès, d’émancipation, de gay pride, et qui finalement trouvent que la burqa ne pose aucun problème. Ha ha ha !]
dimanche 21 juin 2009
jeudi 18 juin 2009
Je me tue à vous le dire : le progrès est un monstre bicéphale. D’un côté il prône l’avortement de masse, le mariage homo, la gay-pride, l’idéologie du genre, les festivals de musique sataniste, le droit d’avoir des relations sexuelles dès l’âge de douze ans ou de faire de la publicité pour les godemichets entre deux épisodes de « Plus belle la vie » ; de l’autre il prône le droit de toutes les cultures à s’exprimer librement, ce qui revient à autoriser la polygamie, imposer les menus halal dans les cantines, aménager des horaires islamiquement corrects dans les piscines municipales, financer des mosquées avec l’argent de l’État, se marier devant l’imam sans rendre de compte au bonnet phrygien de Marianne, respecter n’importe quelle croyance sous le prétexte qu’elle est une belle expression de la diversité des cultures.
Ou porter la burqa en France.
Vous savez, la France, le pays d’Henri IV et de Louis XIV ; le pays de François Villon et de Brassens, de Gargantua et de Molière ; le pays des châteaux de la Loire, des cathédrales gothiques, de la Tour Eiffel et du Centre Georges-Pompidou. Le pays des chansons paillardes et du bon vin, le pays du bon pain et du rôti de porc aux haricots verts, le pays où l’on raconte des blagues belges autour d’un pot-au-feu ; le pays de San Antonio, de Coluche et de Thierry Le Luron ; le pays des frères Lumière, de Jacques Tati et de Louis Pasteur, le pays de Louis Blériot, de Jean Mermoz et de La Pérouse. La burqa en France, au pays du camembert, de Daft Punk, du Klub des Loosers et d’Éric Tabarly. La burqa au pays des hospices de Beaune, d’Alain Bombard, de Champollion et de Nadar. La burqa au pays des dandys, des titis parisiens et des éternelles élégantes qui ont écrit l’Histoire, la burqa au pays des Incroyables et des Merveilleuses. La burqa au pays de Baudelaire et des Élucubrations d’Antoine, au pays des jardins de Le Nôtre et des quarante mille clochers. La burqa au pays des bonnes manières, du savoir-vivre et de l’amour courtois ; le pays qui cultive aussi la rigolade et les comédies pleines d’amants dans les placards.
Mais ce n’est pas ainsi qu’il faut présenter les choses. Peut-être serez-vous moins choqués, en tout cas plus compréhensifs si je vous présente la vérité autrement.
La burqa au pays de Dominique Wolton et de Dominique Sopo, avouez que ça prend un tout autre tour. La burqa au pays d’Ali Baddou, de Thierry Ardisson et de SOS-Racisme. La burqa au pays de Luc Besson, du Jamel Comedy Club, des clashes sur Youtube entre Morsay et K-Libre. La burqa au pays des églises vides et des comités de soutien aux sans-papier. La burqa au pays de l’Éducation Nationale soviétique et du baccalauréat garanti sans discrimination. La burqa au pays des petits enfants incultes et dont le prénom ressemble de plus en plus à un produit de supermarché façonné ex-nihilo par une équipe de marketing, Clélia, Mathis, Noa, Mayg-Ann, Mawrick, Kadéos, Leslys ou Toméo. La burqa au pays qui veut travailler le dimanche et le lundi de Pentecôte, qui ôte ses sapins de Noël dans les mairies et les écoles, et qui de toute façon ne sait même plus ce que sont Noël et la Pentecôte. La burqa au pays du Pôle Emploi, des subventions toutes-puissantes, des associations de quartier, des collectifs financés par la mairie, des files d’attente aux guichets des Assédic et des formulaires en quinze exemplaires. La burqa au pays de l’Inquisition antiraciste, la burqa au pays du droit à vivre comme on l’entend sous la menace de la Tolérance. La burqa au pays des flics qui envoient au tribunal les automobilistes un peu trop rapides mais qui laissent courir des malfrats de quinze ans qui leur tirent dessus à coups de Kalash. La burqa au pays des 250.000 avortements annuels compensés par autant d’immigrés plus ou moins clandestins mais franchement musulmans. La burqa au pays des petites gauloises célibataires hystérico-dépressives et des minets dévirilisés qui font des soirées Goldorak pour leurs trentième anniversaire. La burqa au pays qui camoufle la pipe de Jacques Tati sur ses affiches mais pratique déjà l’eugénisme sans rougir. La burqa au pays dont la joie de vivre à disparu derrière les corporations procédurières, les coins-photocopies, les promenades à Ikea et les week-ends en amoureux à Disney-Land. La burqa au pays que Houellebecq décrit comme « Sinistre, entièrement sinistre et administratif. »
Alors interdire la burqa, je vous avoue que ça me fait bien rigoler. Quand on fait tout, absolument TOUT pour transformer la France en pays du Tiers-Monde, il ne faut pas se plaindre que l’obscurantisme s’y trouve fort à son aise.
lundi 15 juin 2009
lundi 15 juin 2009
Et si c’était les phobophobes les vrais trouillards ?
Vous lirez cet excellent article chez Hank >>>.
mardi 9 juin 2009
Le libéralisme, ça consiste donner aux donner aux valeurs une définition conforme au culte de la marchandise. La fidélité, c’est formidable si vous caressez la Bête marchande dans le sens du poil : ainsi votre carte de fidélité vous vaudra de nombreux honneurs et privilèges. La fidélité conjugale, elle, est un obstacle au monde marchand puisqu’elle est un rempart à la consommation massive et à la libre circulation des personnes, donc un rempart contre leur chosification. Elle représente donc le summum du ringard et du monstrueux. Pour être heureux dans le monde moderne, jurez donc amour et fidélité à votre compte en banque et considérez désormais que votre mère n’est qu’une pute.
Moraliser le capitalisme, c’est croire qu’on peut faire naître la Beauté dans un centre commercial. Mieux, c’est être convaincu que seul un centre commercial en est capable.
[Campagnes publicitaires datant du même mois de juin 2009]
Dans le même genre, vous relirez ceci >>>.
lundi 8 juin 2009
Ceci est un ordre : courez chez votre marchand de culture et procurez-vous Koyaanisqatsi de Godfrey Reggio [1983].
En le visionnant, vous comprendrez combien Arthus-Bertrand est un gros naze. Son Home, qui a 26 ans de retard sur Reggio, rien que ça, est absolument navrant à cause de nombreuses fautes de goût. La première, c’est celle d’avoir éhontément copié le concept, l’image, et le montage de Reggio en se gardant bien de citer son maître. Franchement, c’est un véritable délit de contrefaçon ! La deuxième, c’est de s’être permis une voix off complètement neuneu là où Reggio faisait confiance au spectateur pour tirer ses propres conclusions des images, offrant une œuvre humble, intelligente et nuancée. La troisième, c’est d’avoir choisi une bande-son complètement nulle – on dirait un disque de relaxation à l’huile naturelle de baleine tout droit sorti de chez Nature&Découverte – quand Reggio choisissait de faire appel au génial Philip Glass [THE Philip Glass, putain !] pour composer une musique absolument parfaite.
Yann Arthus-Bertrand, l’homme qui n’a ni honnêteté, ni envergure, ni classe. On comprend pourquoi les Français l’aiment bien, finalement.
vendredi 5 juin 2009
J’ai regardé distraitement, mais alors vraiment très distraitement le débat d’hier soir, préliminaire aux élections européennes. Je crois comprendre que trois postulats de base font l’unanimité chez les candidats.
Premièrement, l’Europe n’est qu’un vaste espace d’échange. Rien d’autre. L’Europe est donc une réunion de marchands-stratèges. Après, la question est de régler la position des frontières et le montant des droits de douane. La Culture ou la Défense, je n’en ai pas entendu parler. [Mais je vous dis que j’ai regardé distraitement !]
Deuxièmement, l’objectif politique de ces messieurs-dames, surtout s’ils sont révolutionnaires ou progressistes, consiste à satisfaire le bonheur européen à coups de pouvoir d’achat, donc de consommation obligatoire.
Troisièmement, tout le monde est d’accord pour aplanir la répartition des richesses des européens, à coups de massue s’il le faut.
Pourtant,
Un : L’Europe n’est pas un Monopoly ni un réglement intérieur. C’est avant tout un espace défini, habité par un peuple, et façonné par des millénaires de culture dont l’identité lui est propre. Comme n’importe quel autre partie de la Terre. Évidemment, si le but est de jouer avec des usines nomades, des employés interchangeables, et des sécurités sociales sous excel, on comprend qu’on veuille étendre le terrain de jeu aux confins de l’Asie et de l’Afrique. Plus on est de fous, plus on rit.
Deux : Croire que le génie européen tient dans la seule volonté de jouissance matérielle est une des plus grandes trahisons civilisationnelles qu’on puisse échafauder.
Trois : La passion de l’égalité est une passion mortifère, qui encourage tout un chacun à détester ce qui ne lui ressemble pas, qu’il lui soit supérieur ou inférieur. Résumer l’inégalité à l’injustice est d’emblée un parti mensonger. Je crois au contraire aux vertus des élites, pourvu qu’elles se soumettent à l’esprit de charité. Une aristocratie plutôt qu’une nomenklatura. Le destin historique plutôt que la classe affaire pour tous.
Tout cela pue le mépris, l’inculture et la vanité.
PS : J’ai noté également qu’il était bien acquis pour tout le monde que personne n’y comprenait goutte, et c’est pourquoi il fallait éviter de débattre de façon trop véhémente. Vive la démocratie !
jeudi 4 juin 2009
Je vous rappelle qu’en 1991, SOS-racisme existait depuis sept ans, le MRAP depuis quarante-deux ans, la LICRA depuis soixante-quatre ans. Aucun de ces trois organismes spécialisés dans la traque du racisme n’a levé le petit doigt pour condamner cette odieuse chanson, pleine de stéréotypes discriminatoires, de préjugés offensants, d’amalgames nauséabonds et de caricatures blessantes pour la communauté immigrée. 625.000 fascistes ont ainsi acquis le disque sans être inquiétés. En 1991 on était des sales nazis.
mercredi 3 juin 2009
La première fois que j’ai voté, à l’âge de dix-huit ans, j’ai glissé une enveloppe « Écologie » dans l’urne. Il faut dire que j’étais vraiment con à l’époque. Je ressemblais davantage à un grand petit garçon qu’à un jeune homme, aussi bien dans mon corps que dans ma tête. Forcément, les petits oiseaux et les ours des Pyrénées, ça m’avait séduit. C’était plus facile à comprendre que des discours sur la fiscalité de l’import-export, l’administration de la sécurité sociale, la réforme de l’Éducation Nationale, le remaniement du ministère de la Défense, et toutes ces choses pour grandes personnes.
Après je me suis rendu compte qu’il était absurde de faire de l’écologie un parti politique. Aussi absurde que de monter un « Parti Végétarien » ou un « Parti Cycliste ». Pourquoi pas un « Parti Nudiste » ou un « Parti Cruciverbiste », pendant qu’on y est ? Je ne dis pas que l’écologie, le végétarisme ou le cyclisme sont méprisables ; simplement je me demande quelle légitimité politique ils ont. Pour moi l’écologie regarde les administrations chargées de l’industrie, de l’aménagement du territoire, de l’énergie, etc. Ce sont des sujets liés à la politique, mais ce sont des choses secondaires, des choses connexes. L’écologie n’est pas un projet de société en soi. L’écologie, ça consiste à opérer une critique de la civilisation de la marchandise, mais c’est loin d’offrir un programme de société global et cohérent. Ou alors ça ne s’appelle plus de l’écologie. Par exemple, gueuler contre la fermeture des usines quand on fait le maximum pour ouvrir les frontières, c’est vraiment outrepasser les bornes et de l’écologie et de l’intelligence. La stratégie de la pastèque, vert dehors et rouge dedans, très peu pour moi.
C’est ainsi que je n’ai jamais compris l’intérêt des partis spécialisés. Parti des chasseurs, parti des ouvriers, parti des écologistes, etc. Alors on voit fleurir un « parti antisioniste ». Bon. Demain nous verrons sans doute naître le Parti de l’Éducation Nationale, après tout il concerne un Français sur huit. Ou le PCIFA [Parti Contre l’Intervention Française en Afghanistan]. Ensuite nous verrons le Parti Contre l’Excision. Puis le Parti Contre l’Occupation Chinoise au Tibet. Le Parti Anti-Obama. Le Parti Pour l’Avortement. Le Parti Contre l’Avortement. Le Parti pour les Radars routiers. Le Parti Contre les Radars Routiers. Le Parti pour les Bandes Rugueuses. Le Parti pour l’Accessibilité des Handicapés. Le Parti pour l’Annexion de la Flandre aux Pays-Bas. Le Parti pour la Réunification Coréenne. Le Parti pour la Libération d’Ingrid Aubenas. Le Parti Contre les Cadences Infernales au Timor Oriental.
Non seulement chacun y va de sa petite cause, mais chacune de ces causes n’est plus ni nationale [qu’est-ce que le sionisme de Soral et Dieudonné vient foutre dans une élection européenne ? Je vais monter une Liste Antisalafiste et une Liste Antitaoiste, moi !], ni positive [on ne compte plus les partis « anti » quelque chose…].
Le paysage politique actuel est très simple : un gros bloc central qui acquièsce à l’unisson en incarnant l’inertie du système [PS-MODEM-UMP], et, tout autour, un nuage d’astéroïdes incapables de s’agréger pour lui faire concurrence. Il existe douze partis d’extrême droite, quinze partis d’extrême gauche, huit partis écologistes, trente listes contre la méchanceté, seize pour la propagation de l’amour et de la solidarité, neuf contre l’abandon des golden retriever, etc.
Alors, que faire ?
Et bien chantons ! Chantons avec Joe Dassin notre complainte pour le doux pays de France :
C’est drôle, tu es partie
Et pourtant tu es encore ici
Puisque tout me parle de toi
Un parfum de femme, l’écho de ta voix
Ton adieu, je n’y crois pas du tout
C’est un au revoir, presqu’un rendez-vous
Ça va pas changer le monde
Il a trop tourné sans nous
Il pleuvra toujours sur Londres
Ça va rien changer du tout
Qu’est-ce que ça peut bien lui faire
Une porte qui s’est refermée?
On s’est aimés, n’en parlons plus
Et la vie continue
Ça va pas changer le monde
Que tu changes de maison
Il va continuer, le monde
Et il aura bien raison
Les poussières d’une étoile
C’est ça qui fait briller la voie lactée
On s’est aimés, n’en parlons plus
Et la vie continue
Ça va pas changer le monde
Ça va pas le déranger
Il est comme avant, le monde
C’est toi seule qui as changé
Moi, je suis resté le même
Celui qui croyait que tu l’aimais
C’était pas vrai, n’en parlons plus
Et la vie continue…